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La CIA entretient une armée de mercenaires active en Afghanistan et au Pakistan

« Pour la plupart des Afghans, il est pratiquement impossible qu’il soit tenu responsable de ses brutalités. Ces forces ne font pas partie d’une chaîne de commandement de l’armée afghane et si un civil est tué ou mutilé, les Etats-Unis peuvent dire que ce n’est pas leur faute. »


par Tom Peters,

Obama’s Wars (Les guerres d’Obama), le nouveau livre écrit par Bob Woodward, journaliste de longue date du Washington Post, confirme publiquement le fait que la CIA (Central Intelligence Agency) entretient une armée privée de mercenaires afghans depuis au moins 2002. Le 22 septembre, le Washington Post rapportait que les soi-disant CTPT (Counterterrorism Pursuit Teams – Equipes de poursuite contre-terroriste) fortes de 3.000 hommes « sont utilisées pour la surveillance, pour des raids et des opérations de combat en Afghanistan [et sont] cruciales pour la guerre secrète des Etats-Unis au Pakistan, selon des responsables en activité et d’anciens responsables américains ».


Des « responsables anonymes des services de renseignement » ont dit au Washington Post que la CIA a commencé à rassembler cette armée d’Afghans « presque immédiatement » après l’invasion du pays en 2001. Selon ce journal, ces unités se trouvent à Kaboul et à Kandahar ainsi que dans des bases nommées Firebase Lilley et Forward Operaiting base Orgun –E, dans la province de Paktika, le long de la frontière pakistanaise. L’agence Associated Press rapporta que « certains ont reçu leur entraînement dans les bases de la CIA aux Etats-Unis. »

Les forces des CTPT opèrent dans le secret et sont responsables devant l’armée afghane ou devant l’ISAF (International Security Assistance Force) conduite par les Etats-Unis. Mais certaines de leurs activités furent dévoilées dans les 76.000 documents militaires américains révélés par WikiLeaks, en juillet. Le Washington Post note que « des rapports militaires de terrain suggèrent que les forces paramilitaires afghanes peuvent … être brutales. Le 31 octobre 2007, le personnel militaire d’Orgun-E rapporta avoir traité un Afghan de trente ans pour une ‘amputation traumatique des doigts’ de la main gauche. Selon le rapport  l’homme avait été ‘blessé par des OGA afghans pendant un raid. » Le terme « OGA afghan » veut dire « Other Government Agency » (autre agence gouvernementale) et selon le Washington Post est « généralement utilisé pour faire référence à la CIA ».

De tels actes brutaux se produisent dans l’impunité. Jonathan Horowitz, un expert en droits de l’homme de l’Open Society Institute dit à Associated Press le 22 septembre qu’étant donné le statut secret du groupe « Pour la plupart des Afghans, il est pratiquement impossible qu’il soit tenu responsable de ses brutalités. Ces forces ne font pas partie d’une chaîne de commandement de l’armée afghane et si un civil est tué ou mutilé, les Etats-Unis peuvent dire que ce n’est pas leur faute. » Associated Press a rapporté que Horowitz « avait ajouté que des civils afghans on régulièrement accusé ces groupes paramilitaires de brutalités physiques et de vols durant des razzias nocturnes. »

Lors d’un incident qui s’est produit en juin 2009 et décrit par l’AP le groupe basé à Kandahar s’est lancé dans une « orgie meurtrière » après qu’un de ses membres ait été arrêté, tuant le chef de la police de Kandahar et neuf autres policiers. A l’époque, le commandant de l’ISAF, Chris Hall, dit à l’Agence France Presse que « ni l’ISAF ni les troupes de la coalition n’étaient pour rien » dans ce massacre.

L’armée privée de la CIA a été active et ce, en complète violation de la souveraineté du Pakistan, dans les régions sous administration tribales qui bordent l’Afghanistan et sont considérées comme des refuges pour les combattants afghans résistant à l’occupation néo-coloniale. La chaîne de télévision CNN a rapporté le 22 septembre qu’« un ancien responsable du contre-terrorisme américain a dit qu’une équipe allait entrer au Pakistan pour faire du renseignement et pour fournir des information afin d’aider la CIA à tuer des gens suspects de terrorisme avec des missiles lancés à partir d’avions sans pilotes. »

Les frappes à partir de drones, dont la plupart ont lieu dans la région tribale du Nord-Waziristan, ont été intensifiées en août et en septembre. Depuis le début du mois de septembre, plus de 90 personnes sont mortes au cours de vingt raids effectués par des drones. Selon le journal pakistanais Daily Times, « beaucoup ont été frappés dans ou autour de la ville de Dattakhel, qui compte environ 40.000 habitants ». Alors que ceux qui furent tués sont inévitablement décrits comme étant des « terroristes » ou des « militants » par les services de renseignement pakistanais et américains, leur identité est rarement confirmée et il est clair que ce sont des centaines de civils qui ont été tués.

Le chercheur Zeeshanul Hasan Usmani qui gère le site web Pakistan Body Count, a dit à l’Express Tribune le 27 septembre qu’un total de 2.063 civils avaient été tués et 514 blessés par des frappes à partir de drones depuis que celles-ci ont commencé en 2004. Selon ses calculs, 57 civils ont été tués pour chaque victime de ces raids ayant été identifiée comme membre d’une organisation terroriste spécifique.

Dans une interview publiée le 24 septembre par Cageprisoners.com, Haider, un habitant de Peshawar a décrit comment son beau-frère avait été tué dans une attaque conduite par un drone alors qu’il visitait des amis dans la ville de Miranshah, au Nord-Waziristan. 31 personnes furent tuées au cours de cette attaque lorsqu’un missile frappa une maison pendant la prière du soir. Haider dit : « Les civils dans toutes ces régions ont très peur et sont dans l’angoisse. Ils ne peuvent pas travailler durant la journée ni ne peuvent dormir pendant la nuit. Dès qu’ils entendent le moindre bruit d’avion, il s’enfuient paniqués de leurs maison et des bâtiments pour essayer de trouver un endroit où ils sont en sécurité. »

Mohammad Kamran Khan, un député du Nord-Waziristan a dit à l’Express Tribune que durant une récente visite dans cette région, il avait rencontré des gens qui « étaient très en colère contre moi à cause du fort nombre de civils tués dans ces attaques. Ils étaient en colère contre le gouvernement pakistanais et nos forces armées parce qu’ils ne faisaient rien pour arrêter ces attaques. Leur haine vis-à-vis de l’Amérique n’a jamais été aussi grande. »
The Pakistani government, while officially condemning the attacks, has been fully complicit with the CIA in carrying them out. Woodward’s book describes a meeting between then-CIA Director in which drone strikes were discussed. Zardari reportedly urged the CIA to continue the attacks, saying: « Collateral damage worries you Americans. It does not worry me. »
Le gouvernement pakistanais, tout en condamnant officiellement ces attaques, en a été entièrement complice. Le livre de Woodward décrit une réunion entre l’ancien directeur de la CIA, le général Michael Hayden et le président pakistanais Asif Ali Zardari en novembre 2008 et au cours de laquelle les attaques par drones furent discutées. On rapporte que Zardari a pressé la CIA de continuer ses attaques, disant : « Vous vous faites du souci pour les dégâts collatéraux. Moi, cela ne me cause pas de souci. »

Les révélations faites dans le livre Obama’s Wars ajoutent à la crise du régime Zardari, généralement détesté tant pour sa réponse extrêmement inadéquate aux inondations dévastatrices qui touchent le Pakistan, que pour sa collaboration avec la guerre des Etats-Unis en Afghanistan. Le gouvernement pakistanais a immédiatement nié ce qui est affirmé dans le livre quant à une armée privée de la CIA opérant dans le pays. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdul Basit a dit à l’AFP (Agence France Presse) le 24 septembre : « Notre politique est claire, nous ne permettrons jamais des bottes étrangères sur notre sol quelles qu’elles soient … je peux donc vous dire qu’il n’y a aucune troupes étrangères participant à des opérations de contre-terrorisme à l’intérieur du Pakistan. » Le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Athar Abbas, a dit à l’AFP « si on trouvait de telles forces on leur tirerait dessus. »

Les Etats-Unis cependant, essayant d’écraser toute résistance à leur domination néocoloniale d’une région riche en ressources, poursuivent de façon irresponsable leur extension de la guerre au Pakistan. Dans un acte provocant, des hélicoptères américains ont par deux fois, le 25 septembre, poursuivi un groupe de militants présumés à travers la frontière pakistanaise depuis la province Afghane de Khost. Selon le chef de la police de cette province, Abdul Hakim Ishaqzai, ces hélicoptères ont tué plus de 60 personnes. Le 27 septembre, des hélicoptères ont de nouveau traversé la frontière dans la région de Kurram, tuant cinq autres personnes.
Basit a protesté contre le fait que ces frappes représentaient « une nette violation du mandat de l’ONU sur la base duquel opère l’ISAF et une nette infraction à son égard. » Un porte-parole de l’ISAF a, en réponse, dit de façon absurde à la société de presse McClatchy Newspapers le 27 septembre que les hélicoptères avaient poursuivi les militants « à cause du danger imminent qu’ils représentaient pour les troupes » et qu’ils avaient agi en situation de « légitime défense ».

L’administration Obama, qui a collaboré étroitement avec Woodward dans la préparation de son livre, n’a rien dit sur les opérations transfrontalières de la CIA qui y sont révélées. Dans une interview avec la chaîne de télévision ABC le 27 septembre, Woodward a dit que l’administration était au courant des révélations faites dans le livre et avait autorisé leur publication.

Le livre annonce de même que les Etats-Unis ont un plan « de représailles » – développé par l’administration Bush et conservé par Obama – pour bombarder « au moins 150 » bases présumées d’Al Qaida au Pakistan au cas où trouverait qu’elles sont à l’origine d’une attaque terroriste majeure. Woodward écrit : « Il se peut que quelques sites ne soient plus actuels, mais selon ce plan on ne s’inquiéterait aucunement de ceux qui pourrait y vivre maintenant. Le plan… dicte une attaque punitive et brutale. »

Ce livre fait partie d’une campagne de menaces en cours contre le Pakistan. Le New York Times a rapporté le 27 septembre que l’augmentation des frappes de drones par la CIA reflétait une « frustration grandissante » face au refus de l’armée pakistanaise « de lancer des opérations militaires à l’intérieur du Nord-Waziristan ». L’article ajoutait que « selon des responsables américains, le Général David H. Petraeus, le commandant en chef des troupes américaines en Afghanistan, avait récemment lancé des avertissements voilés au commandement militaire pakistanais que les États-Unis pourraient lancer des opérations terrestres unilatérales dans les régions tribales si le Pakistan refusait de démanteler les réseaux militants du Nord-Waziristan. »

(Article original publié le 30 septembre 2010)
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Source : WSWS

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