Crise systémique globale / Eté 2007 : La Fed perd le contrôle de l'évolution des taux d'intérêts US et la crise commence à toucher la Chine et l'UE...
L'élément fondamental de ce 2° trimestre 2007, et qui va bousculer les anticipations de la majorité des acteurs pour les mois à venir, reste certainement l'échec définitif simultané des deux stratégies clés des dirigeants américains à savoir : . en matière économique, financière et monétaire, l'échec désormais complet de la politique de la Fed (Réserve Fédérale américaine) entamée il y a un an lors de la cessation de la parution de M3, visant à substituer une bulle financière et boursière à la bulle immobilière en implosion pour maintenir la croissance (et donc l'attractivité capitalistique) des Etats-Unis qui conduit à une perte historique de contrôle par la Fed de l'évolution des taux d'intérêts US (une première depuis 1918, hormis période de guerre et de dépression économique et sociale). . en matière militaire, stratégique et diplomatique, l'échec dorénavant avéré du plan de stabilisation de l'Irak qui survient sur fond de paralysie quasi-complète du pouvoir politique à Washington (sur lequel l'équipe LEAP/E2020 reviendra dans le GEAB N°17 - sur abonnement).
Le Printemps 2007 aura ainsi marqué le point d'inflexion de la phase d'impact de la crise systémique globale : entrée en récession de l'économie américaine, rétablissement de la courbe des taux d'intérêts aux Etats-Unis, crise sur les marchés obligataires, premiers impacts de la crise des prêts à risque sur les grands établissements financiers US comme Bear Stearns (1) et Goldman Sachs (2) ou encore Freddie Mac (3), accélération de la crise immobilière américaine (4), paralysie croissante du pouvoir politique à Washington (5), isolement croissant des Etats-Unis sur la scène internationale, échec avéré du plan de sécurisation de l'Irak, impuissance US face à l'Iran, échec de la relance du processus de paix israëlo-arabe, tensions commerciales croissantes entre la Chine et les Etats-Unis, sortie du Dollar d'un nombre croissant de pays arabes (Koweit, Syrie,...), etc... Mais c'est indiscutablement, selon les chercheurs de LEAP/E2020, ce double échec simultané de la Fed et de la Maison Blanche (et du Pentagone) qui affecte directement l'évolution de la crise systémique globale pour les mois à venir, en précipitant notamment l'UE et la Chine dans le « vide » créé par ce double échec US, tout en plongeant les Etats-Unis dans la « recessflation ».
Dans ce communiqué public, l'équipe LEAP/E2020 souhaite présenter au public des extraits du GEAB N°16 (sur abonnement) concernant les conséquences de l'échec de la tentative de relance économique menée par Ben Bernanke et la perte de contrôle par la Fed de l'évolution des taux d'intérêts US par la même Fed, un phénomène historique (6). Ainsi, le discours officiel actuel, porté par la FED, prétend que l'économie américaine va connaître à nouveau une croissance forte dans les prochains mois et réduit à une anecdote l'effondrement de la croissance US au premier trimestre (à seulement 0,6%), en pronostiquant une croissance à 2,5% voire 3% pour l'année 2007 (7) alors que par exemple les dernières prévisions économiques de l'ONU place la croissance américaine à 0,5% 2008 (8). L'équipe de LEAP/E2020 a pour sa part, dès le mois de Mars, anticipé une croissance sous les 1% pour le 3° trimestre 2007 (avec les 0,6% du premier trimestre, cela plaide pour une croissance annuelle inférieure à 2% dans le meilleur des cas; et probablement plutôt une décroissance au final). Pourtant ce discours officiel est contredit par les indicateurs objectifs disponibles (performances des entreprises, emploi, ...), même s'il est soutenu par certains indicateurs soigneusement concoctés par les ministères ou des indices subjectifs qui reflètent en particulier la mise en condition de l'opinion par le discours dominant. LEAP/E2020 a déjà eu largement l'occasion de dévoiler le fonctionnement de ces mécanismes au cours de l'année 2006 ; et dans le GEAB N°16 (sur abonnement), notre équipe de chercheurs détaille plusieurs indicateurs objectifs qui permettent d'anticiper précisément le cours de l'économie américaine pour les trimestres à venir (notamment la montée cachée du chômage, le phénomène de surévaluation de la croissance US grâce au « PNB fantôme » et l'impact de plus en plus structurant de la crise immobilière et des crédits immobiliers à risque). L'action de la Fed, depuis plus d'un an, caractérisée notamment par une opacité quasi-complète sur la réalité des actions engagées en matière de masse monétaire élargie et les évolutions des avoirs mondiaux en Dollars US, comme l'a incarné l'arrêt de la publication de M3 fin Mars 2006 (9), s'avère donc être un échec complet.
La tentative de substituer une bulle financière/boursière à la bulle immobilière, comme Greenspan l'avait fait en substituant la bulle immobilière à la bulle internet, pour maintenir la croissance US n'a pas réussi. Le président de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, peut continuer à inonder de liquidités l'économie US s'il le souhaite, cela n'aura désormais plus qu'un seul impact : accroître l'inflation aux Etats-Unis et renforcer la fuite hors du Dollar et des actifs en Dollars. Le consommateur US, à l'image des troupes US en Irak, enlisées dans un conflit sans fin, est épuisé et insolvable comme l'illustre le parallèle étroit entre l'évolution des ventes de détail et la hausse rapide des délits concernant les prêts à la consommation.
Du coup, la Fed va être confrontée au pire cauchemar d'une banque centrale, la stagflation ou plus exactement la « recessflation » (10). La crise actuelle qui agite les marchés financiers, avec le rétablissement de la courbe « naturelle » des taux d'intérêts replaçant le long terme au-dessus du court terme n'est qu'une illustration d'un phénomène simple : l'absence de clients pour la dette publique US et les bons du trésor américain (11). Ce ne sont pas les risques d'inflation qui font monter les taux des bons du trésor actuellement mais tout simplement le fait que plus personne ne veut les acheter (12) (une situation anticipée par l'équipe de LEAP/E2020 depuis plus d'un an). Ce sont désormais les éventuels acheteurs potentiels étrangers (seulement 11% à la dernière vente de T-Bonds (13)) qui vont de facto fixer le taux et la Fed ne pourra que suivre l'évolution des taux d'intérêts mondiaux à long terme. Elle devra parallèlement accroître ses propres rachats de la dette US, en opérant notamment via ses prête-noms que sont les grandes banques qui lui sont associées, ainsi que l'a décrit LEAP/E2020 a plusieurs reprises. La nouveauté de la situation actuelle, c'est que la Fed est en train de se faire déposséder du seul instrument qui restait encore à sa disposition. C'est donc désormais le reste du monde qui désormais va déterminer le niveau des taux US. Ce rétablissement de courbe illustre aussi le grand retour de l'incertitude systémique sur les marchés financiers. Les opérateurs se rendent compte qu'à moyen et long terme, ils n'ont plus vraiment de garantie sur l'évolution du système global (alors qu'ils croyaient à la pérennité du système actuel il y a encore quelques mois).
Cette situation illustre désormais de manière flagrante que c'est hors des Etats-Unis que se joue l'avenir du pays notamment en matière économique et financière, comme l'a déjà illustré à trois reprises ces derniers 6 mois l'impact de décisions chinoises (Dollar et bourses) sur les marchés américains. C'est une situation inédite depuis la fin de la première guerre mondiale qui illustre concrètement la fin de l'ordre mondial créé après 1945. Cette double faillite simultanée crée ainsi une situation nouvelle qui modifie profondément la perception de l'avenir pour l'ensemble des acteurs, et affecte donc certaines tendances dominantes du début de la phase d'impact de la crise systémique globale (comme par exemple la capacité d'action des Etats-Unis en matière militaire et diplomatique), tout en renforçant considérablement d'autres (notamment l'aspiration de la Chine et de l'UE dans la crise systémique du fait de leur évolution accélérée vers un statut de piliers émergents du nouveau système global, phénomènes porteurs de crise en Chine comme dans l'UE).
Ainsi l'équipe de LEAP/E2020 estime nécessaire d'anticiper, dans le numéro 16 du Global Europe Anticipation Bulletin, l'évolution des 4 tendances suivantes qui vont, dès cet été, façonner la seconde moitié de 2007 tant en terme d'économie, de finances ou de politique internationale. Les quatre tendances à hauts risques à suivre d'ici Septembre 2007 : 1. Finance - La fuite des opérateurs hors des bons du Trésor US, les Sovereign Wealth Funds, la perte de contrôle des taux d'intérêts US par la Fed et le grand retour de la volatilité 2. Economie US - Le PNB « fantôme » inventé par les statistiques US, l'aggravation de la crise immobilière aux Etats-Unis et la montée du chômage réel : la « Très Grande Dépression de 2007 » prend forme 3. Commerce international - Les retombées aux Etats-Unis et en Chine de l'entrée en récession de l'économie US : guerre commerciale accrue et système financier chinois en crise 4. Euroland - La zone Euro en crise avec l'éclatement de la bulle immobilière espagnole et des bulles monétaires spéculatives en Europe de l'Est]b Comme le décrivent les analyses de LEAP/E2020 dans le GEAB N°16 (sur abonnement), l'été 2007 va organiser ces lignes de force qui vont façonner le reste de l'année 2007 et prendre à revers les analyses dominantes de ces trois derniers mois. Les conseils de notre équipe dans ce numéro du GEAB visent à permettre aux acteurs concernés d'éviter les principaux risques de l'été à venir.
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