“La France était derrière tous les coups d’Etat réussis en Mauritanie”
Entouré de certains leaders de la Coordination de l'Opposition Démocratique (COD), dont entre autres, Ladji Traoré (APP), Bâ Baboucar Mousa (UFP), Bâ Mamadou Alassane (PLEJ), Yahya Ould Ahmed Waghef (PNDD-ADIL), Abdoul Kouddous Ould Abeidna (UNAD), Mohamed Mahmoud Ould Lematt (RFD), M. Boidiel Ould Houmeid, a présidé, lundi dernier, à l'ancienne Maison des Jeunes, une conférence -débat, sous le thème: "Aperçu sur les relations Mauritanie-France de 1960 à nos jours". Une conférence -débat, qui a été modérée par l'ancien ministre, M. Isselmou Ould Abdel Kader en présence des militants et des sympathisants de la COD ainsi que les personnalités de la société civile, des journalistes de la presse nationale et internationale.
"Mauritanie-France, les relations sont délicates et passionnantes". Ouvrant le bal des interventions, le président en exercice de la COD, Boidiel Ould Houmeid, par ailleurs, president d'El Wiam, plantera tout d'abord le décor des relations mauritano-françaises: "La présente conférence traitera des relations la France et la Mauritanie au fil de l'histoire. En fait, parler de ces relations est une question, à la fois, delicate et passionnante: délicate, parce qu'il s'agit encore de l'histoire récente; passionnante, parce qu'elle renvoie à l'histoire d'un peuple. La Mauritanie est devenue un territoire civil en 1920, au bout d'une conquête coloniale qui a duré vingt ans. Comme tous les territoires conquis par la France, la Mauritanie a connu la colonisation, mais une colonisation moins contraignante, moins immediate que les autres, pour des raisons liées au mode de vie des Mauritaniens (en majorité des nomades), mais aussi à la nature du territoire, constitué pour les 2/3 par le désert et donc assez hostile, au fait de la rareté de l'eau et de la mobilité de ses habitants". Et Ould Houmeid de dire: "A l'indépendance octroyée, comme à toutes les colonies à l'époque, la Mauritanie est dotée d'une constitution de type parlementaire, puis présidentiel, jusqu'en 1978, date à laquelle le pays est entrée dans une succession de coups d'Etat militaires où les pouvoirs étaient concentres entre les mains d'un seul homme par l'intermédiaire d'un comité militaire. Ensuite est venue la constitution du 20 août 1991 qui instaura le multipartisme et un regime de type 5ème République française consacrant la separation des pouvoirs. Mais, même après l'indépendance, la France s'est toujours trouvée mêlée, de près ou de loin, aux événements en Mauritanie, y compris dans les changements récents qui ont conduit à la situation politique que nous vivons aujourd'-hui".
Le président en exercice de la COD, M. Boidiel Ould Houmeid, ne manquera , dans ce mot d'ouverture des débats de déclarer "que la Coordination de l'Opposition inaugure une nouvelle approche de discussions en direction des cadres des parties politiques affiliés à l'opposition en particulier et en direction de la classe politique mauritanienne, en général". Passée cette introduction, le président Boidiel cédera sa placpour aller en plus en profondeur dans lesdites relations Mauritanie-France de 1960 à nos jours.
"Le Coup d'Etat de 1978, contre Ould Daddah, a sauvé la Mauritanie" Ould Abdel Kader a commence sa "conférence" en répartissant le parcours de la Mauritanie indépendante en quatre étapes: "Nous avons retenu, dans l'histoire politique de la Mauritanie, quatre étapes: de 1960 à 1978 (1978, "la date du coup d'Etat contre le président Moktar Ould Daddah"); de 1978 à 1982 (1982, qualifiée de "la période de la contradiction identitaire en Mauritanie"); de 1982 à 1990 (1990, "le moment du favoritisme des classes sociales"); de 1990 à 2010 (depuis 2010, dira-t-il, c'est "la protection de la mafia politico-financière par le pouvoir").
Continuant sur sa lancée, M. Isselmou Ould Abdel Kader a égrené quelques détails spécifiques de l'histoire de politique de la Mauritanie: "Au mois de juillet 1978, le coup d'Etat, contre le président Moktar Ould Daddah a sauvé, en quelque sorte, la Mauritanie. Quant au coup d'Etat de 1984, contre le président Mohamed Khouna Ould Haidalla, il faut reconnaître au conférencier Isselmou Ould Abdel Kader qu'il y avait beaucoup d'exilés, plusieurs condamnations politiques, surtout une tentative d'islamisation du pouvoir avec la main des voleurs coupée, les femmes lapidées". Et de préciser:"La France était derrière tous les coups d'Etat militaires réussis en Mauritanie Tous ces gens, qui nous ont dirigés, ont été aides et soutenus par la France . Mais, ils ont toujours fini par se rebeller contre elle. S'il y a un peu de dignité chez Mohamed Ould Abdel Aziz, il finira, lui aussi, par se rebeller contre ses alliés français d'aujourd'hui.
Je crois d'ailleurs qu'il a commencé à travers ses longues accolades avec les présidents, Hugo Chavez, Mahmoud Ahmadinejad et d'autres…" "Sidi n'était ni fondamentaliste, ni extrémiste, mais un patriote" Abordant le putsch du 6 août 2008, il a indiqué: "Tout le monde sait comment le coup de force du 6 août 2008 a été orchestré contre le president Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Ce dernier a été vendu comme un musulman fondamentaliste, extrémiste, mais, tout le monde sait qu'il n'en est rien. Parce qu'il n'était ni un musulman fondamentaliste, ni un musulman extrémiste. Certes, il avait fait construire une mosque à la présidence pour permettre aux hommes de Mohamed Ould Abdel Aziz de prier. Pour prouver cette allegation mensongère, les hommes les quatre touristes français à 9 km de la ville natale du président.
Puis, il y a eu la rebellion des parlementaires pour donner un vernis constitutionnel au putsch des Généraux limogés du 06 août 2008. Tout le monde sait également ce que la France a fait pour soutenir Mohamed Ould Abdel Aziz et légaliser son coup d'Etat par une élection démocratique.
D'ailleurs, depuis, la France est très présente en Mauritanie et notamment à Atar où ses soldats s'en donnent à coeur de joie." Il faut signaler que cette conférence-débat qui coincide avec la visite du president Mohamed Ould Abdel Aziz en France pour participer aux célébrations du 14 Juillet à l'instar des chefs d'Etat des anciennes colonies françaises en Afrique, a connu la presence de nombre de personnalités politiques et de la société civile qui ont saisi l'occasion pour faire un témoignage sur les relations mauritano-françaises.
CAMARA MAMADY
http://www.ani.mr/sys_journal/ImgJournal_14_07_2010_19_30_05.pdf
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