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AFFAIRE LOCKERBIE :Erreur judiciaire, haine, contrats et 40 ans de dictature


«Ne vous inquiétez pas, M.Obama», répond Megrahi dans son interview. «Je n’ai que trois mois (à vivre).» Abdelbasset Al Megrahi


C'est par ces mots - testament - que monsieur Megrahi s’adresse à l’Occident en demandant la permission de mourir dans son pays.


En l’absence de toute humanité, la libération fut un tollé général en Occident. «Mon message aux communautés britannique et écossaise est que je montrerai des éléments (pour me disculper) et leur demanderai d’être mon jury», «S’il y a une justice en Grande-Bretagne, je serai acquitté ou le verdict sera annulé parce qu’il n’est pas solide. C’est une erreur judiciaire», dit-il au Times. Déjà peu enthousiasmées par sa libération, les capitales occidentales ont vu dans l’accueil triomphal à Tripoli un nouveau motif d’irritation. «Voir quelqu’un qui a commis un meurtre de masse, être accueilli en héros à Tripoli est profondément troublant, profondément affligeant», a estimé le ministre des Affaires étrangères britannique, David Miliband.

La Maison- Blanche a, quant à elle, évoqué un spectacle «scandaleux et dégoûtant», pendant que Paris regrettait une démonstration de joie susceptible de «heurter» les familles des victimes. La presse britannique a estimé samedi que ni Londres, ni Edimbourgh, ni Tripoli n’étaient sortis grandis de la libération d’Abdelbasset Al Megrahi, libéré jeudi par l’Ecosse, et qu’il serait désormais difficile de connaître la vérité sur l’attentat de Lockerbie pour lequel il avait été condamné. Le quotidien Financial Times juge que Londres a trouvé, avec cette libération, un «excellent moyen de se tirer d’affaire» en faisant tout reposer sur l’Ecosse. «Les familles des 270 victimes de l’attentat de Lockerbie ont été abandonnées. Il faut encore enquêter pour savoir tout ce qui s’est passé», défend le FT. De son côté, le Daily Mail estime que la Grande-Bretagne a été humiliée par la Libye tandis que le tabloïd The Sun qualifie l’accueil triomphal reçu par Al-Megrahi à Tripoli de «spectacle écoeurant (...) scandaleux mais inévitable».(1)

«Les parents des victimes britanniques se disent convaincus que Megrahi est innocent contrairement aux parents des victimes américaines qui sont contre la libération de Megrahi. Il semble d’ailleurs que "le deal"
est qu’il renonce à faire appel. Retour en arrière sur le jugement de l’affaire Lokerbie: Pour Michaël Carmichael, l’affaire Lokerbie est un Labyrinthe kafkaïen, il écrit: "Avec ses 270 victimes, Lockerbie fut l’acte terroriste le plus grave sur le sol britannique et le plus odieux perpétré jusque-là contre les Étas-uniens. (..)" Au moment de la tragédie, un groupe extrémiste palestinien soutenu par l’Iran fut choisi comme principal suspect, mais, deux ans plus tard, quand Saddam Hussein sauta sur le Koweït, le feu des projecteurs de la suspicion se déplaça sur la Libye. (...) Sous le poids écrasant des sanctions draconiennes, la Libye eut finalement la sagesse de donner des membres de son propre appareil de renseignement, ce qui pourrait l’aider à organiser la levée des restrictions commerciales paralysantes. Le temps passant, deux malheureux Libyens, Abdelbaset Ali Mohmed Al Megrahi et Al Amin Khalifa Fhimah, furent extradés et envoyés dans une obscure base militaire états-unienne appelée Camp Zeist. Le 31 janvier 2001, un jury composé de trois juges écossais déclara Megrahi coupable et acquitta Fhimah.
Megrahi écopa d’une peine d’emprisonnement à vie, destinée à l’obliger à purger au moins 27 ans de prison». «(...) Pendant les huit ans qui s’écoulèrent entre-temps, les avocats représentant Megrahi ont plaidé en faveur d’un nouveau procès. En 2007, la Scottish Criminal Cases Review Commission (Sccrc) soumit l’affaire Megrahi devant la Justiciary, la Cour d’appel écossaise, une évolution qui aurait pu conduire à son acquittement.
La raison de la décision de la Commission était explicite: des éléments de preuve à décharge ont été écartés lors du premier procès. Dans son annonce officielle, la Commission déclara: Le requérant (Megrahi) a pu être victime d’un déni de justice.»(2)

«Pour aggraver les choses, au fil des ans, les fonctionnaires du renseignement et de la police révélèrent qu’ils étaient en possession de preuves démontrant l’innocence de Megrahi et selon lesquelles d’autres acteurs connus de la communauté internationale se sont rendus coupables des atrocités. Pour ne raconter qu’un seul incident bizarre, Susan Lindauer, une assistante du Congrès états-unien, témoigna que le Dr Richard Fuisz, qui fut employé par la CIA, avait informé qu’il savait comme un fait que Megrahi n’était pas impliqué dans l’attentat de Lockerbie, et qu’il pouvait identifier les auteurs, "si le gouvernement me le permet". Après avoir fait ses preuves connues, Lindauer fut chargée avec un agent irakien et un tribunal fédéral de bâillonner rapidement le loquace Dr Fuisz. (...) Lockerbie reste une tragédie captivante et énigmatique. Les victimes méritent une enquête impartiale, mais, avec tout ce temps passé, la probabilité de connaître un jour les auteurs de Lockerbie diminue. La posture judiciaire actuelle dans cette affaire est insoutenable.(...)». On voit donc que cette «affaire» n’est pas limpide et on peut s’interroger sur le refus des autorités occidentales (tous les pays occidentaux ont intervenu).

Mieux encore, Pierre Pean dans un ouvrage met en cause la responsabilité du juge français Bruguières et d’un enquêteur américain avec lequel il travaillait aussi sur l’autre affaire: celle de l’attentat de l’avion de l’UTA. Résumons ses investigations: «Le 21 décembre 1988, un Boeing de la PanAm s’était désintégré au-dessus de Lockerbie. Bilan: 259 morts. Le procès de deux Libyens inculpés dans cette seconde affaire vient de s’achever à La Haye sur un verdict contesté: (...) pourtant, au début de l’enquête, les pistes menaient à des groupuscules palestiniens, mais aussi à Damas et à Téhéran.. L’été 1990, avec l’éclatement de la crise du Golfe et l’enrôlement de la Syrie et de l’Iran dans la coalition anti-irakienne, les Etats-Unis, suivis par le juge français Jean-Louis Bruguière, décident d’abandonner ces indices et de se concentrer sur les responsabilités libyennes. Les enquêteurs se replient alors, pour incriminer la Libye, sur le témoignage extrêmement fragile, recueilli à Brazzaville, d’un Congolais, Bernard Yanga, lié aux services de son pays.» «Un homme va voler au secours du juge Bruguière, "Tom" Thurman, agent spécial du FBI, qui fait partie de la prestigieuse unité Explosifs, chargée de trouver la signature des bombes et explosifs utilisés dans les actions terroristes. (...) Thurman n’a absolument pas une attitude scientifique. Il se forge une opinion ou "on" lui en souffle une, et il tente ensuite de la "prouver"
scientifiquement. (...)»(3)

«Un an et demi après le début de l’enquête sur l’explosion de l’avion de la PanAm, Tom Thurman "découvrit" un fragment de circuit imprimé, grand comme un bout d’ongle, qui aurait été à l’origine de l’explosion de la valise piégée. Une commission rogatoire présenta une photo de ce fragment à Edwin Bollier, patron de la société suisse Mebo AG, pour identification à la mi-juin 1990. Il reconnut une pièce pouvant provenir d’un lot qu’il avait vendu aux services secrets libyens, mais il eut ensuite beaucoup de mal à examiner la pièce elle-même. Il ne vit deux fragments du fameux timer qu’en septembre 1999, en Ecosse, au procès de Lockerbie. Après examen au microscope, lui et son conseiller conclurent qu’il ne provenait pas d’un timer vendu aux Libyens, que ce bout de timer n’avait pas été connecté électriquement, c’est-à-dire qu’il n’avait pas servi, et surtout que ce n’était pas le même que celui figurant sur la photo qu’on avait montré à Edwin Bollier en 1990! En mai 2000, la justice écossaise lui demande d’examiner un bout du même timer: cette fois-ci, la pièce a été carbonisée! Le fabricant suisse n’hésite pas à clamer sur tous les toits, ou plus exactement sur son site Internet, que les fragments qui lui ont été montrés par le juge écossais ont été modifiés et qu’il s’agit là d’une manipulation: "C’est un faux créé par le FBI pour accréditer la thèse de la culpabilité libyenne. Ce que j’ai vu ne peut pas venir de
Mebo."»(3)

«Jusqu’au début de l’été 1990, le juge Bruguière travaillait donc sur la piste du FPLP-CG et des milieux chiites, piste qui devait conduire ses pas vers Damas et Téhéran, lorsqu’arriva le rapport congolais qui désignait la Libye. Le revirement se produisit à la même date que dans l’affaire de Lockerbie et, dès le début, on y voit la main américaine. Mais les Américains, comme le juge Bruguière, avaient conscience de la fragilité du seul témoignage de Bernard Yanga»..(...) Avant même de prévenir le juge Bruguière, la machine américaine se met en marche pour associer Londres et Paris dans une mécanique répressive à l’égard de Kadhafi, laquelle aboutira à la mise sous embargo de la Libye. (..) L’accusation du juge Bruguière reprend intégralement les conclusions du FBI, sans faire état des contestations de ces conclusions par les spécialistes français. Les affirmations de Tom Thurman ont pourtant déclenché une double
contre-enquête: l’une menée par la 6e Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) et la direction de la surveillance du territoire (DST), l’autre par le laboratoire scientifique de la préfecture de police. Les conclusions des policiers sont formelles: «On ne peut pas démontrer que notre bout de minuteur provient du premier lot acheté par l’usine de Fribourg ou du deuxième lot modifié par le Libyen.» Le juge Bruguière ne mentionne pas davantage la contre-enquête faite au printemps 1993, après celle du FBI, par le laboratoire scientifique de la préfecture de police sous la direction du commissaire Claude Calisti. (...) Malgré les contestations conjointes de la 6e Dcpj, de la DST et du laboratoire de la PP, le juge Bruguière a préféré croire Tom Thurman, le spécialiste de la fabrication de preuves...(...) Une partie de cet acharnement s’explique par la personnalité du juge Bruguière
(...) Ses méthodes, souvent perçues comme expéditives, en font un juge
particulier (...).(3)

Mieux encore; il y a deux ans, un coup de théâtre: selon le Figaro, la déposition d’un ingénieur en électronique suisse pourrait remettre en cause la responsabilité de la Libye dans l’attentat: «J’ai menti dans mon témoignage sur l’attentat de Lockerbie.» L’homme qui a fait cette déposition officielle devant la police de Zurich est l’un des principaux témoins à charge contre la Libye Cette rétractation solennelle, effectuée le 18 juillet 2007 par l’ingénieur en électronique suisse Ulrich Lumpert, pourrait avoir un effet décisif sur le sort du Libyen Abdelbasset Al Megrahi, haut responsable des services secrets de Tripoli, qui purge une peine de prison à vie près de Glasgow. L’ingénieur, avait alors reconnu une pièce à conviction essentielle: un fragment de «retardateur», élément électronique destiné à déclencher une explosion à une heure déterminée, fabriqué par son employeur, la société zurichoise Mebo. Ulrich Lumpert revient aujourd’hui sur ses déclarations et ajoute un élément capital: il assure avoir «volé» ce retardateur dans le laboratoire de Mebo et l’avoir remis à un policier écossais lié à l’enquête, dont il cite le nom. Cette affirmation accrédite une thèse entretenue par de nombreuses personnes, journalistes, magistrats et même parents de victimes: il y aurait eu «manipulation» dans l’enquête, pour incriminer la Libye, alors que les premières pistes menaient à un groupuscule palestinien prosyrien. (...) La justice écossaise a autorisé fin juin le condamné libyen à faire appel, sur la base d’éléments accréditant la possibilité d’une erreur judiciaire.
Mais le fameux retardateur n’en faisait pas partie. Les aveux d’Ulrich Lumpert pourraient ajouter un élément à décharge. Et aider à résoudre un problème qui alourdit toujours les relations entre Londres et Tripoli, qui a toujours clamé l’innocence du prisonnier de Glasgow.(4)

Encore une fois, nous assistons à une justice à deux vitesses. Si la mort dans des conditions atroces des passagers de la Panam est inexcusable, on reste dubitatif sur les faits que les parents des victimes acceptent un dédommagement de 10 millions de dollars par personne et que de plus ils s’acharnent sur un mourant. Personne ne parle plus de «l’accident», admirons au passage l’euphémisme de la doxa occidentale pour qualifier l’attaque d’un avion iranien en 1988 par un missile américain. Le 3 juillet, 1988, le vol 655 de Iran Air volait sur le golfe Persique allant de Dubaï à Bandar Abbas. Selon la version américaine des événements, le croiseur naval américain «USS Vincennes» a pris l’avion de ligne pour un avion de chasse iranien et l’a abattu avec un missile tuant les 16 membres de l’équipage et les 274 passagers. L’Iran considère toujours cet accident comme un «acte de barbarie contre la nation» malgré le fait que les États-Unis se sont excusés et ont promis de dédommager financièrement les proches des victimes. Les parents attendent toujours. il n’y aura vraisemblablement pas de suite et pour cause, c’était un accident. Quand à El-Gueddafi qui étrenne les 40 ans de goulag de son peuple, la richesse insolente du sous-sol libyen lui permet toutes les extravagances personnelles mais celles aussi de ses enfants dont le dernier s’est particulièrement illustré en Suisse par un comportement exécrable. La Suisse qui l’avait arrêté à juste titre, a dû, devant les pressions éhontées, faire machine arrière et présenter des excuses D’aucuns présentent cela comme une victoire de la diplomatie libyenne, c’est une tragique erreur! Un potentat qui est là depuis la nuit des temps prend en otage les espoirs de tout un peuple sous le regard méprisant d’un Occident bien obligé de composer: pétrole oblige. On prête à Hannibal le fils par qui les scandales arrivent, l’intention de remplacer son père. L’impasse libyenne paraît durer mille ans.

1.Al-Megrahi libéré: «Une décision guidée par des intérêts politiques» Le Monde avec AFP 22.08.09

2.Michael Carmichael: Lockerbie et le labyrinthe kafkaïen Global Research,,
21 août 2009

3.Pierre Pean: Les preuves trafiquées du terrorisme libyen Le Monde Diplomatique Mars 2001

4.Lockerbie: un témoin capital affirme avoir menti http://www.lefigaro.fr/international/20070827.FIG000000327_lockerbie_un_temoin_capital_affirme_avoir_menti.html



Pr Chems Eddine CHITOUR

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

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