شبكة الإستخبارات الإسلامية

AU-DELÀ DE LA CORRUPTION

Les liens politiques entre Blackwater et l’administration US

par Xavière Jardez,
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La corruption est, comme le bon sens, la chose la mieux partagée au monde d’autant que sa source en est, en règle générale, l’Occident. Inconnue en Irak sous Saddam Hussein jusqu’en 1991, introduite timidement avec l’embargo, les Américains par leur guerre lui ont fait un pont d’or, dans ce pays et chez eux où elle gangrène le tissu politique, et selon certains, les valeurs morales démocratiques comme ils le dénoncent.

Le New York Times rapportait que le suicide d’un certain Charles D. Riechers, à 47 ans, deuxième officier le plus important des services de marché des forces aériennes, serait certainement passé inaperçu s’il n’avait exposé le degré de corruption américaine en Irak et d’implication entre contractors, de la sécurité notamment, et membres du Pentagone.
Riechers, à la demande de l’US Air Force, avait obtenu un poste avec Commonwealth Research Institute (sic), une entreprise de sécurité, pour la modique somme de 26.788 dollars pour deux mois de présence, dans l’attente de sa nomination au Pentagone, en janvier dernier, où il était chargé d’enquêter sur des accusations de corruption en relation avec Boeing. Le rapport, criblé d’omissions, qui en était issu, assurait que Rumsfeld, comme Wolfowitz, ignorait « la gestion la plus mauvaise de l’histoire contemporaine » selon le Comité sénatorial de l’armée, gère convaincu. Ces assurances avaient été données par Joseph Schmitz, inspecteur général, qui devint peu après, le chef des opérations dans une société du groupe Prince.

Le Groupe Prince, la holding qui détient Blackwater Worldwide, a mis sur pied une structure, Total Intelligence Solutions, Total Intel, dédiée à la recherche de renseignements dans tous les domaines. Elle regroupe un panel d’anciens hauts agents d’agences de renseignements de la CIA et des services secrets de l’armée, le pendant de la panoplie d’anciens militaires qui dirigent Blackwater. Cofer Black, l’ancien chef du contre terrorisme de la CIA connu pour le rôle controversé qu’il a joué lors des interrogations et transferts de suspects d’Al Qaïda et de leur détention dans des prisons secrètes, la dirige. Robert Richer, ancien directeur adjoint d’opérations de la CIA pendant 22 ans, très actif au cours de la guerre en Irak, en est le directeur général. En raison de ses liens avec Erik Prince, son propriétaire et ancien «Navy Seal» (commandos de marine), la projection de Total Intel dans le monde du renseignement brouille les frontières séparant gouvernement, industrie et activités auparavant réservées aux agents du renseignement officiel.

Richer a occupé les fonctions de chef de la division du Proche Orient de la CIA et on le dit avoir ses entrées auprès du roi Abdullah de Jordanie. La CIA a dépensé des millions de dollars pour former les services secrets jordaniens et, à l’heure actuelle, Blackwater entraîne ses forces spéciales.

Total Intel a été lancée en février 2007 par Prince qui, il y a dix ans, ouvrait un centre de formation à la sécurité à Moyock, qui est devenue, depuis l’entreprise Blackwater, valant plus d’un demi-milliard de dollar. Prince possède par ailleurs neuf autres sociétés offrant des services de sécurité et de formation dont Blackwater Security Consulting mise sous enquête pour le massacre de 17 Irakiens, le 16 septembre dernier, alors que les failles du système politique, mis en place par Bremer, en 2004, garantissaient l’immunité aux compagnies de sécurité. Prince a établi cette entreprise par le rachat de Terrorism Research Center et Technical Defense à Matt Devost, nommé P.D.G de Total Intel. Pour Prince, son expansion inclura, dans un avenir proche, un large rayon d’activités, de la fourniture de petits dirigeables télécommandés aux véhicules blindés. Pour mieux asseoir son assise au sein de l’administration US, Prince a conclu un consortium, lors de l’offre d’appel pour « des services de protection personnel mondiaux » avec DynCorp et Triple Canopy et le groupe a emporté un marché de 1,2 milliards de dollars. Ils se sont partagés l’Irak, Dyn surveille le nord, Triple Canopy, le sud et Blackwater, Bagdad et Hilla.
Le cœur de Total Intel est situé à Ballston où des analystes s’activent sans répit pour repérer, dans plus de 60 pays, le moindre signe de désordre, du complot terroriste aux soulèvements en Asie, aux grèves en Amérique du sud et en Europe, aux bouleversements économiques pouvant affecter l’industrie, particulièrement l’industrie pétrolière et la sécurité en Arabie Saoudite. Comme décrit dans un blog du nom de The Spy Who Billed Me « C’est une société indépendante, offrant des services d’espionnage freelance. Ce sont des espions en location ».

L’infiltration du système politique américain se traduit aussi par les centaines de milliers de dollars de contribution au Parti Républicain et ses liens étroits et anciens avec les tenants de l’extrême droite religieuse. Les lobbyistes de Blackwater compte M. Behrend, partenaire de Alexander Strategy Group, créée par un leader républicain à la Chambre des Représentants, Tom DeLay, au centre d’un scandale qui a mis en cause Abramoff. Behrend a, parmi ses clients, First Kuwaiti General Trading et Contracting Company, qui construit l’ambassade US en Irak. First Kuwaiti a été accusé de trafic de main d’œuvre, mais l’administration de Bush, n’y a trouvé aucune violation.

La culture de la corruption est si bien enracinée que peu de coupables sont attrapés et, tout comme pour Abou Ghraib, les échelons les plus élevés sont épargnés. Il est peu probable que la venue des démocrates au pouvoir entraîne des réformes du système. Si Cofer Black est devenu, naturellement, le conseiller au candidat présidentiel républicain, Mitt Rommey, Hillary Clinton s’est approprié les services de Mark Penn, chef exécutif de Burson Martselle, grande agence de relations publiques proche de Prince. Des émules se forment en Irak où Nouri al Maliki essaie de limiter le rayon d’action de la Commission sur l’Intégrité Publique. Le juge, Radhi Hamza al Rhadi, en charge du dossier a, depuis, trouvé refuge aux Etats-Unis, trente et un membres de son personnel et une douzaine de sa famille ayant été assassinés.

Tout comme l’a été le colonel Westhusing en 2005 selon T. Christian Miller, dans son livre « L’argent du sang » (Blood Money) pour qui le suicide de cet officier est un crime camouflé commis par les contractors craignant une dénonciation publique. Comme l’écrivait Westhusing dans sa dernière lettre : « Je ne peux soutenir une mission qui conduit à la corruption, à la violation des droits de l’homme et aux mensonges… Je suis souillé ».

Sources:

Blackwater’s owner has spies for hire, par Dana Hedgpeth (Washington Post - 3/11/07)

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/11/02/AR2007110202165.html

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