شبكة الإستخبارات الإسلامية

A bâtons rompus avec le cheikh Ali Benhadj


2ème partie

Nous poursuivons la publication de l’entretien accordée par le cheikh Ali Benhadj à Hichem ABOUD.



11/ Pourquoi ne délaissez-vous pas votre discours religieux en optant pour un discours plus généraliste et ouvert sur la base des forces démocratiques qui ne sont pas en accord avec des leaders qui ménagent le pouvoir ?


Chaque formation politique possède son programme et son indépendance. Sinon le multipartisme n’aurait plus de sens. Le multipartisme impose l’existence de projets, d’idées et de visions diverses mais qui versent tous dans l’intérêt du pays et du peuple.

Le problème réside dans le régime politique pourri qui veut d’un multipartisme de façade pour tromper le peuple à l’intérieur et montrer sur la scène internationale un visage acceptable alors qu’en vérité il est hideux.

La coalition nationale est le parfait exemple de cette supercherie. Est-il raisonnable que des partis qui activent dans le cadre du multipartisme acceptent de se dissoudre complètement dans le programme aux contours obscurs du président de la république. Où est l’indépendance des partis politiques ?

Donc, Il n’y a pas de multipartisme réel en Algérie. Il y a un parti unique à têtes multiples.



12/ Envisagez-vous de présenter votre candidature à la prochaine présidentielle ?


Il est de mon droit politique et de mon droit civique de me porter candidat à la présidentielle. Je retirerais le formulaire de candidature et c’est aux frères de décider par la suite si je dois me porter candidat ou non.



13/ Mais, vous êtes privé de vos droits civiques et politiques.
Qui m’en a privé ?



14/ Le pouvoir
Lorsque j’ai été convoqué par un officier de la police judiciaire, il m’a été dit que les manifestations publiques sont interdites parce que nous sommes sous l’état d’urgence. Je leur ai dit que l’état d’urgence, constitutionnellement, doit être prononcé par le président de la république. Et comme en 1992 le président de la république avait été démis c’est Haut Conseil à la Sécurité, qui est un organe consultatif, qui a prononcé l’état d’urgence en l’absence du président de la république et du président de l’Assemble Populaire Nationale.

Comment peut-on permettre à un organe consultatif de créer le Haut Conseil d’Etat ? Qui lui a octroyé constitutionnellement ce droit ? En conclusion, l’état d’urgence est illégal et anticonstitutionnel. Par conséquent, les marches populaires, les sit-in et les rassemblements populaires et manifestations publiques sont légales. C’est l’état d’urgence qui est illégal.

Si nous étions dans un état de droit, on aurait traduit en justice ceux qui ont prononcé l’état d’urgence et qui ont arrêté le processus électoral.



15/ Possédez-vous un passeport ?
J’ai demandé un passeport et il m’a été refusé. On m’a répondu « tu es interdit de passeport et seul le président de la république peut te l’accorder »



16/ Lui avez-vous écrit ?
Je lui ai écrit pour lui faire part d’une initiative générale qui englobe ma réhabilitation dans mes droits civiques et politiques.



16/ Pourquoi ne pas le contacter de nouveau ?
Le problème c’est l’article 26 de la loi sur la réconciliation nationale qui me prive de mes droits politiques et civiques. C’est un article illégal car il est en contradiction avec la constitution. Toute loi qui est en violation avec la constitution est nulle et non avenue. D’autre part, l’article 26 est vague et ne définit pas qui sont les personnes qu’il vise. Il laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Pourtant, il n’y a aucune décision de justice qui énonce clairement que je suis privé de mes doits politiques et civiques.

Cet article suffit à lui seul pour dire que la loi sur la réconciliation nationale est illégal et anticonstitutionnel. Des juristes et des hommes de loi la considèrent comme violation des droits de l’homme et des accords internationaux signés par l’Algérie.


17/ Certains vous accusent d’être le responsable de la violence et du drame que vit l’Algérie.
Je pense que c’est à la justice de déterminer la responsabilité de chacun et non pas les moyens d’information. En quoi serai-je responsable s’il y a une dichotomie qui s’est opérée entre les gouvernants et les gouvernées, entre le peuple et le pouvoir ? Tout comme s’est opérée, aujourd’hui, une dichotomie entre le peuple et els partis politiques toutes tendances confondues parce que ces partis ont privilégié leurs intérêts sur ceux du peuple.



Ceux qui me font porter la responsabilité de la crise raisonnent comme ceux qui accusent le HAMAS en Palestine d’être la cause de ce qui est arrivé à Ghaza. Il va sans dire qu’en raisonnant de la sorte on va accuser les 22 historiques qui ont déclenché la guerre de libération sont responsables de la mort de un million et demi de martyrs et moi, je les accuserai de la mort de mon père.



En Palestine, HAMAS est élu du peuple par contre les 22 historiques n’étaient pas élus. Alors, on ceux qui m’accusent de la responsabilité de la crise ne sont pas habilités de me juger.



18/ Donc, vous êtes privé de vos droits civiques et politiques de manière illégale. Et je crois que vous êtes même privé de vos droits sociaux puisqu’il ne vous est pas permis de travailler. De quoi vivez-vous ?

Sans doute, ma privation de mes droits sociaux est aussi illégale que celle de mes droits civiques et politiques. Tout comme la peine de 12 années de prison purgée et que l’ONU a demandé à l’Algérie de me dédommager. Le gouvernement algérien a refusé d’appliquer la décision de l’ONU en ce qui concerne mon rétablissement dans mes droits.



La subsistance est entre les mains de Dieu. J’ai des frères, des amis et de la famille qui m’aident. J’ai demandé à ce qu’il me soit permis de travailler et qu’on m’accorde un emploi même comme balayeur dans les rues pour gagner honnêtement ma vie. Quand on pousse un homme à tendre la main pour subvenir à ses besoins et aux besoins de sa famille, c’est qu’on veut toucher à sa dignité.



19/ Comment voyez-vous l’Algérie aujourd’hui ?
Il y a une grande colère populaire qui couve. Le régime est en totale déliquescence. Le peuple vit dans une grande caserne à ciel ouvert. La capitale est entourée de casernes, des barrages de police et des barrages militaires partout ainsi que des cités pour les hauts gradés de la police et de l’armée. Par contre, les subalternes de ces deux corps vivent les mêmes difficultés que le simple citoyen. Il arrive qu’on envoie un policier matraquer le peuple dans la journée et le soir il rentre dormir dans un bidonville.



Je sais ce qu’endurent les policiers et les djounoud de l’armée. Durant mes années de détention plusieurs de mes gardent se plaignaient à moi de leurs conditions de vie. La colère du peuple finira par éclater à la face de ce régime.



A suivre



Pour vos réactions et si vous souhaitez poser des questions au cheikh Ali Benhadj
Ecrire à contact@racinesdoutremed.com


http://www.racinesdoutremed.com/ali-benhadj-entretien2.html

Post a Comment

0 Comments