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Brandir l’étendard de notre deen, au-delà des nations et traditions


Brandir l’étendard de notre deen, au-delà des nations et traditions


La foi, traduction imparfaite de l’iman , ne se limite pas à une simple croyance éprouvée par le cœur, elle est aussi parole et acte, ces trois aspects se combinant pour affirmer notre complète soumission à Allah dans l’obéissance à Ses décrets et le respect de Ses interdits. L’islam nous détache de tout ce qui fait notre identité trivialement humaine, ethnique, sociale, pour nous restituer notre qualité première, celle de serviteurs d’Allah créés pour L’adorer exclusivement, que nous avons « oubliée » en venant au monde.


Nos origines, nos parcours ne sont que des faits seconds qui, tout en façonnant notre être, ne devraient jamais nous masquer l’essentiel, à savoir notre appartenance à une même communauté, la oumma de notre saint Prophète (paix et bénédiction d'Allah sur lui). Nous sommes, de fait, les membres d’une immense famille spirituelle.


Mais il est triste de voir que pour bon nombre d’entre nous, cette fraternité reste virtuelle, une appellation commode qui ne recouvre aucune réalité tangible, bien loin de l’idéal prôné par le Prophète (paix et bénédiction d'Allah sur lui) quand il dit : « Aucun d’entre vous n’est croyant tant qu’il ne veut pas pour son frère ce qu’il veut pour lui-même. »Nous sommes tous frères, mais certains le sont plus que d’autres. Nous pourrions l’illustrer dans maints domaines, en évoquant par exemple les incroyables cloisonnements qui règnent jusque dans les mosquées, dont la caractéristique première, celle d’être des maisons d’Allah, disparaît presque sous l’estampille nationaliste, tantôt marocaine, algérienne, pakistanaise, etc…Nous choisissons aujourd’hui de faire un rappel simple mais sans doute utile au vu de la multiplication de ces cas, sur les barrières qu’opposent certaines familles à l’union d’un musulman et d’une musulmane de nationalité différente. Combien de fois rencontrons-nous dans notre entourage des frères et sœurs rejetés parce que noirs, parce que convertis, parce que nés du mauvais côté du Sahara ?


Nous nous retrouvons avec une jeunesse musulmane contrainte à rejouer inlassablement et sans éclat des tragédies shakespeariennes alors que des tâches beaucoup plus importantes nous attendent et réclament notre attention.L’affection qui nous lie à la terre qui nous a vu naître, ou à la patrie de nos ancêtres est l’un de ces sentiments légitimes que partage la plupart des êtres humains. Un sentiment qui forge des liens non seulement avec une terre, mais aussi avec des pratiques, toute une civilisation, une langue que nous sommes fiers et heureux de retrouver avec d’autres, avec lesquels nous partageons ce patrimoine commun. Mais en islam, tout sentiment n’a de licéité que dans la mesure où il ne contrevient pas à une loi divine, aussi lorsque certains parents font le choix de donner priorité à l’origine du prétendant sur ses qualités proprement islamiques, ils expriment par là une profonde méconnaissance tant du saint Qur’an, que la Sunna du Prophète (saws).


En effet, Allah dit : « Ô hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur. » (sourate Les Appartements, verset 13)Ce verset est encore souligné par ce hadith du Prophète (saws) : «Ô hommes ! Certes votre Seigneur est un et votre aïeul est un. L’Arabe n’a pas de mérite sur le non arabe, ni celui-ci sur l’Arabe, le blanc n’a pas de mérite sur le noir, ni celui-ci sur le blanc ; sauf par la piété».


Les différences ethniques, loin d’être un facteur de cloisonnement, de repli identitaire, sont donc un appel à s’ouvrir à l’altérité, à l’échange mutuel, à découvrir derrière la pluralité des origines, l’unité de l’homme et de son aspiration spirituelle. Dès l’époque du Prophète (paix et bénédiction d'Allah sur lui), la diversité des Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, de Bilal à Salman Al Farissi, nous enseignait cet aspect transcendant, mis à mal depuis par les vicissitudes de l’histoire, et notamment les conséquences du puzzle colonial. Les nouvelles générations de musulmans nés en France ont un rapport à leur origine qui ne peut qu’être différent (le plus souvent) de celui de leurs parents.


Tout en étant respectueux de la richesse des traditions familiales, ils se sont construits dans un esprit de métissage favorisé par la convergence en un même lieu de nombreuses nationalités, qui en d’autres époques, auraient eu peine à se rencontrer. S’ajoute à ce phénomène de brassage, qui n’est pas d’ailleurs l’apanage de notre communauté, le fait que, majoritairement, leur façon de vivre l’islam s’apparente de moins en moins a un héritage culturel qu’ils reproduiraient passivement, sans recul critique ; il s’agit de plus en plus d’une réappropriation consciente de la religion, débarrassée des scories de la tradition du pays car appuyée sur une connaissance plus exacte des sources.


L’islam importé de nos pays d’origine souffre en effet de cette accumulation de superstitions, de vestiges polythéistes, d’innovations infondées que les populations ont mêlées à la religion proprement dite, si bien que c’est la religion qui s’est intégrée à la tradition, et non les traditions qui ont apporté leur coloration locale à l’islam. Si nous voulons sortir de ce marasme qui nous dévore et redevenir les dignes héritiers de l’enseignement prophétique, il devient plus qu’urgent de refondre notre communauté dans un creuset d’authenticité, loin de toute considération ethnique, et une meilleure appréhension des unions « mixtes » en est sans doute l’une des clés.


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