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La fin des croises sionistes au Moyen Orient


L’ascension et le déclin des Néo-conservateurs



Voici le deuxième volet de la série de Jim Lobe sur les néoconservateurs, couvrant la période allant du « Clean Break », un mémo s’opposant au processus d’Oslo adressé à Bibi Netanyahou, jusqu’au 11 septembre qui leur a permis de mettre en oeuvre leur programme.



Par Jim Lobe & Michael Flynn


Une rupture nette : Nouvelle stratégie pour sécuriser le royaume
[A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm]

A peu prés au même moment ou Kristol et Kagan développaient leurs idées et créaient une structure institutionnelle (le PNAC) pour les faucons partageant leurs idées, un groupe de travail de néoconservateurs pro-Likoud mené par Perle à l’AEI et organisé par l’Institut pour les Etudes Stratégiques et Politiques Avancées- Institute for Advanced Strategic and Political Studies basé en Israel travaillait sur une stratégie pour affranchir Israel du processus de paix d’Oslo et de la formule de « la terre en échange de la paix » qui avaient présidé à la politique des États-Unis depuis la guerre Israelo-Arabe de 1967. Rédigé par David Wurmservec l’appui d’un ensemble de conseillers néoconservateurs, y compris le protégé de Perle (et plus tard sous-secrétaire pour la politique de défense) Douglas Feith, le document intitulé “Clean Break” cherchait essentiellement a persuader le premier ministre israélien nouvellement élu Netanyahou de « déstabiliser et faire reculer » le gouvernement Baasiste en Syrie afin de transformer l’équilibre des forces régionales.


Le document soulignait que le but serait atteint plus facilement si Saddam était remplacé par un gouvernement pro-Occidental : « [chasser] Saddam Hussein du pouvoir en Irak [est] un objectif stratégique israélien important en soi. » Wurmser, qui sous Bush a occupé des postes essentiels au Pentagone, au Département d’Etat, et qui depuis la fin 2003 a servi comme un de conseillers principaux de Cheney sur le Moyen-Orient, a plus tard longuement développé ce thème dans des publications ultérieures.


Le PNAC a efficacement incorporé la stratégie régionale Moyen-Orientale « Clean Break » du groupe dans ses premiers rapports publics. En 1998, le PNAC publiait deux lettres ouvertes concernant l’Irak : une au Président Bill Clinton en janvier, et plusieurs mois après, une autre au leadership républicain du congrès. Ces missives affirmaient que la stratégie de retenue contre l’Irak n’était ni efficace ni soutenable. « La seule manière de protéger les Etats-Unis et ses alliés contre la menace des armes de destruction massive [est] de mettre en place des politiques qui mèneraient à chasser Saddam et son régime du pouvoir, » notait la deuxième lettre. Parmi les signataires de ces lettres se trouvaient Rumsfeld, Wolfowitz, Rodman, Abrams, Khalilzad, Bennett, Perle, Bolton, Woolsey, et deux personnes faisant partie de l’élite de la tendance réaliste en politique étrangère, Richard Armitage et Robert Zoellick, qui plus tard regretteront leur association avec les néoconservateurs. Les deux lettres ouvertes sur l’Irak devenaient une partie de l’effort de lobbying intense mené par les néoconservateurs pour un changement en la matière - Perle et Wolfowitz ont joué un rôle majeur dans cet effort- qui a eu comme conséquence le passage au Congrès plus tard dans la même année du Iraq Liberation Act, faisant du « changement de régime » en Irak la politique officielle des États-Unis.


Pendant les années ayant précédé l’élection de George W. Bush, le PNAC a publié un certain nombre de lettres ouvertes et d’ouvrages supplémentaires sur un éventail de sujets, touchant à tout, de la défense de Taiwan à la nécessité de renverser Slobodan Milosevic, qui semblent en partie avoir servi de tremplin pour atteindre d’autres horizons du paysage politique des États-Unis. Comme les premières lettres ouvertes du PNAC, elles ont été soutenues par une brochette variée de l’élite politique. Ces alliances ont aidé à légitimer les objectifs définis dans l’agenda du PNAC et se sont révélées critiques quant au soutien de l’agenda néoconservateur à la suite du 11 septembre.

Bush et le 11 septembre


Dans la course aux élections de 2000, le PNAC publiait “Rebuilding America’s Defenses” [Reconstruire les défenses de l’Amérique] et Present Dangers [les dangers actuels], un mémorandum et un livre conçus pour créer une plateforme de politique étrangère pour le candidat présidentiel républicain. Quand George W. Bush a gagné les primaires républicaines, cependant, le PNAC et ses leaders néoconservateurs ont été déçus : Bush avait fait campagne sur l’idée que les Etats-Unis devraient être une puissance globale « humble ». Cette vue du candidat Bush est le fait de Condoleezza Rice, une protégée de l’ancien conseiller de sécurité nationale et réaliste notoire, Brent Scowcroft. Dans un article de 2000 dans le Foreign Affairs, Rice écrivait : « La réalité est que peu de grandes puissances peuvent radicalement affecter la paix, la stabilité, et la prospérité internationales. » Cette perspective était en désaccord flagrant avec l’agenda néoconservateur. Comme William Kristol l’a indiqué : « Nous n’avions pas de grands espoirs concernant Bush en tant que président de politique étrangère. »

Mais comme les premiers rendez-vous du Président Bush l’ont montré clairement, les néoconservateurs avaient peu de raison de désespérer. Sa déférence évidente pour Cheney a offert aux faucons un biais exceptionnellement influent pour agir, en particulier après que Cheney choisisse Libby comme chef d’un personnel exceptionnellement grand de sécurité nationale. C’était sous la suggestion de Cheney qu’un deuxième membre fondateur du PNAC, Rumsfeld, a été choisi comme secrétaire de la défense. De même, ce fut à la demande de Cheney que Wolfowitz- plutôt que Armitage, le candidat du secrétaire d’état Colin Powell- a été nommé député du secrétaire de la défense. Grâce a un lobbying appuyé de Perle, Feith a obtenu d’être le porte-parole de la politique du Pentagone- un poste exceptionnellement influent dans l’optique de la Guerre d’Irak - tandis que Rodman se voyait propulsé secrétaire adjoint pour les affaires de sécurité internationale. Pendant les premiers mois de la nouvelle présidence, la question-clé était : qui donc Bush qui est un débutant en politique étrangère, écoutait-il finalement ? Les réalistes, vraisemblablement menés par les favoris de son père, Rice et Powell, ou les faucons, Rumsfeld, Cheney, et leurs conseillers essentiellement néoconservateurs ?

Le fait qu’il existait une profonde scission au sein de l’administration est bientôt devenu absolument clair. Ce fossé est peut-être apparu de la façon la plus ouverte en début mars 2001 au moment d’une visite du Président de la Corée du sud Kim Dae Jung, quand Bush a publiquement contredit le soutien explicite de Powell à la « politique lumineuse » de Kim envers la Corée du Nord et de l’ Agreed Framework de Clinton de 1994. Cette division a encore émergé après l’incident d’Hainan d’avril 2001, une collision entre un avion de guerre chinois et un avion espion des États-Unis qui a eu comme conséquence la détention par Pékin de l’avion et de l’équipage américains pendant 10 jours sur l’île de Hainan. En réponse aux déclarations d’excuse de Bush vers la Chine pour la mort du pilote chinois, dont l’appareil s’était brisé, et pour l’atterrissage forcé [de l’avion américain] sur Hainan, les néoconservateurs ont fortement réprimandé le président pour avoir essayé d’apaiser Pékin. Écrivant dans le Weekly Standard, Kristol et Kagan ont fustigé l’épisode dans son entier comme étant « une humiliation nationale » et ont considéré que les efforts diplomatiques pour désamorcer la crise menés par Powell, qu’ils avaient choisi de blâmer, « ont représenté une capitulation partielle, avec des conséquences réelles. »

Bien que Powell et les réalistes aient eu gain de cause dans cette crise - comme c’est depuis généralement le cas en ce qui concerne les relations avec la Chine - Le 11 septembre provoquera une bascule définitive de l’équilibre du pouvoir dans l’administration en faveur des faucons. Plus que toute autre faction politique aux Etats-Unis, les néoconservateurs ne pouvaient être mieux préparés a cet évènement dramatique, leur permettant de répondre rapidement d’une manière conforme a leur agenda. Comme déjà indiqué ci-dessus, neuf jours seulement après le 11 septembre, le PNAC a publié sa lettre la plus provocatrice, invitant le président à renverser Saddam Hussein « même si les preuves ne relient pas directement l’Irak à l’attaque. »


Mais les membres du PNAC n’étaient pas les seuls à partager l’idée que le 11 septembre pouvait être utilisé comme tremplin au remodelage du Moyen-Orient. En effet, dans les heures qui ont suivi les attaques, Rumsfeld a suggéré à un assistant que le 11 septembre pourrait être employé pour justifier le renversement de Saddam, selon des notes rendues publiques depuis. Le partisan le plus bruyant pour s’en prendre à l’Irak restait Wolfowitz, qui avait fait pression dans ce sens à plusieurs reprises lors des réunions de camp David pendant la première semaine critique qui avait suivi les attaques. Pendant ce temps, Perle a rassemblé le DPB pour recommander des options politiques. De façon pour le moins inattendue, il avait invité l’exilé irakien Ahmed Chalabi à participer à ces démarches très secrètes. Il apparaît qu’après le 11 septembre, le réseau des faucons et des néoconservateurs qui avaient fusionné autour de l’agenda fondateur du PNAC s’était mobilisé d’une manière solidement coordonnée pour façonner la réponse de l’administration aux attaques terroristes et pour rassembler le public derrière leur nouvel agenda.


Plusieurs mesures initiales adoptées par l’administration au niveau global pendant les semaines qui ont suivi le 9/11 portaient la marque du projet DPG. Les déploiements des forces des États-Unis ont été remarquablement disséminés - allant des Philippines, de la Géorgie, et à Djibouti - sachant que la cible principale de la guerre contre la terreur a été déclarée comme étant l’Afghanistan. Et bien que la sécurisation de l’accès aux bases militaires en Ouzbekistan et au Kyrgyzstan semblait notablement plus appropriée quant a l’éloignement des Talibans du pouvoir et la chasse des chefs d’Al-Qaida, elle a également atteint l’objectif géopolitique plus vaste d’établir une présence militaire potentiellement permanente au coeur de l’Asie centrale, près de la Chine et de la Russie. Le rejet effectif de l’OTAN par Washington et sa préférence avouée pour la « coalition de la volonté » menée par les États-Unis - représentaient deux dispositifs que l’on peut attribuer au projet DPG. Les idées de ce projet DPG avaient également fait leur chemin dans la rhétorique de l’administration peu de temps après le 11 septembre, y compris la préoccupation de l’administration concernant les efforts d’acquisition d’ADM par les « états voyous », qui a été répété par Bush dans son discours sur l’Etat de l’Union de janvier 2002, quand il a prononcé sa fameuse phrase énumérant l’Irak, l’Iran, et la Corée du Nord comme formant un « axe de mal. » Le concept de préemption s’est également glissé dans ce discours ; le président avait averti que les Etats-Unis « n’attendraient pas les événements alors que les dangers s’amoncelaient » ou bien si d’autres pays étaient « timides face à la terreur. » Juste un an après le 11 septembre, les concepts principaux du projet DPG devenaient la politique officielle des États-Unis avec la publication de la première stratégie de sécurité nationale de Bush en septembre 2002.

Les plans des faucons au niveau régional avaient également commencé à démarrer peu de temps après le 9/11, comme indiqué par la réaction immédiate de Rumsfeld aux attaques et l’exhortation de Wolfowitz au cours des réunions de camp David quelques jours plus tard. La planification active d’une invasion de l’Irak commençait - au plus tard- en début 2002. Sans « plan militaire immédiatement disponible (Bob Woodard) » pour répondre à une attaque comme celle du 11 septembre, l’administration fut sensible a des idées qui apparaissaient avoir peu de liens avec le 11/9 - y compris des idées du « Clean Break » écrit le journaliste George Packer : « L’idée d’un remodelage du Moyen-Orient en renversant Saddam Hussein a été proposée la première fois par un groupe de décisionnaires politiques et d’intellectuels juifs qui étaient proches du Likoud. Et quand le deuxième Président Bush a regardé autour de lui pour trouver une manière d’appréhender l’ère inconnue qui s’était ouverte le 11 septembre 2001, il y en avait déjà une de disponible. » [1]


Le changement de régime en Irak, s’il était réalisé d’une manière suffisamment prononcée et décisive, transformerait non seulement l’équilibre des forces régionales, pensait-on, mais affirmerait également la puissance des États-Unis au coeur même du Moyen-Orient, démontrant aussi bien aux « états voyous » comme l’Iran qu’aux rivaux comme la Chine, que les États-Unis pouvaient intervenir unilatéralement dans une région riche en ressources dont dépendaient leur économie et leur puissance militaire.

Alors que les néoconservateurs fournissaient l’essentiel de l’agenda politique, ils dépendaient cependant fortement de Cheney et de Rumsfeld - tous deux des nationalistes agressifs ayant des liens étroits et anciens avec les néoconservateurs depuis l’administration Ford - quant à la manipulation du processus par lequel ce programme pouvait devenir une politique effective. Cet effort a été considérablement favorisé par l’impuissance de Rice, en tant que conseiller de sécurité nationale, à assurer le respect du processus traditionnel d’élaboration des politiques grâce a la collaboration entre les différentes agences, avec pour résultat que les décisions prises lors des réunions du Conseil de Sécurité Nationale [National Security Council] ont été souvent contournées ou tout simplement ignorées, en particulier par le Pentagone. En conséquence, le Département d’Etat s’est souvent trouvé marginalisé par ce que le chef de personnel de Powell, le colonel à la retraite Lawrence Wilkerson, a appelé plus tard une « cabale » menée par Cheney et Rumsfeld (qui ont été à leur tour soutenus et conseillés par des néoconservateurs de premier ordre comme Feith, Wolfowitz, et Libby).


Le même réseau a travaillé pour manipuler les renseignements - grâce, d’une part à l’établissement de bureaux afin de rassembler ou passer en revue des renseignements bruts sélectionnés qui étaient envoyés directement à la Maison Blanche sans analyse préalable par les analystes professionnels et d’autre part en harcelant et en faisant pression sur la communauté officielle du renseignement, notamment la CIA, pour qu’elle présente des analyses qui soient conformes à l’agenda du PNAC. Dans le même temps, les membres de l’administration et le DPB ont utilisé des médias sympathisant ou crédules - notamment le Weekly Standard, le Washington Times, Fox News et la page éditoriale du Wall Street Journal - et des journalistes (tels que Judith Miller du New York Times) pour la publication de fuites sélectionnées des évaluations des menaces par les services de renseignement afin de rallier l’opinion à la guerre.

Les progrès rapides réalisés dans l’accomplissement de l’agenda du PNAC reflétaient le degré de domination par les faucons et leurs collaborateurs néoconservateurs sur les processus de prise de décisions en politique étrangère des États-Unis après le 11/9. Pratiquement sans bruit, Powell et les réalistes ont été marginalisés, alors que les attentistes comme Rice approuvaient graduellement ou permettaient passivement au processus d’être détourné. Au mois de mai 2003, peu de temps après l’invasion et juste au moment ou l’insurrection en Irak a commencer à s’affirmer, les néoconservateurs atteignaient le zénith de leur puissance. Mais l’incertitude demeurait quant à la durée de leur maintien au sommet.

A suivre


Cet article est le deuxième d’une série en trois volets


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