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Le pillage des richesses musulmanes par la France-Yisrael


NDLR: Selon l'agent israelien Sarkosy, 'la France n'a pas besoin de l'Afrique'. Pourquoi la France organise-t-elle des attentats a Paris pour garder le controle des hydrocarbures algeriens. Pourquoi la France et son allie Idriss Deby fournissent des armes aux 'rebelles du Darfour', le GIA/GICM/GSPC, et les 'rebelles touareg' du Niger, pour garder le controle des hydrocarbures soudanais, des mines d'uranium, de silice, etc... de la region... Des guerres provoquees par la France pour le controle des matieres strategiques qui appartiennent aux Musulmans


La France ne vaut pas mieux que les USA ou la Grande Bretagne, tous les problemes de l'Afrique, le terrorisme, les guerres civiles, dictatures et tyrans, les genocides, viennent des reseaux de la France-Afrique (reseaux militaro-industriels), aujourd'hui de Sarkosy et ses reseaux mafieux sionistes, qui pillent et exterminent pour pereniser yisrael.


NIGER/FRANCE : LE BRAS DE FER SUR L’URANIUM CONTINUE


Dossier réalisé par Christine Bierre


Le 1er octobre dernier, alors que les relations entre la France et le Niger traversent une zone de grandes turbulences, le gouvernement nigérien a dépêché deux de ses ministres - M. Mohamed Ben Omar, ministre de la Communication, et M. Oumarou Hadary, ministre de la Culture - à Paris, pour donner une conférence de presse au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE) du Quai d’Orsay. But de la conférence : confirmer la volonté nouvelle du Niger d’établir sa souveraineté sur ses matières premières et s’expliquer sur l’arrestation de Moussa Kaka, un journaliste de RFI soupçonné par le gouvernement nigérien de collaboration avec la rébellion touarègue, active dans le nord du pays depuis février 2007.


La conférence de presse, passionnante pour une fois car elle a permis de faire toute la lumière sur la triste réalité des relations entre la France et le Niger depuis l’accession de ce pays à « l’indépendance », est le dernier épisode du bras de fer qui oppose les deux pays pour le contrôle de l’exploitation de ses mines d’uranium. Aidé par la concurrence à laquelle se livrent les grandes puissances pour le contrôle des matières premières stratégiques, le gouvernement de Mamadou Tandja au Niger a décidé récemment de mettre fin au monopole qu’exerçait la France sur l’extraction de ce matériau stratégique depuis plus de trente ans et de s’ouvrir à d’autres compagnies, notamment chinoises, canadiennes, américaines et sud-africaines. La brouille entre Paris et Niamey va très loin : l’été dernier, le gouvernement nigérien, qui soupçonne la compagnie nucléaire française Areva de financer la rébellion bien armée et organisée dans le nord du pays, a renvoyé deux hauts responsables de la compagnie. Ce contexte de crise a cependant permis aux Nigériens de négocier avec Areva une hausse de prix importante, faisant passer le prix de la tonne d’uranium de 27 000 à 40 000 francs CFA.

Au CAPE, M. Ben Omar a confirmé d’entrée de jeu que le Niger entend poursuivre la diversification de ses partenaires et que les revenus engrangés iront à un fonds de stabilisation des matières premières qui deviendra le moteur de la croissance économique du pays. Le ministre a ensuite dénoncé les convoitises que suscite, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays, l’augmentation des prix des matières premières, dans un contexte mondial de relance du nucléaire. Il a fait état d’une grande prolifération d’armes dans le nord, zone dans laquelle se trouvent pratiquement toutes les richesses minières du pays, ainsi que des bandes organisées de rebelles. Il a noté combien l’arrivée massive des compagnies minières et pétrolières internationales aiguisait les appétits de ces bandes. Aux journalistes ensuite de faire le lien entre ces deux phénomènes...

Au cours d’une période de questions/réponses très nourrie, où peu à peu, les raisons de la crise sont apparues aux yeux de tous, le ministre a justifié la politique de son gouvernement au nom du développement économique du Niger, l’un des pays les plus pauvres de la planète. Dans un pays deux fois et demie plus grand que la France, la population du Niger doit se contenter de 11 % du territoire, à cause de l’avancée du désert au nord et de la guerre civile. Malgré la richesse minière de son sous-sol et la qualité et l’importance de son élevage, le Niger peut à peine survivre. M. Ben Omar a souligné la volonté du gouvernement d’orienter les recettes supplémentaires vers de grands chantiers dans les transports, les télécommunications. Il a longuement évoqué les projets en cours pour arrêter l’expansion du désert et faire reverdir ces zones. Ibrahim Loutou, ancien ambassadeur et éminence grise du Niger, a longuement évoqué, au cours de cette conférence de presse, l’histoire des relations conflictuelles entre les deux pays autour de la question de l’uranium (voir notre interview ci-contre).

Face aux nombreux journalistes qui exigeaient des explications sur l’arrestation de Moussa Kaka, le ministre les a invités à se rendre à Niamey pour mener leur enquête, tout en leur interdisant cependant l’accès à la zone nord du pays. Lanciné Camara, président de l’Union internationale des journalistes africains, qui avait organisé la conférence de presse et a veillé tout au long pour que les débats aient lieu dans le calme, a répondu par l’affirmative à la proposition du ministre de la Communication.

Interview avec Monsieur Ibrahim Loutou *Ancien ambassadeur, ancien ministre, ancien conseiller du Président du Niger

Nous publions cet entretien avec M. Ibrahim Loutou, qui décrit l’exploitation des ressources naturelles d’un pays du tiers-monde parmi les plus pauvres. Nicolas Sarkozy, dans son discours prononcé à Dakar, a déclaré que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire (...) Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ». La question que l’on peut poser à M. Sarkozy est, à condition d’admettre son raisonnement, qui a empêché cet homme africain de rentrer dans l’histoire et de s’élancer vers l’avenir ? Mme Anne Lauvergeon, la directrice d’Areva à qui M. Sarkozy a proposé un ministère et qui a confié les activités américaines d’Areva à un néo-conservateur patenté, membre de la Federalist Society, a sans doute des éléments de réponse. M. Sarkozy en tirera-il des conséquences politiques ? Offrira-t-il réellement à tous les pays africains, comme il l’a dit, l’accès aux technologies du nucléaire ?

Nouvelle Solidarité : Vous étiez présent à la conférence de presse donnée à Paris, le 1er octobre dernier, par deux ministres nigériens - le ministre de la Communication, M. Mohamed Ben Omar, et celui de la Culture, M. Oumarou Hadary - qui avaient fait le déplacement pour évoquer la nouvelle conception du Niger sur l’utilisation de ses matières premières, ainsi que le cas de Moussa Kaka, le journaliste de RFI arrêté par le gouvernement et soupçonné de collaboration avec les rebelles Touaregs actifs dans le nord de votre pays. Au cours de cette conférence de presse, vous êtes intervenu pour rappeler les points forts de l’histoire de la bataille menée par le Niger pour assumer sa souveraineté sur les vastes richesses minières du pays, et notamment sur l’uranium. Cette bataille l’a opposé directement à la France qui exerce un monopole sur l’exploitation de cette ressource depuis les années 60. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Ibrahim Loutou : Merci, je ne pense pas qu’on puisse parler de la fin de la lutte pour maîtriser nos ressources naturelles, il y a encore beaucoup à faire. Mais le récent accord entre le Président de la République du Niger et Areva a cassé une situation qui était là et marque le début du processus qui va nous amener à mieux contrôler nos matières premières. Malheureusement, à la date d’aujourd’hui, aucun pays africain n’est entièrement maître de ses matières premières. Chaque fois qu’ils ont voulu devenir maîtres de leurs ressources, des moyens ont été mis en œuvre par les puissances économiques et par les sociétés de ces Etats pour les mettre au pas, au besoin par la force. Les cas sont, malheureusement, très nombreux.

NS : Pouvez-vous évoquer pour nos lecteurs les termes et la portée de l’accord que le Niger vient de signer avec Areva ?

IL : L’accord a permis de revaloriser le prix de l’uranium qu’Areva enlève dans le quota du Niger, comme je l’expliquerai en détail plus loin. Jusqu’à présent, les accords signés entre les deux parties étaient des accords sur 3 ou 4 ans, au cours desquels le prix restait fixé à 21 000 francs CFA le kilo, c’est-à-dire une trentaine d’euro le kilo. Mais sur le marché spot le prix évolue ; il va et vient, descend et remonte, et à la date d’aujourd’hui, il est à plus de 150 euros. Donc, à la demande du Niger, il y a eu une correction qui nous a permis de doubler le prix. Au lieu de 21 000 francs CFA on en a obtenu 40 000, et ce, avec un effet rétroactif jusqu’au 1er janvier 2007, alors que l’accord a été fait en juillet 2007. Cela fait déjà une importante somme d’argent versée au Niger, qui sera très utile pour le développement d’un pays dont on connaît la situation. Partout on dit que nous sommes les derniers de la planète du point de vue du PNB. En plus, ces accords sont valables uniquement jusqu’en décembre, date à laquelle ils doivent être renouvelés. Je crois que notre pays s’assurera que les négociations seront conduites de façon à ce que chacun y trouve son compte. Une entreprise n’exploite pas ces produits pour nos beaux yeux, elle veut avoir des revenus et c’est légitime, mais il faut aussi que ceux qui sont là trouvent leur avantage. Une fois épuisée, une mine d’uranium est un trou qu’on va laisser. Comment expliquer à nos petits-enfants qu’il n’y a eu aucun développement autour. Ils vont nous dire que nous avons été bêtes, que nous avons laissé enlever l’uranium sans construire le pays avec cela. Nous attendons donc janvier 2008 pour renégocier l’accord et tout faire pour que notre pays puisse bénéficier davantage. Vous imaginez bien que si Areva a consenti à donner 40 000 francs CFA, c’est que les prix du marché sont beaucoup, beaucoup plus élevés.

NS : On a l’impression que la compétition à laquelle se livrent les puissances internationales sur les marchés des matières premières vous donne à vous, pays exportateurs, une liberté plus grande pour imposer de meilleures conditions.

IL : Oui, jusqu’à maintenant, pour l’exploitation des matières premières, il y avait des chasses gardées que les puissances respectaient entre elles, des territoires qu’on s’accordait mutuellement. Mais depuis peu, tout cela est cassé par l’avènement de la Chine sur la scène mondiale. La Chine vient chercher ses matières premières avec ses gros sabots, brisant tous les équilibres que les Occidentaux avaient créés pour se partager les richesses du monde. Et ceci nous donne un peu plus de souplesse pour trouver des partenaires. Même entre Occidentaux, le modus vivendi d’avant a été dépassé : les Américains et les Canadiens viennent eux aussi chercher les matières premières là où la France avait auparavant l’exclusivité.

NS : Pouvez-vous nous donner un sens de comment l’Afrique est divisée du point de vue des chasses gardées des uns et des autres ?

IL : Chacun agissait dans les pays qu’il avait colonisés, la France en Afrique occidentale française, dans les 8 pays de l’AOF et l’ancienne Afrique équatoriale française. Elle agit aussi un peu en Afrique du Nord, bien que là, elle ne peut pas être aussi puissante qu’elle l’est en Afrique de l’Ouest, étant donné que les Etats-Unis entendent faire le Grand Maghreb ou le Grand Moyen- Orient. Les chasses gardées des Anglais sont des pays comme le Nigeria, ceux de l’Afrique de l’Est, l’Ouganda et le Kenya. Les Américains ont, quant à eux, une autre méthode. Ils choisissent des intérêts précis et s’y mettent lourdement, quelle que soit l’ancienne appartenance de ce pays. Quand à la Chine, elle est partout.

NS : La Chine offre-t-elle de meilleures conditions aux pays africains que les anciennes puissances coloniales ?

IL : Il n’est pas question de meilleures conditions, un capitalisme est un capitalisme. Mais c’est nouveau, ça nous change, ça nous donne la possibilité de choisir.

NS : Ils sont peut-être plus orientés vers les projets physiques ?

IL : Ils ont toujours construit des projets. A Abuja, ils ont construit un stade, au Niger, un Palais des congrès. Mais maintenant, ils s’impliquent dans l’industrie et le commerce, et plus généralement, les secteurs économiques. On ne cherche plus seulement à se faire reconnaître par rapport à Taiwan, pour repousser les nationalistes.

NS : La Chine vous donne donc une plus grande liberté de manœuvre...

IL : Plus de choix surtout. Au début de l’exploitation d’uranium au Niger, dans les années 60, on avait un accord presque d’exclusivité avec la France, l’Espagne et le Japon, mais surtout la France. On nous avait expliqué que l’uranium est un produit stratégique et que la quantité exploitée doit rester secrète. Avec la compagnie qui s’appelait SOMAIR, la France enlevait l’uranium confidentiellement. Nous ne connaissions pas la quantité qui était exploitée, ni le prix, et à la fin de l’année, on nous donnait une somme forfaitaire d’un milliard de francs CFA, qui allait dans le Fonds national d’investissement. En 1974, le président Driori Hamani a tenté de changer cela, mais cela ne lui a pas porté bonheur. Il a été renversé avant d’avoir réussi. Un officier du nouveau gouvernement, qui était ministre des Mines et vice-président du Conseil militaire suprême, a tenté lui aussi de faire valoir que l’uranium était pour nous un produit marchand comme un autre. Il n’est pas radioactif quand nous le vendons. Ce sont des cailloux que nous vendons. C’est après, quand les Européens le traitent, qu’il devient dangereux. &ccdil;a ne lui a pas porté bonheur non plus. Celui qui a repris le flambeau de cette bataille a disparu très vite de la circulation et a même été assassiné. Après, il y a quand même eu une évolution. On n’enlevait plus sans nous dire combien et à quel prix. Une nouvelle politique a été mise au point avec un consortium, pour les actionnaires de la nouvelle société, la COMINAK. Plutôt que de faire comme une compagnie commerciale habituelle, où les dividendes sont partagés entre actionnaires à la fin de l’année, en fonction des bénéfices, le système consistait à enlever l’uranium. A la fin de l’année, chaque actionnaire enlevait une quantité spécifique correspondant au montant de sa participation. Mais le Niger n’avait pas le droit de vendre sa partie. Vous savez que même Bush nous a taxé d’Etat voyou, nous accusant d’avoir vendu du « yellow cake » à Saddam Hussein, ce qui était faux. Nous n’avions pas le droit de vendre notre uranium et c’était la France qui enlevait et commercialisait la part d’uranium correspondant à notre capital. C’est cette quantité - la part du Niger que la France enlève - dont le prix vient d’être revalorisé. Mieux, le Niger a demandé et obtenu de pouvoir vendre une partie de son uranium. Que la France enlève sa part, c’est normal, mais nous devons pouvoir vendre notre part au plus offrant et ça, nous l’avons obtenu et nous pensons que les choses iront mieux.

NS : En 1974, le président Driori Hamani avait essayé de connaître la quantité d’uranium enlevé et à quel prix, et vous avez rapporté que Paris avait immédiatement envoyé au Niger une délégation pour s’occuper de cela...

IL : On avait, en effet, commencé des négociations avec une délégation française conduite par M. Yves Guéna, mais celles-ci n’ont pas abouti. Yves Guéna était reparti en France disant qu’il reviendrait le 16 avril, et le 15 avril, dans la nuit, le président Driori Hamani était renversé par un coup d’Etat. Je ne fais pas de rapprochement, ce sont les faits, c’est l’histoire.

NS : Après, vous avez parlé d’une nouvelle tentative par le vice-président du Conseil militaire suprême.

IL : Cette fois c’est lui qui est venu négocier en France pour que le Niger puisse connaître la quantité qui était enlevée et son prix de vente, et pour savoir si une partie supplémentaire de la vente de l’uranium à son prix réel devait revenir au Niger, au-delà de ce qui avait été accordé au Fonds national d’investissement. On n’a pas été compris, malheureusement. A cette époque, la France avait proposé de doubler la somme d’argent donnée : 2 milliards au lieu d’un. Le commandant n’a pas voulu accepter et la délégation est repartie au Niger. Mais par la suite, il a eu des problèmes politiques. Il a été mis à l’écart, emprisonné et assassiné. C’était en 1975.

NS : Après, vous avez tenté d’obtenir une minorité de blocage de 33 %.

IL : Au moment de la création de la COMINAK, en effet, nous avons demandé à avoir une participation d’au moins 30 % de cette compagnie, et la COGEMA de l’époque nous avait fait savoir quel montant cette quantité d’actions faisait en francs CFA. Nous n’avions pas, évidemment, une telle quantité d’argent, mais nous avions demandé à obtenir cette participation en tant qu’apporteurs de la matière première. En concession nous avons reçu les 16 % que nous contrôlons actuellement à la COMINAK, mais sans obtenir le droit de vendre notre part.

NS : Pouvez-vous nous parler maintenant du journaliste de RFI qui a été arrêté, soupçonné de faire parti de la rébellion touarègue.

IL : Cette affaire est actuellement devant la justice, ce sont les juges qui décideront qui a raison et qui a tort. Le gouvernement dit qu’ils ont capté deux ou trois conversations de Moussa Kaka avec les rebelles, qui établissent qu’il n’est pas seulement correspondant de RFI mais qu’il est agent payé de la rébellion pour faire valoir leur cause. Dans l’une de ces communications il aurait réclamé de l’argent : « Ca fait longtemps que je travaille pour vous et vous n’avez encore rien payé ». Ils lui auraient répondu : « Ne t’inquiète pas, va chez un tel. Ton argent est déjà là-bas ». Dès ce moment, le Niger a considéré qu’il n’était plus un journaliste mais un employé, un ami de la rébellion. Tout cela reste à vérifier avec la justice. J’espère qu’il aura de bons avocats, mais personne ne peut empêcher un pays d’arrêter des gens dans une période de troubles comme celle-ci. Surtout que la région de la guerre s’est déplacée.

NS : Il paraît que cette rébellion s’étend sur toute la zone où il y a des régions minières et pétrolières.

IL : La rébellion sévit au Mali, dans le sud algérien, au Niger, au Tchad, au Soudan. Comme par hasard, ce sont ces régions où les pays occidentaux savent depuis longtemps qu’il y a beaucoup de pétrole et de richesse minières. Avant notre indépendance, la France avait déjà essayé de créer dans cette zone un Etat - l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). Elle voulait découper le nord du Niger, le nord du Mali et le sud de l’Algérie pour faire un Etat englobant toutes ces richesses. A l’époque, la France faisait ses essais nucléaires à Reggane, en Algérie. Les gisements de Hassi Messaoud avaient été détectés, et ils avaient aussi les gisements d’uranium au Niger. Je ne dis pas qu’il y a un rapprochement entre tout cela et la rébellion aujourd’hui, mais c’est curieux que cela se recoupe pour d’autres raisons. Les Touaregs ne sont pas marginalisés. Les vrais Touaregs sont sédentarisés, instituteurs, ministres. Mais il y a une certaine campagne en Occident pour promouvoir les hommes bleus, les hommes nobles, qui ne sont pas aussi nobles qu’on veut le prétendre. Aujourd’hui la région touarègue est beaucoup plus scolarisée, par exemple, que la région de Maradi. Mais depuis Machiavel, tout cela est de bonne guerre.

NS : Vous aviez mentionné les revendications, un peu étonnantes, du MNJ.

IL : Le discours politique est le même pour tous les partis d’opposition, qui attaquent les insuffisances réelles du gouvernement en matière de scolarisation, de points d’eau, de routes... Puis vous avez toutes sortes de demandes du type « il faut nous donner des généraux de brigades, des colonels dans l’armée, des sous-officiers, des commandants de douanes, des officiers des eaux et forêts - en plein désert ! Mais s’ils n’ont pas été à l’école pour cela, à l’école de guerre ou à l’école militaire, il est impossible d’exercer ces positions. Vous ne pouvez pas venir du jour au lendemain en disant je suis chef de guerre dans le maquis, donc il faut qu’on me donne telle ou telle position.

NS : Avez-vous une idée de qui soutient les Touaregs ?

IL : Non.

NS : Le ministre parlait d’un journal qui soutient systématiquement les Touaregs mais il nous a laissés sur notre faim, sur son identité...

IL : Moi aussi, je vais vous laisser sur votre faim. Ce qui est clair, c’est que personne au Niger, Touarègue ou pas, ne peut soutenir seul une armée dans le désert, avec des armes sophistiquées, des véhicules 4/4. Puis nourrir les hommes, les loger, les payer.

NS : Et vos voisins du Nord ?

IL : C’est trop facile de voir la Libye ou l’Algérie derrière. Ce n’est pas non plus une question de mercenaires en tant que tels. Par exemple, Areva a commandé une douzaine de 4/4 tous neufs, qu’ils ont garés à Arlit. Comme par hasard, les rebelles les ont tous volés. Areva avait aussi donné une avance de plusieurs millions de francs CFA à ses gardes... Les rebelles sont partis avec les véhicules et avec cette avance. Ce n’est peut-être pas voulu, mais là, il y a un petit problème !

NS : Hugo Chavez, le Président du Venezuela, est allé en Algérie où la Russie et la Chine jouent désormais aussi un rôle très important. En Amérique latine aussi, Chavez, Kirchner, Correa, Morales, tous ces chefs d’Etat sont en train de faire comme vous : rétablir leur souveraineté sur leur matières premières, y a-t-il un lien ?

IL : Non, c’est une étape politique. A une époque, nous étions une colonie. On nous faisait faire ce qu’on voulait, on nous envoyait des administrateurs, des commandants qui géraient tout. A un moment donné, on a dit : c’est fini ! Et le droit de chaque peuple à l’autodétermination a été reconnu. Mais après, les économies ont continué à être soumises aux grandes puissances. Souvent, on vient avec des menaces, ou avec la corruption. De grandes compagnies comme Texaco, Exxon, Total, Elf, viennent exploiter les minerais parce que nous ne sommes pas capables de le faire. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne savons pas où se trouve l’uranium ! Nous sommes arrivés à un stade où on se dit : ça suffit ! D’accord, vous êtes exploitant de la matière première, mais vous êtes un prestataire, vous n’avez pas la propriété de la matière. C’est une autre étape politique, aujourd’hui on va conquérir l’indépendance économique. L’Amérique latine a été dans le même cas que nous et on se suit. Il faut que l’Occident s’apprête à connaître des jours très difficiles pour ce qui concerne l’enrichissement facile.

NS : Une évolution que nous regardons avec intérêt est le retrait de la plupart des pays sud-américains du Fonds monétaire international et leur tentative de créer une banque, la Banque du Sud, qui utilisera les revenus des matières premières pour lancer de grands projets d’infrastructures utiles à toute la région.

IL : Le FMI, malheureusement, a donné des directives à nos pays pour des politiques qui ont été un échec, une catastrophe. Aujourd’hui on doit lui faire un procès, car c’est catastrophique. Il nous a mis dans des impasses, et si nos pays se trouvent là où ils sont, la responsabilité du Fonds monétaire international est grande. Il faut mettre fin à cette politique du FMI, selon laquelle le paiement des dettes est plus important que les projets, et où les dettes s’étirent à l’infini, nous faisant payer 400 dollars pour un pont qui en a coûté 10...

* Dans l’impossibilité de joindre M. Loutou pour obtenir son accord final avant la publication de cette interview, nous avons décidé de la publier quand même, car elle reproduit fidèlement les propos que M. Loutou a tenus au cours de la conférence de presse du 1er octobre, où il a fait une longue intervention à partir de la salle.

Deux grands projets impliquant le Niger

Que le Niger figure parmi les pays les plus pauvres du monde, alors que ses richesses minières et agricoles devraient le classer parmi les plus riches, voilà une situation qui, à elle seule, justifie une condamnation sans appel de toute la politique de la France envers ces pays depuis la prétendue fin de la colonisation.

A d’autres époques, la France a pu faire mieux cependant. Il y a eu notamment les pastoriens - les élèves de Pasteur - qui se sont battus pour améliorer les conditions de salubrité et de santé publique à travers tout le continent ; il y a eu les amis de Brazza. En passe de devenir aussi haïe des pays africains que ses adversaires anglo-américains, la France doit vite mettre fin aux méthodes coloniales et travailler à assurer la pleine intégration de ces pays dans un monde industriel et moderne.

Deux projets qui concernent le Niger, mais aussi d’autres pays du Sahel, doivent faire l’objet de toute l’attention de la France : 1) la revitalisation du lac Tchad et 2) la création d’une ceinture verte pour arrêter la progression du Sahara et faire régresser le désert.

1) Sauver le lac Tchad

Considéré comme l’un des plus grands lacs de l’antiquité - 350 000 km² il y a près de 21 000 ans - le lac Tchad avait encore 25 000 km² vers 1960. Aujourd’hui, à la suite de plusieurs sécheresses et de la progression de la désertification, il ne fait plus que 2000 km² d’étendue !
Projet de revitalisation du Lac Tchad (extrait du dossier "Le rôle de l’Europe pour assurer une Renaissance africaine", Institut Schiller 1990)

Grand « poumon à eau » pour toute l’Afrique, sa dégradation a des répercussions terribles sur l’environnement, le mode et le niveau de vie des riverains. Il faut donc le revitaliser, tout comme l’a été la mer d’Aral. C’est l’objectif de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), créée en 1964 par quatre pays (Niger, Nigeria, Tchad et Cameroun), rejoints ensuite par la République Centrafricaine en 1994 et la Libye en 2007. Cette commission peine cependant à rassembler les moyens pour financer ce projet, considéré souvent comme « pharaonique ».

Il faut, en effet, remettre le lac à son niveau de 284 m. Le projet le plus prometteur propose de transférer des eaux du bassin du Congo, de l’Oubangui et du Chari-Logone, qui aujourd’hui se perdent dans l’océan ou par évaporation, vers le bassin du lac Tchad. Des canalisations peuvent être envisagées ainsi que des canaux en plein air, avec construction de barrages de retenue en amont de la ville de Bangui et un aménagement des berges du Chari-Logone. L’extension du lac permettra de rétablir des pêcheries et de poldériser les anciennes terres laissées par le recul historique du lac. Les agriculteurs (environ 40 000) qui se sont installés depuis sur les rives du lac asséché devront être indemnisés. Combiné avec des projets de reforestation, ce micro-climat humide contribuera à faire reculer le désert.

Depuis quelques années, les pays membres de la CBLT tentent de relancer ce projet. Le communiqué final de la 53ème session du conseil des ministres de la CBLT, tenue en août 2006 à Maroua, rapporte que les commissaires ont instruit le secrétaire exécutif de lancer sans délai l’appel d’offres pour l’étude et la faisabilité du projet dit de Transfert d’eau interbassin, du bassin de l’Oubangui vers le lac Tchad. Selon le communiqué, le Nigeria a déjà versé 3 milliards de francs CFA sur les 3,6 milliards nécessaires pour financer l’étude de faisabilité. L’appel d’offre a été lancé en... 2007. La RDC et le Congo Brazzaville ont été associés dernièrement au projet, les deux cours d’eau (Oubangui et Chari) faisant partie du Bassin du Congo, ces pays doivent eux aussi donner leur avis.

2) Créer une ceinture verte pour arrêter la progression du Sahara

Ce grand projet concerne le Niger, le Burkina Fasso, le Mali et la Guinée. Outre le fait de pouvoir gagner du terrain pour l’agriculture et l’élevage, il permettra de lutter contre les migrations des éleveurs nomades du nord, qui fuient le désert, provoquant de nombreux conflits avec les agriculteurs sédentaires du sud.

Dans ces deux projets, des experts français mobilisant la main d’œuvre locale suffiront à faire le travail. Dans le cas du projet du lac Tchad, quelques ingénieurs français, avec des équipements de travaux publics adéquats pourront suffire, des travailleurs locaux devant être formés sur le tas.

Dans le second, la main d’œuvre locale fournira le gros du travail, encadrée par des experts français maîtrisant toutes les compétences pour assurer une reforestation durable : irrigation, lutte contre les insectes et milieu de vie intégré. Des fours solaires, fournis aux habitants à raison de 1 à 2 par famille, suffiront à empêcher les coupes de bois qui déciment les forêts.

Nous devons considérer qu’il est de notre responsabilité, de la responsabilité de la France, de contribuer à ce que ces deux grands projets élémentaires obtiennent les financements nécessaires pour être rapidement réalisés. Nous le devons aux Africains, et nous le devons aussi à tous ceux qui, à travers notre longue histoire, ont contribué utilement à l’amélioration des conditions de vie des êtres humains et au respect de leur dignité.


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