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1960 - 2010 : 50 ans de souverainisme vaniteux dans une Afrique soumise et humiliƩe.

Rodrigue KPOGLI
Lundi 3 Mai 2010

1960 - 2010   : 50 ans de souverainisme vaniteux dans une Afrique  soumise et humiliƩe.



Des annĆ©es de luttes du peuple africain du territoire togolais - il en est ainsi pour presque tous les autres pays africains - ont Ć©tĆ© couronnĆ©es par la victoire Ć©lectorale de 1958, qui deux ans plus tard, sā€™est transformĆ©e en indĆ©pendance. Le 27 avril 1960, Sylvanus Olympio, au nom du Ā« droit inaliĆ©nable des peuples Ć  disposer dā€™eux-mĆŖmes Ā», proclama lā€™accession du Togo Ć  la souverainetĆ© internationale.

Cette nouvelle donne devrait conduire le peuple africain du Togo Ć  dĆ©cider des orientations qui lui conviennent dans tous les domaines. Trois ans Ć  peine plus tard, Olympio est assassinĆ©. Le rĆŖve est ainsi brisĆ© et le chaos gĆ©nĆ©rĆ© est tellement immense que la suite ne sera quā€™une succession de victoires volĆ©es, de mensonges, de viols et de supplice de Tantale ; le tout accompagnĆ© de bains de sang rĆ©pĆ©tĆ©s en toute impunitĆ©. La Nouvelle Marche[1] Ć©tait une marche Ć  reculons qui a fini par nous ramener au point de dĆ©part si bien que tout est Ć  refaire si nous voulons rendre hommage Ć  nos prĆ©dĆ©cesseurs patriotes et tracer aux gĆ©nĆ©rations Ć  venir les sentiers du progrĆØs et de la rĆ©ussite.

Cet anniversaire qui, sans doute, est un moment symbolique, nĆ©cessite, au lieu des rĆ©jouissances, des danses, des cĆ©rĆ©monies religieuses et de priĆØres, rĆ©flexions afin que les lumiĆØres du passĆ© Ć©clairent notre avenir commun en cette pĆ©riode oĆ¹ nous traversons un trou dā€™aiguille dans notre vie socio-Ć©conomique et politique. A la veille de la proclamation de lā€™indĆ©pendance, le peuple du territoire togolais sā€™Ć©tait dĆ©barrassĆ© du fardeau de la dette de 800 millions de Francs que la France lui rĆ©clamait. Ce qui signifie que ce peuple avait fait le choix de la dignitĆ© et veut sā€™assumer pleinement. A travers ce geste ā€“ en rĆ©alitĆ© une escroquerie de la France ā€“ le territoire du Togo voulait sā€™occuper de ses problĆØmes par ses propres moyens avant tout et ne plus avoir dans ses pattes les entraves de la puissance tutĆ©laire. 50 ans plus tard, cā€™est exactement le contraire de lā€™indĆ©pendance que nous avons. Plus quā€™hier, notre peuple au Togo est privĆ© de souverainetĆ© et a le regard exclusivement tournĆ© vers lā€™extĆ©rieur qui utilise la propagande de lā€™aide, de la dĆ©mocratie et des droits de lā€™homme pour coloniser les peuples et les piller allĆØgrement. En un mot, nous sommes soumis dans tous les domaines. Et lā€™indĆ©pendance qui est louangĆ©e dans les cercles africains les plus aliĆ©nĆ©s est une chimĆØre. Car, les trois idĆ©es qui sont consubstantielles Ć  la notion de lā€™indĆ©pendance ā€“ souverainetĆ© politique, souverainetĆ© Ć©conomique et autonomie de dĆ©fense ā€“ sont introuvables aujourdā€™hui dans les pays africains.

Politiquement, depuis les Ć©lections de 1958 qui ont consacrĆ© la victoire des indĆ©pendantistes, le territoire du Togo nā€™a jamais connu dā€™Ć©lections dĆ©mocratiques. Le peuple africain du territoire togolais nā€™a jamais pu choisir ses dirigeants qui, lui sont plutĆ“t imposĆ©s par coups dā€™Ć©tat puis par fraudes Ć©lectorales ininterrompues. Alors que la premiĆØre implication du droit des peuples Ć  disposer dā€™eux-mĆŖmes, est le pouvoir de ces peuples de se doter des Ć©lus Ć  leur convenance, nos dirigeants nous sont imposĆ©s de lā€™extĆ©rieur. De Grunitzky Ć  Faure GnassingbĆ© en passant par KlĆ©ber Dadjo, EyadĆ©ma GnassingbĆ© et Abass Bonfo, le peuple togolais nā€™a jouĆ© aucun rĆ“le dans leur Ć©rection, maintien ou Ć©viction du pouvoir. Ainsi, les orientations politiques jusquā€™alors nā€™ont jamais Ć©tĆ© le fait du peuple pourtant officiellement souverain. Autrement dit, le Togo jusquā€™Ć  prĆ©sent, nā€™est pas lā€™oeuvre des Togolais.

En 50 ans, 05 Ć©lections prĆ©sidentielles et 06 lĆ©gislatives ont Ć©tĆ© organisĆ©es. Il en est ainsi un peu partout en Afrique. Cependant ces consultations ne sont que des occasions pour le systĆØme vassal en place de pratiquer le dĆ©mocratisme : simulacre dā€™Ć©lections destinĆ© Ć  revĆŖtir le rĆ©gime tyrannique des apparences dā€™une dĆ©mocratie. De plus, ce sont des occasions pour faire couler le sang du peuple du territoire togolais qui demande le respect de son choix. Ce peuple nā€™a jamais donc eu la possibilitĆ© de jouir de son indĆ©pendance. Autant dire quā€™il nā€™est pas indĆ©pendant. Pour preuve, voici une petite rĆ©vĆ©lation : en novembre 2004, si notre mĆ©moire est bonne, nous Ć©tions allĆ©s personnellement en compagnie de lā€™ex-prĆ©sident de la LTDH Ć  une audience Ć  la dĆ©lĆ©gation de lā€™Union EuropĆ©enne pour discuter de la libĆ©ration de Jean-Paul Oumolou, dĆ©tenu Ć  la prison civile de LomĆ© pour avoir provoquĆ© des incidents Ć  lā€™universitĆ© de LomĆ©. Nous Ć©tions reƧus par le chargĆ© du dĆ©veloppement, Antonio Logreco qui aprĆØs nous avoir Ć©coutĆ©s sur la campagne que nous menions pour la libĆ©ration du dĆ©tenu, nous pose cette question : que pensez-vous de Faure GnassingbĆ© ? M. AdotĆ© Ghandi a donnĆ© son point de vue. Quant Ć  nous, Ć©berluĆ© et choquĆ©, nous avions dit :
Ā« si la question Ć©tait de savoir si Faure GnassingbĆ© pouvait diriger le Togo aprĆØs son papa, le problĆØme ne se pose pas puisque nous sommes dans une rĆ©publique avec une Constitution et non en monarchie hĆ©rĆ©ditaire Ā». Le responsable sā€™est levĆ© de son fauteuil et nous a serrĆ© la main en disant :
vous ĆŖtes courageux et vous avez raison ! Quelques mois plus tard, GnassingbĆ©-pĆØre mourut et son fils lui succĆ©da. Cela signifie que bien avant la mort dā€™EyadĆ©ma GnassingbĆ©, son successeur Ć©tait tout dĆ©signĆ© Ć  lā€™insu du peuple africain au Togo. Le reste ne relĆØvera que des formalitĆ©s dā€™usage.

MĆŖme si dā€™autres preuves existent, cette anecdote suffit Ć  elle seule, pour dĆ©montrer que ceux qui nous dirigent sont des Ć©lus des puissances nĆ©ocoloniales (Etats, regroupement dā€™Etats et entreprises transnationales) pour leurs intĆ©rĆŖts. Cā€™est pour cela que faire appel Ć  ces instances pour nous aider Ć  rĆ©gler nos problĆØmes, est une invitation adressĆ©e aux sorciers et aux vampires. Nous ne sommes en rien indĆ©pendants si nous ne pouvons nous-mĆŖmes choisir ni nos gouvernants ni notre modĆØle de sociĆ©tĆ©. La nouveau vol du suffrage dĆ©mocratique opĆ©rĆ© par Faure Gnassingbe et ses alliĆ©s en est la preuve concrĆØte.

Ɖconomiquement, le Togo est trĆØs endettĆ© et continue de sā€™endetter pour le grand bonheur de lā€™Occident, de la Chine et de bien dā€™autres dominations.
Un Etat endettĆ© nā€™est pas libre. Notre pays est au bon vouloir des crĆ©anciers qui, en rĆ©alitĆ©, sont nos dĆ©biteurs pour nous avoir pillĆ©s, volĆ©s, exploitĆ©s, massacrĆ©s, soumis des siĆØcles durant. Le Togo a eu droit aux Programmes dā€™ajustements structurels qui ont complĆØtement ruinĆ© son Ć©conomie avec des impacts sociaux indĆ©lĆ©biles. Aujourdā€™hui, pour satisfaire lā€™Ć©tranger, le territoire du Togo, comme tous les autres proto-Etat africains, suit le libĆ©ralisme fondĆ© sur le Consensus de Washington dont le credo est la suppression des barriĆØres douaniĆØres, la libĆ©ralisation du mouvement des capitaux, lā€™augmentation des taxes et impĆ“ts, la privatisation des secteurs publics de lā€™eau, de lā€™Ć©lectricitĆ©, la rĆ©duction des dĆ©penses de santĆ©, de lā€™Ć©ducation et de tous frais affectĆ©s au bien-ĆŖtre de notre peuple. Ce modĆØle vient de sā€™effondrer dans son berceau originel.
MalgrĆ© les dĆ©gĆ¢ts quā€™il a occasionnĆ©s dans les pays occidentaux qui dĆ©couvrent ainsi ce que les Africains vivent depuis des lustres, les vassaux dā€™Afrique continuent de transposer mĆ©caniquement le modĆØle libĆ©ral en Afrique, dĆ©truisant ipso facto la vision africaine de la vie en communautĆ©.
Lā€™eau et lā€™Ć©lectricitĆ© sont des Ć©lĆ©ments trĆØs importants dans la vie humaine. Or, Ć  ce jour avoir lā€™eau potable et lā€™Ć©lectricitĆ© sont un luxe que ne peut payer quā€™une infime partie du peuple. En plus, nous dĆ©pendons pour une large part de lā€™Ć©lectricitĆ© importĆ©e. Notre industrialisation et notre production sont donc entre les mains de lā€™extĆ©rieur qui peut dĆ©cider de nous priver de lā€™Ć©lectricitĆ© quand il veut surtout que cet extĆ©rieur a ses propres besoins.

Sur tous les plans, nous sommes assistĆ©s. Or cette assistance ou aide est un mĆ©canisme pour nous appauvrir davantage. OĆ¹ est notre indĆ©pendance lorsque pour nous nourrir nous tendons la main vers lā€™extĆ©rieur colonial qui nā€™attend que ce moment ? OĆ¹ est notre indĆ©pendance lorsque pour Ć©quilibrer le Ā« budget national Ā», on se tourne vers les puissances nĆ©ocoloniales ? De plus, on a prĆŖtĆ© pour des projets qui ne sont pas rentables permettant de payer les prĆŖts. Mieux, les dictateurs ont prĆŖtĆ© pour acheter des armes contre notre peuple. Plus grave encore, sā€™est Ć©tabli un systĆØme de dĆ©tournement des prĆŖts au profit des prĆŖteurs et des dirigeants togolais.
Ainsi, se retrouve-t-on avec une dette quā€™il faut sā€™endetter pour payer. La boucle est alors bouclĆ©e. Et la paupĆ©risation se gĆ©nĆ©ralisant, ira en croissant avec pour effet la main continuellement tendue vers lā€™extĆ©rieur.
Dā€™oĆ¹ la contradiction totale avec le message de lā€™indĆ©pendance qui proclamait lā€™ĆØre de Ā« Nous-mĆŖmes Ā» avant tout. Notre situation, demain, sera probablement plus dramatique avec une agriculture de plus en plus hypothĆ©quĆ©e par les alĆ©as pluviomĆ©triques et lā€™Ć©largissement des cultures (cafĆ©, cacao, arachide, banane, coton...) destinĆ©es Ć  nourrir les autres alors que nous-mĆŖmes nous avons faim.

Preuve supplĆ©mentaire que ce qui compte in fine - cā€™est la sauvegarde des intĆ©rĆŖts des pays occidentaux importateurs - le rĆ©seau ferroviaire construit sous les coups de bottes et de chicotes est complĆØtement enfoui dans le sol au moment oĆ¹ nous franchissons le cinquantenaire. Les rails sont coupĆ©s et utilisĆ©s ou vendus par des individus affamĆ©s et ignorant lā€™histoire du chemin de fer au Togo. RĆ©server un pareil sort au Ā« rĆ©seau ferroviaire Ā», cā€™est insulter la mĆ©moire de nos pĆØres et mĆØres qui sous le rĆ©gime du travail forcĆ© allemand, en ont bavĆ© pour le construire. Que le fruit de leur sang versĆ© ne puisse pas servir Ć  transporter leurs descendants que nous sommes, est lā€™injure la plus grave que le rĆ©gime togolais et ses alliĆ©s aient pu leur adresser. Ce nā€™est pour rien dā€™ailleurs que les seules lignes qui sont encore en service, sont celles qui mĆØnent aux mines de phosphate et de calcaire. Est-ce donc ĆŖtre indĆ©pendant que de passer tout son temps Ć  servir les autres gratuitement ? Si ce nā€™est pas de lā€™esclavage, alors cela y ressemble fort !

Socialement aussi, nous sommes en crise. Nous nā€™avons plus dā€™identitĆ© et le mimĆ©tisme a Ć©lu domicile dans la sociĆ©tĆ© togolaise Ć  lā€™instar des autres pays africains. Notre sociĆ©tĆ© est beaucoup plus corrompue que celui dā€™avant le dĆ©luge. Et nous avons mis les valeurs africaines au placard.
MalgrĆ© Ā« lā€™indĆ©pendance Ā», nous nā€™arrĆŖtons pas suivre les modĆØles Ć©trangers. Lā€™administration est Ā« tuberculosĆ©e Ā» par la corruption. Des vieux devenus des jeunes Ā« yĆ©yĆ© Ā», sont restĆ©s silencieux sur les dĆ©rives culturelles auxquelles ils participent parfois eux-mĆŖmes. Ils sont prĆŖts Ć  brader leur dignitĆ© et le patrimoine ancestral contre du tabac, de la cola, un kilo de riz et une calebasse de ToucoutouĀ² ou un verre de sodabi[2]. Les quelques personnes Ć¢gĆ©es restĆ©es attachĆ©es aux valeurs traditionnelles sont complĆØtement ignorĆ©es et ringardisĆ©es. Les chefs coutumiers, gardiens de nos valeurs ont trahi leur rĆ“le et leur mission historique en sā€™aliĆ©nant publiquement au parti au pouvoir. Quant aux chefs religieux, leurs actes nā€™ont rien Ć  avoir avec les prescriptions. Ainsi, conduisent-ils leurs adeptes Ć  la perdition. Les jeunes quant Ć  eux, sont devenus de vieux cyniques et idiots qui ne veulent pas entendre parler des valeurs ancestrales et endogĆØnes. Ils aiment la dĆ©brouillardise et se battent pour leur bourreau. Les hommes politiques eux, ne pensent quā€™Ć  la Ā« communautĆ© internationale Ā» qui pourtant nā€™a jamais existĆ©. Ils sont devenus des acteurs au sens thĆ©Ć¢tral du terme, ne pouvant faire la moindre action sans se rĆ©fĆ©rer Ć  leurs metteurs en scĆØne nichĆ©s Ć  des milliers de kilomĆØtres. Cā€™est alors quā€™ils peuvent commettre des actes et signer des accords bidons, truffĆ©s dā€™imprĆ©cisions, pĆ©nalisant et hypothĆ©quant ainsi lā€™avenir du peuple parce que la Ā« communautĆ© internationale Ā» le leur a demandĆ©.

Les femmes, quant Ć  elles, courent derriĆØre lā€™argent pour avoir des pagnes et des produits dĆ©capants et de maquillage. Les enseignants de leur cĆ“tĆ©, sont dĆ©goĆ»tĆ©s de leur profession compte tenu de leurs conditions de travail.
Lā€™Ć©ducation est complĆØtement extravertie et ne porte aucune finalitĆ©.
Cā€™est le dĆ©mantĆØlement complet de la sociĆ©tĆ©. Personne ne veut sā€™occuper de son voisin. Lā€™individualisme est en train de prendre dangereusement le pas sur la solidaritĆ©. En copiant les autres, nous nous privons de nos capacitĆ©s crĆ©atrices les plus importantes. Et cela plaĆ®t aux pouvoirs publics qui manipulent le dĆ©sordre et en tirent profit. A cette allure, il nā€™y a guĆØre de doute que les portes de lā€™enfer sā€™ouvriront davantage devant nous dans la dĆ©cennie Ć  venir : les morts dā€™aujourdā€™hui seront bien plus heureux que les vivants de demain !

Pour jouir de la libertĆ©, il faut ĆŖtre soi-mĆŖme libre. Or il est clair que nous ne sommes pas libres parce que nous ne nous sommes pas encore libĆ©rĆ©s.
Parce que la libĆ©ration prĆ©cĆØde la libertĆ©, nous devons analyser froidement notre situation et mettre les moyens en œuvre autour dā€™une plate-forme rĆ©aliste pour nous libĆ©rer. Cette libĆ©ration ne peut se faire que dans un cadre continental oĆ¹ la jeunesse doit jouer un rĆ“le central avec lā€™idĆ©e que mieux vaut pour chaque Etat ĆŖtre une partie dans un tout qui marche que de se satisfaire dā€™un souverainisme vaniteux dans une Afrique soumise et humiliĆ©e.
La renaissance a commencĆ© en CĆ“te dā€™Ivoire oĆ¹ les jeunes patriotes ont triomphĆ©, ne serait-ce que momentanĆ©ment des forces nĆ©ocoloniales. Le temps est arrivĆ© pour nous de nous lever pour briser les chaĆ®nes des indĆ©pendances irrĆ©elles. Les dirigeants actuels au pouvoir en Afrique, cela signifie que nous ne sommes pas encore indĆ©pendants. Toute leur philosophie est de faire de nos pays dā€™Ć©ternels PPTE3 et PMA4 pour avoir de lā€™argent de lā€™extĆ©rieur pour leurs propres besoins en bradant le patrimoine africain en Ć©change. Ces vassaux aussi longtemps quā€™ils dĆ©tiendront le pouvoir poursuivront en toute quiĆ©tude, lā€™entreprise coloniale de dĆ©molition de la sociĆ©tĆ© africaine. Le maintien du Franc CFA, des bases militaires franƧaises et amĆ©ricaines et leurs coopĆ©rants sont aussi des preuves que notre indĆ©pendance est un mensonge et une illusion. Si nous Ć©tions rĆ©ellement indĆ©pendants, Sarkozy ne pouvait pas, en 2007, dĆ©clarer en terre africaine et sur la tombe des Ā« tirailleurs sĆ©nĆ©galais Ā» que la colonisation a fait du bien Ć  notre peuple et que Ā« lā€™homme africain nā€™est pas assez entrĆ© dans lā€™histoire Ā». Cā€™est parce que ce fou du pouvoir est conscient du pouvoir de la France dans les soi-disant Etats africains quā€™il peut se permettre du haut de ses 165 centimĆØtres -talonnettes comprises- de nous dire que nous Africains nā€™avons pas la notion du temps en dehors des saisons. Et aprĆØs avoir insultĆ© lā€™Afrique, voici que le nano-prĆ©sident invite les satrapes africains Ć  fouler le sol franƧais pour cĆ©lĆ©brer ce quā€™ils appellent le jubilĆ© dā€™or des indĆ©pendances. Cā€™est une seconde injure faite Ć  notre peuple.

En dĆ©finitive, ces manifestations ne peuvent quā€™ĆŖtre la cĆ©lĆ©bration de lā€™indĆ©pendance de drapeau, de timbre voire dā€™hymne national et de devise.
Elles ne sont que des gesticulations confinant Ć  une rĆ©sonance historique et sentimentale. Pas plus ! La vraie indĆ©pendance est devant nous et aprĆØs dā€™Ć¢pres luttes qui Ć  terme devront consacrer notre droit Ć  lā€™autodĆ©termination avec les richesses africaines au service de notre peuple.
Nous deviendrons indĆ©pendants lorsque nous serons respectĆ©s dans notre dignitĆ© oĆ¹ que notre peuple aille. Nous deviendrons indĆ©pendants quand notre peuple aura acquis le droit dā€™Ć©lire ses dirigeants et de choisir en toute libertĆ© le modĆØle de sociĆ©tĆ© et dā€™Ć©conomie qui lui conviennent. Cela veut dire que nous devons revenir Ć  la bifurcation oĆ¹ la colonisation nous a fait dĆ©vier de nos valeurs africaines intrinsĆØques pour reprendre notre processus de dĆ©veloppement fondĆ© indissociablement sur la libertĆ© individuelle et la solidaritĆ© qui caractĆ©risent notre sociĆ©tĆ©. Nous devons donc revenir Ć  nos racines, Ć  notre histoire en nous Ć©cartant de la version Ć©crite et institutionnalisĆ©e par les Occidentaux et Ā«les progressistes africainsĀ». Nous devons planifier ce qui doit ĆŖtre fait sur le court, moyen et long termes.

Le cinquantenaire qui est cĆ©lĆ©brĆ© aujourdā€™hui est le cinquantenaire de tous les mensonges. Certes, il faut reconnaĆ®tre Ć  nos prĆ©dĆ©cesseurs leur courage et leur abnĆ©gation pour les combats quā€™ils ont livrĆ© contre la colonisation. Il faut les cĆ©lĆ©brer bien sĆ»r : les Olympio, Lumumba, Ouezzin Coulibaly, Nkrumah, Sekou TourĆ©, Modibo Keita, Steve Biko, Felix MoumiĆ©, Anta Diop, Thomas Sankara, Tavio Amorin... Ils doivent mĆŖme nous inspirer dans nos initiatives. Cependant, leur combat nā€™a pas abouti, il nā€™est pas achevĆ©.

Ils nous ont passĆ© le flambeau. A nous de nous montrer dignes de marcher dans leur sillage pour que leur mort ne soit pas vaine et ainsi rompre avec les indĆ©pendances fictives. Il ne faut surtout pas que ces cĆ©lĆ©brations occultent le chemin qui nous reste Ć  faire. Sinon aprĆØs avoir bu, mangĆ© et dansĆ©, le retour Ć  la rĆ©alitĆ© sera synonyme dā€™immenses dĆ©sillusions.

NB : Ce texte est une mise Ć  jour du papier intitulĆ© 1958 - 2008 : 50 ans de mensonges et dā€™illusions publiĆ© en 2008.

[1] Politique initiĆ©e par le Rassemblement du peuple Togolais dā€™Eyadema GnassingbĆ© aprĆØs lā€™assassinat de Sylvanus Olympio.

[2] Boissons locales respectivement Ć  base de mil et de vin de palme.

3 Pays Pauvres TrĆØs endettĆ©s

4 Pays Moins AvancƩs



Web. http://lajuda.blogspot.com

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