Des annĆ©es de luttes du peuple africain du territoire togolais - il en est ainsi pour presque tous les autres pays africains - ont Ć©tĆ© couronnĆ©es par la victoire Ć©lectorale de 1958, qui deux ans plus tard, s’est transformĆ©e en indĆ©pendance. Le 27 avril 1960, Sylvanus Olympio, au nom du « droit inaliĆ©nable des peuples Ć disposer d’eux-mĆŖmes », proclama l’accession du Togo Ć la souverainetĆ© internationale.
Cette nouvelle donne devrait conduire le peuple africain du Togo Ć dĆ©cider des orientations qui lui conviennent dans tous les domaines. Trois ans Ć peine plus tard, Olympio est assassinĆ©. Le rĆŖve est ainsi brisĆ© et le chaos gĆ©nĆ©rĆ© est tellement immense que la suite ne sera qu’une succession de victoires volĆ©es, de mensonges, de viols et de supplice de Tantale ; le tout accompagnĆ© de bains de sang rĆ©pĆ©tĆ©s en toute impunitĆ©. La Nouvelle Marche[1] Ć©tait une marche Ć reculons qui a fini par nous ramener au point de dĆ©part si bien que tout est Ć refaire si nous voulons rendre hommage Ć nos prĆ©dĆ©cesseurs patriotes et tracer aux gĆ©nĆ©rations Ć venir les sentiers du progrĆØs et de la rĆ©ussite.
Cet anniversaire qui, sans doute, est un moment symbolique, nĆ©cessite, au lieu des rĆ©jouissances, des danses, des cĆ©rĆ©monies religieuses et de priĆØres, rĆ©flexions afin que les lumiĆØres du passĆ© Ć©clairent notre avenir commun en cette pĆ©riode oĆ¹ nous traversons un trou d’aiguille dans notre vie socio-Ć©conomique et politique. A la veille de la proclamation de l’indĆ©pendance, le peuple du territoire togolais s’Ć©tait dĆ©barrassĆ© du fardeau de la dette de 800 millions de Francs que la France lui rĆ©clamait. Ce qui signifie que ce peuple avait fait le choix de la dignitĆ© et veut s’assumer pleinement. A travers ce geste – en rĆ©alitĆ© une escroquerie de la France – le territoire du Togo voulait s’occuper de ses problĆØmes par ses propres moyens avant tout et ne plus avoir dans ses pattes les entraves de la puissance tutĆ©laire. 50 ans plus tard, c’est exactement le contraire de l’indĆ©pendance que nous avons. Plus qu’hier, notre peuple au Togo est privĆ© de souverainetĆ© et a le regard exclusivement tournĆ© vers l’extĆ©rieur qui utilise la propagande de l’aide, de la dĆ©mocratie et des droits de l’homme pour coloniser les peuples et les piller allĆØgrement. En un mot, nous sommes soumis dans tous les domaines. Et l’indĆ©pendance qui est louangĆ©e dans les cercles africains les plus aliĆ©nĆ©s est une chimĆØre. Car, les trois idĆ©es qui sont consubstantielles Ć la notion de l’indĆ©pendance – souverainetĆ© politique, souverainetĆ© Ć©conomique et autonomie de dĆ©fense – sont introuvables aujourd’hui dans les pays africains.
Politiquement, depuis les Ć©lections de 1958 qui ont consacrĆ© la victoire des indĆ©pendantistes, le territoire du Togo n’a jamais connu d’Ć©lections dĆ©mocratiques. Le peuple africain du territoire togolais n’a jamais pu choisir ses dirigeants qui, lui sont plutĆ“t imposĆ©s par coups d’Ć©tat puis par fraudes Ć©lectorales ininterrompues. Alors que la premiĆØre implication du droit des peuples Ć disposer d’eux-mĆŖmes, est le pouvoir de ces peuples de se doter des Ć©lus Ć leur convenance, nos dirigeants nous sont imposĆ©s de l’extĆ©rieur. De Grunitzky Ć Faure GnassingbĆ© en passant par KlĆ©ber Dadjo, EyadĆ©ma GnassingbĆ© et Abass Bonfo, le peuple togolais n’a jouĆ© aucun rĆ“le dans leur Ć©rection, maintien ou Ć©viction du pouvoir. Ainsi, les orientations politiques jusqu’alors n’ont jamais Ć©tĆ© le fait du peuple pourtant officiellement souverain. Autrement dit, le Togo jusqu’Ć prĆ©sent, n’est pas l’oeuvre des Togolais.
En 50 ans, 05 Ć©lections prĆ©sidentielles et 06 lĆ©gislatives ont Ć©tĆ© organisĆ©es. Il en est ainsi un peu partout en Afrique. Cependant ces consultations ne sont que des occasions pour le systĆØme vassal en place de pratiquer le dĆ©mocratisme : simulacre d’Ć©lections destinĆ© Ć revĆŖtir le rĆ©gime tyrannique des apparences d’une dĆ©mocratie. De plus, ce sont des occasions pour faire couler le sang du peuple du territoire togolais qui demande le respect de son choix. Ce peuple n’a jamais donc eu la possibilitĆ© de jouir de son indĆ©pendance. Autant dire qu’il n’est pas indĆ©pendant. Pour preuve, voici une petite rĆ©vĆ©lation : en novembre 2004, si notre mĆ©moire est bonne, nous Ć©tions allĆ©s personnellement en compagnie de l’ex-prĆ©sident de la LTDH Ć une audience Ć la dĆ©lĆ©gation de l’Union EuropĆ©enne pour discuter de la libĆ©ration de Jean-Paul Oumolou, dĆ©tenu Ć la prison civile de LomĆ© pour avoir provoquĆ© des incidents Ć l’universitĆ© de LomĆ©. Nous Ć©tions reƧus par le chargĆ© du dĆ©veloppement, Antonio Logreco qui aprĆØs nous avoir Ć©coutĆ©s sur la campagne que nous menions pour la libĆ©ration du dĆ©tenu, nous pose cette question : que pensez-vous de Faure GnassingbĆ© ? M. AdotĆ© Ghandi a donnĆ© son point de vue. Quant Ć nous, Ć©berluĆ© et choquĆ©, nous avions dit :
« si la question Ć©tait de savoir si Faure GnassingbĆ© pouvait diriger le Togo aprĆØs son papa, le problĆØme ne se pose pas puisque nous sommes dans une rĆ©publique avec une Constitution et non en monarchie hĆ©rĆ©ditaire ». Le responsable s’est levĆ© de son fauteuil et nous a serrĆ© la main en disant :
vous ĆŖtes courageux et vous avez raison ! Quelques mois plus tard, GnassingbĆ©-pĆØre mourut et son fils lui succĆ©da. Cela signifie que bien avant la mort d’EyadĆ©ma GnassingbĆ©, son successeur Ć©tait tout dĆ©signĆ© Ć l’insu du peuple africain au Togo. Le reste ne relĆØvera que des formalitĆ©s d’usage.
MĆŖme si d’autres preuves existent, cette anecdote suffit Ć elle seule, pour dĆ©montrer que ceux qui nous dirigent sont des Ć©lus des puissances nĆ©ocoloniales (Etats, regroupement d’Etats et entreprises transnationales) pour leurs intĆ©rĆŖts. C’est pour cela que faire appel Ć ces instances pour nous aider Ć rĆ©gler nos problĆØmes, est une invitation adressĆ©e aux sorciers et aux vampires. Nous ne sommes en rien indĆ©pendants si nous ne pouvons nous-mĆŖmes choisir ni nos gouvernants ni notre modĆØle de sociĆ©tĆ©. La nouveau vol du suffrage dĆ©mocratique opĆ©rĆ© par Faure Gnassingbe et ses alliĆ©s en est la preuve concrĆØte.
Ćconomiquement, le Togo est trĆØs endettĆ© et continue de s’endetter pour le grand bonheur de l’Occident, de la Chine et de bien d’autres dominations.
Un Etat endettĆ© n’est pas libre. Notre pays est au bon vouloir des crĆ©anciers qui, en rĆ©alitĆ©, sont nos dĆ©biteurs pour nous avoir pillĆ©s, volĆ©s, exploitĆ©s, massacrĆ©s, soumis des siĆØcles durant. Le Togo a eu droit aux Programmes d’ajustements structurels qui ont complĆØtement ruinĆ© son Ć©conomie avec des impacts sociaux indĆ©lĆ©biles. Aujourd’hui, pour satisfaire l’Ć©tranger, le territoire du Togo, comme tous les autres proto-Etat africains, suit le libĆ©ralisme fondĆ© sur le Consensus de Washington dont le credo est la suppression des barriĆØres douaniĆØres, la libĆ©ralisation du mouvement des capitaux, l’augmentation des taxes et impĆ“ts, la privatisation des secteurs publics de l’eau, de l’Ć©lectricitĆ©, la rĆ©duction des dĆ©penses de santĆ©, de l’Ć©ducation et de tous frais affectĆ©s au bien-ĆŖtre de notre peuple. Ce modĆØle vient de s’effondrer dans son berceau originel.
MalgrĆ© les dĆ©gĆ¢ts qu’il a occasionnĆ©s dans les pays occidentaux qui dĆ©couvrent ainsi ce que les Africains vivent depuis des lustres, les vassaux d’Afrique continuent de transposer mĆ©caniquement le modĆØle libĆ©ral en Afrique, dĆ©truisant ipso facto la vision africaine de la vie en communautĆ©.
L’eau et l’Ć©lectricitĆ© sont des Ć©lĆ©ments trĆØs importants dans la vie humaine. Or, Ć ce jour avoir l’eau potable et l’Ć©lectricitĆ© sont un luxe que ne peut payer qu’une infime partie du peuple. En plus, nous dĆ©pendons pour une large part de l’Ć©lectricitĆ© importĆ©e. Notre industrialisation et notre production sont donc entre les mains de l’extĆ©rieur qui peut dĆ©cider de nous priver de l’Ć©lectricitĆ© quand il veut surtout que cet extĆ©rieur a ses propres besoins.
Sur tous les plans, nous sommes assistĆ©s. Or cette assistance ou aide est un mĆ©canisme pour nous appauvrir davantage. OĆ¹ est notre indĆ©pendance lorsque pour nous nourrir nous tendons la main vers l’extĆ©rieur colonial qui n’attend que ce moment ? OĆ¹ est notre indĆ©pendance lorsque pour Ć©quilibrer le « budget national », on se tourne vers les puissances nĆ©ocoloniales ? De plus, on a prĆŖtĆ© pour des projets qui ne sont pas rentables permettant de payer les prĆŖts. Mieux, les dictateurs ont prĆŖtĆ© pour acheter des armes contre notre peuple. Plus grave encore, s’est Ć©tabli un systĆØme de dĆ©tournement des prĆŖts au profit des prĆŖteurs et des dirigeants togolais.
Ainsi, se retrouve-t-on avec une dette qu’il faut s’endetter pour payer. La boucle est alors bouclĆ©e. Et la paupĆ©risation se gĆ©nĆ©ralisant, ira en croissant avec pour effet la main continuellement tendue vers l’extĆ©rieur.
D’oĆ¹ la contradiction totale avec le message de l’indĆ©pendance qui proclamait l’ĆØre de « Nous-mĆŖmes » avant tout. Notre situation, demain, sera probablement plus dramatique avec une agriculture de plus en plus hypothĆ©quĆ©e par les alĆ©as pluviomĆ©triques et l’Ć©largissement des cultures (cafĆ©, cacao, arachide, banane, coton...) destinĆ©es Ć nourrir les autres alors que nous-mĆŖmes nous avons faim.
Preuve supplĆ©mentaire que ce qui compte in fine - c’est la sauvegarde des intĆ©rĆŖts des pays occidentaux importateurs - le rĆ©seau ferroviaire construit sous les coups de bottes et de chicotes est complĆØtement enfoui dans le sol au moment oĆ¹ nous franchissons le cinquantenaire. Les rails sont coupĆ©s et utilisĆ©s ou vendus par des individus affamĆ©s et ignorant l’histoire du chemin de fer au Togo. RĆ©server un pareil sort au « rĆ©seau ferroviaire », c’est insulter la mĆ©moire de nos pĆØres et mĆØres qui sous le rĆ©gime du travail forcĆ© allemand, en ont bavĆ© pour le construire. Que le fruit de leur sang versĆ© ne puisse pas servir Ć transporter leurs descendants que nous sommes, est l’injure la plus grave que le rĆ©gime togolais et ses alliĆ©s aient pu leur adresser. Ce n’est pour rien d’ailleurs que les seules lignes qui sont encore en service, sont celles qui mĆØnent aux mines de phosphate et de calcaire. Est-ce donc ĆŖtre indĆ©pendant que de passer tout son temps Ć servir les autres gratuitement ? Si ce n’est pas de l’esclavage, alors cela y ressemble fort !
Socialement aussi, nous sommes en crise. Nous n’avons plus d’identitĆ© et le mimĆ©tisme a Ć©lu domicile dans la sociĆ©tĆ© togolaise Ć l’instar des autres pays africains. Notre sociĆ©tĆ© est beaucoup plus corrompue que celui d’avant le dĆ©luge. Et nous avons mis les valeurs africaines au placard.
MalgrĆ© « l’indĆ©pendance », nous n’arrĆŖtons pas suivre les modĆØles Ć©trangers. L’administration est « tuberculosĆ©e » par la corruption. Des vieux devenus des jeunes « yĆ©yĆ© », sont restĆ©s silencieux sur les dĆ©rives culturelles auxquelles ils participent parfois eux-mĆŖmes. Ils sont prĆŖts Ć brader leur dignitĆ© et le patrimoine ancestral contre du tabac, de la cola, un kilo de riz et une calebasse de Toucoutou² ou un verre de sodabi[2]. Les quelques personnes Ć¢gĆ©es restĆ©es attachĆ©es aux valeurs traditionnelles sont complĆØtement ignorĆ©es et ringardisĆ©es. Les chefs coutumiers, gardiens de nos valeurs ont trahi leur rĆ“le et leur mission historique en s’aliĆ©nant publiquement au parti au pouvoir. Quant aux chefs religieux, leurs actes n’ont rien Ć avoir avec les prescriptions. Ainsi, conduisent-ils leurs adeptes Ć la perdition. Les jeunes quant Ć eux, sont devenus de vieux cyniques et idiots qui ne veulent pas entendre parler des valeurs ancestrales et endogĆØnes. Ils aiment la dĆ©brouillardise et se battent pour leur bourreau. Les hommes politiques eux, ne pensent qu’Ć la « communautĆ© internationale » qui pourtant n’a jamais existĆ©. Ils sont devenus des acteurs au sens thĆ©Ć¢tral du terme, ne pouvant faire la moindre action sans se rĆ©fĆ©rer Ć leurs metteurs en scĆØne nichĆ©s Ć des milliers de kilomĆØtres. C’est alors qu’ils peuvent commettre des actes et signer des accords bidons, truffĆ©s d’imprĆ©cisions, pĆ©nalisant et hypothĆ©quant ainsi l’avenir du peuple parce que la « communautĆ© internationale » le leur a demandĆ©.
Les femmes, quant Ć elles, courent derriĆØre l’argent pour avoir des pagnes et des produits dĆ©capants et de maquillage. Les enseignants de leur cĆ“tĆ©, sont dĆ©goĆ»tĆ©s de leur profession compte tenu de leurs conditions de travail.
L’Ć©ducation est complĆØtement extravertie et ne porte aucune finalitĆ©.
C’est le dĆ©mantĆØlement complet de la sociĆ©tĆ©. Personne ne veut s’occuper de son voisin. L’individualisme est en train de prendre dangereusement le pas sur la solidaritĆ©. En copiant les autres, nous nous privons de nos capacitĆ©s crĆ©atrices les plus importantes. Et cela plaĆ®t aux pouvoirs publics qui manipulent le dĆ©sordre et en tirent profit. A cette allure, il n’y a guĆØre de doute que les portes de l’enfer s’ouvriront davantage devant nous dans la dĆ©cennie Ć venir : les morts d’aujourd’hui seront bien plus heureux que les vivants de demain !
Pour jouir de la libertĆ©, il faut ĆŖtre soi-mĆŖme libre. Or il est clair que nous ne sommes pas libres parce que nous ne nous sommes pas encore libĆ©rĆ©s.
Parce que la libĆ©ration prĆ©cĆØde la libertĆ©, nous devons analyser froidement notre situation et mettre les moyens en Åuvre autour d’une plate-forme rĆ©aliste pour nous libĆ©rer. Cette libĆ©ration ne peut se faire que dans un cadre continental oĆ¹ la jeunesse doit jouer un rĆ“le central avec l’idĆ©e que mieux vaut pour chaque Etat ĆŖtre une partie dans un tout qui marche que de se satisfaire d’un souverainisme vaniteux dans une Afrique soumise et humiliĆ©e.
La renaissance a commencĆ© en CĆ“te d’Ivoire oĆ¹ les jeunes patriotes ont triomphĆ©, ne serait-ce que momentanĆ©ment des forces nĆ©ocoloniales. Le temps est arrivĆ© pour nous de nous lever pour briser les chaĆ®nes des indĆ©pendances irrĆ©elles. Les dirigeants actuels au pouvoir en Afrique, cela signifie que nous ne sommes pas encore indĆ©pendants. Toute leur philosophie est de faire de nos pays d’Ć©ternels PPTE3 et PMA4 pour avoir de l’argent de l’extĆ©rieur pour leurs propres besoins en bradant le patrimoine africain en Ć©change. Ces vassaux aussi longtemps qu’ils dĆ©tiendront le pouvoir poursuivront en toute quiĆ©tude, l’entreprise coloniale de dĆ©molition de la sociĆ©tĆ© africaine. Le maintien du Franc CFA, des bases militaires franƧaises et amĆ©ricaines et leurs coopĆ©rants sont aussi des preuves que notre indĆ©pendance est un mensonge et une illusion. Si nous Ć©tions rĆ©ellement indĆ©pendants, Sarkozy ne pouvait pas, en 2007, dĆ©clarer en terre africaine et sur la tombe des « tirailleurs sĆ©nĆ©galais » que la colonisation a fait du bien Ć notre peuple et que « l’homme africain n’est pas assez entrĆ© dans l’histoire ». C’est parce que ce fou du pouvoir est conscient du pouvoir de la France dans les soi-disant Etats africains qu’il peut se permettre du haut de ses 165 centimĆØtres -talonnettes comprises- de nous dire que nous Africains n’avons pas la notion du temps en dehors des saisons. Et aprĆØs avoir insultĆ© l’Afrique, voici que le nano-prĆ©sident invite les satrapes africains Ć fouler le sol franƧais pour cĆ©lĆ©brer ce qu’ils appellent le jubilĆ© d’or des indĆ©pendances. C’est une seconde injure faite Ć notre peuple.
En dĆ©finitive, ces manifestations ne peuvent qu’ĆŖtre la cĆ©lĆ©bration de l’indĆ©pendance de drapeau, de timbre voire d’hymne national et de devise.
Elles ne sont que des gesticulations confinant Ć une rĆ©sonance historique et sentimentale. Pas plus ! La vraie indĆ©pendance est devant nous et aprĆØs d’Ć¢pres luttes qui Ć terme devront consacrer notre droit Ć l’autodĆ©termination avec les richesses africaines au service de notre peuple.
Nous deviendrons indĆ©pendants lorsque nous serons respectĆ©s dans notre dignitĆ© oĆ¹ que notre peuple aille. Nous deviendrons indĆ©pendants quand notre peuple aura acquis le droit d’Ć©lire ses dirigeants et de choisir en toute libertĆ© le modĆØle de sociĆ©tĆ© et d’Ć©conomie qui lui conviennent. Cela veut dire que nous devons revenir Ć la bifurcation oĆ¹ la colonisation nous a fait dĆ©vier de nos valeurs africaines intrinsĆØques pour reprendre notre processus de dĆ©veloppement fondĆ© indissociablement sur la libertĆ© individuelle et la solidaritĆ© qui caractĆ©risent notre sociĆ©tĆ©. Nous devons donc revenir Ć nos racines, Ć notre histoire en nous Ć©cartant de la version Ć©crite et institutionnalisĆ©e par les Occidentaux et «les progressistes africains». Nous devons planifier ce qui doit ĆŖtre fait sur le court, moyen et long termes.
Le cinquantenaire qui est cĆ©lĆ©brĆ© aujourd’hui est le cinquantenaire de tous les mensonges. Certes, il faut reconnaĆ®tre Ć nos prĆ©dĆ©cesseurs leur courage et leur abnĆ©gation pour les combats qu’ils ont livrĆ© contre la colonisation. Il faut les cĆ©lĆ©brer bien sĆ»r : les Olympio, Lumumba, Ouezzin Coulibaly, Nkrumah, Sekou TourĆ©, Modibo Keita, Steve Biko, Felix MoumiĆ©, Anta Diop, Thomas Sankara, Tavio Amorin... Ils doivent mĆŖme nous inspirer dans nos initiatives. Cependant, leur combat n’a pas abouti, il n’est pas achevĆ©.
Ils nous ont passĆ© le flambeau. A nous de nous montrer dignes de marcher dans leur sillage pour que leur mort ne soit pas vaine et ainsi rompre avec les indĆ©pendances fictives. Il ne faut surtout pas que ces cĆ©lĆ©brations occultent le chemin qui nous reste Ć faire. Sinon aprĆØs avoir bu, mangĆ© et dansĆ©, le retour Ć la rĆ©alitĆ© sera synonyme d’immenses dĆ©sillusions.
[1] Politique initiĆ©e par le Rassemblement du peuple Togolais d’Eyadema GnassingbĆ© aprĆØs l’assassinat de Sylvanus Olympio.
[2] Boissons locales respectivement Ć base de mil et de vin de palme.
3 Pays Pauvres TrĆØs endettĆ©s
4 Pays Moins AvancƩs
Web. http://lajuda.blogspot.com
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