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La tentation du foot ou l’idole moderne



Par Ahmed Simozrag

Le foot est devenu une idole, une tentation universelle dont on ne se rend pas compte. Il exerce une fascination de plus en plus irrésistible sur les gens. L’engouement pour ce phénomène a pris des proportions telles qu’on peut l’assimiler à une nouvelle forme d’idolâtrie. Cependant, son extraordinaire pouvoir euphorisant contribue à occulter ses effets pervers.

L’amour du football dépasse chez beaucoup de gens les limites du raisonnable. La passion de ce jeu leur fait oublier les devoirs les plus sacrés et les plus impératifs. La responsabilité, la famille, les rendez-vous, le travail, la réflexion, la prière, sont relégués au second plan.

La folie qui s’empare des foules à l’occasion des matchs, les injures, les gestes déplacés, les violences meurtrières exercées dans les stades et hors des stades, montrent combien cette activité est loin d’être une simple distraction. Même devant le petit écran, les téléspectateurs, tellement emportés par l’émotion frénétique du jeu, ne parviennent à contrôler ni leurs gestes ni leurs paroles.

De manière quasiment inconsciente, ils se répandent en cris de joie ou de colère, huant tel joueur, acclamant tel autre, tapant du poing sur la table, cassant, balançant des objets, etc. La perte d’un match est souvent l’occasion non pas d’une déception passagère mais d’un deuil qui frappe tout le monde, les individus, les familles, le pays, le peuple. C’est la preuve que l’ivresse du football est plus pernicieuse que l’ivresse du vin.

Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre sont très fréquents. Les cordons de sécurité autour des stades s’imposent à l’occasion de chaque grande rencontre. Dans nombre de pays, les risques d’affrontements font de plus en plus appel à de grands déploiements policiers ou militaires pour minimiser les dégâts.

On observe ça et là des batailles rangées, des bagarres, des scènes de lynchage, des voitures incendiées, des émeutes sanglantes, impliquant aussi bien les joueurs que les spectateurs.

Les exemples d’affrontements sanglants entre supporters sont légion. Rares sont les matchs qui se déroulent sans incidents.

Pour rappel, nous nous bornons à quelques événements :

- Lima le 23 mai 1964, 350 morts à la suite d’un match de foot.

Dans le cadre du tournoi préolympique destiné à désigner les représentants de l’Amérique du Sud aux Jeux de Tokyo, le match opposant les équipes amateurs du Pérou et de l’Argentine.

Tout a commencé par l'annulation d'un but. Dans la confusion, deux spectateurs ont escaladé le grillage et pénétré sur la pelouse pour s’en prendre à l’arbitre. "Le match est arrêté et aussitôt, plusieurs policiers interviennent avec une brutalité proche du lynchage : coups de pied, coups de poing, matraquage. Les deux hommes, inertes, sont traînés sans ménagement vers les vestiaires sous le regard de la foule’’.

Les supporters, ‘‘déjà excités par la tournure du match, se déchaînent : incendies, jets de bouteilles, les briques de soutènement du grillage démantelé sont utilisées comme pavés. En guise de riposte la police tire des coups de feu en l’air, lance de grenades lacrymogènes. Face à ce déferlement de violence, la panique gagne les tribunes. La plupart des spectateurs tentent de fuir vers la sortie, mais les grandes portes en fer donnant sur l’avenue de la République restent inexplicablement fermées provoquant un goulot d’étranglement fatal pour plusieurs centaines de spectateurs. La scène est atroce : enfants piétinés, femmes projetées des travées vers le sol en ciment, personnes écrasées, étouffées ou asphyxiées par les nappes de gaz lacrymogène devant les portes, qui finiront par céder sous la pression humaine, mais beaucoup trop tard. La mort a frappé rapidement, une multitude de corps sans vie jonche le sol. Faute de secours suffisants, les victimes sont difficilement acheminées vers les centres hospitaliers de la ville : l’hôpital du « 2 mai », ceux de la police et de l’armée ou encore l’hôpital du Secours ouvrier.

Dans la rue, outre la confusion engendrée par la recherche affolée des disparus, la colère tourne à l’émeute contre la police et le pouvoir. Jusqu’à une heure avancée de la nuit, des bandes parcourent le centre-ville lapidant les vitrines des magasins, incendiant des automobiles. Deux policiers sont attrapés, battus puis pendus par la foule, plusieurs centaines d’étudiants reviennent au stade pour saccager les installations et dans la confusion, plusieurs dizaines de détenus s’évadent de la prison du palais de justice. La rumeur d’un coup d’Etat se répand. Désemparé, le gouvernement décrète l’état de siège pour trente jours afin d’enquêter et d’éviter de nouveau désordres."(Yvan Gastaut Université de Nice in We are football, association culture mémoire histoire)

- En 1983, des affrontements entre supporteurs à Surulerey (Nigeria) ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés.

- On se souvient du bain de sang du Heysel en 1985,

- En février 1995, un jeune spectateur avait été tué d’un coup de fusil devant un stade de Drancy.

-Rappelons l’agression du gendarme français par des skinhead allemands lors du mondial 1998.

- Rappelons encore la rencontre amicale du 27 février 1999 à Annonay (Ardèche) qui a dégénéré en violences provoquées par un groupe de supporteurs venus de Saint-Etienne. Après le match, les supporteurs se sont rendus dans une cité HLM voisine pour se livrer à des actes de vandalisme. Les jeunes du quartier ont réagi en brûlant des voitures. (Le Monde, 2 mars 1999)

- Un match de football de la ligue du Midi dégénère en bataille rangée: onze blessés dans un village du Gers. (Le Monde 16 mars 1999)

- Le 28 mars 1999, un supporteur a été poignardé dans un stade de Clichy-sous-Bois; une bagarre générale a éclaté le même jour à Montfermeil, ce qui a amené les dirigeants de la Seine-Saint-Denis à suspendre tous ses matches.

- Le 17 juillet 2000, des émeutes ont éclaté à Charleroi (Belgique), avant la rencontre entre Allemands et Anglais dans le cadre de l’Euro 2000 du football; bilan: un mort, une trentaine de blessés et plusieurs magasins endommagés.

- En Angleterre, toujours dans le cadre de l’Euro 2000 : le match de demi-finale de coupe de l’UEFA entre Leeds United et le club turc de Galatasaray a déchaîné les violences ‘‘attendues en représailles des graves incidents du match aller à Istanbul, au cours duquel deux supporteurs britanniques avaient été tués’’.

- En Allemagne, des supporteurs se sont affrontés avant, pendant et après le match de ligue régionale entre Offenbach et Mannheim: plus de 100 personnes dont 27 policiers, ont été blessés. (Libération, 16 mai 1999)

- En Russie, à Saint-Pétersbourg, des affrontements avec ceux du Dynamo Moscou ont entraîné la mort de deux supporteurs de l’équipe locale (Libération 22 et 23 avril 2000)

- En Tunisie, pendant la demi-finale de la Coupe de Tunisie de football entre l’équipe locale et celle de l’Espérance sportive de Tunis, se déclencha (en juin 1999) une bataille à coups de pierres. Les autorités tunisiennes ont fait état de quatre morts et cinquante blessés, (le bilan était, paraît-il, beaucoup plus important).

- En 1993, lors d’une rencontre entre l’ASEC d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et Ashanti Kotoko au Ghana, des supporteurs ivoiriens ont été molestés. En représailles, la population ivoirienne a lancé des violentes attaques contre les ressortissants ghanéens en Côte d’Ivoire; il y eut des scènes de viols, de pillage, des morts, des blessés ainsi que des grands dégâts matériels. Du coup, beaucoup de Ghanéens ont fui la Côte d’Ivoire.

- Au Nigeria, lors de la Can 2000, des incidents ont éclaté entre les supporteurs sénégalais et nigérians: bilan plusieurs blessés.

- Le 11 novembre 2007, "sur l’aire de repos de Badia al Pino près d’Arezzo en Toscane, Gabriele Sandri, supporter de la Lazio âgé de 28 ans, est tué par le tir d’un policier d’une patrouille autoroutière. Cette tragédie intervient à la suite d’une rixe opposant une poignée de supporters de la Juventus en route pour Parme à leurs homologues de la Lazio qui se rendaient à Milan soutenir le club de leur cœur.

Gabriele Sandri, est la vingtième victime de la violence liée aux matchs de football en Italie depuis le 28 avril 1963, jour de la mort de Giuseppe Plaitano dans les heurts qui ont suivi la rencontre Salernitana – Potenza.

Comme jamais les médias s’emparent de l’affaire, car neuf mois plus tôt, une autre tragédie avait bouleversé l’Italie sportive. à l’issue de la rencontre Catania Palermo. En effet, le 2 février 2007, Filippo Raciti, carabinier de son état, était mort dans la confusion la plus totale, lors des violents incidents causés par des ultras de Catane."

- Le 29/09/2009, mort du supporteur toulousain : ‘‘le football toujours gangrené par la violence. Le décès mardi matin du supporteur du club français de Toulouse, Brice Taton, victime d'une agression le 17 septembre 2009 à Belgrade en marge d'un match d'Europa League, rappelle que l'Europe n'a toujours pas éradiqué le fléau des violences autour du football’’.

- Le 18/03/2010 mort à l'établissement hospitalier de Beaujon à Clichy du supporter parisien Yann L après son passage à tabac le 28 février avant le match PSG-OMN Cet incident est un règlement de compte un peu plus de trois ans après le décès de Julien Quemener, tué par balles en marge d'un match en 2006.

De ces actes de barbarie, on parle à demi-mot en raison des gros enjeux du football, de la passion des uns et des intérêts des autres.

Outre la violence qu’il suscite, le football est un espace de business et de trafic de tous genres, un forum de propagande politique et idéologique, un véritable opium des masses.

Un opium qui fait oublier aux peuples leur misère et apaise leurs mécontentements à l’encontre des dirigeants. Donc, un bon moyen de canaliser la colère des masses populaires. Comme l’anesthésie qui permet au chirurgien de pratiquer n’importe quelle opération sur le corps du patient.

C’est pourquoi les pouvoirs publics n’hésitent pas à faire de gros investissements dans ce domaine au détriment des populations et de leurs besoins les plus pressants.

D’ailleurs, les dits pouvoirs profitent souvent de l’euphorie d’un match de football pour augmenter les prix de certains produits de première nécessité, comme le pain ou l’essence. En outre, le stade est le lieu tout indiqué pour les propagandes politiques et électorales.

Si l’on considère l’affairisme des grandes firmes multinationales, en particulier celles du tabac et de l’alcool, les opérations grandioses de marketing et de sponsoring liées à cette activité, comme étant des pratiques plus ou moins légales, il ne fait pas de doute que le football sert d’abri à de multiples activités mafieuses.

Le trafic de stupéfiants et de produits dopants, le blanchiment de l’argent sale, la fraude fiscale, la vente, l’achat et l’échange des joueurs, la corruption des équipes, des responsables, des footballeurs, des instances dirigeantes, tous ces trafics se développent à merveille dans un terreau fertile appelé ‘‘sport’’. Les clubs sont, tels des repaires de brigands, la cheville ouvrière de ces trafics.

Les révélations sur les détournements de fonds et le trafic à grande échelle en rapport avec ce sport ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Dans tout cela, ce qui est difficile à expliquer, c’est l’emballement des peuples en voie de développement. Même les plus démunis suivent le mouvement.

Si le football est un moyen de divertissement pour les occidentaux, il est au contraire une calamité pour les peuples du tiers-monde. Il ne fait qu’endormir ces peuples, accentuer leur misère et leur sous-développement. Il les empêche de travailler, de réfléchir, de produire, de rechercher des solutions à leurs problèmes et à leur misère.

On n’a pas le droit de s’amuser quand on a faim, quand on est dans le besoin, privé de tout, de soins, de logement, de savoir; bref, du strict minimum vital.

Ce n’est pas à cause du fait que la distraction serait le droit ou le privilège exclusif des nantis et que les moins nantis n’en seraient pas dignes. Loin s’en faut, c’est tout simplement parce que la distraction, bien qu’elle réponde à un besoin, n’est pas une priorité et ne doit pas nous faire oublier l’essentiel.

En Islam, le sport est une activité licite, cela est indiscutable. Mais l’obsession du football présente des signes caractéristiques d’idolâtrie susceptibles de le rendre illicite.

Le sport est certes une activité bénéfique pour la santé physique et mentale, mais là, il devient autre chose qu’un simple exercice physique. Il recouvre des réalités différentes de celles qu’on veut nous faire croire.

Quel que soit l’aspect sous lequel nous examinons ce jeu, nous débouchons sur la même conclusion : intoxication mentale, idolâtrie, violence, pratiques maffieuses.

Enfin, ce sport maudit est un désastre pour les peuples et un moyen satanique pour les détourner des problèmes essentiels.

Ahmed Simozrag
Ouagadougou, le 16 juin 2010

http://www.hoggar.org/index.php?option=com_content&task=view&id=1084&Itemid=64

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1 Comments

wah fkir said…
Analyse très étoffée et qui aurait méritée une introduction à quelque étude sociologique plus sérieuse, mais quand dans la foulée Ahmed Simon en fait une analogie avec l'idolâtrie, "shirk", c'est un pas de trop qui est fait. Signe de l'esprit maladif des victimes du wahhabisme, encore une fois. Le football a permis à l'Algérie de réunir et consolider l'unité nationale parmi les musulmans de ce digne pays, malgré quelques déboires et peut être débordemnts du public, l'essentiel est l'éradication du mal que les fetwas "télévisées" et les Algériens convertis au rite "nejdi" avaient semé ici. Al Hamudillah que Bouteflika a panser les plaies ouvertes par ceux que le Prophète-Paix et Salut sur Lui- avait qualifiés de "Karn Ecchaitan", originaires du Najd. Un conseil si vous souhaitez garder un minimum de respectabilité : défendez les musulmans qui sont sous occupation,en Palestine, Irak, Afghanistan, Arabie Saoudite, Koweït, Oman, Qatar, etc, etc...
Assalam aala maninhtada.