Rachid Ziani-Cherif | |
En lisant l’histoire de cet agent du DRS, ‘K.M.’, qui a « travaillé » à l'USTHB, à Bouraoui, à l’ENS et ailleurs, sous le titre « L'histoire de l'agent K.M. : Dans l'abattoir des services de renseignements algériens: démons humains et crédibilité internationale » (1) (قصة العميل ك.م: في مسلخ المخابرات الجزائرية: الشياطين البشرية والمصداقية الدولية), je me suis demandé comment se fait-il que pareil témoignage aussi poignant, soit aussi platement sous-diffusé, voire ignoré ? Je ne parle des parties qui ont tout intérêt à ce que pareils témoignages soient décrédibilisés, et enfouis dans une indifférence totale, du type non événement, ou bien quand cela n’est pas possible, les diluer dans un magma de désinformation à faire rougir Orwell en personne, en empruntant comme à l’accoutumée le mode opératoire standard, à savoir : évitement, superficialité, indignation, rumeur, confusion, pour ne citer que ces quelques règles. Dans ce cas là, je parle plutôt de tous ceux qui mènent le combat contre l’arbitraire de cette cabale et de ce pouvoir totalitaire, et qui savent que « l’Etat = DRS », et ne sont pas ignorants de la manière dont opère cette gangrène qui constitue le pouvoir effectif, à tout niveau, ceux qui savent qu’une fois cette excroissance envahissante et paralysante extirpée, le pays pourra alors souffler et se libérer pour gérer sa propre destinée. Ce témoignage n’est pas tant important de par les vérités qu’il contient, qui sont quasi connues de tout un chacun. Evidement, cela impose un travail de recherche sur la personne qui témoigne, et le degré de sa crédibilité. Il important surtout de par la masse de données : noms, adresses, dates, événements facilement reconnaissables, et principalement le mode opératoire de ce dispositif, ce qui donne de la teneur au témoignage, et qui ne diffère pas, qu’ils s’agisse d’agents tels ceux cités par cette personne, ou bien ceux de la haute hiérarchie, les Mediène et consorts, que dans la mesure de l’importance, d’une part des cibles visées, et d’autre part du niveau auquel appartient celui qui mène le bal au sein de cette cabale. Une attention particulière à ce témoignage pourrait constituer un véritable dossier à exploiter tous azimuts : media (chercher par exemple les supports potentiels qui peuvent diffuser ces témoignages), saisine de la justice internationale dans le cadre de crimes imprescriptibles de torture, crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, etc. A cet effet, je pense qu’il serait judicieux de : 1― Ne pas refaire la même bêtise, à savoir sous-estimer de pareils témoignages, comme ce fut le cas de la « sale guerre » et des « moines trappistes », qui malgré la pertinence et le « smoking gun » incriminant cette cabale, sont passés relativement inaperçus, car sous-exploités. Je ne parle pas des efforts titanesques déployés par les parties concernées, visant à les discréditer, que ce soit à l’intérieur du pays, parce que parties prenantes de ce système et toute atteinte à ce système leur porte atteinte à eux également. Peut-on d’ailleurs oublier que ce ne sont rien d’autres que des appendices de ce DRS, nommés et dégommés par lui, comme le montre bien ce témoignage ? Je ne parle pas non plus des parties qui bénéficient de ce système, acceptant de jouer le rôle qui leur est attribué : partis politiques, presse dite fallacieusement indépendante, organisations, associations, etc. Ceci explique d’ailleurs d’une manière criarde cette levée de bouclier à l’unisson, de salves de condamnations « plus royalistes que le roi » à chaque fois que la thèse du « qui tue qui ? » refait surface, et la criminalisation de toute initiative politique globale, indépendante des officines lugubres du même DRS. Enfin, je ne parle pas de certains gouvernements étrangers (France, USA, principalement) qui par intérêts malsains et cupidité, profitent de l’état de fait et de la nature de ce système, plus prompt à exhausser leurs vœux et intérêts, du fait que sa légitimité dépend de leur « silence », et bien plus d’ailleurs. Le dernier documentaire de Canal+, sur les moines trappistes, et surtout la déclaration du député Marceaux à cet effet, qui pointe l’index incriminant le gouvernement français d’alors, qui sous couvert de raison d’Etat, évite de trop bousculer les responsables du DRS, et de trop pousser les investigations sur les responsabilités réelles dans, aussi bien l’assassinat des moines, que dans l’affaire de l’Airbus Alger-Marseille et des attentats du Métro de Paris. En parlant de défaillance de communication, je parle plutôt de la nôtre, qui devrait consister à mettre tout en œuvre pour suivre une contre-stratégie, et mettre en échec la stratégie de désinformation et d’intox du DRS, et ne pas aller à la facilité, celle de hausser l’épaule se disant que cet énième témoignage sera sans lendemain, ou bien pire encore « en douter » par peur d’un genre de « bleuïte ». Un minimum d’investigation s’impose assurément. 2― Ce n’est jamais trop d’en parler et de dévoiler la sale besogne et décortiquer le mode opératoire de cette gangrène pluri-tentaculaire, et mettre le parallèle entre elle et ses consœurs : Stasi, Securitate, gestapo et autres excroissances morbides qui paralysent les sociétés, en montrant que partout où elles sévissent, c’est la mort et la désolation qui s’installent, avec leurs lots de terreur, d’arbitraire et de disparitions. Ceci est utile pour contrecarrer ceux qui, dans l’exercice de la mission qui leur est assignée, vous les connaissez bien, tentent de ridiculiser ce qu’ils appellent « la thèse du complot », en fustigeant toute personne qui ose pointer l’index accusateur à cette cabale. On garde en mémoire comment ces derniers se sont levés comme un seul homme pour « faire la peau » aux signataires du Contrat de Rome, ainsi que ceux qui incriminaient le DRS dans l’affaire des moines trappistes malgré les révélations successives, et ceux qui parlaient de l’infiltration, voire la fabrication des principaux GIA. En fait ces « nommés » par le DRS, ne trompent personne. Ils ne font que défendre leur peau, lorsqu’ils nous ressassent que l’Algérie, pays des institutions, ne pourrait être gérée par le DRS, qui selon eux ne fait rien de plus que s’acquitter de sa responsabilité conformément à ses prérogatives légitimes. Partant de là, on comprend aisément pourquoi le DRS ne se sent même pas obligé de se défendre face à tous ceux qui l’incriminent dans les différents crimes qui lui sont imputés, tant il trouve ceux qui, nommé par lui, le font à sa place, notamment la presse « indépendante ». 3― Ce n’est pas par hasard, que partout où un mouvement de changement s’opère, c’est en étêtant cette abomination que les peuples qui se soulèvent arrivent à se libérer. C’est la bête immonde à abattre, par les moyens qu’il serait impossible à cette cabale dimploser, loin de toute violence (son alibi-sérum). Où sont passés ces Stasi, Savak et autres Securitate, et comment se sont dévoilées leurs têtes, de lâches, ces pontes qui ont révélé au moment crucial, leur vrai visage poltron et pitoyable, après avoir prétendu faire la pluie et le beau temps. 4― Ce témoignage fort et qui devrait être mis en valeur, par différents supports médiatiques, de par sa richesse en « indices », contribuera sans doute à encourager son auteur et sûrement d’autres qui vont lui emboîter le pas, pour peu qu’il reçoit l’écho qu’il mérite, en détruisant la barrière de la peur, qu’essaie de pérenniser cette bête immonde. Je ne doute pas un seul instant qu’il y a des gens encore propres qui vivent ce drame dans leur âme et qui doivent vivre l’enfer, impuissants devant ces crimes, pour ne pas se dévoiler, et qui attendent l’occasion de s’acquitter de la lourde tache qui leur incombe, pour contribuer à mettre cette oligarchie hors d’état de nuire et permettre au peuple agonisant de retrouver sa vie. Nous nous devons, chacun à sa manière, de leur préparer le terrain, pour qu’ils puissent assumer leur responsabilité, surtout que s’ils se sont, pour la plupart, initialement enrôlés dans le but de sauver leur patrie, maintenant qu’ils ont l’expérience du terrain et qu’ils savent que c’est le contraire qu’ils sont obligés d’exécuter, ils doivent sentir le devoir de se racheter, et il n’ont plus d’alibi, car c’est en leur nom, et parfois de leur propres « sales » mains, que des milliers de personnes sont tuées, disparues, humiliées, dépossédées. J’ai relevé dans le récit du témoin quelques « ingrédients » du mode opératoire, utilisé par le DRS, et qui, en passant d’un agent à un degré supérieur, ne devait changer qu’en amplitude, tout en signalant que ces ingrédients sont connus de nous tous, mais comme je l’ai déjà mentionné, il puisent leur importance dans la somme de « données » qui devraient être vérifiables, en plus du fait que leur auteur affirme être en possession de documents étayant et prouvant ses dires : ― Les nominations (directeurs d’instituts, d’hôpitaux, de sociétés, etc.) se font non sur la base de la compétence, mais sur la base de l’aliénation et de la servitude au système qui les nomme et dégomme ; ― Constitution d’un dossier (points névralgiques) sur la cible, avant de la recruter (nommé à un poste de responsabilité), puis le mouiller de différentes manières de telle sorte qu’il ne puisse plus faire marche arrière, sous la menace. C’est le cas des nombreux journalistes, recteurs d’université, etc. qu’il nomme ; ― Les liaisons par le biais de mariages arrangés, comme moyens d’espionnage ; ― L’utilisation des universités comme endroits privilégiés pour « contrôler » faits et gestes des étudiants et des enseignants (Bab Ezzouar, Ben Aknoun, etc.) ; ― Les kidnappings qui existaient même avant les événements d’après le putsch de janvier 1992 (fille de l’ambassadeur Roumain) ; ― Obliger les agents (journalistes, enseignants, etc.) à continuer leur « mission » sans possibilité de retraite, sous la menace, allant jusqu’à l’élimination pure et simple ; ― Le commerce des diplômes et des attestations de succès, délivrés vierge et signés ; ― Filature de la personne ciblée, kidnapping, puis constitution de preuves fabriquées (Saïd Moulay, professeur de mathématiques à Bab Ezzouar, accusation dans l’assassinat de Jbaili) ; ― Elimination de toute personne gênante au nom de l’intérêt national, puis en accuser les opposants (Belkaïd, Liabès, Hadidi) ; ― Infiltration et confection des moudjahiddines pacotilles (Smaïn Lamari ne s’est-il pas vanté d’avoir « créé Zitouni » ? ; ― Utilisation de l’arme sexuelle ; ― Extorsion de sommes d’argents, sous le chantage et d’accusation d’appartenance aux groupes terroristes ; ― Faux barrages pour soutirer l’argent et les femmes à bord, puis incriminer les terroristes ; ― Commerce des armes (fils de généraux, entre autres) ; ― Kidnapping d’étrangers et rançons, tout en accusant les terroristes ; ― Scandales des sujets du baccalauréat au lycée Bouaamma (ex Descartes, Alger) ; avec l’implication des fils de Ouyahia et Attaf, dans la divulgation des sujets, avec témoignage de la directrice du lycée ; ― Abus de pouvoir dans la distribution de bien de l’Etat : appartements, terrains en centaines d’hectares (Griffou et ses sœurs, bénéficiaires à Alger et Timimoun) ; ― Assassinats à l’étranger (celle de Cheikh Sahraoui et la tentative contre l’un des fils de Abassi, entre autres). Ces quelques exemples, secrets de polichinelle me dira-t-on, sont importants car ils sont inventoriés avec preuves et témoin potentiel. Je pense que nous devrions orienter une partie de nos efforts dans notre lutte, à intensifier la guerre médiatique contre l’ennemi de l’Algérie, le DRS. Le reste tombera de lui-même. Rachid Ziani-Cherif 8 mai 2010 (1) http://www.algeriachannel.net/?p=2349 http://www.hoggar.org/index.php?option=com_content&task=view&id=1038&Itemid=64 |
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