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Cheikh Harith Al Dhari : « L’occupation souffle sur le feu et attise les tensions entre les Iraquiens »

Cheikh Harith Al Dhari : « L’occupation souffle sur le feu et attise les tensions entre les Iraquiens »

Au cours d’une conférence de presse donnée au Club du syndicat des journalistes égyptiens au Caire, le 5 décembre 2006, le Cheikh Harith Al Dhari, secrétaire général de l’Association des Oulémas musulmans d’Iraq, a brossé un tableau désastreux de la situation en Iraq et expliqué comment, face à son échec à réaliser son projet, l’occupation s’est résignée à souffler sur le feu et à attiser les tensions entre les Iraquiens.
« Le drame iraquien a commencé avec l’occupation du pays depuis près de 4 ans. Aussi je n’évoquerai pas ce qui l’a précédé, les raisons invoquées à l’époque et les visées de l’occupation, mais je parlerai simplement de certains de ses méfaits accomplis depuis en Iraq, particulièrement ces derniers temps, avec l’échec de ses projets ».

L’occupant est arrivé en Iraq avec des projets et des plans, certains connus et d’autres qui le sont moins. Grâce à Dieu, il a échoué dans tous ses projets. Son administration du pays s’est soldée par une faillite totale, mais elle a « réussi » néanmoins à détruire l’Iraq, le pays, le peuple et l’État et continue à le conduire de mal en pire avec l’impasse à laquelle est parvenu son processus politique.
Le processus politique avec tous ses volets et sous toutes ses formes, n’a rien apporté aux Iraquiens, parce qu’il fut construit sur les quotas confessionnels que l’Iraq et les Iraquiens n’avaient jamais connus auparavant, c'est-à-dire qu’on a divisé l’Iraq ethniquement et confessionnellement. C’est ainsi que les forces qui ont ouvert la voie à l’occupation de l’Iraq, soutenu ses projets de destruction et de démantèlement du pays et de pillage de ses richesses, s’étaient liguées pour occuper le terrain, se partager et dominer les lambeaux qui restaient.
Fort heureusement et grâce à Dieu, ces forces étaient mues depuis le début par l’égoïsme, le sectarisme et l’exclusion et l’exerçaient même entre elles. C’est de là que sont nées l’exclusion et la marginalisation de tous les Iraquiens, non pas d’une ethnie ou d’une confession, mais de tous les Iraquiens hostiles à l’occupation. Les sunnites sont marginalisés, comme le sont les chiites, les kurdes, les yézidis, les sabéens et les chrétiens. Tous sont marginalisés et l’Iraq appartient en propre aux occupants et à leurs clients et serviteurs qui tirent profit de cette situation et s’ingénient à opprimer leurs autres frères iraquiens.
Le gouvernement actuel qui est un gouvernement sectaire par excellence, navigue dans ce contexte, exploite le confessionnalisme et l’instrumentalise pour le maintien de son pouvoir et pour garantir des avantages économiques à tel ou tel groupe politique, sans plus. Il faut bien préciser que ce qui se passe dans notre pays est de nature strictement politique et non pas confessionnelle, comme le prétendent certains politiques et certains médias. De plus en plus, on parle de sunnites et de chiites, des premiers qui attaquent les seconds ou inversement, d’un conflit interconfessionnel, sunnites-chiites, ou ethnique, arabes-kurdes. La réalité est tout autre !
Le conflit et toutes ses manifestations, c'est-à-dire l’exclusion et la marginalisation, les meurtres et les massacres, les opérations de quadrillage et les arrestations massives, sont de nature politique et le fait d’un sectarisme politique et non pas confessionnel.
Les hommes politiques ont lamentablement failli et se sont coupés de leurs bases populaires. Perdant ainsi de nombreuses cartes, ils se sont rabattus sur le thème du confessionnalisme que refuse le peuple iraquien. Pour preuve : cela fait près de 4 ans que l’occupation et toutes les forces du mal poussent notre peuple à la guerre civile. Vainement. Notre peuple, noble et pétri de valeurs authentiques, résiste, conscient que tout ce qui se trame autour de lui et se manigance, n’a pour but que de démanteler le pays et d’en finir avec l’unité de son peuple.
C’est ainsi que les Iraquiens ont résisté à la guerre fratricide généralisée et nous sommes convaincus qu’ils sont de plus en plus conscients des plans de leurs ennemis. C’est ainsi qu’ils se tiennent aujourd’hui derrière les forces patriotiques qui parlent en leur nom, les forces qui ont donné la preuve qu’elles travaillaient pour l’Iraq, pour son unité, son identité, sa stabilité et sa liberté.
Le gouvernement actuel fait tout, malheureusement, pour exacerber les tensions. Au cours des deux dernières semaines, d’une manière préméditée ou non, il a attisé le feu et fait monter les tensions entre les enfants d’un même peuple. Les troupes d’occupation couvrent ces actes et avec l’aide des forces gouvernementales, elles couvrent les méfaits et les crimes des milices et des escadrons de la mort.
C’est le gouvernement qui leur prépare les conditions en décrétant régulièrement le couvre- feu, une ou deux fois par semaine et de nombreuses fois par mois, dans des zones bien déterminées, afin de prendre en otage les victimes préalablement désignées et de les livrer à leurs bourreaux et aux bandes du crime organisé, pour être égorgés sur identité. Et ce n’est pas un hasard que ces victimes soient toujours des Iraquiens hostiles à l’occupation et refusant cette situation burlesque.
Toutes les informations s’accordent à dire que les troupes gouvernementales, accompagnées par les forces d’occupation terrestres et aériennes et précédées ou suivies par les milices du crime, investissent tel ou tel quartier pour tuer certains, arrêter et faire prisonniers d’autres et liquider tous ceux qui disposent d’armes légères destinées à l’autodéfense.
C’est la situation qui prévaut actuellement en Iraq. Le gouvernement désigné par l’occupation pousse à l’escalade afin de provoquer la fracture entre les enfants du même peuple, les monter les uns contre les autres afin qu’il ait les mains libres pour exécuter ses projets. Les forces du mal au pouvoir et alliées de l’occupant, cherchent elles aussi l’escalade pour pousser à la guerre civile et ainsi parvenir à réaliser son dessein de diviser l’Iraq et de le démanteler, en conformité avec ses propres projets et ceux de l’occupant.
Pour ces multiples raisons, j’en appelle d’ici, aux pays arabes, aux pays amis et à la communauté internationale pour qu’ils interviennent afin d’arrêter les agissements de ce gouvernement foncièrement sectaire, qui soutient les milices et en même temps s’appuie sur elles pour compenser sa faiblesse face aux citoyens désarmés, à ceux d’entre eux qui sont hostiles à l’occupation et qui ne lui livrent aucune concurrence dans ses avantages acquis, ses intérêts ou son pillage du pays, au grand détriment du peuple iraquien.
J’en appelle aux États arabes et à l’ONU pour qu’ils retirent leur reconnaissance de ce gouvernement, sinon c’est la catastrophe à coup sûr qui se généralise dans le pays et même ailleurs et, à ce moment-là, les regrets ne serviront à rien. J’invite les pays arabes qui ont soutenu le processus politique et qui l’ont conforté jusqu’ici, à cesser de soutenir ce gouvernement, sinon c’est le peuple iraquien qui leur demandera des comptes, un jour, et c’est l’histoire qui les jugera pour leur impuissance et leurs hésitations. Alors, qu’ils cessent de tergiverser et qu’ils mettent fin à leur peur !
J’en appelle aux pays arabes à agir, dès aujourd’hui, et à s’opposer à ce gouvernement sectaire qui instrumentalise le confessionnalisme et qui parle au nom de certains secteurs du peuple iraquien dont tous ne se reconnaissent pas en lui et qui refusent sa politique, ses agissements et ses positions.
A mes frères dans le sud, au centre et au nord de l’Iraq, j’adresse un appel solennel pour qu’ils s’arment de patience et de retenue et s’abstiennent de suivre les appels à la haine qui n’ont d’autre but que de les diviser, de diviser leur pays et de diviser ainsi leur Oumma.
A l’issue de l’exposé de Cheikh Al Dhari, un échange avec certains journalistes a eu lieu, dont voici l’essentiel.

La chaîne AL ARABIYA :
Deux questions : la première concerne les contacts de Cheikh AL DHARI avec les autorités officielles au Caire et la deuxième concerne sa réaction à l’appel que lui a lancé Moqtada Sadr de condamner les meurtres des chiites, contre sa condamnation du mandat lancé contre lui par le gouvernement.
CHEIKH AL DHARI : Nous ne faisons aucune distinction entre chiites et sunnites. Dès les premiers mois, quand nous avons constaté qu’il y avait des meurtres d’Iraquiens, d’une certaine appartenance, nous avons condamné catégoriquement ces crimes et tout meurtre d’iraquiens qu’ils soient arabes, kurdes ou non-musulmans. Nous avons publié des communiqués dans ce sens chaque fois que nous étions convaincus que des Iraquiens innocents ont été assassinés avec préméditation. Par la suite nous avons publié un pacte d’honneur en 8 points, dont en particulier, l’interdiction formelle d’effusion de sang iraquien, musulman ou non, et de dénoncer toute atteinte à un Iraquien ou un étranger hôte de l’Iraq. Nous en avons demandé la signature à de nombreux représentants des diverses composantes politiques et religieuses du pays. Seuls trois d’entre eux ont accepté de le faire et qui sont le courant Al Khalissi, celui de Cheikh Ahmed Al Baghdadi ainsi que nos frères du courant Assadr quand nous étions dans la même voie, c'est-à-dire celle de la voie patriotique, hostile à l’occupation. Tous les autres courants et obédiences et particulièrement ceux qui participent au gouvernement n’ont pas daigné jeter un coup d’œil à ce pacte et certains s’en sont même moqués.
Nos communiqués et nos fatwas, condamnant toute effusion de sang iraquien, se sont poursuivis par la suite jusqu’à la rencontre du Caire à la conférence de réconciliation nationale, organisée sous l’égide de la Ligue Arabe, il y a un an, à laquelle avaient pris part tous les représentants des composantes iraquiennes, celles au pouvoir et celles dans l’opposition. Nous avons signé et publié un communiqué final, mentionnant, entre autres, l’interdiction de toute atteinte à l’intégrité physique de chaque Iraquien, à sa famille, à ses biens et autres. Aucun ne s’est conformé à ses engagements. La même chose s’est passée à la conférence du Caire, il y a quatre mois, où nous avons réitéré les mêmes engagements et pris d’autres, telle que l’interdiction de toute atteinte aux mosquées, aux Husseinias, aux églises et autres lieux de culte. Les autres composantes ne s’étaient pas non plus conformées à leurs engagements. Puis récemment à la conférence de la Mecque à laquelle nous avons participé et dont nous avons signé le document final. Dans ce cas aussi nous avons insisté sur l’interdiction de toute effusion du sang iraquien. Nous ne faisons aucune distinction entre les Iraquiens, parce que notre Coran et la Sunna de notre Prophète font de nous tous des croyants et l’effusion du sang d’un croyant est strictement interdite.
Nous sommes actuellement dans cette situation et nous continuons dans notre voie. Nos positions sont publiques et connues de nos amis et de nos ennemis. Nous avons nos moyens d’information qui publient nos prises de position en plus de tous les autres moyens publics. Nous avons un registre spécial dans lequel nous consignons toutes nos prises de position et toutes nos fatwas à ce propos. Aussi ce n’est pas à nous qu’on devrait demander des explications mais aux autres et c’est à eux qu’il faut demander de se prononcer à ce sujet et d’interdire l’effusion du sang des musulmans et de mettre fin aux attaques de leurs lieux de culte.
A propos du mandat lancé contre moi, je n’ai demandé à personne de le dénoncer parce qu’il ne représente rien pour moi. Je le considère au contraire comme un magnifique cadeau de Dieu parce qu’il a permis de révéler à tous que les forces patriotiques qui refusent l’occupation et leur serviteur Cheikh Al Dhari sont celles qui ont l’appui du peuple iraquien du nord au sud. Ce mandat fut en effet une sorte de vote en notre faveur et je suis sûr que ceux qui l’ont émis le regrettent amèrement. Non, je n’accorde aucune importance à ce mandat, mais je remercie ceux qui l’ont dénoncé et j’excuse ceux qui se sont abstenus de le faire.

A propos de ses contacts et ses rencontres avec des officiels au Caire :
Oui, j’ai eu des rencontres avec de hauts responsables égyptiens et nous leur avons exposé la situation ainsi que notre vision de la manière de nous en sortir afin d’éviter au pays et à l’Oumma une discorde dont ils n’ont pas besoin. C’est ainsi que nous avons agi avec tous nos frères arabes et tous nos amis non-arabes qui ont pris contact avec nous, ou qui nous ont ouvert leurs portes pour informer de la situation dans notre pays, étant bien sûr que la situation iraquienne n’intéresse pas uniquement ses enfants et que ce qui est bien pour l’Iraq l’est pour tous et ce qui est mal l’est pour tous aussi.

Najoua Younès, de La Voix des arabes, a demandé au Cheikh pourquoi l’Association des Oulémas n’a pas défini ce qui est pour elle la résistance et pourquoi elle n’a pas exploité l’initiative de la Ligue arabe. Et aussi, si à son avis, certaines composantes iraquiennes sont soutenues matériellement et moralement alors que les sunnites n’ont point d’appui ?

Cheilh Al Dhari : A propos de notre définition de la résistance, nous avons dit et publié beaucoup de choses à plusieurs occasions et dans de nombreux cas et cela est bien connu par tous, y compris l’occupation qui commence à l’appeler « les hommes armés » ou « les insurgés ». C’est la résistance qui a donné ces fruits et qui a influencé les électeurs et les élections du congrès usaméricain. Vous savez tous ce qu’est la résistance et ce qu’est par contre le terrorisme. La résistance est celle qui vise l’occupant et le terrorisme vise par contre les citoyens innocents. Ce dernier existe en Iraq et tous connaissent ceux qui le pratiquent et les pays qui le financent et l’alimentent. Cela est bien connu par tous les pays voisins et bien sûr aussi par l’occupant. Nous n’avons donc pas besoin de rentrer dans les détails ;
Enfin je vous dis que nous avons mis à profit les positions de la Ligue arabe et nous partageons totalement son optimisme.

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