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Pourquoi l'unité palestinienne n'est pas une option pour Abbas


Par Ramzy Baroud



Quelques heures seulement après l'affrontement Hamas-Fatah à Gaza en juin dernier, c'est un président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas semblant ferme et posé qui serrait les mains des membres de son nouveau gouvernement d'urgence. Pour s'assurer que sa démarche apparaisse aussi légitime que possible, il a émis des décrets qui mettaient hors la loi les milices armées du Hamas, et également suspendu des clauses importantes de la Loi fondamentale palestinienne, qui avait jusque là servi de constitution.

La Loi fondamentale stipule que pour qu'il soit constitutionnel, tout gouvernement doit être approuvé par le Parlement palestinien. Abbas a simplement décrété l'invalidité de cette clause, dérobant ainsi aux Palestiniens une de leurs plus grandes réussites collectives – la démocratie.

Ce système, lorsqu'il est véritablement représentatif, est bien sûr précieux et significatif. Si l'on considère les circonstances impossibles dans lesquelles la démocratie palestinienne en particulier a été engendrée et nourrie – occupation militaire, pression internationale, extrême pauvreté – c'était également profondément historique. Contrairement aux idées reçues qui ont suivi l'occupation US de l'Irak, les Arabes se montraient capables, en fin de compte, de conduire un processus démocratique.

Malheureusement, la réalisation de la démocratie ne garantit pas sa conservation.

Presque immédiatement après la victoire du Hamas aux élections de janvier 2006, tant les forces locales qu'internationales se sont ruées pour étouffer et renverser le résultat de ce vote. Des intellectuels prétentieux ont écrit sur l'incompatibilité entre Islam et démocratie, des hommes politiques ont dénigré la victoire du Hamas comme étant le signe de l'envahissement du militarisme et de l'extrémisme, et des dirigeants mondiaux se sont rapprochés du "légitime" Abbas, comme opposition à "l'illégitime" Hamas. C'était bien sûr ridicule.

Pour Israël, l'affrontement entre le Fatah d'Abbas et le Hamas islamique fut une chance en or, comparable aux bénéfices glanés lors d'un autre moment opportun, les attaques terroristes du 11 septembre, que le leader du Likud israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifiées récemment, et ce n'est pas la première fois, de "bonnes" pour Israël (Haaretz, 16 avril).

Le combat palestinienne fut aussi une bonne chose pour Israël ; ç'en était fini de cette énervante démocratie palestinienne faisant de la concurrence à l'auto proclamée "seule démocratie du Moyen Orient" d'Israël. De plus, les Palestiniens ont été une fois de plus dépeints comme la populace incontrôlée, incapable de produire des artisans pour la paix responsables ni de créer un environnement de "sécurité", que l'Etat d'Israël clame si souvent convoiter.

De même pour Abbas et ses ministres, ils savaient fort bien que l'affection américano-israélienne de fraîche date à leur égard était conditionnelle. Après tout, ils sont les mêmes personnes, occupant les mêmes postes et jouant les mêmes rôles qu'ils ont toujours joués. Ils sont les ministres, les conseillers, les amis et les responsables de l'Autorité palestinienne de feu le Président Yasser Arafat, qu'ils évitaient soigneusement, comme leur Président. Ils ont aussi très bien compris leur nouvel intérêt à représenter l'antithèse au Hamas. Au lieu de refuser le rôle de larbins, les ministres du gouvernement Abbas sont entrés dans le jeu.

Soudain, le conflit, qui apparaissait jusque là comme étant entre Israël et les Palestiniens s'est transformé comme conflit entre Abbas et ses soutiens (Israël et les USA) d'un côté, et le Hamas tout seul de l'autre. Le problème, comme rapporté dans les principaux médias, a cessé d'être les colonies, l'occupation et les violations des lois internationales, mais les "forces de l'ombre" antidémocrates à Gaza opposées aux forces de paix et de civilisation à Ramallah et à Tel Aviv.

Pour donner du poids à ces images hautement trompeuses par une "action", Abbas et le premier ministre israélien Ehud Olmert ont amorcé leur recherche d'une paix illusoire. Cela a commencé à Annapolis et fut suivi de séries de discussions aussi régulières que vaines. Bien peu sont ceux qui espéraient que ces rencontres déboucheraient sur des résultats significatifs ; leur seul objectif était d'isoler davantage le Hamas et de souligner l'alliance Abbas-Israël.

Pour que le spectacle puisse continuer, le Hamas et le Fatah n'ont pas été autorisés à se réconcilier, du moins jusqu'à ce que Israël et les USA décident de changer de tactique. Ceci ne signifie pas bien sûr qu'il n'y a aucune base pour une réconciliation. Les dissensions palestiniennes sont à la mesure de la capitulation devant un ennemi dur et enhardi. Récemment, nous avons vu l'Accord du Caire 2005, l'Accord de la Mecque 2007 et l'Accord du Yémen de mars 2008.

Mais pour obtenir l'approbation d'Israël en Cisjordanie – et pour éviter le sort tragique de Gaza – Abbas n'est pas intéressé par les points d'accord, mais plutôt par les points de discorde. Al Jazeera a rapporté que Azzam Al-Ahmad, le membre du Fatah qui a signé le document Hamas-Fatah en mars, a été clairement réprimandé pour avoir laisser Abbas "dans le noir" sur la nature de l'accord. Al-Ahmad a dit avec insistance que Abbas savait exactement ce que stipulait l'accord. Il semble qu'un document qui mettait simplement en relief une série d'actions pour une pleine réconciliation entre les deux partis était un trop gros morceau à avaler pour Israël.

Même le sang des plus de 120 Palestiniens à Gaza, qui ont été tués en l'espace de six jours au début mars, n'a pas semblé être une raison assez forte pour passer outre les menaces d'Israël sur l'unité palestinienne en signifiant la fin de l'inutile "processus de paix".

Et puis, bien sûr, il y a la piste de l'argent. Quelques jours avant le fiasco du Yémen, les USA ont accepté de transférer 150 millions de $ de soutien à l'Autorité palestinienne, comme "partie des promesses passées pour renforcer le gouvernement du Président Mahmoud Abbas." Le renforcer contre qui ? Certainement pas contre Israël.

Alors que les efforts louables de John Dugard, des Nations Unies, de l'ancien président US Jimmy Carter et de l'archevêque Desmond Tutu ont attiré une attention hautement nécessaire sur le sort des Palestiniens, et ceux de Gaza en particulier, les responsables de l'Autorité palestinienne s'activent à participer aux conférences des donateurs et à publier des communiqués vides que personne ne lit. Ils agissent comme s'ils étaient un parti neutre pris entre des fanatiques religieux et Israël. Leur combat ne semble plus, même de loin, relié à la Palestine ou à son peuple. Ce n'est certainement pas la qualité d'un mouvement ou d'une direction de libération où que ce soit, dans quelque période de l'histoire que ce soit, récente ou ancienne. Abbas et Fayyad semblent faire exception.


Source : Arab News
Traduction : MR pour ISM

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