NDLR: Nous publions ci-dessous l'analyse du site Algeria-Watch. A la lecture de la conclusion, d'un article pourtant excellement redige, nous ne pouvons nous empecher d'ecrire ce qui suit.
Francois Geze travaille pour la DGSE, des clans de la DGSE, du ministere de la defense et de la DST, le PS et l'UMP se partage le 'gateau' Algerie depuis 'l'independance', vous devez savoir cela si vous souhaitez comprendre la situation. La conclusion de l'article affirme que Bouteflika serait 'pro-francais', 'pro-russe'.
En replacant dans le contexte, Bouteflika serait allie de Chirac et les clans militaires de France qui apres la premiere guerre du Golf ont compris que les israeliens et les republicains allaient mener des guerres pour s'approprier les ressources du Moyen Orient et de l'Afrique.
Ces clans militaires affairistes sont effectivement allies des politques 'anti'atlantistes', mais ce sont ces memes clans a Paris qui ont cree la guerre civile en Algerie. Pour affirmer le 'pre-carre' francais. La France, des officiers de la France-Israel, ont cree le GIA, dont l'ancetre est la Force K de la DST, ou escadrons de la mort, sur le meme model, les usraeliens utilisent Al Qaeda. L'Algerie a ete le laboratoire de la violence politque ideoligisee par les services de renseignements interposes. Si Bouteflika est pro-francais, pourquoi les DAF sont a Rabat ou en Suisse. Dans les annees 1990, il ya bien oppostion entre des clans militaires francais, decus des miettes recus de Georges Bush pere aprers la guerre de 1991, il y a bien eu instrumentalisation des pantins de l'ANP et de partis politque par la DST et la DGSE le MI6, la CIA et les services allemands.
Aujourd'hui dire que l'Algerie est l'enjeu de tension entre antlantistes sionistes et 'gaullistes' releve de la supercherie, d'autant que Tewfik est un agent de la DST et un excellent collaborateur de Tel Aviv. La France est aux mains des israeliens, qui utilisent Sarkosy come contre-maitre du grand moyen orient ou 'eretz israel'. Depuis le 11 septembre 2001, les USA et la France travaillent militairement a la re-invasion du nord de l'Afrique, la France est partie prenante, car c'est mieux que de tout perdre.
On envoi pas l'Europe en Iran sans s'assurer du flux energetique venat de Russie ou du Sud de l'Europe. L'elimination de Bouteflika repond a cet imperatif. Les israeliens n'iront pas en Iran, de meme que les USA ne pourront le faire sans assurer a l'Europe des garanties energetiques.
En Fevrier 2007 a Abu Dahbi, se sont prepares la vague d'attentats du mois de mars-avril 2007 lors du reunion reunissant le DRS la CIA, la DGSE. LE GSPC passait sous double controle, franco-americain... Beaucoup d'indices prouvent que Tewfik a perdu le controle, le cas Hattab en est un. La DGSE reproche a Tewfik de travailler avec les americasno-sionistes, mais dans le meme temps l'allaince-Base prepare la vague de destabilisation au maghreb, bien curieuse analyse que celle de Geze.
La France est totalement impregnee de la politique sioniste americaine. En 2007, Sarkosy ne fait qu'executer les ordres de Washington et Tel Aviv, qui certes s'opposent aux Russes, Chinois, et non alignes, comme l'Iran et le Venezuela et des potentiels accords entre ces pays. Il n'y a plus d'opposition France-Anglo-saxons au maghreb.
Geze n'a jamais voulu entendre parler de compensations de l'etat francais pour le genocide commis durant la colonisation, il a parle 'd'excites'. Bouteflika serait donc un excite pro-francais. A la bonne heure. Geze ne met jamais en cause le ministere de la defense et de l'interieur comme etant les commanditaires des massacres par larbins interposes en Algerie. Jamais, la DST n'est sopupconnee dans les attentats de 1995 ou dans le cas des moines de Tibherines,
que lorsque les preuves sont lachees, Jamais Geze ne demanderait une commission d'enquete internationale des services a Paris, ceux qui ont concu la troisieme guerre d'Algerie, evidement l'ONU est sous mandat americain... Il y a des personnes qui doivent se rendre compte que la France est aussi impliquee dans les genocides que ne le sont les anglo-saxons, et que de simples paroles ne suffiront pas a la France pour rester au maghreb, et la meme chose vaut pour ceux qui dirigent la France pour la Palestine. Sarkosy declenche la guerre, personne d'autre !
Le brouillage a assez dure, ne prenez pas les gens pour des dupes...
À partir de la fin 2006, les actions terroristes du GSPC-AQMI vont donc encore s’intensifier dans le Nord de l’Algérie. Et pourtant, étrangement, une fraction des « décideurs » algériens les plus en vue et certains journalistes « sécuritaires » vont commencer à faire état publiquement comme (presque) jamais auparavant de leurs doutes sur les liens organiques entre le GSPC et Al-Qaida, invoquant plutôt la main, derrière les chefs du groupe djihadiste, d’« autres intérêts », du « grand banditisme », de la « mafia politico-financière », voire de « capitales étrangères ».
Les fissures au sommet du pouvoir et l’affaire Brown & Root-Condor
Avant d’examiner les détails de ce surprenant retournement, il est indispensable de rappeler le contexte politique de l’Algérie de 2006, plongée dans une crise profonde, à la fois sociale, économique et politique, et dont les clans qui la dirigent s’inscrivent de façon complexe dans les conflits géopolitiques des grandes puissances actives dans la région (principalement la France et les États-Unis, mais aussi la Russie, la Chine et les riches États du Golfe arabo-persique)[116].
Paradoxalement, alors que l’économie réelle (hors pétrole et gaz) est sinistrée, jamais le pays n’a été aussi riche : l’explosion des prix des hydrocarbures a accru de façon vertigineuse les ressources de l’Algérie, laquelle dispose désormais de dizaines de milliards de dollars de réserves de change. L’énormité de ce « gâteau » a exacerbé l’appétit des clans du pouvoir : certains d’entre eux, surtout liés aux réseaux de la « Françalgérie » (mais aussi à d’autres acteurs internationaux comme la Russie) et utilisant la figure déclinante du président Bouteflika, ont commencé en 2006 à contester la domination du « clan Tewfik », exercée presque sans partage depuis sa victoire de 1998 contre le « clan Zéroual ».
Cette conjoncture, ainsi que plusieurs autres facteurs, explique que la « coupole » des dirigeants algériens est depuis lors traversée par une féroce lutte de clans pour le contrôle des richesses du pays, aussi violente que celle des années 1996-1998. Sur le plan interne, le général Mohammed « Tewfik » Médiène n’a pu atteindre son objectif d’une « sortie de crise » qui aurait permis d’instaurer durablement un nouveau mode de pouvoir assurant à son clan à la fois l’impunité de ses crimes contre l’humanité commis au cours des années 1990, une relative paix sociale et la certitude de maintenir (à son profit et à celui de ses enfants) le pillage organisé des ressources du pays.
En effet, l’« autoamnistie » de février 2006 a renforcé les blocages à tous les niveaux de la société : les familles des victimes de la « sale guerre » contestent les mesures destinées à les faire taire, l’opposition islamiste critique l’interdiction de toute activité politique imposée à ses membres et l’opposition dite « républicaine » est sortie laminée de son soutien aux militaires dans les années 1990 – car les chefs du DRS l’ont marginalisée après l’avoir efficacement utilisée comme relais de désinformation, en particulier auprès des médias et des politiques français. S’ajoute à cela le maintien de l’état d’urgence instauré en février 1992 et la répression interdisant tout rassemblement et débat autour des « années de sang ». Parallèlement, la dégradation des conditions de vie d’une grande majorité d’Algériens est telle que les émeutes sont devenues quasi quotidiennes depuis 2003.
L’utilisation du « terrorisme résiduel » du GSPC pour y faire face en terrorisant les populations ne semble plus suffire – car c’est aussi une des « fonctions » du GSPC : depuis 2005-2006, ses actions terroristes frappant la population civile sont souvent intervenues dans des lieux où venaient d’éclater des émeutes (pour l’eau, pour les logements, pour les transports, etc.). Enfin, depuis la longue hospitalisation à Paris du président Bouteflika en novembre 2005, sa santé incertaine pose à ses anciens mentors du DRS le problème épineux de lui trouver un successeur à même d’assurer la crédibilité de leur façade civile, essentielle à leurs yeux pour garantir leurs intérêts face à la communauté internationale.
Cette crise larvée explique le discret ralliement autour de la figure de Bouteflika, afin de contrer le clan Tewfik, d’une fraction significative des « décideurs » algériens (y compris sans doute certains des généraux de l’ANP écartés par Tewfik Médiène, au premier rang desquels le général Mohammed Lamari, « démissionné » en août 2004 de ses fonctions de chef d’état-major de l’armée, et qui avait été pourtant un adversaire de Bouteflika). Pour cette coalition de circonstance, Bouteflika est bien moins un leader qu’un commode paravent. Son objectif principal : casser l’alliance stratégique que le général Tewfik avait nouée – au détriment de la France – avec les États-Unis et qui s’était traduite par l’attribution à des firmes américaines de très importants contrats d’exploitation des hydrocarbures algériens.
Car, sur le plan externe, cette alliance était devenue nettement moins intéressante pour les « décideurs » algériens : l’augmentation des prix des hydrocarbures a introduit de nouvelles marges de manœuvre et d’alliances, notamment avec la Russie. En témoigne notamment l’annulation de facto par Bouteflika, en juillet 2006, de la « loi sur les hydrocarbures » adoptée en avril 2005 et qui prévoyait d’accorder aux grandes compagnies pétrolières étrangères, surtout américaines, des avantages considérables – annulation qui a suscité de vives réactions de Washington et des firmes concernées, comme Anadarko, très présente en Algérie grâce à ses liens avec le clan Tewfik.
Le net rapprochement d’Alger avec Moscou, très vraisemblablement poussé par le « clan Bouteflika », s’est traduit à partir de 2006 par la conclusion de grands contrats d’achats d’armements russes (pour quelque 15 milliards de dollars[117]) et le resserrement des liens entre les grandes compagnies pétrolières et gazières russes et Sonatrach pour l’exploitation des hydrocarbures algériens, jusque-là chasse (presque) gardée des firmes américaines[118].
C’est dans ce contexte qu’éclate, au cours de l’été 2006, une très étrange affaire qui défraiera au cours des mois suivants la chronique de la presse algérienne, laquelle se gardera bien toutefois d’en donner les clés, sauf de façon très cryptée : celle de la firme algéro-américaine Brown & Root-Condor (BRC).
Créée en 1994, BRC est une joint-venture entre, d’une part, Sonatrach et Naftech (51 %) et, d’autre part, l’Américaine Kellogg Brown & Root (49 %, filiale « engineering » de Halliburton, alors dirigée par le futur vice-président américain Dick Cheney). Elle a depuis lors décroché de nombreux contrats publics, pour des milliards de dollars, de construction d’établissements publics (hôpitaux et autres), d’infrastructures militaires et pétrolières, etc. En juillet 2006, la presse algérienne annonce qu’une enquête diligentée à l’initiative du président Bouteflika a révélé que ces opérations auraient donné lieu à des malversations et des surfacturations[119]. Au terme d’un étonnant feuilleton médiatique, l’affaire se soldera en septembre 2007, après l’incarcération du P-DG algérien de la société, par le retrait de Kellogg Brown & Root, qui revendra ses parts à la Sonatrach.
Au-delà des disputes autour des commissions qu’aurait touchées le clan Tewfik sur les affaires de BRC, une des clés de l’affaire, qui a contribué de façon décisive à durcir la lutte des clans, sera donnée en novembre 2006 par l’article publié sur le Web d’un journaliste indépendant, Madjid Laribi (dont nous avons pu vérifier le sérieux)[120]. Selon celui-ci, à une date indéterminée (sans doute début 2006), les services de renseignement militaire russes (GRU) ont révélé aux chefs de l’armée algérienne le trucage par les services américains des systèmes de communications sophistiqués récemment achetés aux États-Unis par BRC pour le compte de l’état-major général.
Selon Laribi, ces « valises de commandement » permettant de sécuriser et contrôler toutes les communications militaires étaient en réalité « connectées en permanence sur les systèmes d’intelligence électronique américains et israéliens » ! BRC étant réputée dans les milieux pétroliers être contrôlée en sous-main par le général Tewfik (et constituant l’une des sources de sa fortune), cette information a suscité un fort ressentiment contre ce dernier chez nombre de chefs de l’armée peu amènes pour le chef du DRS, et qui se sont rapprochés du coup du « clan Bouteflika ».
Le 10 décembre 2006, survient un étonnant attentat, revendiqué dès le lendemain sur son site par le GSPC : à Bouchaoui (près d’Alger), un bus transportant des salariés de la société BRC est mitraillé, faisant deux morts (un Algérien et un Libanais) et plusieurs blessés (dont un Américain et quatre Britanniques). Pour la première fois depuis 1992, une cible américaine est frappée par le « terrorisme islamiste ». Le lieu (ultra-sécurisé) et les circonstances de cette attaque indiquent d’emblée que ses commanditaires sont à chercher ailleurs que dans les maquis de Boumerdès...
Très curieusement, si une partie de la presse algérienne voit là classiquement la main d’Al-Qaida (d’autant plus que « la branche irakienne de la nébuleuse terroriste de Oussama Ben Laden salue, dans un communiqué publié par la vitrine web du groupe salafiste, l’attaque “anti-américaine” de Bouchaoui[121] »), les réactions d’autres journaux et de certains responsables politiques rompent avec cette vulgate jusque-là unanime et évoquent des pistes internes. Ainsi, le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni, réputé hostile au « clan Tewfik » et rallié au « clan Bouteflika », déclare que le communiqué du GSPC revendiquant l’attentat « n’est qu’un document » et qu’« aucune piste n’est écartée pour le moment[122] ». Parallèlement, la journaliste d’El-Watan Salima Tlemçani, relais habituel des thèses du DRS (elle avait jusque-là souvent affirmé la thèse du GSPC instrument d’Al-Qaida), évoque bizarrement les « raisons qui font craindre que l’attentat puisse porter l’empreinte de la mafia politico-financière[123] », recourant au vocabulaire codé habituel des périodes où se durcissent les affrontements entre clans du pouvoir.
Un imbroglio comme à l’habitude difficile à décrypter. Mais que nombre d’observateurs avertis interprètent aujourd’hui ainsi : l’attentat du GSPC contre BRC (donc, paradoxalement, d’un instrument du clan Tewfik contre l’une de ses sources d’enrichissement) serait un « message » adressé par le chef du DRS à la fois à ses adversaires algériens du clan Bouteflika et, surtout, à ses partenaires – publics et privés – américains. En substance : démontrer à ces derniers qu’ils vont devoir, pour préserver leurs intérêts économiques en Algérie, continuer à y soutenir les plus forts ; et admettre qu’ils ne peuvent se couper du clan Tewfik, puisqu’il n’existe pas d’autre interlocuteur valable.
De janvier à septembre 2007 (date de rédaction de cet article), le GSPC-AQMI va multiplier les attentats spectaculaires, qui susciteront presque à chaque fois de la part des membres ou tenants du « clan Bouteflika » des questionnements de plus en plus explicites sur la véritable nature de cette organisation – questionnements très rarement relevés par les médias occidentaux, lesquels interprètent au contraire cette nouvelle acmé terroriste comme une menace plus sérieuse que jamais contre les intérêts occidentaux, en particulier français[124]. En bref, plus les Occidentaux mettent l’accent sur la menace islamiste internationale, plus certains officiels algériens la réduisent.
Le 3 mars 2007, dans la wilaya d’Aïn-Defla (au lieudit Hayoun), un attentat à la bombe contre un bus transportant des travailleurs de la compagnie russe Stroitransgaz fait quatre morts, dont un Russe. Revendiqué deux jours plus tard par le GSPC-AQMI, il n’est guère médiatisé, alors qu’il s’agit de la première attaque meurtrière contre des ressortissants étrangers depuis que le GSPC est devenu AQMI.
Curieusement, l’éditorialiste en vue du Jeune Indépendant, Mohamed Zaâf, insinue que d’autres acteurs pourraient être derrière cet attentat et celui contre BRC : « Mais, d’Al-Qaida nous ne connaissons de réel que les voix enregistrées. Depuis l’annonce du tutorat, le GSPC obéit donc aux voix et densifie ses activités avec l’ouverture du procès de la corruption. Le GSPC avait menacé de s’en prendre à la France et aux intérêts français. Il prit cependant tout son monde à contre-pied. Car les intérêts qui avaient été en réalité ciblés, ce sont les intérêts américains, près de Club des pins, et les intérêts russes à Hayoun[125]. »
Le 14 mars 2007, le président Bouteflika lui-même déclare dans une interview : « Des actes terroristes sont encore commis de temps en temps. Ces actes sont le fait du grand banditisme. Ils n’ont rien d’idéologique. Nous nous attelons à les combattre pour y mettre un terme définitif[126]. » Lorsque le journaliste lui demande si les Européens doivent prendre au sérieux les menaces d’un GSPC affichant des ambitions régionales, le président répond : « Il faut faire la part des choses entre la réalité et la propagande, et restituer les choses dans leur juste proportion. Et les Européens le savent, eux, qui sont très bien renseignés sur ces questions. » Étranges assertions, certes codées, mais qui tranchent inhabituellement avec le discours classique des relais médiatiques du DRS et dont le « message » serait le suivant : pour Bouteflika, les responsables du terrorisme doivent être recherchés au sein même du pouvoir algérien (voire chez leurs soutiens aux États-Unis, ce que n’ignoreraient pas les services de renseignements européens). Près de quatre ans plus tôt, le président algérien avait fait une déclaration analogue[127], ce qui semble indiquer que, malgré ses autres discours « langue de bois » sur le terrorisme, il n’a jamais été dupe sur ses véritables commanditaires (comme d’ailleurs, avant lui, le président Liamine Zéroual).
L’expression de ce « doute » par le clan Bouteflika sera plus explicite encore après les terribles attentats d’Alger du 11 avril 2007, revendiqués le jour même par le GSPC-AQMI par un appel téléphonique à la chaîne télévisée arabe Al-Djazira. Présentés par la presse comme des attentats suicides, ils ont ciblé le Palais du gouvernement et le siège de la « Division est » de la Police à Bab-Ezzouar, faisant trente morts et plus de deux cents blessés. Deux jours après, le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni déclare qu’« il ne faut pas exclure qu’il y ait d’autres intérêts ne voulant pas voir l’État algérien se ressaisir, se restructurer et fonctionner de manière plus efficace[128] ».
De façon très surprenante de la part d’un quotidien qui, jusque-là, n’avait eu de cesse de se féliciter du réchauffement des relations algéro-américaines, El-Watan va enfoncer le clou. Le 15 avril, il accuse explicitement les États-Unis d’instrumentaliser le « terrorisme islamiste », dans un article qui mérite d’être largement cité : « Le Maghreb, notamment l’Algérie, est-il sur le point de faire les frais de luttes géopolitiques que se livrent les USA et la France au moyen du terrorisme islamique ? On assiste depuis environ une vingtaine d’années à une même constante : tous les pays du tiers monde où ont été faites de grandes découvertes de pétrole et de gaz ont été victimes de déstabilisation où le terrorisme islamiste (qu’il soit local ou international avec Al-Qaida) semble être l’acteur le plus souvent impliqué. [...] Il est incontestable que le Maghreb et plus profondément les pays du Sahel (Mali et Nigeria) par où passera l’oléoduc en provenance du Nigéria, intéressent beaucoup les Américains et l’enjeu consistera à évincer l’Europe, et plus particulièrement la France, de cette zone pour laquelle les USA ont un intérêt vital, tout particulièrement depuis la découverte d’hydrocarbures en Mauritanie. [...]
La mise en œuvre de cette stratégie [passe] par la présence militaire américaine dans les pays d’Afrique du Nord en faisant valoir le principe de lutte contre le terrorisme islamiste qui aurait élu domicile dans certaines de ces régions (Algérie, Mauritanie, Maroc, Mali, Niger, Tchad) depuis qu’il a été chassé d’Afghanistan. La création de bases militaires au Mali (Sud de l’Algérie) a déjà été révélée par de nombreux journaux. Amplifier les actions terroristes dans ces régions pour faire accroire à leur dangerosité pour la sécurité du monde et par conséquent à une nécessaire intervention américaine semble être le jeu auquel s’adonnent depuis ces dernières années les forces américaines. Cet état d’instabilité permanent poussera les pays d’Europe à se désintéresser de cette région la laissant aux Américains qui ont déjà parfaitement identifié leurs intérêts et commencé à s’en accaparer. À ce jeu sournois semble parfaitement s’accommoder le réseau Al-Qaida qui, en réalité, travaille, consciemment ou pas, pour les intérêts géopolitiques américains. Cette peur savamment entretenue du terrorisme islamiste, et notamment du réseau Al-Qaida, leur permet de légitimer la nouvelle configuration du monde, notamment le Grand Moyen-Orient qu’ils viennent de décider[129]. »
Une analyse globalement fort pertinente, comme on a très rarement l’occasion d’en lire dans la presse algérienne « indépendante ». À l’évidence, comme les déclarations codées de Bouteflika et Zerhouni, il s’agit là d’un « message » aisément décryptable par les habitués du sérail algérien : c’est le DRS (allié aux Américains) qui est derrière les attentats du 11 avril. Ce qui est très probablement la vérité, distillée notamment par… les chefs du DRS eux-mêmes, pour « signer » leur crime aux yeux de leurs adversaires au sein de la coupole.
Par ces attentats made in DRS, le clan Tewfik vise ainsi notamment à affaiblir le clan Bouteflika, pour brider ses velléités anti-américaines. Et cette « stratégie de la tension » va se poursuivre au cours des mois suivants. Lors de l’été 2007, le GSPC-AQMI multiplie les attentats, souvent meurtriers, contre les forces de sécurité (mais aussi contre des civils), principalement en Kabylie et dans l’est du pays. Et cela alors même que l’armée conduit sans discontinuer des offensives de grande envergure contre les maquis islamistes.
Le 11 juillet, l’explosion d’un camion piégé dans une caserne militaire de Lakhdaria, à l’est de la capitale, fait au moins dix morts ; il s’agirait d’une opération kamikaze, mais le ministre Zerhouni émet des doutes à ce sujet[130]. Le 27 août, l’un des principaux « décideurs » algériens, le général-major Smaïl Lamari, âgé de 66 ans, meurt d’un infarctus. Mais la disparition du numéro deux du DRS, qui fut comme on l’a vu le grand ordonnateur de la manipulation de la violence islamiste depuis 1990, ne paraît pas changer la donne. Quelques jours plus tard, le 6 septembre, un kamikaze fait exploser sa bombe dans la foule qui attendait une visite du président Bouteflika à Batna : bilan : vingt-cinq morts et plus de cent blessés. Et deux jours après, le 8 septembre, un nouvel attentat kamikaze au camion piégé frappe une caserne des gardes-côtes à Dellys (ville portuaire de Kabylie), faisant trente-quatre morts et plus de soixante blessés. Le jour même, le GSPC-AQMI revendique, par un communiqué à Al-Djazira, les attentats de Batna et Dellys (comme il l’aurait fait le 13 juillet, selon la presse algérienne, pour celui de Lakhdaria – bien que ce communiqué n’ait pas été publié sur le site du GSPC-AQMI).
Et, à nouveau, les ténors du clan Bouteflika désignent explicitement d’autres commanditaires qu’Al-Qaida. Le président lui-même met en cause des « laïques » et des « dirigeants étrangers » : « Nous rejetons aussi bien l’extrémisme des islamistes que celui des laïques […]. Les auteurs d’actes terroristes œuvrent pour le compte de capitales étrangères et de dirigeants étrangers[131]. » Et pour Zerhouni : « Il y a des éléments et des intérêts qui ne veulent pas que l’Algérie revienne sur la scène internationale. […] Je n’exclus pas que les auteurs des attentats ont un contact avec l’étranger, mais je ne peux pas l’affirmer. […] L’attentat de Batna peut être exécuté par des éléments de Batna, mais probablement préparé de l’étranger[132]. » Ce que confirme Bouguerra Soltani, le président du MSP (parti islamiste « modéré » allié à Bouteflika) : « La prise de position de l’Algérie sur certaines questions internationales n’est pas du goût de quelques capitales[133]. »
Alors que certains experts français du terrorisme (mal informés ?) ne veulent voir dans ces dénonciations que le recours à la vieille antienne de la « main de l’étranger », « stratégie assez classique pour se désengager d’un problème et rassurer les partenaires[134] », c’est bien évidemment, comme au printemps 2007, le clan Tewfik et son allié américain qu’elles visent, désormais presque explicitement. Se confirme ainsi à nouveau l’hypothèse que se rejoue le sinistre scénario des massacres de 1997-1998 que nous avons déjà évoqué, quand le DRS utilisait les GIA contre le président Zéroual. Autre similitude avec cette période : comme alors pour les GIA, au cours du printemps et de l’été 2007, plusieurs articles des journalistes sécuritaires algériens évoquent les « lourdes pertes » du GSPC-AQMI, les nombreuses défections et dissensions qui l’affaiblissent, ses sursauts sanguinaires de « bête blessée », tout en mettant en avant de nouveaux groupes armés qui contesteraient l’organisation « salafiste » (de la même façon qu’en 1998, le GSPC était présenté comme un challenger des GIA). Comme si le DRS préparait, au cas où, une relève au GSPC...
Les articles les plus explicites à cet égard sont ceux de l’honorable correspondante du DRS à El-Watan, Salima Tlemçani, qui écrit en mai 2007 : « Pour de nombreux spécialistes, le GSPC est en train de vivre les moments les plus durs de son existence, comme cela a été le cas pour le GIA de Antar Zouabri, entre 1997 et 1999, avant qu’il ne disparaisse pour revenir progressivement avec un autre nom, le GSPC, et maintenant Al-Qaida pour le Maghreb[135]. » Et elle fait état de l’émergence d’un nouveau groupe, qui défrayait très épisodiquement la chronique sécuritaire depuis le déclin du GIA, le Houmat daâwa salafiya (HDS, protecteur de la prédication salafiste, déjà crédité en 2003 d’une centaine d’hommes[136]), opposé au GSPC-AQMI : « [Un] communiqué du HDS, une centaine d’éléments activant entre les wilayas de Médéa, Aïn-Defla et Tipaza, se démarque [du GSPC-AQMI] et dénonce les attentats du 11 avril. [...] Ce communiqué de deux pages, signé par Abou Djaâfar Essalafi, émir de l’organisation, compare les attentats à l’explosif dans des lieux publics à ceux commis “par les déviationnistes du GIA qui ont connu la dépravation par degré […] dans le but d’éloigner les musulmans de l’Islam. […] Avec ces attentats, ce sont le sang et la vie sacrés des musulmans qui ont été bafoués, alors que Dieu a proscrit toute atteinte à leur âme, dans plusieurs versets du Coran. […] Ces déviations devant lesquelles nous ne pouvons nous taire, vont certainement nous porter atteinte et à notre action”. [...] Les salafistes du HDS, d’anciens vétérans de la guerre d’Afghanistan, ont une stratégie différente en matière de terrorisme. Ils sont plus proches des talibans, en matière d’organisation (écoles coraniques, campements fixes d’entraînements, des opérations criminelles dirigées en groupe contre les forces de sécurité, opposés à la tactique des faux barrages et du racket). Ce qui n’est pas le cas pour le GSPC qui agit en faisant le contraire. La réaction du HDS était prévisible et va ouvrir un autre front contre les troupes de Droudkel[137]. »
Quatre mois plus tard, après les attentats meurtriers de Batna et Dellys, ce scénario made in DRS d’un déclin du GSPC-AQMI et de son émir national Abdelmalek Droukdel (en poste depuis août 2004) est confirmé par les « journalistes sécuritaires » : la direction de Droukdel serait contestée en raison de sa politique d’attentats suicides et une rencontre nationale des chefs de l’organisation aurait eu lieu dans la seconde semaine de septembre dans les monts de Lakhdaria pour le destituer et désigner un nouvel émir[138]. Alors qu’on dit Hassan Hattab prêt à la reddition depuis plusieurs années, il aurait écrit une lettre se plaignant de la non-application des décrets de la loi de réconciliation nationale (laquelle, selon lui, devrait permettre à sa famille de bénéficier de dédommagements, puisque plusieurs de ses frères ont été tués au maquis[139]). Il menace de reprendre les armes et les journalistes sécuritaires annoncent qu’il aurait de bonnes chances de redevenir l’émir du GSPC, qui voudrait se défaire de son appartenance à Al-Qaida et de ses méthodes pour redevenir « algérien »[140]...
Au Sahara, il semble que ce soit une autre partition qui se joue. Depuis le printemps 2006, plus aucune action n’est attribuée au groupe de l’émir de la zone sud du GSPC, Mokhtar Belmokhtar ; la presse algérienne n’évoque, épisodiquement, que des accrochages entre ce groupe et les rebelles touaregs, ou quelques opérations de l’armée contre lui. Comme si le DRS avait abandonné ce « front », devenu inutile depuis que l’affaire des otages de 2003 et l’attaque de la caserne mauritanienne de 2005 ont durablement installé le mythe de la présence d’Al-Qaida au Sahel. Est-ce pour cette raison que, début juillet 2007, les États-Unis semblent prendre le relais du DRS pour accréditer à nouveau cette présence ? En effet, alors que, selon plusieurs articles de la presse algérienne, Belmokhtar négocierait « pour se rendre aux forces de sécurité », le directeur du FBI, Robert S. Mueller, en visite au Maroc, annonce qu’un nouveau groupe terroriste serait apparu au Sahara : nommé « Ansar Al-Islam au Sahara musulman », il serait actif « dans la zone mauritanienne dite “Adrar”, située au sud-ouest de la Mauritanie. Les responsables du FBI considèrent que ce groupe s’affaire à recruter des individus des trois pays, le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie[141] ». Ce que confirme, le 13 juillet, le site Web du think tank américano-israélien MEMRI (Middle East Media Research Institute), qui cite longuement le communiqué, daté d’avril 2007, que le groupe aurait publié le 28 juin sur divers sites islamistes pour annoncer sa création et ses objectifs (« conduire le djihad contre les régimes nord-africains et le Front Polisario, et en particulier contre le Maroc »)[142].
Une chose est en tout cas certaine : la lune de miel algéro-américaine des années 2001-2005 semble bien terminée. À partir du début 2006, c’est-à-dire au moment même où le clan Tewfik pro-américain commence à voir sa prééminence mise en cause par le clan Bouteflika, plutôt pro-français et pro-russe, l’Algérie officielle prend ses distances avec les États-Unis. En témoignera notamment le long feuilleton du projet affirmé par le Pentagone, fin 2006, d’implanter rapidement en Afrique un commandement régional de l’armée américaine (Africom), qui permettrait le contrôle des armées locales pour coordonner la lutte antiterroriste dans la région[143] : fortement pressentie pour abriter le siège de l’Africom, l’Algérie opposera une fin de non-recevoir à cette demande.
http://www.algeria-watch.org/fr/aw/gspc_etrange_histoire_partie_5.htm
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