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Le mois du Ramadan à Gaza : jeûner est une vieille habitude


« Je sais maintenant pourquoi les gens ont conservé une seule habitude ou unique devoir durant le mois du Ramadan qui est d’aller à la mosquée et de prier », écrit Omar Ghraieb





Le premier jour du Ramadan dans les territoires palestiniens occupés était le 22 août 2009. On remarque qu’à la différence d’autres années, il y a cette fois-ci peu de préparatifs : les marchés ne sont pas plein de monde et ce mois ressemble à n’importe quel autre alors que l’ensemble du monde arabe et islamique se prépare pour le Ramadan et en fréquentant les marchés dans une grande animation.

Le premier jour était tout à fait commun, avec l’étrange sensation d’un silence auquel nous ne sommes pas habitués ici à Gaza : les enfants ne sont pas dans les rues, ni avant ni après le moment de l’Iftar, on ne les entend pas jouer, poussant des cris ou riant ou courant dans tous les sens, les gens ne se regroupent pas pour s’asseoir en cercle, que ce soit à l’arrière de leur maison ou sur leur pas de porte. Tout parait étrange.

J’ai commencé par interroger mes voisins sur ce phénomène, ou vais-je plutôt dire sur la disparition de ces phénomènes habituels et j’ai obtenu une réponse toujours identique. J’ai alors interrogé d’autres personnes que je connaissais et la même réponse m’a été donnée : « Nous ne nous sommes pas encore remis de la guerre pour le moment, il nous faut plus de temps pour guérir et oublier ». Je sais maintenant pourquoi les gens ont conservé une seule habitude ou unique devoir durant le mois du Ramadan qui est d’aller à la mosquée et de prier.

Ce qui s’est ensuite passé est vraiment la chose la plus étonnante. J’étais allé rendre visite à mon ami qui habite près du célèbre marché populaire de Gaza et vers 6 heures et demi du soir j’ai décidé de rentrer chez moi avant l’heure de l’Iftar. Alors que je cherchais un taxi, j’ai vu une vieille femme portant deux sacs très lourds et marchant avec peine. Je suis donc allé lui offrir mon aide.

Je me suis approché de cette femme qui s’est réjouie de ma proposition et j’ai saisi l’occasion de lui parler de mes observations du Ramadan en ce moment. Ce qu’elle m’a répondu m’a marqué.

Je lui ai demandé si ce que j’avais constaté était le fruit de mon imagination ousi vraiment le Ramadan était différent, et si les gens étaient toujours en état de choc. Elle a répondu avec une lourde inspiration : « Fils qu’attends-tu ? C’était une guerre qui a duré près d’un mois en volant la vie de nos familles, nos amis, nos voisins, nos parents et beaucoup de gens que nous connaissions, avec en plus la démolition de nos maisons et de nos terres. N’est-ce pas assez pour que nous soyons blessés et choqués à jamais ? »

J’ai répondu en disant : « Bien entendu, grand-mère, mais dites-moi pourquoi êtes-vous ici faisant vos achats d’épicerie ? Où sont votre fils ou votre mari ? Il fait très chaud et c’est fatigant pour une vieille dame d’être là à cette heure-ci. »

Elle m’a regardé et ses yeux étaient remplis de tristesse et d’angoisse. Elle a froncé les sourcils et m’a dit : « Mon mari est décédé il y a 5 ans. Alors qu’il pêchait sur cette dangereuse et maudite mer devant Gaza, les forces navales israéliennes ont visé son bateau et l’ont tué ainsi que son meilleur ami et son frère. J’ai quatre fils dont deux sont tombés en martyrs au cours de la terrible guerre qu’Israël a lancé contre nous pour commettre le pire génocide. Je vis maintenant dans une tente avec ma grande famille où je cuisine dans la chaleur de ce soleil et dors sur le sable brûlant. Israël m’a tout pris et je ne sais ce qu’il me reste si ce n’est mon âme ! »

J’ai senti mon coeur se serrer et je ne savais quoi lui dire, alors je lui ai demandé : « Grand-mère c’est trop de souffrances pour le mois du Ramadan et le jeûne, comment arrivez-vous à supporter tout cela ? »

Avec un surprenant grand sourire, elle m’a répondu : « Fils, le jeûne est une vieille habitude pour nous et la chaleur est tout simplement quelque chose à laquelle nous sommes très habitués, et ne me parlez pas de la façon dont nous sommes aussi familiarisés avec la pluie et la boue ! Il faut s’adapter à la vie et nous sommes le peuple au monde qui est le meilleur pour cela. Nous devons rester forts et résister, peu importe ce qui arrive. Pensez-vous que lorsque nous avons déménagés pour aller vivre dans une tente après la guerre, nous avons eu de quoi manger tous les jours ? Que nous dormions tous les jours ? Que nous nous sommes sentis en sécurité lorsque les chiens errants voulaient attaquer nos tentes ? Oh fils, il suffit de se livrer à Dieu et il prendra soin de nous et nous aidera à être plus forts. »

Je suis resté bouche bée, sentant une énorme douleur tandis que tous les souvenirs de la guerre me revenaient à l’esprit, et rien de ce que pouvais dire ne pourrait la consoler. Je gardai donc le silence en attendant de trouver un taxi. Elle m’a salué avec un sourire et caressé l’épaule en me promettant de me citer dans ses prières et elle m’a laissé en me disant : « Je dois dois rentrer à la maison, ou devrais-je aller à la tente » et elle riait, me laissant abasourdi qu’après tous ses malheurs, elle possède encore le sens de l’humour.

J’ai décidé de rentrer à pied et j’ai donc eu plus de temps pour penser, et après beaucoup de réflexion j’ai retenu trois faits :

Le jeûne est en effet une vieille habitude pour de nombreuses familles ici à Gaza.
Le génocide commis récemment contre nous a changé nos vies certaines choses ne reviendront plus jamais à la normale.

Nous avons besoin de beaucoup plus de temps pour guérir et nous remettre, bien plus que ce je pensais et nous aurons toujours la cicatrice de ce massacre dans nos cœurs.

Depuis Gaza vers le vaste monde, nous vous souhaitons à tous un Ramadan normal, avec la bénédiction de Dieu !

28 août 2009 - The Palestine Telegraph - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.paltelegraph.com/palesti...

Traduction : Claude Zurbach

Lien de l'article: http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=7191

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