شبكة الإستخبارات الإسلامية

La colonie sioniste iraquienne

La bulle coloniale de la Zone Verte en Irak

Dans la Zone Verte...Tous les jours la presse rapporte les attentats qui continuent à Bagdad, avec leurs dizaines de morts et leurs centaines de blessés. Comme le soulignait le quotidien espagnol El Pais (19 février 2007) «le calme n’a pas duré cinq jours malgré le plan de sécurité lancé en fanfare par el gouvernement.»

Aux Etats-Unis, les démocrates se gardent bien de couper les fonds à l’administration Bush, alors que «nos soldats sont là-bas en train de gagner la guerre», selon les dires du sénateur républicain Lindsey Graham. Que 63% des Américains souhaitent un retrait des troupes d’ici 2008 ne compte pas, y compris pour la majorité démocrate. D’ailleurs, n’a-t-elle pas voté en faveur du changement intervenu à la tête des troupes d’occupation, à l’occasion de la nomination du général David Petraeus.

Plus significatif, le nouveau budget militaire face auquel les démocrates restent cois. Les dépenses des Etats-Unis s’élèveront à 623 milliards de dollars en 2008, ce qui inclut le budget «ordinaire» du Pentagone et le «surcoût» de la guerre en Irak.
Depuis 2001, les dépenses ont augmenté de 62%. Toutefois, elles ne calment pas les revendications des chefs d’état-major des trois armes. Avec l’appui des grandes firmes du complexe militaro-industriel – telles que Lockeed Martin, Boeing Company, Northrop Grumman, General Dynamics, Raytheon Company – ils revendiquent des rallonges budgétaires.
La hausse des dépenses militaires à l’échelle mondiale, telles que la relève le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), est provoquée à hauteur de 80% par dépenses d’armement des Etats-Unis.
Les dépenses américaines pour la guerre d’occupation en Irak participent d’une «course aux armements» plus ample qui s’intègre à une fuite en avant politico-militaire propre et suscitée par les éléments profonds de la crise pathologique qui frappe l’économie et la société américaine. Comparées aux dépenses de la Russie de Poutine, qui atteignent 18 milliards de dollars, ou à celles de l’Iran (4,5 milliards) ou encore à celle de la Chine (40 milliards, même si ces statistiques sont moins fiables), les scores étatsuniens en la matière dépassent tous les «espoirs» diffusés en 1989. Cette année-là, en dollars constants, les Etats-Unis avaient un budget militaires de 450 milliards de dollars. Or, il était encore dopé par le «renouveau de la guerre froide».
Pour 2008, les dépenses d’autres puissances impérialistes telles que la France (41 milliards), le Japon (45 milliards), le Royaume-Uni (50 milliards) démontrent que, bien que gnomes en comparaison des Etats-Unis, elles engagent des dépenses militaires bien supérieures à ce qui est présenté comme une «nouvelle puissance mondiale» : l’Inde. Son budget d’armement atteint 22 milliards ; il va certainement augmenter sous l’impulsion des Etats-Unis.
On ne peut cesser de faire la comparaison entre ces dépenses militaires et les exigences répétées (vainement) de financement par des organisations internationales telles que l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Cette dernière estime à 25 milliards de dollars les «investissements» à effectuer pour éradiquer la malaria et les maladies analogues pour lesquelles une vaccination serait efficace, ainsi que pour mener une véritable campagne contre l’extension du Sida. Pour assurer une fourniture d’eau aux habitants de la planète, un programme de 15 milliards par an serait suffisant selon l’ONU.
Comparez ces sommes à celles du budget militaire de 623 milliards de dollars pour la seule année 2008 ; un montant qui peut encore être augmenté selon les «évolutions en Irak et internationalement».
Placée sous cet éclairage, la description que nous livrons ci-dessous de la Zone Verte établie par les Etats-Unis au centre Bagdad met encore plus en relief les traits forts de cette occupation coloniale de l’Irak.
Nous n’avons pas effectué une traduction de ce texte au sens strict du terme. Nous avons paraphrasé les bonnes feuilles du livre de Rajiv Chandrasekaran, intitulé Imperial Life in the Emerald City (Vie impériale dans la ville d’émeraude), produites par le quotidien anglais The Guardian du 19 février 2007. Au mois de mars 2007, les Editions Bloomsbury publieront cet ouvrage. Ces bonnes feuilles, éditées par The Guardian, décrivent, entre autres, la vie des occupants coloniaux dans la Zone Verte (Green Zone). Espérons que ce livre trouve vite un éditeur français. (Réd. À l'encontre)

Alors que les Irakiens survivent et se débattent dans le chaos de Bagdad, les Américains envoyés pour reconstruire la nation vivent une existence de jeunes gens protégés, dans le centre de la capitale, dans des villas luxueuses où vivaient les protégés du dictateur Saddam Hussein. Ils le font avec à disposition des hot-dogs, de la bière, etc.
Nous résumons ici quelques éléments fournis dans cet extrait du livre de Rajiv Chandrasekaran dont on peut espérer qu’une traduction française sera faite prochainement.
A la différence de partout ailleurs à Bagdad, vous pouvez, dans la Zone Verte, dîner à la cafétéria qui se trouve dans le Palais de la République et ne jamais manger un kebab d’agneau ou du pain sans levain. Le Palais de Saddam était le siège de la CPA (Autorité provisoire de la coalition), c’est-à-dire l’administration de l’occupant impérialiste. La nourriture a toujours été américaine, avec un parfum du sud des Etats-Unis. Le buffet de la cafétéria comporte tout ce qu’un Américain a besoin pour une nourriture très riche en calories et extrêmement grasse.
Vous ne trouverez aucune des tomates excellentes ou des concombres cultivés en Irak et qui composent la salade servie dans un bar irakien. Le gouvernement étasunien a émis une réglementation qui impose que toute chose, même l’eau dans laquelle les hot-dogs cuisent, soit envoyée par bateau sous contrôle de firmes d’autres nations, enregistrées par l’administration. Le lait et le pain étaient envoyés par camions depuis le Koweït au même titre que les carottes ou les petits pois en boîte. Les céréales pour le petit-déjeuner arrivaient par avion depuis les Etats-Unis.
Une fois les Américains là, des ingénieurs ont reçu l’ordre de transformer le palais de Saddam en centre opérationnel pour l’occupation américaine. C’est la firme Halliburton – dont les liens avec le vice-président Dick Cheney sont aujourd’hui connus de tout le monde – qui obtint le contrat de gestion de l’ensemble du palace. Sept jours par semaine les Américains mangent sous les chandeliers de cristal de Saddam, car la grande salle de réunion du dictateur pendu a été transformée en cantine. Une peinture murale orne une des entrées : elle représente le World Trade Center. Sur cette peinture, chaque corps de l’armée américaine, l’infanterie, les forces aériennes, les forces navales, a droit à son emblème. Il y a aussi les emblèmes de la police de New York et des pompiers au sommet des tours représentées avec le slogan : «Remercions Dieu pour les forces de la coalition et pour les combattants de la liberté à la maison [les Etats-Unis] et à l’étranger.»
A l’une des trois entrées se trouvait un panneau avec les inscriptions suivantes : «études bibliques, mercredi à 19h» ; «ressentez-vous un stress ? venez nous rendre visite à la clinique combattant le stress» ; «caméra perdue, récompense offerte». Dans la cantine règne une sorte de séparation d’ordre tribal, à peu près comme dans celle d’un collège. Les aides irakiens restent de leur côté, les soldats et les mercenaires se retrouvent en groupe séparé. Au même titre que ceux de la coalition des volontaires : les Britanniques, les Australiens, les Polonais, les Espagnols et les Italiens.
Les civils américains qui travaillaient pour le gouvernement des occupants avaient leur propre organisation en cliques : les représentants politiques de haut niveau ; les fraîchement sortis de l’université ; les vieux chevronnés arrivés les premières semaines de l’occupation. Lors des conversations à table, un protocole non explicite était observé. Il était toujours adéquat de rendre hommage à «la mission», c’est-à-dire la campagne de l’administration Bush pour transformer l’Irak en une démocratie pacifique, moderne et séculière, qui conviendrait à chacun, quelle que soit l’ethnie ou la confession à laquelle il appartient. Les tirades sur la façon dont Saddam avait ruiné le pays et les descriptions sur comment on allait le ressusciter étaient aussi les bienvenues. Mais, à moins que vous connaissiez véritablement et véritablement bien quelqu’un, vous ne vous risquiez jamais de remettre en question la politique américaine à l’occasion d’un repas. Par contre, si vous aviez une réclamation à faire à propos de la gestion de la cafétéria, il fallait rencontrer Michael Cole. Il était l’homme de liaison des services de Halliburton et pouvait vous expliquer pourquoi la salade n’était pas un produit irakien et pourquoi le porc continuait à apparaître à tous les menus. Cole, qui avait 22 ans, qui était sorti du College, avait été le jeune aide secrétaire d’un membre républicain du Congrès venant de Virginie.
Col fut contacté par Halliburton et sa mission pouvait se résumer ainsi : maintenir l’air dans la bulle afin d’assurer que les Américains qui avaient quitté la maison afin de travailler pour l’administration de l’occupant se sentent à l’aise. La nourriture faisait partie de cela. Mais, de même, les films, les matelas ou le service de blanchisserie.
D’avril 2003 à juin 2004, la CPA dirigea le gouvernement irakien. Elle édicta des lois, imprima de la monnaie, collecta des impôts, déploya des forces de police et dépensa les revenus issus du pétrole. A son plus haut point, la CPA comptait plus de 1500 employés à Bagdad, la majorité Américains. Elle était dirigée par le vice-roi américain Lewis Paul Bremer III qui portait toujours un costume bleu et des bottes de combat. Même durant l’été lorsque les Irakiens succombaient à la chaleur.
Bremmet était entouré de gardes du corps lourdement armés, où qu’il aille, même dans les toilettes du palace. Ce palace qui était le Versailles de Saddam sur le fleuve Tigre.
Tout ce qui pouvait être sous-traité l’était. Par exemple, le travail de mettre en place des conseils de gestion des villes a été sous-traité à une firme de Caroline du Nord pour la somme de 236 millions de dollars. Le job consistant à garder le vice-roi était attribué à des gardes privés dont chacun touchait 1000 dollars par jour. Pour ce qui a trait à la gestion du palace : cuisines, changer les ampoules, blanchisserie, etc., Halliburton a reçu des millions de dollars.
La Zone Verte a la petite Amérique (Little America) de Bagdad. Tous ceux qui travaillaient là vivaient là, soit dans des camions roulottes, soit dans l’hôtel Al Rachid. Des centaines d’employés de firmes privées, y compris Bechtel, General Electric et Halliburton, devaient loger dans des roulottes au même titre que des légions de gardes privés ayant pour contrat de surveiller ces derniers. Les seuls Irakiens qui pouvaient pénétrer dans la Zone Verte étaient ceux qui travaillaient pour les Américains ou ceux qui pouvaient fournir la preuve qu’ils y résidaient avant la guerre. Saddam avait entouré cette région d’un petit mur de briques. Il n’y avait que trois points d’entrée. La seule chose que les militaires devaient faire était de placer des tanks à chaque entrée.
Les Américains qui tournaient dans cette région en 4x4 (GMC Suburbans) respectaient les vitesses imposées par la CPA. Lorsqu’ils circulaient, la climatisation était à son maximum et ils se mettaient sur la bande FM 107.7, Freedom Radio, une station américaine qui passait de la musique classique… rock et des messages répétitifs. Toutes les deux semaines, les véhicules étaient nettoyés dans un centre de lavage géré par Halliburton.
Des navettes circulaient à intervalle de 20 minutes dans toute la Zone Verte, s’arrêtant devant des cabines en bois, afin de transporter ceux qui ne disposaient pas de voiture et ne voulaient pas marcher. Le courrier était distribué tous les jours. Un système de générateurs assurait l’électricité en permanence. Si les plats servis à la cafétéria ne vous plaisaient pas, vous pouviez trouver des restaurants chinois avec des plats à l’emporté. La firme de nettoyage chimique Halliburton, en trois jours, enlevait de votre uniforme kaki la sueur et la poussière. Une affichette indiquait qu’il fallait enlever la munition des poches avant de remettre les habits.
Les lois et les traditions irakiennes ne s’appliquaient pas au sein de la Zone Verte. Des femmes faisaient du jogging en short et en tee-shirt. Un magasin d’alcool vendait de la bière, du vin et des alcools forts importés. Des jeunes hommes vendant des DVD près du parking du palace avaient une parole secrète : «Monsieur, vous voulez du porno ?»
La majorité du staff de la CPA n’avait jamais travaillé en dehors des Etats-Unis. Plus de la moitié, selon des estimations, avait obtenu leur premier passeport pour voyager en Irak. S’ils voulaient survivre à Bagdad, ils avaient besoin de la même bulle protectrice que les compagnies pétrolières américaines ont construite en Arabie Saoudite, au Nigeria ou en Indonésie.
Mark Schroeder me disait lorsque nous étions un après-midi au bord d’une piscine, buvant une bouteille d’eau, dans les Emirats arabes unis : «Je le ressens comme une Petite Amérique», faisant allusion à la Zone Verte. Schroeder, qui travaillait pour un membre du Congrès républicain à Washington, avait 24 ans lorsqu’il a entendu que la CPA avait besoin de plus d’employés. Il a envoyé son CV (curriculum vitae) au Pentagone. Quelques mois après, il se trouvait dans le Palace de la République.
Mark Schroeder jouait le rôle d’un un analyste important dans un service spécialisé. Il effectuait des synthèses pour des rapports hebdomadaires remis à Bremer, avec des graphiques et des courbes qui démontraient les progrès accomplis par la CPA dans des secteurs décisifs. Schroeder vivait dans une caravane avec trois autres collègues et mangeait régulièrement dans la cantine.
Dans les deux mois et demi après être arrivé à Bagdad, il n’avait quitté la Zone Verte qu’une seule fois ; et cela pour aller à Camp Victory, le quartier général étatsunien, près de l’aéroport.
Lorsqu’il avait besoin d’acheter quelque chose, il se rendait au PX (le supermarché de l’armée) situé près du Palais. Là, il pouvait acheter des Fritos, des Cheetos, des Dr Pepper, des protéines en poudre, etc. S’il n’y trouvait pas ce qu’il voulait, il ,pouvait se rendre dans le bazar de la zone verte, une allée piétonnière avec quelque 70 magasins tenus par des Irakiens vivant dans la zone verte.
Ce bazar avait été construit afin que les Américains ne doivent pas quitter la Zone verte lorsqu’ils veulent acheter des babioles ou des divers articles. Divers magasins vendent des téléphones mobiles, des DVD. D’autres sont spécialisés dans des produits irakiens : des anciens uniformes de l’armée, des billets de banques avec le portrait de Saddam, des drapeaux irakiens avec l’inscription «Dieu est grand», avec la calligraphie de Saddam. Mon magasin préféré était le JJ Store, une boutique pour photos, du type de celle que l’on trouve à Disneyland, avec imitation du Far West : vous pouviez vous faire photographier avec une djellaba et un turban.
La Zone Verte assure aussi les loisirs. La CPA a un «officier pour le moral» qui organise des leçons de salsa, de cours de yoga, passe des films. Vous trouviez aussi des salles de musculation et de fitness, avec un appareillage similaire à ce qu’il y a de mieux aux Etats-Unis…
De l’intérieur de la Zone Verte, le Bagdad réel – les points de contrôle, les bâtiments détruits par les bombes, les embouteillages – aurait pu être dans un autre monde…La fumée âcre d’une voiture ayant explosé ne remplissait par l’air. La misère subsaharienne, l’univers sans loi ni ordre qui s’est emparé d’une des plus anciennes villes du monde se déployaient autour du mur ; mais à l’intérieur dominait la stérilité d’un département des Etats-Unis.
[Après avoir assisté à l’explosion d’une voiture piégée et vu des dizaines de cadavres déposés devant la morgue, pourrissant au soleil, l’auteur] rencontra un groupe de membres de la CPA dans la Zone Verte. Personne ne fit mention des explosions…J’ai demandé s’ils étaient au courant de ce qui se passait ? Savaient-ils que des dizaines de personnes étaient mortes. «Oui. J’ai vu quelque chose à ce sujet à la télévision» m’a répondu un homme à ma droite. «Mais je n’ai pas regardé tout le reportage. J’étais trop occupé à travailler pour mon projet démocratique.

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