Erdogan et le criminel de guerre Peres a Davos
Les déclarations du président israélien Shimon Peres devant le gratin de l’ « American Israel Public Affairs Committee » [AIPAC] en présence de 6000 personnes, avec parmi elles des membres influents du Congrès, ne nous ont pas étonnés. Il a déclaré qu’ « Israël ne cédera pas à la menace nucléaire iranienne » et a martelé que « le Moyen-Orient vit actuellement sous cette menace. »
Abdel Bari Atwan - Al Qods al Arabi Jeudi 28 Mai 2009
Les officiels israéliens ont commencé à battre les tambours de guerre contre l’Iran de la même manière qu’ils avaient battu les tambours de guerre contre l’Irak, en exagérant ses ambitions nucléaires et le danger qu’elles présenteraient, non seulement pour leur Etat mais également pour les voisins arabes et le monde entier.
La stratégie israélienne est basée sur plusieurs piliers qui déterminent les actions politiques et militaires :
le premier est d’empêcher l’apparition de n’importe quelle force régionale arabe ou musulmane qui pourrait imposer un rééquilibrage stratégique et éliminer ou compenser la supériorité militaire israélienne
le second est d’empêcher toute connexion militaire, financière ou politique entre n’importe quel mouvement de résistance palestinien ou arabe contre le projet israélien et n’importe quelle puissance régionale émergente, qu’elle soit arabe (l’Egypte, la Syrie, l’Irak) ou musulmane (l’Iran).
le troisième est de couper la culture de la résistance de ses racines en la bloquant, en la torpillant sous l’accusation de terrorisme, en dressant le monde contre elle et en essayant enfin de l’écraser.
Le problème de l’Iran n’a jamais été ses ambitions nucléaires mais son rôle régional croissant et son soutien à la résistance palestinienne et libanaise et à quelques organisations qui lui sont proches en Irak. Nous n’aurions pas entendu tout ce tumulte venant des Israéliens si c’était l’Iran du Shah qui pratiquait l’enrichissement d’uranium et projetait de produire des armes nucléaires ; nous entendrions au lieu de cela des bénédictions et des encouragement sans retenue sous le prétexte qu’un Iran nucléarisé serait un soutien pour un Israël nucléarisé.
Israël n’a jamais protesté contre le programme nucléaire pakistanais ou indien avant celui-ci, bien que le premier soit un pays musulman avec une majorité sunnite, parce que tous les gouvernements pakistanais ont été soucieux de se soumettre totalement aux injonctions des Américains, employant leurs capacités militaires à les servir, et n’ont jamais établi de relations directes ou indirectes avec les mouvements arabes de résistance contre le projet israélien.
Péres est allé à Washington afin de mobiliser contre une menace nucléaire iranienne qui ne s’est pas encore matérialisée, s’appuyant sur le lobby juif pour qu’il agisse en ce sens, avant de rencontrer le nouveau président Barack Obama. L’objectif est clair et il est de détourner l’attention du nouveau gouvernement des États-Unis du processus de paix et de contrecarrer ses préparatifs pour formuler une politique qui rétablirait ce processus sur de nouvelles bases, dont l’initiative arabe de paix.
Les officiels israéliens mènent d’intensives campagnes diplomatiques ces jours-ci pour persuader le monde occidental que l’action prioritaire est de se concentrer sur les ambitions nucléaires iraniennes, lesquelles représenteraient le plus grand danger, et non pas sur le processus de paix. C’est pourquoi le ministre israélien des affaires étrangères Avigdor Lieberman réalise actuellement une tournée en Europe, dans le même but et parallèlement à la visite de Péres à la Maison Blanche, et pour préparer une autre visite de Binyamin Netanyahu à l’invitation du nouveau président des USA d’ici deux semaines.
L’arsenal nucléaire israélien aurait cessé de représenter une menace pour la région parce que, selon l’opinion occidentale et celle du monde arabe (ou de certains de ses régimes) il serait d’une réelle nécessité pour protéger les régimes arabes contre le danger iranien. Nous ne serions pas étonnés que Péres parle de ce danger en se posant comme représentant de ces régimes puisque « l’alliance de la peur » inclue les Arabes et les Israéliens.
Les Arabes sont dans une crainte terrible. Ils sont dans la crainte de voir se développer le programme nucléaire iranien et de voir les Etats-Unis conclure un accord avec l’Iran qui placerait ce dernier en position de leader régional.
Robert Gates, le secrétaire américain de la défense, visite actuellement la région pour rassurer ces Arabes effrayés. Il a déclaré aux journalistes à bord de l’avion qui l’emmenait hier au Caire qu’ « il cherchera à assurer les dirigeants de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite que la diplomatie des Etats-Unis envers l’Iran n’affectera pas les relations de longue date de Washington avec les pays arabes dans la région. » Il a ajouté que « un message important sera adressé à l’Arabie Saoudite en particulier confirmant qu’aucun accord avec l’Iran ne se fera aux dépens des relations de longue date avec elle et avec les pays de Golfe avec lesquels nous sommes liés par des associations et des amitiés depuis des décennies ».
De façon très regrettable, Gates se comporte avec ses alliés arabes comme s’ils étaient un groupe de gamins. Sinon il n’oserait pas leur donner d’aussi naïves assurances. Si se confirment les fuites en provenance des Etats-Unis selon lesquelles ces derniers proposeraient à l’Iran un accord stratégique qui en ferait son principal allié dans la région s’il se pliait aux injonctions de ralentir son enrichissement d’uranium et de confiner ses opérations à une utilisation à des fins pacifiques sous surveillance internationale, en échange de l’établissement d’un état palestinien indépendant, alors ceci signifie que les pays arabes deviendraient les laquais de l’Iran, lui verseraient des subsides et suivraient ses directives.
Si nous reprenons l’hypothèse selon laquelle l’Iran accepterait réellement cette proposition américaine et réviserait à la baisse son programme nucléaire en échange de l’état palestinien indépendant que les initiatives et les appels arabes pour la paix n’ont pas réussi à imposer, l’Iran remettra-t-il cet Etat à l’autorité de Ramallah et à Mahmud Abbas ou à ses alliés dans les mouvements de résistance et en particulier au Hamas ? D’ailleurs, quel sera le statut de Hezbollah au Liban et celui de la Syrie dans le cadre de cet accord Etats-Unis-Iran sur lequel il y a beaucoup de débats ?
Les Arabes « effrayés » devraient admettre que leurs politiques depuis ces 20 dernières années, consistant à reprendre les projets des USA et à se comporter comme des soldats désireux de les mettre en application sans rien obtenir en échange, sont celles qui les ont placés dans cette humiliante situation où le secrétaire de défense des Etats-Unis vient pour les rassurer, et où Ahmad Abu-al-Ghayt, ministre égyptien des affaires étrangères et célèbre pour ses propos sur « briser les os (*) », se plaint au délégué américain Dennis Ross, disant que la politique iranienne ne contribue pas à la stabilité dans la région et gêne le processus de paix, comme l’a cité Husam Zaki, porte-parole du ministère égyptien des affaires étrangères.
Le gouvernement des États-Unis n’est pas une fondation charitable dont la tâche est d’aider et rassurer le faible, mais une superpuissance qui définit sa politique afin de servir ses intérêts stratégiques. Il ne respecte que le fort qui peut agir sur ces intérêts de façon positive ou négative. Et les Arabes n’en font pas partie car ils n’ont aujourd’hui aucune place dans les équations internationales.
(*) Paraphrasant Rabin qui ordonnait "de briser les os" des Palestiniens lors de la première Intifada, le ministre égyptien des affaires étrangères avait repris la même formule pour menacer les Palestiniens qui forceraient du côté égyptien le blocus international appliqué contre la population de la bande de Gaza.
Du même auteur :
Ahmadinejhad n’a fait que dire la vérité - 22 avril 2009
Si seulement Hillary Clinton se taisait ! - 27 février 2009
La République Palestinienne de Dayton - 11 février 2009
L’enthousiasme israélien pour l’initiative saoudienne - 26 octobre 2008
Procès de Tarek Aziz : il est noble, tandis qu’ils sont ignobles... - 11 mai 2008
ligne-mediane
ligne-notes
5 mai 2009 - Vous pouvez consulter cet article à :
- http://www.bariatwan.com/index.as...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6676
Abdel Bari Atwan - Al Qods al Arabi Jeudi 28 Mai 2009
Les officiels israéliens ont commencé à battre les tambours de guerre contre l’Iran de la même manière qu’ils avaient battu les tambours de guerre contre l’Irak, en exagérant ses ambitions nucléaires et le danger qu’elles présenteraient, non seulement pour leur Etat mais également pour les voisins arabes et le monde entier.
La stratégie israélienne est basée sur plusieurs piliers qui déterminent les actions politiques et militaires :
le premier est d’empêcher l’apparition de n’importe quelle force régionale arabe ou musulmane qui pourrait imposer un rééquilibrage stratégique et éliminer ou compenser la supériorité militaire israélienne
le second est d’empêcher toute connexion militaire, financière ou politique entre n’importe quel mouvement de résistance palestinien ou arabe contre le projet israélien et n’importe quelle puissance régionale émergente, qu’elle soit arabe (l’Egypte, la Syrie, l’Irak) ou musulmane (l’Iran).
le troisième est de couper la culture de la résistance de ses racines en la bloquant, en la torpillant sous l’accusation de terrorisme, en dressant le monde contre elle et en essayant enfin de l’écraser.
Le problème de l’Iran n’a jamais été ses ambitions nucléaires mais son rôle régional croissant et son soutien à la résistance palestinienne et libanaise et à quelques organisations qui lui sont proches en Irak. Nous n’aurions pas entendu tout ce tumulte venant des Israéliens si c’était l’Iran du Shah qui pratiquait l’enrichissement d’uranium et projetait de produire des armes nucléaires ; nous entendrions au lieu de cela des bénédictions et des encouragement sans retenue sous le prétexte qu’un Iran nucléarisé serait un soutien pour un Israël nucléarisé.
Israël n’a jamais protesté contre le programme nucléaire pakistanais ou indien avant celui-ci, bien que le premier soit un pays musulman avec une majorité sunnite, parce que tous les gouvernements pakistanais ont été soucieux de se soumettre totalement aux injonctions des Américains, employant leurs capacités militaires à les servir, et n’ont jamais établi de relations directes ou indirectes avec les mouvements arabes de résistance contre le projet israélien.
Péres est allé à Washington afin de mobiliser contre une menace nucléaire iranienne qui ne s’est pas encore matérialisée, s’appuyant sur le lobby juif pour qu’il agisse en ce sens, avant de rencontrer le nouveau président Barack Obama. L’objectif est clair et il est de détourner l’attention du nouveau gouvernement des États-Unis du processus de paix et de contrecarrer ses préparatifs pour formuler une politique qui rétablirait ce processus sur de nouvelles bases, dont l’initiative arabe de paix.
Les officiels israéliens mènent d’intensives campagnes diplomatiques ces jours-ci pour persuader le monde occidental que l’action prioritaire est de se concentrer sur les ambitions nucléaires iraniennes, lesquelles représenteraient le plus grand danger, et non pas sur le processus de paix. C’est pourquoi le ministre israélien des affaires étrangères Avigdor Lieberman réalise actuellement une tournée en Europe, dans le même but et parallèlement à la visite de Péres à la Maison Blanche, et pour préparer une autre visite de Binyamin Netanyahu à l’invitation du nouveau président des USA d’ici deux semaines.
L’arsenal nucléaire israélien aurait cessé de représenter une menace pour la région parce que, selon l’opinion occidentale et celle du monde arabe (ou de certains de ses régimes) il serait d’une réelle nécessité pour protéger les régimes arabes contre le danger iranien. Nous ne serions pas étonnés que Péres parle de ce danger en se posant comme représentant de ces régimes puisque « l’alliance de la peur » inclue les Arabes et les Israéliens.
Les Arabes sont dans une crainte terrible. Ils sont dans la crainte de voir se développer le programme nucléaire iranien et de voir les Etats-Unis conclure un accord avec l’Iran qui placerait ce dernier en position de leader régional.
Robert Gates, le secrétaire américain de la défense, visite actuellement la région pour rassurer ces Arabes effrayés. Il a déclaré aux journalistes à bord de l’avion qui l’emmenait hier au Caire qu’ « il cherchera à assurer les dirigeants de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite que la diplomatie des Etats-Unis envers l’Iran n’affectera pas les relations de longue date de Washington avec les pays arabes dans la région. » Il a ajouté que « un message important sera adressé à l’Arabie Saoudite en particulier confirmant qu’aucun accord avec l’Iran ne se fera aux dépens des relations de longue date avec elle et avec les pays de Golfe avec lesquels nous sommes liés par des associations et des amitiés depuis des décennies ».
De façon très regrettable, Gates se comporte avec ses alliés arabes comme s’ils étaient un groupe de gamins. Sinon il n’oserait pas leur donner d’aussi naïves assurances. Si se confirment les fuites en provenance des Etats-Unis selon lesquelles ces derniers proposeraient à l’Iran un accord stratégique qui en ferait son principal allié dans la région s’il se pliait aux injonctions de ralentir son enrichissement d’uranium et de confiner ses opérations à une utilisation à des fins pacifiques sous surveillance internationale, en échange de l’établissement d’un état palestinien indépendant, alors ceci signifie que les pays arabes deviendraient les laquais de l’Iran, lui verseraient des subsides et suivraient ses directives.
Si nous reprenons l’hypothèse selon laquelle l’Iran accepterait réellement cette proposition américaine et réviserait à la baisse son programme nucléaire en échange de l’état palestinien indépendant que les initiatives et les appels arabes pour la paix n’ont pas réussi à imposer, l’Iran remettra-t-il cet Etat à l’autorité de Ramallah et à Mahmud Abbas ou à ses alliés dans les mouvements de résistance et en particulier au Hamas ? D’ailleurs, quel sera le statut de Hezbollah au Liban et celui de la Syrie dans le cadre de cet accord Etats-Unis-Iran sur lequel il y a beaucoup de débats ?
Les Arabes « effrayés » devraient admettre que leurs politiques depuis ces 20 dernières années, consistant à reprendre les projets des USA et à se comporter comme des soldats désireux de les mettre en application sans rien obtenir en échange, sont celles qui les ont placés dans cette humiliante situation où le secrétaire de défense des Etats-Unis vient pour les rassurer, et où Ahmad Abu-al-Ghayt, ministre égyptien des affaires étrangères et célèbre pour ses propos sur « briser les os (*) », se plaint au délégué américain Dennis Ross, disant que la politique iranienne ne contribue pas à la stabilité dans la région et gêne le processus de paix, comme l’a cité Husam Zaki, porte-parole du ministère égyptien des affaires étrangères.
Le gouvernement des États-Unis n’est pas une fondation charitable dont la tâche est d’aider et rassurer le faible, mais une superpuissance qui définit sa politique afin de servir ses intérêts stratégiques. Il ne respecte que le fort qui peut agir sur ces intérêts de façon positive ou négative. Et les Arabes n’en font pas partie car ils n’ont aujourd’hui aucune place dans les équations internationales.
(*) Paraphrasant Rabin qui ordonnait "de briser les os" des Palestiniens lors de la première Intifada, le ministre égyptien des affaires étrangères avait repris la même formule pour menacer les Palestiniens qui forceraient du côté égyptien le blocus international appliqué contre la population de la bande de Gaza.
Du même auteur :
Ahmadinejhad n’a fait que dire la vérité - 22 avril 2009
Si seulement Hillary Clinton se taisait ! - 27 février 2009
La République Palestinienne de Dayton - 11 février 2009
L’enthousiasme israélien pour l’initiative saoudienne - 26 octobre 2008
Procès de Tarek Aziz : il est noble, tandis qu’ils sont ignobles... - 11 mai 2008
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5 mai 2009 - Vous pouvez consulter cet article à :
- http://www.bariatwan.com/index.as...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6676
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