4 février 2010 (Nouvelle Solidarité) – « La cohésion sociale sert désormais d’excuse pour éviter de nécessaires réformes en Europe », nous explique sans vergogne The Economist, le magazine de la City de Londres qui a pour code d’honneur de ne jamais signer ses articles. Non content d’avoir popularisé le terme en vogue PIGS qui voudrait que le Portugal, l’Italie, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne soient traités de « porcs » pour ne pas avoir respecté les sacro-saints critères de Maastricht, The Economist met tout son poids dans la balance pour imposer une cure d’austérité à tous les pays qui ont eu la faiblesse de croire que l’Union monétaire n’était pas un empire.
Dans son article intitulé « La cruauté de la compassion », l’hebdomadaire britannique use d’une vieille ruse en stigmatisant « syndicats » et « fonctionnaires » qui usurpent « le désir naturel de cohésion sociale » au détriment des laissés pour compte du marché du travail que sont « les chômeurs, les intérimaires, les jeunes et les immigrés ». Ainsi, pour The Economist, la véritable cohésion sociale serait de détruire ce qui sépare ces deux catégories de la population active : « Dans toute l’Europe, de nombreux travailleurs du secteur privé ont vu leurs salaires, leurs retraites et autres avantages sociaux être gelés ou coupés par des employeurs à court d’argent à cause de la récession. Mais pour l’instant, la plupart des gouvernements, même la Grande-Bretagne, se sont montrés réticents à appliquer le même traitement au secteur public ». Même « le président conservateur de la France Nicolas Sarkozy » est vilipendé pour « ne pas vouloir égratigner la cohésion sociale (et risquer des problèmes avec la rue) en poussant durement des réformes du marché du travail, des retraites et de la protection sociale ».
Il faut donc prendre exemple sur le courageux gouvernement irlandais qui « a jeté au rebus le pacte social trentenaire qui l’unissait aux employeurs et aux syndicats. Il a tranché dans les dépenses publiques et entaillé profondément les salaires. En effet, les salaires chutent dans toute l’économie. Evidemment, les travailleurs et les syndicats ne sont pas contents et le secteur public vient de se mettre en grève. Mais ce traitement sévère semble fonctionner puisque l’Irlande sort de la récession, les finances publiques s’améliorent et l’économie recouvre de sa compétitivité perdue dans la zone euro. »
En France, c’est le collègue de Dominique Strauss-Kahn et économiste en chef du FMI, le comportementaliste Olivier Blanchard, qui a apporté son soutien au programme d’austérité de la City contre les pays d’Europe. Dans les colonnes des Echos, il a courageusement affirmé : « Maintenant, avec la crise, le Portugal, l’Espagne et la Grèce éprouvent de sérieuses difficultés. Celles-ci impliquent des ajustements très pénibles. Surtout lorsque l’environnement inflationniste est très bas. Le rétablissement de leur compétitivité peut nécessiter de lourds sacrifices, comme une baisse des salaires. »
Il est donc clair que la Grèce n’est pas le véritable problème ; elle n’est que la porte d’entrée pour imposer un fascisme financier sur les provinces d’une Europe « unie ». L’erreur de départ fut de sacrifier notre souveraineté sur l’autel de Maastricht. Eh bien, pour régler le problème, il va donc falloir en revenir et créer un système de crédit au sein duquel chaque nation pourra émettre sa propre monnaie pour financer son redéveloppement et ainsi construire ces grands projets européens que l’existence de la BCE a de fait interdits.
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