L’Algérie face à l'endogamie des généraux
Après l’annonce de la candidature du général Rachid Benyelles, voilà le général Liamine Zeroual se dit prêt à se porter candidat à la magistrature suprême alors qu’il l’avait désertée sans avoir fini son mandat pour laisser place à Bouteflika.
De faiseurs de rois les généraux retraités n'hésitent pas, maintenant, à draguer au vu et au su de tout le monde le petit peuple, avec pour seul argument « faire face à Bouteflika ». Comme s’il y avait pénurie d’hommes en Algérie. Et comme si l’Algérie ne devait être dirigée que par des militaires directement ou indirectement.
Quarante cinq ans après la reconquête de l’indépendance on continue à nous proposer de vieux schnocks au bord de la sénilité pour imposer à l’Algérie ce dont elle n’a guère besoin: une gérontocratie en retard d'une guerre. L'invitation est lancée par de pseudo intellectuels en manque de parrains.
Appeler de vieux retraités à la barre d’un pays dont plus de 75% de ses habitants n’ont pas 30 ans, est une insulte à un peuple capable de miracles mais ligoté et bâillonné par des cireurs de rangers qui ont toujours besoin de vivre à l’ombre d’une baïonnette.
N’y aurait-il pas parmi les 35 millions d’Algériens un homme, jeune cultivé, politisé de la génération de l’indépendance capable de diriger l’Algérie et la sortir du marasme dans lequel l’ont plongée les marionnettes du cabinet noir ? Des hommes qui répondent à ce profil se comptent par milliers pour ne pas dire par millions. Et aucun d'eux ne pourrait faire pire que tous ces vieillardsréunis.
Ceux qui appellent des vieux schnocks à présider aux affaires de l’Algérie vivent-ils sur une autre planète que celle où se trouve la puissant Fédération de Russie dirigée par un jeune homme âgé de 43 ans ? Faut-il rappeler que la Russie est dirigée par un président né bien après l'indépendance de l'Algérie?
Juste en face de ceux qui nous proposent des hommes au bord de la sénilité, il y a la France qu’ils copient en tout sauf en matière de démocratie.Ce pays a, à sa tête, un président fils d’un immigré hongrois, âgé à peine de 53 ans.
Pas plus tard qu’il y a quelques semaines les Américains ont élu à la tête de la première puissance mondiale un jeune président de 48 ans. A nos frontières le Maroc est dirigé par un jeune monarque qui n’a pas 40 ans. Au Royaume Uni, Tony Blair a été nommé premier ministre à l’âge de 43 ans et a quitté ses fonctions alors qu’il venait à peine d’avoir 53 ans. L’Allemagne est dirigée par une femme âgée de 54 ans et les exemples sont encore plus nombreux dans le monde.
Alors, qu’est-ce qui fait que l’Algérie doit faire exception à la règle et se laisse gouverner par une gerontocratie issue des casernes et qui ne sort pas des limites de l’endogamie imposée par des hommes de l’ombre sous les applaudissements nourris d’une caste de cireurs de rangers incapables de s’assumer ni d’assumer la moindre responsabilité.
Que pourraient bien apporter Benyelles ou Zeroual à une Algérie meurtrie et saignée par les affairistes qui ont profité des largesses de leurs pairs tapis dans le noir d’un pouvoir occulte porteur de tous les maux dont souffre le pays ?
Non, ces messieurs ne sont pas plus jeunes que Bouteflika et pas plus intelligents que lui. L’un (Benyelles) n’a pas songé se porter candidat et braver les Khaled Nezzar, Mohamed Lamari et Larbi Belkheir ces promus de Lacoste, alors qu’il était encore jeune et jouissait du soutien d’une bonne partie de la grande muette qui attendait un signe de l’un de ses enfants les plus intègres. Malheureusement, ce signe est venu dix ans plus tard. C'est-à-dire à un âge où il serait plus sage de passer la main à la nouvelle génération.
L’autre (Zeroual), il a été utilisé et manipulé par le cabinet noir au plus fort de la crise provoquée par ce même cabinet en se laissant nommer ministre de la défense, ensuite, président du conseil de l’état pour finir président de la république. A mi-chemin, il a quitté le navire quand il s’était aperçu que le gouvernail qu’il tenait ne servait à rien. C’est à son grand honneur d’avoir démissionné et il s’est, ainsi, payé une sortie que lui retiendra l’histoire. Il ferait mieux de s’arrêter là et de ne pas se laisser encenser par des opportunistes qui ne rêvent que de venir ramasser, à l’ombre du général retraité, ce qui reste de la tarte Algérie.
Mais à bien y réfléchir, doit-on en vouloir à ces généraux retraités ou à ce vieillard de Bouteflika de convoiter un pouvoir que semblent lui tourner le dos des hommes politiques jeunes qui ont juste besoin d’avoir une petite dose de courage pour appeler à une union sacrée pour le renouvellement de la classe politique algérienne.
Hichem ABOUD
24/11/2008
http://www.racinesdoutremed.com/zeroual-benyelles.html
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