Motasem A Dalloul,
Israël pratique une politique de la force en mettant en prison les membres du Conseil Législatif Palestinien.Le 20 août, les troupes israéliennes ont enlevé Mahmoud al-Ramhi, secrétaire du Hamas et quatrième responsable dans la hiérarchie du Conseil Législatif Palestinien.Deux jours plus tard, une cour israélienne inculpait Abd al-Aziz, speaker du parlement, sous l’accusation d’appartenance à une organisation interdite - le Hamas, mouvement Islamique qui dirige le gouvernement.A ce jour, Israël a incarcéré 30 responsables politiques appartenant au Hamas ainsi que cinq ministres, dont Nasser Shaer, adjoint au Premier Ministre.
Trente autres responsables du Hamas, de niveau élevé ou intermédiaire, ont aussi été enlevés le 29 juin dans le cadre d’une campagne israélienne contre le mouvement Islamique à la suite de la capture du caporal israélien Gilad Shalit par des combattants à la frontière de la Bande de Gaza le 25 juin.Ahmed Bahar, ancien député et actuel speaker du Conseil Législatif Palestinien (CLP), considère le kidnapping des parlementaires et la récente tentative d’assassinat contre Ismaïl Haniya, le Premier Ministre, comme faisant partie d’une conspiration pour saper le gouvernement Palestinien (GP) dirigé par le Hamas.
Aljazeera.net : En poursuivant sa politique de détention des responsables du Hamas et du gouvernement, quel message le gouvernement israélien veut-il envoyer au peuple Palestinien ?
Ahmed Bahar : Le principal message est qu’ils veulent saper le régime politique Palestinien à deux niveaux : celui du gouvernement et celui du Conseil Législatif.Ils veulent aussi humilier Dweik, qu’ils ont placé dans une cellule étroite et sale, [et humilier] les Arabes et les Musulmans et tous ceux qui sympathisent avec eux.Malgré de fortes condamnations et des contacts continuels avec nombre de parlements et parlementaires, ils persistent dans leur politique car il est clair qu’ils ne veulent ni d’un gouvernement Palestinien ni d’un Conseil Législatif.
La coïncidence de l’emprisonnement de Dweik avec la tentative d’assassinat contre le Pemier Ministre Ismaïl Haniya montre qu’il y a un plan préalablement défini pour que faire s’écrouler le régime Palestinien.
Que fait le gouvernement Palestinien pour obtenir la libération de ses représentants qui sont dans les prisons israéliennenes ?Nous avons organisé de nombreuses manifestations à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Nous avons appelé à des manifestations à Gaza et Ramallah, invité des consuls et des ambassadeurs, appelé des organisations des droits de l’homme, la Croix Rouge et bien d’autres.
Nous avons envoyé plus de 80 lettres aux parlements arabes, asiatiques, européens pour les alarmer au sujet des crimes de l’état sioniste. Nous avons organisé un sit-in la semaine passée et beaucoup de speakers de parlements du monde Arabe ont parlé avec nous par téléphone ainsi que quelques parlementaires européens.Nous avons envoyé des lettres aux ministres Arabes des affaires étrangères mais malheureusement ils n’ont discuté ni de notre courrier ni d’aucune autre question ayant trait au problème palestinien.Nous ressentons réellement une peine profonde face au silence du monde Arabe et Islamique à l’égard de la cause des Palestiniens.
Craignez-vous d’être vous-même enlevé par les forces israéliennes ?
Oui, bien sûr. Les troupes d’occupation peuvent m’emprisonner ou m’assassiner, car les israéliens veulent interrompre totalement le fonctionnement du Conseil Législatif. S’ils m’écartent de la scène et font de même avec le second speaker adjoint, Hasan Khoraisha [qui n’est pas membre du Hamas], alors le Conseil Législatif sera dominé par le second parti représenté [le Fatah] qui pourra alors faire ce qu’il voudra au Conseil Législatif et au gouvernement.
L’absence de près du tiers des députés affecte-t-il le fonctionnement du Conseil Législatif ?
Bien sûr. L’absence de près de 40 participants du Bloc du Changement et de la Réforme, le groupe parlementaire du Hamas, affecte le travail du Conseil Législatif. Mais je puis assurer que les séances du parlement continueront à avoir lieu avec régularité malgré l’absence de ces députés.Nous sommes certains que les israéliens mettent en œuvre un plan préétabli de façon à saper le travail du Conseil législatif et faire tomber le gouvernement.Mais je veux leur dire que s’ils veulent aujourd’hui miner la stabilité dans l’arène politique palestinienne, ils porteront eux-mêmes la responsabilité de l’instabilité et du désordre qui se produiront de façon certaine et affecteront tout le Moyen-Orient.
Une bonne part de ce complot est mis en œuvre par des Palestiniens qui jouent le rôle d’instruments dans les mains israéliennes et américaines. De plus, le silence du monde Arabe est interprété comme un soutien à cette conspiration.
Mais je suis certain que les prises de positions au niveau national et international contre la victoire du Hamas au Conseil Législatif prouvent que le Hamas va dans la bonne direction. Le Hamas a adopté une réelle démocratie, alors qu’eux adoptent une fausse démocratie. Le Hamas poursuivra sur sa voie.
Comment Mahmoud Abbas, le président Palestinien, réagit-il à ces développements ?
En réalité , Abbas adopte parfois des positions ambigües. Il produit des décrets qui gênent le travail du Conseil Législatif. Par exemple, il a la possibilité d’alléger le siège financier imposé à l’Autorité Palestinienne dans la mesure où il a toute autorité sur le Fond d’Investissement Palestinien et le fond Monétaire Palestinien où se trouvent plusieurs milliards de dollars US.
Il peut aussi faciliter le transfert de fonds collectés par le gouvernement Palestinien ou la Ligue Arabe dans la mesure où les Etats-Unis et l’Union Européenne refusent de transférer des fonds, à part ceux qu’ils contrôlent directement. Il n’agit pas dans un sens positif.Nous devons tous être unis contre le siège imposé par les israéliens sur la Palestine, mais parfois, et de façon regrettable, nous avons le sentiment que sa position affaibli notre cause nationale.Israël maintient un siège et applique des sévices contre les Territoires Palestiniens après que des combattants venant de la Bande de Gaza et infiltrés au sud d’Israël aient fait prisonnier un soldat israélien.
Vous efforcez-vous de mettre fin à ce siège ?
Nous avons le choix entre deux choses amères : soit la patience, soit la soumission.Mais je pense que nous ne nous soumettrons pas et nous ne changerons en rien notre attitude car ce serait trahir les électeurs Palestiniens qui nous ont élus et ce serait trahir notre plateforme politique pour la résistance à l’occupation israélienne.Notre peuple qui vit en Palestine et résiste avec ses seules mains et a vécu de longues années sous l’occupation israélienne comprend clairement ce que ce programme signifie.
Nous sommes déterminés à suivre cette voie.Pourquoi ne rendez-vous pas Gilad Shalit aux israéliens ?
Notre principale demande - la libération de prisonniers Palestiniens qui sont dans les prisons israéliennes - n’a pas encore été satisfaite.Certains observateurs Palestiniens pensent qu’Israël échangera les responsables du Conseil Législatif en contre le retour sain et sauf de Shalit.
Voyez-vous les choses ainsi ?
En premier, je voudrais dire que les combattants Palestiniens ont capturé le soldat israélien alors qu’il était dans un tank, alors que les députés et ministres Palestiniens ont été kidnappés alors qu’ils était à leur domicile.La solution à cette question [les enlèvements de responsables Palestiniens] n’est absolument pas liée à la libération de Shalit, bienque cela serve de moyen de pression sur le peuple Palestinien pour qu’il cède sur ses principes.Deuxièmement, différents médiateurs - dont nos frères égyptiens - ont parlé de la libération du soldat. J’espère que nous aurons un accord qui nous donnera satisfaction. Mais je dis qu’un accord satisfaisant et acceptable pour les Palestiniens implique la libération d’un nombre raisonnable de prisonniers en retour du soldat israélien. Je suggère moi-même la libération de tous les prisonniers des prisons israéliennes. Il n’y auar alors plus besoin de capturer aucun israélien.
Ismaïl Haniya a proposé de dissoudre l’Autorité Palestinienne. Est-ce que ceci servirait à faire lever le siège ?
Le Premier Ministre a uniquement demandé que l’on discute de ce que nous gagnions à l’existence de l’Autorité Palestinienne dans sa forme actuelle, non de sa dissolution. Il a mis le sujet sur la table pour qu’il y ait un débat : comment pouvons-nous faire face à ce siège et est-ce que ce [une éventuelle dissolution] serait une solution ou non à cette crise.Nous croyons que la seule solution est de former un gouvernement d’unité nationale et nous avons dans ce but entamé les discussions avec d’autres formations politiques.Mais Abbas a fait savoir que George Bush, le président américain, ne traiterait pas avec un gouvernement Palestinien qui comprendrait des membres du Hamas.
Je veux dire à ceux qui soutiennent l’idée de chasser le Hamas du gouvernement qu’Israël voudra un jour les chasser eux également. Si les israéliens veulent aujourd’hui exclure le Hamas et mettre le Fatah au pouvoir, alors demain ils se retourneront contre eux et combattrons le Fatah.Les israéliens ont nommé Arafat pour le prix Nobel, et pour finir ils l’on tué.
Je veux que tout le monde sache clairement que les israéliens veulent procéder à un nettoyage ethnique de tous les Palestiniens.
30 août 2006 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à : http://english.aljazeera.net/NR/exe...Traduction :
Claude Zurbach http://www.protection-palestine.org/article.php3?id_article=3521
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