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'Ultra-gauche' : Squarcini, Alliot Marie, au centre de toutes les investigations : Sarkozy cherche a declarer l'etat d'urgence en France


DERNIERE MINUTE :

Nous venons d’apprendre que des neuf personnes mises en examen dans ce dossier, seuls Julien Coupat et sa compagne ont été maintenus en détention par la chambre de l’instruction de la cour d’appel.

On doit s’interroger sur l’incohérence révélée par ce traitement inégal. On voit mal pourquoi Julien Coupat et sa compagne n’ont pas eux aussi bénéficié d’une mesure de libération.


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Par Karel Vereycken

31 novembre 2008 (Nouvelle Solidarité) — A l’aube du 11 novembre, quelque 150 policiers, opérant sur l’ensemble du territoire français, procèdent à l’arrestation de neuf personnes soupçonnées d’être à l’origine du sabotage des lignes TGV, en particulier lors du week-end du 8-9 novembre 2008, provoquant le retard d’une bonne centaine de trains.

La « cellule invisible » avait installé son quartier général dans une ferme à Tarnac (Corrèze), servant de lieu de vie, de passage et de réunion. On affirme que « le cerveau » bicéphale du groupe était le « philosophe » illuminé Julien Coupat (34 ans) et son ami Benjamin Rosoux (30 ans), ancien président de la Fédération des jeunes écolos européens (FJEE).

S’agit-il réellement de « jeunes élèves brillants, dégoûtés par notre société de surconsommation et cherchant à fonder une société nouvelle », de simples militants égarés de la mouvance « anarcho autonome ultra gauche » ayant pété un câble, ou d’un véritable « groupuscule à vocation terroriste » visant à renverser l’Etat ?

Personne ne le sait actuellement. L’anarchisme violent et le terrorisme ont toujours été des instruments de la guerre sournoise menée par l’oligarchie financière internationale contre les Républiques et les Etats-nations. Il est établi aujourd’hui que le terrorisme des années 1970 faisait partie de la « stratégie de la tension » manipulée par certains réseaux de l’OTAN (Gladio) pour imposer des régimes fascistes en Europe. S’agit-il alors des derniers rejetons de ceux qui cherchent à provoquer le retour des « années de plomb » ? Rien ne serait plus dangereux dans cette période de crise globale du système.

Né en 1974, Julien Coupat est le fils unique d’un médecin, dont l’épouse occupe un poste élevé dans un grand groupe pharmaceutique français. Si la presse l’a idéalisé comme un jeune élève brillant, d’abord d’une école huppée de commerce, puis d’une école de sciences sociales non moins prestigieuse, Coupat mène plusieurs vies.

Selon Le Figaro du 21 novembre, « J.C. » est à la tête d’une SARL, domiciliée chez son père, qui s’occupe de la « location de terrains et autres biens immobiliers », une activité qui « lui a rapporté plus de 60000 euros en 2007 ». Son « bras droit », Benjamin Rosoux, en est le gérant. De quoi faire tourner, par ailleurs, même à perte, la ferme-épicerie de Tarnac qui leur a permis de se rendre populaires auprès des élus locaux convaincus d’accueillir des jeunes sympathiques, désireux d’apporter un peu d’animation dans la vie locale. Si papa annonce aujourd’hui au Figaro qu’il « aimerait comprendre ce qu’il y a dans la tête de cette génération », c’est, d’après Le Monde, ce même papa « qui a découvert Tarnac il y a un an, a acheté la maison jouxtant l’épicerie. Il a également acquis pour son fils, dans le 20e arrondissement de Paris, un ancien atelier d’artisan de 50m2 qui devait héberger un futur projet de journal militant ».

D’autres soutiens bien plus troublants apparaissent dans cette histoire. Car avant de s’installer à Tarnac, Julien Coupat fréquente les milieux intellectuels parisiens, ceux qu’Erasme appelait de son temps, avec raison, les « folie-sophes ». A Paris, Coupat tisse de « vrais liens avec le philosophe italien Giorgio Agamben, rencontré lors d’un séminaire. Ils jouent de temps à autre au football, le philosophe l’a aidé au moment du lancement de la revue Tiqqun en lui trouvant un imprimeur [la prestigieuse maison Einaudi de Turin] en Italie. » Coupat sera le principal rédacteur de cette revue d’inspiration post-situationniste dont le premier numéro sort en 1999 à Venise, où Agamben enseigne. Tiqqun se définit comme « l’organe conscient du parti imaginaire » et Coupat y écrit que « la période historique dans laquelle nous entrons doit être un temps d’une extrême violence et des grands désordres ».

Qui est Giorgio Agamben ?

Mentor et véritable maître à penser de Julien, Giorgio Agamben est un « philosophe-mutin » italien de 66 ans, réputé grand expert d’Aristote, de Marx, de Walter Benjamin (un proche d’Adorno, de l’Ecole de Francfort) et du philosophe Martin Heidegger, un ancien membre du parti nazi, dont il a suivi, en 1968, les séminaires sur Héraclite et Hégel. En 1974, il est un « fellow » de l’Institut Warburg de Londres, sur invitation de Mme Francis Yates, une spécialiste de l’occultisme néo-platonicien et membre de l’ordre de l’Empire britannique. Agamben enseigne dans plusieurs grandes universités américaines, allemandes, suisses et au Collège international de Philosophie de Paris.

D’après Wikipedia, il noue alors des relations avec des « figures importantes » de son époque, parmi lesquelles Pier Paolo Pasolini en Italie, mais aussi Guy Debord, Jean-Luc Nancy, Jacques Derrida, Jean-François Lyotard et l’idéologue proche des Brigades Rouges, Antonio Negri, enseignant en France.

Il serait prétentieux et malhonnête de résumer ici sa pensée en quelques lignes, surtout vu l’emprise qu’elle a pu prendre sur l’esprit et la vitalité de ceux qui, sous le charme « magique » de ce maître, se sont agglomérés dans la mouvance de la « cellule invisible ». Il est cependant permis d’en décrire les traits saillants qui ont inspiré les révoltés.

Contre le « bio-pouvoir » de l’Etat-nation

Agamben se sert des dangers bien réels qu’un contexte de crise systémique financière, économique et politique fait courir à la démocratie, pour attirer des jeunes ahuris par l’état de la société. Dans ce contexte, dit-il, certains Etats seront tentés de faire appel à l’état d’exception décrit par le juriste nazi Carl Schmitt. Agamben dénonce aussi, à juste titre, la politique de guerre permanente de Dick Cheney conduisant à la « suspension » de l’Etat de droit, comme on le voit avec le traitement scandaleux administré aux prisonniers à Guantanamo.

Cependant, différentes acrobaties nominalistes permettent à Agamben de conclure qu’en pratique, très peu de différence existe entre la gouvernance dite « démocratique » de nos Etats et les dictatures ouvertement fascistes. La souveraineté n’est alors pour lui rien d’autre que le droit du souverain à déclarer l’Etat d’exception. L’Etat-nation, « état d’exception devenu la règle », apparaît alors comme l’ennemi de tout être humain.

Le flicage croissant de notre société, ahurissant il est vrai, devient prétexte à la lutte violente. Dans la lignée de Michel Foucault, Agamben dénonce la « biopolitique » pratiquée par le « biopouvoir » des Etats, qui réduit l’homme à ce que les Grecs appelaient la « vie nue » (zôè), une existence réduite au simple « fait de vivre ». La souveraineté, selon Agamben, devient ainsi l’instrument non pas pour défendre la vie du citoyen bavard et bardé de droits, mais pour imposer la vie nue et réduite au silence des réfugiés, des déportés ou des bannis. Agamben dénonce le flicage croissant de nos sociétés « modernes », incapables de vraies relations entre hommes, mais suréquipées de caméras de surveillance, de passeports biométriques, de téléphones cellulaires géolocalisables et de fichiers d’ADN.

Cependant, au lieu de prôner l’avènement de véritables républiques et d’engager l’action non violente permettant de les fonder politiquement, il se prononce en faveur d’une « autre politique » qui doit s’abstraire de toute souveraineté, et plutôt l’affronter ou la subvertir. D’où l’attrait qu’il exerce sur les autonomistes de tout poil. Pour résister, les victimes du biopouvoir doivent pratiquer un « biopouvoir mineur » en contrepoint à celui de l’adversaire. Cela peut être la grève de la faim, mais aussi le refus de la biométrie. Agamben a refusé, par exemple, de retourner aux Etats-Unis depuis que le passeport biométrique conditionne l’entrée sur ce territoire. En revendiquant de quoi vivre, des traitements anti-rétroviraux, un revenu minimum garanti, des drogues légales et sûres, etc., les victimes doivent affronter le pouvoir là où il s’exerce : au guichet des administrations, dans les bureaucraties sanitaires, dans les tribunaux ordinaires, etc. Mais son message appelle plus à la révolte qu’à la révolution. Pour lui il ne faut plus affronter l’Etat car « il va se détruire lui-même. Il suffit donc de se soustraire ».

Lors de sa garde à vue, confirmant sa fidélité à Agamben, Coupat refuse tout élément permettant de dresser son profil génétique (le biopouvoir), notamment les prélèvements de sang. Il lave par exemple ses sous-vêtements avant saisie et mange sans porter à sa bouche les couverts afin d’éviter tout dépôt de trace biologique sur ceux-ci, qu’il jetait d’ailleurs dans les toilettes de sa cellule…

Intéressons-nous maintenant un instant à son « bras droit », Benjamin Rosoux, dont le cas est probablement plus révélateur.

Rosoux arrive à Rennes vers 2001 après avoir étudié la sociologie du développement et la responsabilité environnementale à l’université d’Edimbourg, en Angleterre. Comme nous l’avons dit, il sera pour une brève période président des Jeunes Verts européens, ce qui lui permet de se constituer un carnet d’adresses international. Après 2005, il deviendra le gérant de la Société civile immobilière de Coupat, qui est propriétaire de la ferme-épicerie de Tarnac où vivait le noyau dur du groupe.

D’après Ouest-France, Rosoux est connu pour avoir participé à la création de deux squats rennais. Deux expériences initiées par des étudiants de l’Institut d’études politiques (IEP), école dont il est diplômé. « Le premier, La Marmite, était un squat artistique », raconte un ancien résident. Après l’expulsion, il fonde un autre squat, plus politique, l’Ekluserie. « Ils vivaient du RMI et de la récupération de nourriture à la sortie des supermarchés ou des fins de marchés », dit un ancien. Jusqu’au sommet du G8 à Gênes, « temps fort qui a marqué toute une génération ». Plusieurs membres de L’Ekluserie font alors le voyage en Italie, où ils assistent aux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. « Ils en sont revenus choqués, persuadés d’avoir été confrontés au fascisme moderne. L’action des Black Blocks, adeptes de la confrontation violente avec la police, les a fascinés. »

Le phénomène du « bloc noir » est apparu dans les années 1980 avec le mouvement autonome allemand Swarzer Block, notamment à travers la lutte contre la centrale nucléaire de Brokdorf, la défense des Freiräume (lieux autogérés) et les manifestations de solidarité avec la Bande à Baader (RAF).

Les blocs noirs se forment généralement en marge de manifestations normales dont ils se servent comme bouclier. A un moment donné, les Black Block, vêtus de noir et masqués, entrent en action. D’après Wikipedia, « ils procèdent de la doctrine d’action directe : destructions de banques, de bâtiments d’institutions officielles ou de sociétés multinationales, magasins, caméras de vidéo-surveillance, etc. Ces actions ne visent pas à s’attaquer aux personnes mais aux biens du capital. Le but est de faire perdre un maximum d’argent aux entreprises visées. Les activistes n’hésitent pas à affronter directement les forces de l’ordre qu’ils considèrent comme le bras armé du capitalisme ». Après une longue absence, les Black Blocks réapparaissent surtout lors de la guerre d’Irak en 1991. S’ils n’étaient que 200 à protester contre l’OMC à Seattle en 1999, où ils avaient créé une « zone autonome temporaire », leur mouvance s’élevait à 5000 lors du G8 à Heiligendamm, début juin 2007.

Un ami de Rosoux confesse : « Non-violent, altermondialiste, je l’ai vu s’éloigner progressivement vers l’écologie libertaire et l’action radicale. Vers la fin, je me souviens même de militants allemands venus au squat pour expliquer comment ils bloquaient les trains de transport de déchets nucléaires... »

La piste allemande trouve toute sa cohérence lorsque l’on constate que la date du 8 novembre, date des actions contre les lignes TGV en France, correspond à la date d’un convoi « Castor » transportant des déchets nucléaires de Cherbourg au centre nucléaire de Gorleben en Allemagne. Il fallut à ce convoi 80 heures pour parvenir à destination, où un bon millier de manifestations bloquaient l’accès au site.

Le 10 novembre, une revendication parvenait au quotidien allemand Berliner Zeitung, précisant que les actions visant à perturber le trafic ferroviaire en France et en Allemagne visaient l’ordre capitaliste et qu’ils « ont agi cette nuit au moyen de crochets métalliques ». La revendication était signée « en souvenir de Sébastien », en référence à Sébastien Briat, activiste mort lors du passage d’un train Castor en 2004. La police allemande a fait savoir que l’emploi de crochets métalliques identiques à ceux trouvés en France est pratique courante parmi certains verts ultras et que le dernier incident de ce type avait eu lieu le 12 octobre 2008 à Bischoffsheim. Une amie allemande de Julien Coupat apparaît d’ailleurs dans une procédure judiciaire pour des faits similaires commis en 1996.

On peut donc penser que la conjonction entre l’agembeniste Coupat et l’écolo radical Rosoux a pu fournir la matière intellectuelle d’un cocktail explosif, la matrice situationniste initiale tendant, avec l’aggravation de la crise financière mondiale, à muter en « violence régénératrice » et « déshumanisante » à la Georges Sorel.

Les provocations, de Gênes à Vichy

C’est lors du sommet du G8 en juillet 2001 à Gênes que Coupat et Rosoux, les deux meneurs de la « cellule invisible » soupçonnés d’avoir commis les actes de sabotage contre les lignes TGV lors du week-end du 8 novembre 2008, feront l’expérience directe des techniques du Black Block.

Dans l’Appel, un pamphlet des autonomes qui circule dans les squats et vante les qualités de cette « action directe » par rapport au militantisme ou au bougisme impuissant, on peut lire l’anecdote suivante : « Nous nous souvenons de cette scène, à Gênes : une cinquantaine de militants de la LCR brandissent leurs drapeaux rouges labellisés « 100% à gauche ». Ils sont immobiles, intemporels. Ils vocifèrent leurs slogans calibrés, entourés d’un service d’ordre. Pendant ce temps, à quelques mètres de là, certains d’entre nous affrontent les lignes de carabiniers, renvoyant les lacrymos, défonçant le dallage des trottoirs pour en faire des projectiles, préparant des cocktails Molotov à partir de bouteilles trouvées dans les poubelles et d’essence tirée des Vespa renversées. A ce propos, les militants parlent d’aventurisme, d’inconscience. Ils prétextent que les conditions ne sont pas réunies. Nous disons que rien ne manquait, que tout était là, sauf eux. »

À partir de là, l’Ekluzerie, le squat rennais animé par Rosoux lorsqu’il étudiait à Science-Po, serait devenu « le rendez-vous de toutes les radicalités ». Ceux qui le fréquentent y rejettent « les citoyennistes », terme désignant « tous ceux qui acceptent la démocratie, José Bové ou LCR compris ». L’expérience a pris fin le 24février 2005, avec la démolition des bâtiments qui l’abritaient. Ses fondateurs se seraient dispersés, quittant Rennes « pour aller fonder d’autres squats, urbains ou ruraux », comme celui de Tarnac.

En France, ce sont les manifestations contre le CPE de 2006 qui furent le laboratoire pour expérimenter les nouvelles techniques de guérilla urbaine. Dans L’insurrection qui vient, le livre écrit par Coupat et Rosoux, on peut lire : « Le mouvement contre le CPE n’a pas hésité à bloquer gares, périphériques, usines, autoroutes, supermarchés et même aéroports. Il ne fallait pas plus de trois cents personnes, à Rennes, pour immobiliser la rocade pendant des heures et provoquer quarante kilomètres de bouchons. Tout bloquer, voilà désormais le premier réflexe de tout ce qui se dresse contre l’ordre présent. Dans une économie délocalisée, où les entreprises fonctionnent à flux tendu, où la valeur dérive de la connexion au réseau, où les autoroutes sont des maillons de la chaîne de production dématérialisée qui va de sous-traitant en sous-traitant et de là, à l’usine de montage, bloquer la production, c’est aussi bien bloquer la circulation. »

Plus récemment, du 2 au 4 novembre, lors du sommet de l’UE sur l’immigration à Vichy, Coupat et son groupe se déploient pour transformer en émeute violente le contre-sommet pacifique, contestation juste et légitime de la politique anti-immigration. Rosoux y était et on y voyait Coupat, à la tête d’une cinquantaine d’individus masqués, ordonnant à ses troupes l’assaut d’une barrière de CRS. Une jeune adepte de Coupat à Vichy a reconnu son activisme au sein des Black Blocks en Allemagne et sa participation aux blocages des gares SNCF lors des manifestations contre le CPE en France.

Dans l’Appel, on lit également : « Nous ne contestons rien, nous ne revendiquons rien. Nous nous constituons en force matérielle autonome au sein de la guerre civile mondiale. L’urgence de la situation nous libère de toute considération de légalité ou de légitimité. La perspective de former des gangs n’est pas pour nous effrayer ; celle de passer pour une mafia nous amuse plutôt. D’un côté, nous voulons vivre le communisme, de l’autre, nous voulons répandre l’anarchie. »

Néanmoins, si le document appelle à l’action, il précise que ses partisans ne veulent tuer ni blesser personne. Non pour des raisons morales, mais pour une question de stratégie : « Il paraîtra judicieux de s’attaquer plutôt aux dispositifs matériels qu’aux hommes qui leur donnent un visage. C’est vers les formes d’opérations propres à toutes les guérillas qu’il nous faut nous tourner : sabotages anonymes, actions non revendiquées. »

Qui soutient Coupat ?

A peine quelques jours après leur arrestation, dans la rubrique Rebonds de Libération, Agamben monte au créneau pour défendre ses adeptes : « Il s’agit de Julien Coupat, un jeune philosophe qui a animé naguère, avec quelques-uns de ses amis, Tiqqun, une revue responsable d’analyses politiques sans doute discutables, mais qui compte aujourd’hui encore parmi les plus intelligentes de cette période. J’ai connu Julien Coupat à cette époque et je lui garde, d’un point de vue intellectuel, une estime durable. Passons donc à l’examen du seul fait concret de toute cette histoire. L’activité des interpellés serait à mettre en liaison avec les actes de malveillance contre la SNCF qui ont causé le 8 novembre le retard de certains TGV sur la ligne Paris-Lille. Ces dispositifs, si l’on en croit les déclarations de la police et des agents de la SNCF eux-mêmes, ne peuvent en aucun cas provoquer des dommages aux personnes : ils peuvent tout au plus, en entravant l’alimentation des pantographes des trains, causer le retard de ces derniers. En Italie, les trains sont souvent en retard, mais personne n’a encore songé à accuser de terrorisme la société nationale des chemins de fer. Il s’agit de délits mineurs même si personne n’entend les cautionner… »

Interrogé par Le Monde, il a également déclaré : « On ne va pas les traiter comme les Brigades rouges, ça n’a rien à voir ! On cherche le terrorisme et on finit par le construire, tout ça pour répandre la peur chez les jeunes gens ».

Autre appui étonnant en faveur de Julien Coupat, celui de Guillaume Dasquié, proche de certains services de renseignements et sévissant actuellement Libération. Dans un article publié le 24 novembre dans ce journal, il dénonce un vaste complot contre l’ultra-gauche animé par la ministre de l’Intérieur, Michelle Alliot-Marie.

La DST, « allumée » par l’ultra sécuritaire Alain Bauer, se serait fortement intéressée, dès sa parution, au livre L’insurrection qui vient, écrit par Julien Coupat et Benjamin Rosoux et publié aux Editions La Fabrique par Eric Hazan, lui-même auteur de Changement de propriétaire, la guerre civile continue.

Or les auteurs du livre signent non pas en leur nom mais au nom d’un « Comité invisible » et s’expriment dans un langage politico-poético-dépressif inspiré de Guy Debord. Ils y décrivent avec délectation leurs tentations de se livrer à des actes de sabotage contre des lignes du TGV et d’autres « flux » capables d’accélérer la fin d’une « civilisation en état de mort clinique ».

Ancien rédacteur en chef d’Intelligence Online, lettre professionnelle consacrée à l’actualité du risque politique et de l’intelligence économique, Dasquié est le co-auteur de L’effoyable mensonge (La Découverte, 2002, avec Jean Guisnel), un livre qui prétend que les interrogations de Thierry Meyssan sur le 11 septembre sont inspirées par les « élucubrations » de Lyndon LaRouche et de Jacques Cheminade. Son imagination paraît donc tout aussi délirante qu’opportunément orientée. Bien accueilli par le New York Times et le Financial Times de Londres, ses écrits sont fortement appréciés par les néo-conservateurs américains outre-Atlantique, toujours prêts à traiter de conspirationnistes ceux qui ne se soumettent pas à leur pouvoir.

Que conclure de cette affaire ? Quelles que soient les responsabilités et les intentions des uns et des autres, elle manifeste un climat de révolte impuissante dégénérant en provocation à la violence. Ceux qui créent le climat intellectuel pour qu’elle se produise visent à déstabiliser l’Etat-nation et servent ainsi, volontairement ou pas, les desseins de cette « nouvelle gouvernance mondiale » que souhaitent les banquiers de la City et le directeur général du FMI. Les « autonomistes » qui portent atteinte aux équipements publics ne sont sans doute qu’un maillon inconscient dans la chaîne, victimes, plus que responsables, des actes qu’on leur impute, en vue de desseins qui leur échappent. Il est, en tout cas, aujourd’hui reconnu, si l’on se penche sur un passé récent, que les Brigades Rouges étaient manipulées par un « Ordre noir » cherchant à provoquer un coup d’état fasciste en Italie.

Pour creuser le sujet : Manipulation par la terreur : non à la mise en place de régimes d’exception (mars 2004)





Mercredi 03 Décembre 2008


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