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Gladio, une structure terroriste en Europe

Gladio, une structure terroriste en Europe

Après la deuxième guerre mondiale, la CIA (Central Intelligence Agency) activait des groupes soi-nommé ’stay behind’, qui, sous l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord), devaient sauvegarder l’influence américaine en Europe, et contrer des groupes communistes/de gauches au cas où ceux-ci gagneraient trop de popularité. Ainsi, la domination américaine sur le podium mondial — après la victoire sur les Allemands, et surtout contre l’influence de la Russie — devait rester intact. Ces groupes ’stay behind’ furent construits au nord dans les pays scandinaves ; au midi en Italie ; et, considérant son rôle pivotant, la Belgique ne pouvait pas manquer à l’appel. Ils était baptisés sous le mot italien ’Gladio’ ou ’épée’, un symbole fasciste classique. [1]

Peu dans le gouvernement belge étaient au courant de l’existence des réseaux Gladio. Et le secret était absolu. Premier Ministre Wilfried Martens à une conférence de presse le 9/10/1990 : « Je suis premier ministre depuis onze ans, mais je ne savais absolument rien de l’existence dans notre pays d’un tel réseau secret. » Le Ministre de Défense Guy Coëme y ajoute : « Bien sur, il est anormal que je n’ai pas été informé sur ce réseau durant ma mise en fonction. La Guerre Froide est depuis longtemps derrière nous, et les événements récents dans les pays de l’Est indiquent clairement qu’un tel réseau est totalement dépassé. C’est un anachronisme qu’il vaudrait mieux abolir. » Le membre du parlement Hugo Van Dienderen a des suspicions : « Ce réseau secret faisait plus que se préparer pour une guerre contre une menace communiste. (...) Des agents essayaient d’infiltrer les mouvement de la paix. Certains groupes américains cherchaient à les contacter. (...) Un ancien directeur de la CIA ne laissait pas de doute que leurs services de renseignements étaient à la base de ces réseaux. » En effet, ceci fut admis par William Colby, ancien directeur de la CIA, dans son autobiographie. Durant la même période, l’existence d’un groupe-Gladio était reconnu par le chef d’état italien Giulio Andreotti. Celui-ci admet que de tels opérations étaient maintenu par des services militaires de l’OTAN, et que ces groupes se faisaient financer par la CIA. [2]
A travers les résultats pratiques des réseaux Gladio coule une longue trace de sang inutile, qui ne possède une légitimité que dans le regard aliéné et cruel des services secrets américains. Dans un rapport des services secrets italiens on lisait : « La réaction se base sur deux méthodes parallèles : l’action psychologique et le terrorisme. Une telle réaction se définie comme la guerre contre-révolutionnaire. » En d’autres mots : gardez la population divisée, dans la peur et l’incertitude, pour qu’ensuite elle puisse apprécier la nécessité d’une domination par les services de renseignements, et que l’appareil d’Etat abandonnerait volontairement sa souveraineté sur ces services.

S t r a t é g i e

En 1968, dans le capo Marrargiu en Sardaigne, une base de l’OTAN servira à l’entraînement des premiers groupes anti-communistes. Ils sont instruits pour la propagande, la désinformation, les techniques de guérilla et les actes de sabotage. La signature de la CIA est claire. Les murs des salles d’entraînement affichaient le slogan ’Je sers la liberté en silence’. On estime qu’en six ans, pas moins de 4000 agents européens compléteront leur stage dans ce camp. Plus tard, la commission rogatoire italienne sur le terrorisme reconnaîtra l’existence de la base. Un document de 1970 resurgit du ministère de défense américain, signé par le général William Westmoreland, chef de l’armée américaine, qui décrit précisément la stratégie de l’OTAN en Europe. Par le moyen des services secrets, elle tenait à mettre en place des activités par l’extrême-gauche ainsi que par l’extrême-droite, afin de faire croire à l’opinion publique que l’idéologie communiste ne pouvait être freinée que par des moyens militaires américains. Le document contient les recommandations suivantes : « Dans nombreux pays les supérieurs ont la mentalité conservatrice, par leur descendance familiale ou par leur éducation. Ceci les rends sensible à la doctrine anti-révolutionnaire. Les services secrets de l’armée américaine doivent posséder les moyens de mettre en place des opérations spéciales qui convainquent le gouvernement et l’opinion publique de la nécessité de réagir. Ils doivent essayer d’infiltrer des milieux révolutionnaires et ensemble mettre en place des actions spectaculaires. » La paranoïa des américains est tangible ; au cas où les gouvernements européens ne reconnaissent pas le danger communiste, « les groupes doivent passer à l’action, violente ou pas, dépendant du cas spécifique. » A la fin on peut lire : « Si l’infiltration des cercles révolutionnaires ne réussit pas, la manipulation d’organisations d’extrême-gauche peut tout-de-même aider à réaliser le but. » [3]

L’année 1969 donnera l’exemple parfait de la terreur qui allait envelopper la Belgique. Au cours de l’année, l’Italie fut terrorisée par 145 attentats. Des innocents perdirent la vie en masse. Pendant ces années, la SID (Servizio Informazione Difesa), en essayant de résoudre les crimes, poursuit en vain la piste de rebelles de gauches ou anarchistes. Finalement, les chercheurs poursuivent la piste de l’extrême droite, ce qui en 1974 mène à des inculpations à l’adresse du directeur de la Sûreté même, le général Vito Miceli.

En suite — suivant ce même scénario américain — commencera l’épisode sanglante de terreur d’extrême gauche sous le nom des Brigades Rouges (un terme tout aussi stéréotype que les ’Cellules Communistes Combattantes’). Leur assassinat politique d’Aldo Moro, un homme de conviction progressiste, est étonnant. Certains juges suspectent ouvertement l’implication de la sécurité d’état italienne dans les attaques. En suite, lors des attentats à la bombe, on constate que les explosifs utilisés n’existent que dans les cercles militaires. Ceci est confirmé par des ’insiders’ avec des remords. Dans une interview de mars 2001 dans le journal britannique The Guardian, le général Gianadelio Maletti, chef du contre-espionnage italien de 1971 à 1975, ne laissera aucun doute.

(ma traduction, ndla) "Un ancien général des services secrets italiens a prétendu que les services de renseignement américains ont instigué et assisté au terrorisme de l’extrême-droite en Italie durant les années 1970. L’assertion a été faite par le général Gianadelio Maletti, l’ancien chef du service de contre-espionnage militaire, au procès la semaine passée contre les extrémistes de droite accusés du meurtre de 16 personnes dans l’attentat sur la banque de Milan en 1969 - la première fois qu’une telle accusation dans une court de justice est faite par un vétéran italien des renseignements. Le général Maletti, qui fut commandeur de la section de contre-espionnage du service de renseignement militaire entre 1971 et 1975, affirmait que ses hommes avaient découvert un approvisionnement d’explosifs militaires venant d’Allemagne vers une cellule terroriste de droite situé dans la région de Venise.

« Ces explosifs ont pu être obtenu avec l’aide des membres de la communauté de renseignements des Etats-Unis, une indication que les américains allaient au-delà de l’infiltration et l’observation de groupes extrémistes afin d’instiguer des actes violents. » il a dit. « La CIA, obéissant aux directives de son gouvernement, voulait créer un nationalisme italien capable d’arrêter ce qu’elle considérait comme une virée vers la gauche, et pour atteindre ce but elle a pu utiliser le terrorisme de l’extrême-droite, » le général Maletti disait à la cour milanaise. « Je crois que c’est ce qui est arrivé dans d’autres pays aussi. » Au sein de ces intrigues compliquées, le rôle du général Maletti fait de lui un témoin éclairant. Il a dit : « L’Italie doit tirer au clair les mystères de cette époque, si elle veut restaurer sa dignité nationale et sa souveraineté. » « Entre les grands pays de l’Europe occidentale, l’Italie fut traité comme une sorte de protectorat. Il est honteux de penser qu’on pourrait toujours être le sujet d’une telle supervision spéciale. »" [4]
Bref, la vague de terreur qui enveloppe l’Italie suit parfaitement le scénario-Gladio. Qu’il existe un lien entre la terreur italienne et la CIA, comme le général Marcelli indique, et déjà connu auparavant. En 1976 a eu lieu aux Etats-Unis une commission rogatoire dirigé par le sénateur Otis Pike. On peut lire dans ses récits que l’ambassade américaine à Rome avait payé un haut fonctionnaire des services secrets italiens, pour qu’un groupe d’extrême droite puisse détrôner le gouvernement et le remplacer par un régime plus favorable. En 1983, les services de renseignements italiens publient une étude sur le trafic d’armes international. On peut y lire qu’en 1969, avec l’accord d’Alexander Haig et Henri Kissinger (à ce moment chef-adjoint et président du Conseil de Sécurité Nationale), la Sûreté d’Etat italienne avait recruté quatre cents officiers militaires au sein de l’ainsi-nommé loge-P2.

Ceci sera confirmé plus tard par Richard Brenneke, un ex-agent de la CIA, dans une interview télévisée. L’ex-agent sait de quoi il parle, puisqu’il opérait au sein du réseau Gladio même, comme transporteur d’armes. Brennecke déclare que le gouvernement américain dépensait mensuellement pas moins que $10 million à cette opération. « On a utilisé la loge durant les années ’70 (...) afin de faire éclater le terrorisme en Italie, et dans d’autres pays. Cette loge est toujours active. » dit Brenneke à la RAI. [5]

En 1980, un attentat dans la gare de Bologne fait 85 morts. L’équipe d’investigation sur l’attentat ne formule sa conclusion qu’en 1986, après des années de sabotage par la Sûreté d’Etat italienne : qu’une structure privée existe en Italie composé de militaires et de citoyens collaborant, avec comme but d’influencer la démocratie par des moyens non-démocratiques. Pour atteindre ce but, le groupe se sert des attentats organisés par des mouvements néo-fascistes. « Il constitue une forme de gouvernement invisible, dans lequel la loge-P2, certains niveaux des services secrets, le crime organisé et le terrorisme sont intimement connecté, » concluent les juges. Les investigations suivantes arrivent à une conclusion similaire : « Pendant des années, un groupe clandestin, avec des connections extra-institutionnelles, a opéré dans notre pays avec comme but le conditionnement politique de la démocratie, et l’acquisition du pouvoir personnel. Afin de réaliser ses buts, ce groupe utilisait le terrorisme. » [6]

B e l g i q u e

Le 16 août 1983, la police de la commune de Forêt intervient dans une querelle entre un certain Marcel Barbier et son frère : Barbier menace des citoyens avec un fusil - un fait peu commun dans la capitale belge. Pendant l’investigation, les agents de police, après avoir arrêté Barbier, entrent et font une découverte étonnante à son domicile rue de Parme : les agents tombent sur un sac contenant des dizaines de messages-télex ’OTAN’ et ’confidentiel’, venant du centre de commande de l’OTAN à Evère. Ce qui aurait du être une visite routine mènera à la découverte d’un des indicateurs les plus remarquables, que les Tueurs du Brabant recevaient leurs ordres des cercles des services de renseignements américains. Le lendemain, sous pression policière, Barbier admettait être membre du Front de la Jeunesse, une milice notoire avec des convictions profondément néo-nazi et des activités paramilitaires. Barbier admettait faire parti d’un réseau de pouvoir international, duquel il refusait de divulguer le nom. Il parait probable qu’il fait allusion à l’OTAN ou la CIA, les deux géants organisateurs impliqués dans la stratégie-Gladio. Marcel Barbier faisait parti du groupe Westland New Post, une organisation de conviction fasciste créé par Paul Latinus et Christian Smets - deux agents importants de la Sûreté d’Etat. Latinus (qui en 1981 s’était couronné maréchal de la WNP) avait, sous les ordres de la Sûreté d’Etat, souvent infiltré des mouvements de gauche pacifistes, et Christian Smets (qui tenait le rang de colonel du WNP) était commissaire à la Sûreté d’Etat. Tous les deux sont largement impliqué dans le dossier des Tueurs de Brabant et de la CCC. A Forêt, Barbier admettait tout-cela pendant son arrestation, et au matin suivant, l’épisode gênant avec son frère. [7]

Que la Sûreté d’Etat soit impliqué dans l’organisation des attentats meurtriers des Tueurs de Brabant laisse peu de doute. Quand Jean Bultot, soupçonné membre des tueurs, fut questionné dans son refuge au Paraguay, il précisa que certains des Tueurs faisaient parti de la Sûreté d’Etat. Il ajoute, tandis que personne ne lui l’avait demandé, que les activités de la CCC avaient suivi une même formule. Après son retour en Belgique il était moins bavard et révoquait rapidement ses déclarations antérieures. Robert Beijer — un membre possible des Tueurs — sous pression des investigateurs, fera des déclarations similaires. Il disait littéralement : « Il doit exister une sorte d’organisation entre des membres de la Sûreté d’Etat, la gendarmerie et les parquets. A mon avis, les attentats de la CCC font parti d’un même plan. Une des cache de la CCC était loué par le frère d’un membre de la Sûreté d’Etat. » [8]

Que la CIA essaye traditionnellement d’incorporer des services de renseignements étrangers sous son aile, est un secret bien gardé. Qu’elle sème la terreur ensuite, devient de plus en plus évident. Partout dans le monde, ceci menait à une vague incroyable d’opérations sanglantes en Amérique Latine, Asie, Afrique mais aussi en Europe. La Sûreté d’Etat belge accusait systématiquement l’extrême gauche des actes de terreur en Belgique, tandis qu’il est clairement établi, qu’elle-même était impliquée. En 1985, malgré des protestations jamais vus dans l’opinion publique, des missiles nucléaires de l’OTAN s’intalle sur le territoire belge. La terreur politique avait finalement atteint son but.

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