AQMI et les otages du Niger : la manipulation est évidente, mais elle est double | ||||
Les deux portes paroles 'd'AQMI', le mossadnik Sarkozy et son maitre Netanyahu, connu pour etre un des cerveaux demasqué du 11 septembre 2001 (LE GIA, GICM, GSPC(a partir de 1996), AQMI C'EST LA FRANCE-ISRAEL et les reseaux 'juifs algeriens, marocains, tunisiens, pieds noirs' de la DST/DCRI au Maghreb, et ses filiales makhzen, DRS, police secrete tunisienne)
Par Morice,
J’ai déjà assez dit ici et ailleurs que le site intitulé SITE ; créé par une iranienne d’origine et Steven Emerson (*), comme celui du MEMRI par un ancien du Mossad (Yigal Carmon), et Intel Center (installé à Washington) tout dévolu à la CIA, manipulent l’information au sujet du terrorisme islamiste. La démonstration n’est plus à faire, à avoir mis en ligne les délires d’un Jack Idema (voir ici et là), d’un Adam Gadahn ou d’un échappé de prison afghane contrôlée par des milliers de soldats américains, Abu Yahya al-Libi. Aujourd’hui, qu’annonce donc ce site ? Tout simplement que l’un des otages français détenus par l’AQMI a été abattu par l’armée française, alors que le second a bien été froidement assassiné par le groupe islamiste. Sans même présumer de ce qui a bien pu se passer réellement, je ne peux que constater à ce sujet que le timing de l’opération de communication va dans le sens d’une propagande : le jour même et le lendemain encore, le pseudo groupe terroriste n’avait strictement rien revendiqué. Ce n’est qu’après la parution d’articles de presse mettant en cause la version officielle délivrée par les français qu’un message audio apparaît, du type de ceux parmi les plus faciles à falsifier, du genre de ceux que transmet aussi depuis 8 ans maintenant le mort-vivant leader d’Al-Qaida. Ce message étant à la fois une revendication et une accusation. Cela ne tient pas debout.
Pour résumé, en effet, avec un ordinateur, un micro, Internet et dix minutes de clavier, un communiqué comme ça tout le monde peut en pondre un. SITE, encore une fois, manipule l'information dans le sens qui l'intéresse. SITE, émanation de services secrets US et Israéliens délivre une version bâtie de toutes pièces pour appuyer l'idée d'une guerre au terrorisme qui serait à tout prix à faire, et des français présents qui devraient être chassés du Niger. C'est une énième revendication bidon. Et cette fois, c'est encore plus flagrant : le communiqué des soi-disants terroristes est calqué mot à mot sur celui des armées françaises et nigériennes, qui se disputent sur l'interprétation à donner de l'assaut donné. Du pain béni pour l'AQMI, qui n'en attendait pas tant : SITE a fondu aussitôt sur les écarts entre les deux versions données pour attiser le feu, et provoquer une fois encore des réactions haineuses des deux côtés.
"Al-Qaïda au Maghreb islamique a affirmé qu'un des deux otages français avait été tué au Mali par les frappes aériennes françaises et que l'autre avait été exécuté par Aqmi, selon un communiqué rapporté samedi 15 janvier par le service américain de surveillance des sites islamistes SITE" nous assène la presse, à la veille de l''enterrement des deux malheureux jeunes otages, si concernés par l'aide humanitaire, comme l'ont dit leurs amis restés d'une dignité exemplaire que tout le monde se doit de saluer. De vrais amis, qui avaient l'habitude de se rendre dans un de des estaminets de la Flandre (belge). Depuis, le patron de l'établissement est effondré : c'est une partie d'une belle jeunesse pleine de vie et responsable qui a été atteinte : "Si tous les jeunes étaient comme eux, il y aurait moins de problèmes. Jamais un mot de travers, pas une embrouille. Des fois, après quelques bières, il y avait bien un petit chant mais vraiment, c'étaient des jeunes agréables... "
Il est donc évident que cette revendication tardive est un montage éhonté : comme à son habitude, le site de Rita Katz s'efforce de suivre les événements plutôt que de les devancer, et propose une version qui va exactement dans le sens de ce que souhaitent les Etats-Unis (et Israël, qui vend des armes également aux pays concernés) : à savoir d'une part continuer la fameuse "guerre au terrorisme" puisqu'un des deux otages à été assassiné par un terroriste, paraît-il, et en même temps se débarrasser de l'encombrante présence française dans la région, puisque selon SITE, ce sont les français qui sont coupables de la mort du second otage. Ce n'est donc pas AQMI qui parle, mais SITE, et donc des services secrets qui manipulent l'opinion en flattant ses plus bas instincts. Et si AQMI laisse faire et en démentit pas, c'est bien parce que l'AQMI est une création de toutes pièces de services secrets algériens et américains, qui ont tout intérêt à laisser planer un tel doute sur le sort des otages français. Diaboliser les islamistes était courant chez lui, diaboliser les français beaucoup moins. Mais l'enjeu militaire au Sahara est là, comme je viens de vous le dire dans les épisodes précédents sur les neocons en Afrique.
Cette histoire d'islamistes servant à absoudre toutes les exactions, on en a eu une belle preuve ces derniers heures. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de regarder la télévision depuis, mais à plusieurs reprises, dans les débats sur la Tunisie, le même thème est revenu. Celui d'un Ben Ali béni des européens et des américains pour avoir dans son pays contrôlé d'une main de fer la poussée islamiste, a-t-on affirmé. Or, qu'a-t-on vu comme scènes lors des émeutes ? Des "barbus" se faire littéralement jeter des manifestations au cri de "récupération". Les tunisiens, comme d'autres pays n'apprécient pas plus les extrêmistes islamistes que cela. Au contraire même ! Résultat, on nous berné pendant 23 ans sur le manque de poussée islamiste dans le pays : Ben Ali n'y était pas pour grand chose : mettant toute l'opposition en prison, de toute façon, islamiste ou pas... ils se retrouvaient "au trou" l'un et l'autre.
On a même assisté à un moment surréaliste, avec l'aveu assez candide d'un ambassadeur démissionnaire venu expliquer la version des faits donnée par son leader. Selon lui, en effet , les émeutes étaient le fait des islamistes, le repoussoir habituel : "On m'a donné de fausses informations. On m'a menti, à moi mais aussi à mon collègue ambassadeur de Tunisie en France [Raouf Najar, ndlr]. J'ai parlé au président Ben Ali le 10 janvier. Je lui ai expliqué ce qui se disait ici dans les médias. Il m'a répondu que ce qui se passait était un complot des islamistes qui se cachaient derrière les manifestants. J'y ai cru, jusqu'à ce que des amis m'ouvrent les yeux et me racontent la réalité de ce qui se passe en Tunisie". Ben Ali se la jouant Richard Nixon au soir de sa démission, fulminant contre les "gauchistes, les communistes, les pacifistes" (en y ajoutant même en langage fleuri nixonien les homosexuels et les juifs, nixon ne cachant que difficilement son antisémitisme !).
Ben Ali repoussant les islamistes, tel St Michel le Dragon, il n'y a que le Figaro pour oser le présenter ainsi aujourd'hui encore sous la plume de l'ineffable Yves Thréard, le rédacteur en chef ("zélé") du journal, celui qui raconte aussi que son patron Serge Dassault "n'a aucun contrat avec l'armée française"... (et d'autres phrases étranges encore ...) dans un texte paru le 14 janvier, voici ce qu'il affirme en effet : "Les fous d’Allah séviront et sévissent toujours en Algérie. En Tunisie, leur chef s’appelle Rached Ghannouchi (sans lien de parenté avec le président par intérim depuis vendredi). Il menace, mais le pays ne sombrera jamais. Ben Ali veille, frappe, élimine. Et tout le monde lui en est reconnaissant. La grande majorité des Tunisiens, élevés aux valeurs enseignées par Bourguiba. Et les Occidentaux qui voient en lui un rempart bien utile face à l’intégrisme. C’est ainsi que Ben Ali se maintient, gagne ses « lettres de noblesse ». Les critiques restent feutrées, tempérées, lointaines". Or que trouve-t-on ailleurs, sur Wikipedia sur le cas de Rached Ghannouchi ? Tout le contraire ! Le leader a été poursuivi par Bourguiba, mais libéré par Ben Ali ! "Condamné à onze ans de prison (trois ans purgés) en 1981, il est à nouveau condamné aux travaux forcés à perpétuité le 27 septembre 1987. Néanmoins, cette condamnation n'est pas considérée comme suffisante par le président Bourguiba qui ordonne un nouveau procès destiné à obtenir la peine de mort. Il n'a pas lieu en raison de la destitution de Bourguiba et Ghannouchi est gracié par le nouveau président Zine el-Abidine Ben Ali le 14 mai 1988. En remerciement, il lui exprime sa confiance dans une interview publiée le 17 juillet par le journal Assabah"... drôle de façon de "veiller", "frapper", et "éliminer", non ? Ghannouchi, exilé à Londres depuis 1990 a déjà averti qu'il souhaiterait faire partie d'un nouveau gouvernement tunisien... hélas. Si le pays pouvait s'en passer... (et si on pouvait nous se passer de Thréard...).
En tout cas, en Tunisie, l'islamisme virulent n'a en réalité jamais pris. En Algérie voisine il s'est répandu et a essaimé jusqu'au Sahara, on le sait aujourd'hui, grâce avant tout aux énormes coups de pouce donnés par le pouvoir algérien et la mise en place de mythes véritables appelés eux aussi "le Ben Laden algérien". Plus le GIA assassinait, plus les généraux algériens corrompus pouvaient serrer la vis à une jeunesse algérienne ayant autant envie de vivre que celle de Tunisie. La France participera à cette ambiance délétère, en faisant arrêter des opposants à Bouteflika présentés comme étant de redoutables islamistes coupables d'enlèvement de personnel d'ambassade : un montage éhonté, une propagande incroyable servie sur un plateau par Charles Pasqua aux autorités algériennes. C'est l'époque de "terroriser les terroristes", phrase célèbre prononcé par le ministre de l'intérieur français, qui est aussi présenté comme le mentor d'un dénommé Sarkozy, qui lui piquera sa place quand il sera hospitalisé. C'est du domaine "Du Bon Usage de la Terreur", le nom d'un rapport de Marck Hecker, de l' Institut Français des Relations Internationales (IFRI) de la série "Focus Stratégique" : dix ans après (en 2004) ils y étaient toujours, au Burkina Faso ceux de Folembray. "La France leur paye toujours leurs pensions", affirme-t-on dans le reportage, ce qui devient surréaliste : la France paye un salaire depuis 16 ans maintenant à ceux qu'elle a accusé jadis de terrorisme ! Au Maroc, il s'est passé un autre phénomène : le pouvoir demeuré laïc a tout fait pour aider la frange modérée des islamistes : résultat, à part des attentats comme ont connu un bon nombre de pays visés par une destabilisation venue de l'extérieur, le pays n'a pas connu de vague d'islamisation comme nous le serinaient les fameux "experts" dont je vous ai déjà parlé ici-même.
Selon le rapport d'Hecker, en effet, la propagande est vitale pour ces mouvements de faible ampleur : comme pour l'AQMI il semble bien qu'ils ne possèdent absolument pas les capacités à analyser les médias et à les regurgiter, on comprend bien que c'est SITE qui s'en charge à leur place, en faisant d'un phénomène somme toute anecdotique militairement un phénomène mondial : c'est ce qui a été fait avec cet Al-Qaida élevé au rang de mythe par ceux chargés de le combattre. "Si des méthodes de terreur sont employées contre les insurgés, cela engendrera sans doute un mouvement de sympathie en faveur de ces derniers et, parfois, la sympathie se transformera en soutien réel. Ce soutien peut être purement rhétorique. Ainsi, Jacques Soustelle s’indigne-t-il en 1957 : « Le conflit algérien est à 80% une guerre psychologique où l’adversaire trouve son arsenal chez nous. Point n’est besoin à la cervelle épaisse d’un Ouamrane, ni même à l’esprit subtil d’un Ferhat Abbas, de fournir le moindre effort d’invention : c’est notre presse quotidienne ou hebdomadaire, c’est notre intelligentsia qui leur offrent arguments, slogans, thèmes de propagande ». Le soutien peut également devenir plus concret comme en témoigne l’émergence de réseaux de « porteurs de valises » pendant la guerre d’Algérie" : sans aller jusque là, il faut bien admettre que la présentation de la mort d'otage dont on rend responsable l'armée française n'est pas anodine du tout. C'est bien destiné à faire de l'AQMI un mouvement légitime, alors qu'en réalité ce ne sont que des contrebandiers de cigarette, de haschich et de cocaïne avides de gagner davantage encore. Un mouvement manipulé par un pouvoir, ou plutôt aujourd'hui deux, en l'occurrence l'Algérie et les Etats-Unis, ravis d'avoir un adversaire à présenter comme plus dangereux qu'il n'est en réalité.
Tous les pays du Maghreb n'ont pas versé pour autant dans l'extrémisme islamiste. Nicolas Beau, de Bakchich, s'est lui-même pourtant engagé dans la voie de faire peur en publiant " Quand le Maroc sera islamiste" en 2006. L'année suivante, pourtant, c'étaient les modérés du Parti de la justice et du développement (PJD), soutenu par Mohamed VI qui raflaient la mise électorale. Son leader, Saad Eddine Othmani, se présentant ainsi : "Modéré, Othmani s'est souvent présenté comme un « démocrate musulman » à l'image des démocrates chrétiens européens. À ceux, nombreux dans les classes aisées, qui craignent le PJD et s'inquiètent de l'islamisation du pays, Othmani répond qu'il est au contraire un recours contre les islamistes radicaux et les forces plus extrémistes, qui ont eux aussi fleuri sur le terreau de la pauvreté. Il rappelle aussi que son parti a voté en faveur des récentes lois libéralisant quelque peu la société marocaine, comme le nouveau Code de la famille de 2004 qui améliore le statut des femmes" note le Devoir. Pour un pays dirigé par le "Roi Mohammed VI, descendant du Prophète et Commandeur des Croyants" il y avait là de quoi faire réfléchir. Oubliés, les attentats de 2003 qui avaient tenté de réveiller le spectre de l'islamisme extrémiste. Un appui du pouvoir qui n'est pas sans soubresauts, avec l'arrestation en 2008 d'un réseau "terroriste" au sein même du mouvement. Visiblement un coup de semonce envoyé par le pouvoir à une organisation qui aurait pu être tenté par une dérive possible. Il se trouvera bien un imam en 2010 pour s'en prendre aux amazighes minoritaires, mais le mouvement ne sera pas suivi.
Or cette idée d'un Ben Ali qui devait être côtoyé car il aurait été l'ultime rempart contre l'islamisme, il y en un autre qui y a cru aussi, et il s'appelle... Nicolas Sarkozy. "Au niveau interne, l’idée que monsieur Ben Ali est un rempart contre l’islamisme ne marche plus. Je dirais même qu’il marche à l’envers, c’est-à-dire que les gens ne veulent plus entendre cet argument. Au niveau extérieur, ça marche, par exemple, encore en France. Le mythe de monsieur Ben Ali comme rempart à l’islamisme radical fonctionne probablement dans la tête de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement" nous disait intelligemment Vincent Geisser interrogé par Christophe Boisbouvier. Ben Ali aurait été jugé "présentable" car son pays n'avait pas été rongé par l'islamisme extrémiste : voilà qui reste plutôt à prouver comme raisonnement : la façon dont se sont passées les manifestations de ces derniers jours prouve le contraire. Aucun slogan islamiste de visible, et plutôt des pancartes très directes : "Game Over", ou "Dorénavant, on n’a plus peur", "Dégagez"...
Aujourd'hui donc, affirmer que l'un des otages à été abattu par l'armée française, une information en provenance du SITE est donc bien de la propagande, destinée à attiser la haine à propos de la présence française au Niger chez les sympathisants possibles de l'action de l'AQMI. En dehors de savoir si c'est vrai ou pas, le but visé est clair : celui de discréditer l'action française, pense-t-on de prime abord. Mais comme on a affaire à des gens "tordus", c'est bien plus tordu que ça encore. La revendication après coup des islamistes n'a de toute évidence aucune crédibilité, se dit le commun des mortels : sinon ils l'auraient dit avant les nigériens ou les français : ce qui revient à dire qu'Al-Qaïda une nouvelle fois ment, ouvertement, tellement c'est grotesque. Et si les terrorristes mentent, c'est que la version qu'ils donnent des événements n'est donc pas la bonne : à savoir que c'est la thèse française officielle qui est la seule valable. Voilà nos militaires fort rassurés, au final du grotesque de la déclaration : "ne les écoutez donc pas, vous voyez bien que c'est nous qui avons raison" : ils ont écrit leur communiqué d'après le nôtre". Le doute insidieux favorise un seul camp en réalité. Celui de ceux qui clament qu'ils ont déjà fait toute la lumière : les journaux ont titré déjà depuis plusieurs jours "on sait comment ils sont morts", alors qu'on n'en sait toujours fichtre rien, à vrai dire, exactement. On peut voir là un des aspects habituels de SITE, IntelCenter ou MEMRI qui cherchent avant tout à favoriser la haine, et monter des populations les unes contre les autres. Ici, les deux partis peuvent s'estimer satisfaits. Les partisans d'AQMI trouveront la déclaration suffisante, en gommant son côté grotesque, ceux favorables à la thèse gouvernementale française tout autant, en la trouvant complètement farfelue, car singeant la déclaration de l'armée française, si possible que l'on puisse parler ainsi avec mort d'hommes. Neuf, au total en fait, de tués : les deux otages français, les ravisseurs et les "fameux" policiers nigériens, dont on ne comprend toujours pas la présence "armée" au sein du groupe. Neuf morts. Ce qui semble beaucoup, au regard de l'intervention qui peut donc être perçue en résumé comme extrêmement violente. Tout l'inverse de ce qu'on peut attendre de la libération d'otages.
Il y a donc bien eu manipulation des faits, et elle est double, hélas, les français ayant visiblement menti lors de leurs premières déclarations sur le déroulement exact des faits. Une propagande française a d'abord été complaisamment étalée, celle justifiant un véritable massacre de neuf personnes, otages compris, propagande reprise le lendemain par une contre propagande qui met le doigt où ça fait mal : celui de l'imprécision française sur le sort exact des deux otages. C'est propagande contre propagande, à part que la seconde n'est en aucune façon l'œuvre des terroristes eux-mêmes ; mais bien la réalisation habituelle d'un site internet dont la spécialité depuis toujours est de diaboliser au maximum les islamistes, au nom d'une politique qui cache de plus en plus difficilement ses acteurs véritables. Quand il ne fait pas dans le grotesque, ce site fait dans l'abject. Il est l'un des principaux responsables de l'entretien journalier du mythe Al-Qaida, qui sans lui serait fort peu de choses à vrai dire. SITE ou IntelCenter sont devenu une référence médiatique dont la presse ou la télévision ne se rend même plus compte de la nocivité et du détournement d'idées qu'ils effectuent : l'été dernier, toutes les chaînes de télévision on complaisamment montré les images de ce pauvre Michel Germaneau, surmontées du logo de propagande d'IntelCenter. Sans chercher à le gommer, sans même le rendre flou, comme si c'était une agence d'information véritable respectant un code de déontologie. Or c'est tout sauf ça, il serait temps de s'en rendre compte. C'est quand on ne distingue plus la manipulation que celle-ci peut pavoiser.
Chez SITE, Intel Center ou le MEMRI on doit lever les verres depuis plusieurs jours : à la santé de la "guerre au terrorisme" chers à ceux que l'on connaît. Ne tombons pas dans leur panneau, et ne laissons pas récupérer non plus la mort de deux jeunes gens par un gouvernement manipulateur. S'il avait su lire la lettre des amis des deux victimes (**), jamais Nicolas Sarkozy n'aurait osé assister aux obsèques. Mais on est en présence d'un président indécent, que la dignité n'étouffe pas. "Si c'était à refaire, le le referais" avait-il dit en ricanant. Devant un cercueil de jeune soldat. Souhaitons qu'à Linselles il se taise, au moins.
sur SITE, MEMRI et IntelCenter on peut lire ceci :
http://www.centpapiers.com/elvis-pr...
http://www.centpapiers.com/elvis-pr...
(*) Steven Emerson, un journaliste responsable du Think Tank « The Investigative Project On Terrorism » et spécialiste au départ des Émirats Arabes Unis, qui la recrute, car elle parle la langue du crû. Un homme controversé, mêlant journalisme et purs racontars, qui n’a pas toujours eu le nez : en 1990, il clamera par exemple que c’était l’Iran qui était derrière l’attentat de Lockerbie alors que la Libye reconnaîtra ses torts en dédommageant les victimes ! L’homme a depuis longtemps choisi un camp semble-t-il en n’écrivant pas seulement contre une prétendue invasion islamiste aux États unis, devenus une véritable obsession chez lui, mais aussi plusieurs articles et ouvrages contre la théorie du complot en ce qui concerne le premier attentat du WTC ou le second. En y ajoutant des musulmans, bien sûr, mais venus cette fois selon lui de l’ex-Yougoslavie pour celui de 1993 (? ??)…
Il écrira surtout en février 2003 « American Jihad : The Terrorists Living Among Us » qui résume assez bien sa pensée profonde, celle d’un pays déjà envahi selon lui par le terrorisme islamiste. Un de ces agitateurs de chiffon rouge, choyé par le pouvoir de W.Bush qui en avait tant besoin. Évidemment, pour lui aussi, l’attentat d’Oklahoma était aussi l’œuvre de ces extrémistes musulmans, ce qui est difficilement crédible, pour tout dire. Il l’avait clamé à plusieurs reprises en direct à la télévision, devant les ruines de l’édifice encore fumant. En 1996, il fut l’un des premiers à enfourcher la thèse de la bombe à bord du TWA 800…. une bombe de terroriste arabe, forcément. À partir de 1996, heureusement, à force de mensonges, son aura médiatique va heureusement s’affaiblir. C’est beaucoup mieux ainsi, car selon Seymour Hersh, cet homme « est un poison » pour le journalisme.
On découvrira en effet plus tard de véritables malversations dans ses textes. Ainsi, il citera un jour dans un de ses articles un obscur apport du FBI, qui lui servait à étayer tout son propos. Jusqu’au jour où un journaliste plus curieux que d’autres épluchera un des anciens articles d’Emerson pour découvrir qu’il ressemblait mot pour mot au prétendu rapport… Or ce texte avait bien été cité comme étant du FBI par Associated Press, où Emerson était consultant. Il ne sera plus. En 1995, il « assiste » un autre journal, le Tampa Tribune, dans la découverte d’un soi-disant réseau islamiste en Floride. Pour preuve, il montrera un calendrier rédigé en arabe saisi chez un particulier : or c’était une demande universitaire d’un enseignant, ayant demandé à ses élèves de rapporter du matériel rédigé en arabe, pour l’étudier. Bref, notre journaliste ne s’embarrasse pas trop de vérité et enfourche bien trop vite son seul dada islamophobe en toute occasion. Et épouse au passage des thèses douteuses. Il avait affirmé ainsi en 1998 qu’un enseignant de Floride, Sami Al-Arian, « influençait ses élèves en voulant les convertir », ce que l’Université de Tampa niera et contestera fermement. En mars 1995, dans le Jewish Monthly, il avait également affirmé que « l’Islam glorifie et planifie le génocide, car cela fait partie de sa doctrine religieuse ».
(**) contenu de la lettre des amis de promotion d'Antoine de Léocour :
Monsieur le ministre de la Défense et des Anciens Combattants,
Nous condamnons unanimement l'acte de barbarie qui nous prive aujourd'hui d'un ami cher. Cependant, votre empressement à justifier l'intervention militaire qui a conduit à la mort d'Antoine de Léocour et Vincent Delory nous a beaucoup surpris.
Réduire l'analyse de ce drame à un discours sécuritaire ne fait qu'alimenter grossièrement la presse à sensations. Cela occulte totalement les enjeux globaux de la situation économique et politique que traverse la zone sahélienne. Les épiphénomènes que nous vivons actuellement participent des conséquences de politiques étrangères occidentales vis-à-vis de ces régions.
« Ne rien faire, c'est prendre un double risque. »
Vos déclarations nous amènent à nous interroger sur la mission de l'armée française : consiste-t-elle à abréger les souffrances de ses ressortissants (emmenés par les ravisseurs […] et on sait ensuite comment ils sont traités) lorsque vous, M. le ministre de la Défense et M. le président de la République, chef des armées n'êtes pas en mesure d'envisager une autre solution, plus digne ?
Ou a-t-elle pour objectifs de démontrer – quel qu'en soit le prix – que la France est prête à entrer dans l'escalade de la violence au nom de son combat pour la démocratie et contre le terrorisme (ne rien faire, c'est donner un signal que la France finalement ne se bat plus contre le terrorisme) ?
Sachez qu'à nos yeux la raison d'Etat ne doit jamais l'emporter sur le respect de la vie des citoyens.
Nous sommes particulièrement indignés par le ton de vos propos et de ceux de la majorité de la classe politique française dans un consensus national sans fausse note.
Nous croyons comprendre que la France, patrie des droits de l'homme, sacrifie ses ressortissants sur l'autel d'orientations stratégiques occultes. Vous avez effectivement pris le parti de vous mettre à l'abri de tous moyens de pression en excluant l'option des négociations.
Nous nous inquiétons également du traitement différencié réservé aux citoyens et victimes en fonction de ce que leurs employeurs représentent pour les intérêts de la France.
En conclusion, si vous « assumez » si bien cette mission, sachez dire aux Français qu'elle est un échec et prenez véritablement vos responsabilités en démissionnant. Si un tel courage vous manque, alors ayez au moins la décence de laisser reposer en paix les âmes d'Antoine et de Vincent en stoppant toute récupération politique de cet assassinat sordide.
Pour résumé, en effet, avec un ordinateur, un micro, Internet et dix minutes de clavier, un communiqué comme ça tout le monde peut en pondre un. SITE, encore une fois, manipule l'information dans le sens qui l'intéresse. SITE, émanation de services secrets US et Israéliens délivre une version bâtie de toutes pièces pour appuyer l'idée d'une guerre au terrorisme qui serait à tout prix à faire, et des français présents qui devraient être chassés du Niger. C'est une énième revendication bidon. Et cette fois, c'est encore plus flagrant : le communiqué des soi-disants terroristes est calqué mot à mot sur celui des armées françaises et nigériennes, qui se disputent sur l'interprétation à donner de l'assaut donné. Du pain béni pour l'AQMI, qui n'en attendait pas tant : SITE a fondu aussitôt sur les écarts entre les deux versions données pour attiser le feu, et provoquer une fois encore des réactions haineuses des deux côtés.
"Al-Qaïda au Maghreb islamique a affirmé qu'un des deux otages français avait été tué au Mali par les frappes aériennes françaises et que l'autre avait été exécuté par Aqmi, selon un communiqué rapporté samedi 15 janvier par le service américain de surveillance des sites islamistes SITE" nous assène la presse, à la veille de l''enterrement des deux malheureux jeunes otages, si concernés par l'aide humanitaire, comme l'ont dit leurs amis restés d'une dignité exemplaire que tout le monde se doit de saluer. De vrais amis, qui avaient l'habitude de se rendre dans un de des estaminets de la Flandre (belge). Depuis, le patron de l'établissement est effondré : c'est une partie d'une belle jeunesse pleine de vie et responsable qui a été atteinte : "Si tous les jeunes étaient comme eux, il y aurait moins de problèmes. Jamais un mot de travers, pas une embrouille. Des fois, après quelques bières, il y avait bien un petit chant mais vraiment, c'étaient des jeunes agréables... "
Il est donc évident que cette revendication tardive est un montage éhonté : comme à son habitude, le site de Rita Katz s'efforce de suivre les événements plutôt que de les devancer, et propose une version qui va exactement dans le sens de ce que souhaitent les Etats-Unis (et Israël, qui vend des armes également aux pays concernés) : à savoir d'une part continuer la fameuse "guerre au terrorisme" puisqu'un des deux otages à été assassiné par un terroriste, paraît-il, et en même temps se débarrasser de l'encombrante présence française dans la région, puisque selon SITE, ce sont les français qui sont coupables de la mort du second otage. Ce n'est donc pas AQMI qui parle, mais SITE, et donc des services secrets qui manipulent l'opinion en flattant ses plus bas instincts. Et si AQMI laisse faire et en démentit pas, c'est bien parce que l'AQMI est une création de toutes pièces de services secrets algériens et américains, qui ont tout intérêt à laisser planer un tel doute sur le sort des otages français. Diaboliser les islamistes était courant chez lui, diaboliser les français beaucoup moins. Mais l'enjeu militaire au Sahara est là, comme je viens de vous le dire dans les épisodes précédents sur les neocons en Afrique.
Cette histoire d'islamistes servant à absoudre toutes les exactions, on en a eu une belle preuve ces derniers heures. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de regarder la télévision depuis, mais à plusieurs reprises, dans les débats sur la Tunisie, le même thème est revenu. Celui d'un Ben Ali béni des européens et des américains pour avoir dans son pays contrôlé d'une main de fer la poussée islamiste, a-t-on affirmé. Or, qu'a-t-on vu comme scènes lors des émeutes ? Des "barbus" se faire littéralement jeter des manifestations au cri de "récupération". Les tunisiens, comme d'autres pays n'apprécient pas plus les extrêmistes islamistes que cela. Au contraire même ! Résultat, on nous berné pendant 23 ans sur le manque de poussée islamiste dans le pays : Ben Ali n'y était pas pour grand chose : mettant toute l'opposition en prison, de toute façon, islamiste ou pas... ils se retrouvaient "au trou" l'un et l'autre.
On a même assisté à un moment surréaliste, avec l'aveu assez candide d'un ambassadeur démissionnaire venu expliquer la version des faits donnée par son leader. Selon lui, en effet , les émeutes étaient le fait des islamistes, le repoussoir habituel : "On m'a donné de fausses informations. On m'a menti, à moi mais aussi à mon collègue ambassadeur de Tunisie en France [Raouf Najar, ndlr]. J'ai parlé au président Ben Ali le 10 janvier. Je lui ai expliqué ce qui se disait ici dans les médias. Il m'a répondu que ce qui se passait était un complot des islamistes qui se cachaient derrière les manifestants. J'y ai cru, jusqu'à ce que des amis m'ouvrent les yeux et me racontent la réalité de ce qui se passe en Tunisie". Ben Ali se la jouant Richard Nixon au soir de sa démission, fulminant contre les "gauchistes, les communistes, les pacifistes" (en y ajoutant même en langage fleuri nixonien les homosexuels et les juifs, nixon ne cachant que difficilement son antisémitisme !).
Ben Ali repoussant les islamistes, tel St Michel le Dragon, il n'y a que le Figaro pour oser le présenter ainsi aujourd'hui encore sous la plume de l'ineffable Yves Thréard, le rédacteur en chef ("zélé") du journal, celui qui raconte aussi que son patron Serge Dassault "n'a aucun contrat avec l'armée française"... (et d'autres phrases étranges encore ...) dans un texte paru le 14 janvier, voici ce qu'il affirme en effet : "Les fous d’Allah séviront et sévissent toujours en Algérie. En Tunisie, leur chef s’appelle Rached Ghannouchi (sans lien de parenté avec le président par intérim depuis vendredi). Il menace, mais le pays ne sombrera jamais. Ben Ali veille, frappe, élimine. Et tout le monde lui en est reconnaissant. La grande majorité des Tunisiens, élevés aux valeurs enseignées par Bourguiba. Et les Occidentaux qui voient en lui un rempart bien utile face à l’intégrisme. C’est ainsi que Ben Ali se maintient, gagne ses « lettres de noblesse ». Les critiques restent feutrées, tempérées, lointaines". Or que trouve-t-on ailleurs, sur Wikipedia sur le cas de Rached Ghannouchi ? Tout le contraire ! Le leader a été poursuivi par Bourguiba, mais libéré par Ben Ali ! "Condamné à onze ans de prison (trois ans purgés) en 1981, il est à nouveau condamné aux travaux forcés à perpétuité le 27 septembre 1987. Néanmoins, cette condamnation n'est pas considérée comme suffisante par le président Bourguiba qui ordonne un nouveau procès destiné à obtenir la peine de mort. Il n'a pas lieu en raison de la destitution de Bourguiba et Ghannouchi est gracié par le nouveau président Zine el-Abidine Ben Ali le 14 mai 1988. En remerciement, il lui exprime sa confiance dans une interview publiée le 17 juillet par le journal Assabah"... drôle de façon de "veiller", "frapper", et "éliminer", non ? Ghannouchi, exilé à Londres depuis 1990 a déjà averti qu'il souhaiterait faire partie d'un nouveau gouvernement tunisien... hélas. Si le pays pouvait s'en passer... (et si on pouvait nous se passer de Thréard...).
En tout cas, en Tunisie, l'islamisme virulent n'a en réalité jamais pris. En Algérie voisine il s'est répandu et a essaimé jusqu'au Sahara, on le sait aujourd'hui, grâce avant tout aux énormes coups de pouce donnés par le pouvoir algérien et la mise en place de mythes véritables appelés eux aussi "le Ben Laden algérien". Plus le GIA assassinait, plus les généraux algériens corrompus pouvaient serrer la vis à une jeunesse algérienne ayant autant envie de vivre que celle de Tunisie. La France participera à cette ambiance délétère, en faisant arrêter des opposants à Bouteflika présentés comme étant de redoutables islamistes coupables d'enlèvement de personnel d'ambassade : un montage éhonté, une propagande incroyable servie sur un plateau par Charles Pasqua aux autorités algériennes. C'est l'époque de "terroriser les terroristes", phrase célèbre prononcé par le ministre de l'intérieur français, qui est aussi présenté comme le mentor d'un dénommé Sarkozy, qui lui piquera sa place quand il sera hospitalisé. C'est du domaine "Du Bon Usage de la Terreur", le nom d'un rapport de Marck Hecker, de l' Institut Français des Relations Internationales (IFRI) de la série "Focus Stratégique" : dix ans après (en 2004) ils y étaient toujours, au Burkina Faso ceux de Folembray. "La France leur paye toujours leurs pensions", affirme-t-on dans le reportage, ce qui devient surréaliste : la France paye un salaire depuis 16 ans maintenant à ceux qu'elle a accusé jadis de terrorisme ! Au Maroc, il s'est passé un autre phénomène : le pouvoir demeuré laïc a tout fait pour aider la frange modérée des islamistes : résultat, à part des attentats comme ont connu un bon nombre de pays visés par une destabilisation venue de l'extérieur, le pays n'a pas connu de vague d'islamisation comme nous le serinaient les fameux "experts" dont je vous ai déjà parlé ici-même.
Selon le rapport d'Hecker, en effet, la propagande est vitale pour ces mouvements de faible ampleur : comme pour l'AQMI il semble bien qu'ils ne possèdent absolument pas les capacités à analyser les médias et à les regurgiter, on comprend bien que c'est SITE qui s'en charge à leur place, en faisant d'un phénomène somme toute anecdotique militairement un phénomène mondial : c'est ce qui a été fait avec cet Al-Qaida élevé au rang de mythe par ceux chargés de le combattre. "Si des méthodes de terreur sont employées contre les insurgés, cela engendrera sans doute un mouvement de sympathie en faveur de ces derniers et, parfois, la sympathie se transformera en soutien réel. Ce soutien peut être purement rhétorique. Ainsi, Jacques Soustelle s’indigne-t-il en 1957 : « Le conflit algérien est à 80% une guerre psychologique où l’adversaire trouve son arsenal chez nous. Point n’est besoin à la cervelle épaisse d’un Ouamrane, ni même à l’esprit subtil d’un Ferhat Abbas, de fournir le moindre effort d’invention : c’est notre presse quotidienne ou hebdomadaire, c’est notre intelligentsia qui leur offrent arguments, slogans, thèmes de propagande ». Le soutien peut également devenir plus concret comme en témoigne l’émergence de réseaux de « porteurs de valises » pendant la guerre d’Algérie" : sans aller jusque là, il faut bien admettre que la présentation de la mort d'otage dont on rend responsable l'armée française n'est pas anodine du tout. C'est bien destiné à faire de l'AQMI un mouvement légitime, alors qu'en réalité ce ne sont que des contrebandiers de cigarette, de haschich et de cocaïne avides de gagner davantage encore. Un mouvement manipulé par un pouvoir, ou plutôt aujourd'hui deux, en l'occurrence l'Algérie et les Etats-Unis, ravis d'avoir un adversaire à présenter comme plus dangereux qu'il n'est en réalité.
Tous les pays du Maghreb n'ont pas versé pour autant dans l'extrémisme islamiste. Nicolas Beau, de Bakchich, s'est lui-même pourtant engagé dans la voie de faire peur en publiant " Quand le Maroc sera islamiste" en 2006. L'année suivante, pourtant, c'étaient les modérés du Parti de la justice et du développement (PJD), soutenu par Mohamed VI qui raflaient la mise électorale. Son leader, Saad Eddine Othmani, se présentant ainsi : "Modéré, Othmani s'est souvent présenté comme un « démocrate musulman » à l'image des démocrates chrétiens européens. À ceux, nombreux dans les classes aisées, qui craignent le PJD et s'inquiètent de l'islamisation du pays, Othmani répond qu'il est au contraire un recours contre les islamistes radicaux et les forces plus extrémistes, qui ont eux aussi fleuri sur le terreau de la pauvreté. Il rappelle aussi que son parti a voté en faveur des récentes lois libéralisant quelque peu la société marocaine, comme le nouveau Code de la famille de 2004 qui améliore le statut des femmes" note le Devoir. Pour un pays dirigé par le "Roi Mohammed VI, descendant du Prophète et Commandeur des Croyants" il y avait là de quoi faire réfléchir. Oubliés, les attentats de 2003 qui avaient tenté de réveiller le spectre de l'islamisme extrémiste. Un appui du pouvoir qui n'est pas sans soubresauts, avec l'arrestation en 2008 d'un réseau "terroriste" au sein même du mouvement. Visiblement un coup de semonce envoyé par le pouvoir à une organisation qui aurait pu être tenté par une dérive possible. Il se trouvera bien un imam en 2010 pour s'en prendre aux amazighes minoritaires, mais le mouvement ne sera pas suivi.
Or cette idée d'un Ben Ali qui devait être côtoyé car il aurait été l'ultime rempart contre l'islamisme, il y en un autre qui y a cru aussi, et il s'appelle... Nicolas Sarkozy. "Au niveau interne, l’idée que monsieur Ben Ali est un rempart contre l’islamisme ne marche plus. Je dirais même qu’il marche à l’envers, c’est-à-dire que les gens ne veulent plus entendre cet argument. Au niveau extérieur, ça marche, par exemple, encore en France. Le mythe de monsieur Ben Ali comme rempart à l’islamisme radical fonctionne probablement dans la tête de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement" nous disait intelligemment Vincent Geisser interrogé par Christophe Boisbouvier. Ben Ali aurait été jugé "présentable" car son pays n'avait pas été rongé par l'islamisme extrémiste : voilà qui reste plutôt à prouver comme raisonnement : la façon dont se sont passées les manifestations de ces derniers jours prouve le contraire. Aucun slogan islamiste de visible, et plutôt des pancartes très directes : "Game Over", ou "Dorénavant, on n’a plus peur", "Dégagez"...
Aujourd'hui donc, affirmer que l'un des otages à été abattu par l'armée française, une information en provenance du SITE est donc bien de la propagande, destinée à attiser la haine à propos de la présence française au Niger chez les sympathisants possibles de l'action de l'AQMI. En dehors de savoir si c'est vrai ou pas, le but visé est clair : celui de discréditer l'action française, pense-t-on de prime abord. Mais comme on a affaire à des gens "tordus", c'est bien plus tordu que ça encore. La revendication après coup des islamistes n'a de toute évidence aucune crédibilité, se dit le commun des mortels : sinon ils l'auraient dit avant les nigériens ou les français : ce qui revient à dire qu'Al-Qaïda une nouvelle fois ment, ouvertement, tellement c'est grotesque. Et si les terrorristes mentent, c'est que la version qu'ils donnent des événements n'est donc pas la bonne : à savoir que c'est la thèse française officielle qui est la seule valable. Voilà nos militaires fort rassurés, au final du grotesque de la déclaration : "ne les écoutez donc pas, vous voyez bien que c'est nous qui avons raison" : ils ont écrit leur communiqué d'après le nôtre". Le doute insidieux favorise un seul camp en réalité. Celui de ceux qui clament qu'ils ont déjà fait toute la lumière : les journaux ont titré déjà depuis plusieurs jours "on sait comment ils sont morts", alors qu'on n'en sait toujours fichtre rien, à vrai dire, exactement. On peut voir là un des aspects habituels de SITE, IntelCenter ou MEMRI qui cherchent avant tout à favoriser la haine, et monter des populations les unes contre les autres. Ici, les deux partis peuvent s'estimer satisfaits. Les partisans d'AQMI trouveront la déclaration suffisante, en gommant son côté grotesque, ceux favorables à la thèse gouvernementale française tout autant, en la trouvant complètement farfelue, car singeant la déclaration de l'armée française, si possible que l'on puisse parler ainsi avec mort d'hommes. Neuf, au total en fait, de tués : les deux otages français, les ravisseurs et les "fameux" policiers nigériens, dont on ne comprend toujours pas la présence "armée" au sein du groupe. Neuf morts. Ce qui semble beaucoup, au regard de l'intervention qui peut donc être perçue en résumé comme extrêmement violente. Tout l'inverse de ce qu'on peut attendre de la libération d'otages.
Il y a donc bien eu manipulation des faits, et elle est double, hélas, les français ayant visiblement menti lors de leurs premières déclarations sur le déroulement exact des faits. Une propagande française a d'abord été complaisamment étalée, celle justifiant un véritable massacre de neuf personnes, otages compris, propagande reprise le lendemain par une contre propagande qui met le doigt où ça fait mal : celui de l'imprécision française sur le sort exact des deux otages. C'est propagande contre propagande, à part que la seconde n'est en aucune façon l'œuvre des terroristes eux-mêmes ; mais bien la réalisation habituelle d'un site internet dont la spécialité depuis toujours est de diaboliser au maximum les islamistes, au nom d'une politique qui cache de plus en plus difficilement ses acteurs véritables. Quand il ne fait pas dans le grotesque, ce site fait dans l'abject. Il est l'un des principaux responsables de l'entretien journalier du mythe Al-Qaida, qui sans lui serait fort peu de choses à vrai dire. SITE ou IntelCenter sont devenu une référence médiatique dont la presse ou la télévision ne se rend même plus compte de la nocivité et du détournement d'idées qu'ils effectuent : l'été dernier, toutes les chaînes de télévision on complaisamment montré les images de ce pauvre Michel Germaneau, surmontées du logo de propagande d'IntelCenter. Sans chercher à le gommer, sans même le rendre flou, comme si c'était une agence d'information véritable respectant un code de déontologie. Or c'est tout sauf ça, il serait temps de s'en rendre compte. C'est quand on ne distingue plus la manipulation que celle-ci peut pavoiser.
Chez SITE, Intel Center ou le MEMRI on doit lever les verres depuis plusieurs jours : à la santé de la "guerre au terrorisme" chers à ceux que l'on connaît. Ne tombons pas dans leur panneau, et ne laissons pas récupérer non plus la mort de deux jeunes gens par un gouvernement manipulateur. S'il avait su lire la lettre des amis des deux victimes (**), jamais Nicolas Sarkozy n'aurait osé assister aux obsèques. Mais on est en présence d'un président indécent, que la dignité n'étouffe pas. "Si c'était à refaire, le le referais" avait-il dit en ricanant. Devant un cercueil de jeune soldat. Souhaitons qu'à Linselles il se taise, au moins.
sur SITE, MEMRI et IntelCenter on peut lire ceci :
http://www.centpapiers.com/elvis-pr...
http://www.centpapiers.com/elvis-pr...
(*) Steven Emerson, un journaliste responsable du Think Tank « The Investigative Project On Terrorism » et spécialiste au départ des Émirats Arabes Unis, qui la recrute, car elle parle la langue du crû. Un homme controversé, mêlant journalisme et purs racontars, qui n’a pas toujours eu le nez : en 1990, il clamera par exemple que c’était l’Iran qui était derrière l’attentat de Lockerbie alors que la Libye reconnaîtra ses torts en dédommageant les victimes ! L’homme a depuis longtemps choisi un camp semble-t-il en n’écrivant pas seulement contre une prétendue invasion islamiste aux États unis, devenus une véritable obsession chez lui, mais aussi plusieurs articles et ouvrages contre la théorie du complot en ce qui concerne le premier attentat du WTC ou le second. En y ajoutant des musulmans, bien sûr, mais venus cette fois selon lui de l’ex-Yougoslavie pour celui de 1993 (? ??)…
Il écrira surtout en février 2003 « American Jihad : The Terrorists Living Among Us » qui résume assez bien sa pensée profonde, celle d’un pays déjà envahi selon lui par le terrorisme islamiste. Un de ces agitateurs de chiffon rouge, choyé par le pouvoir de W.Bush qui en avait tant besoin. Évidemment, pour lui aussi, l’attentat d’Oklahoma était aussi l’œuvre de ces extrémistes musulmans, ce qui est difficilement crédible, pour tout dire. Il l’avait clamé à plusieurs reprises en direct à la télévision, devant les ruines de l’édifice encore fumant. En 1996, il fut l’un des premiers à enfourcher la thèse de la bombe à bord du TWA 800…. une bombe de terroriste arabe, forcément. À partir de 1996, heureusement, à force de mensonges, son aura médiatique va heureusement s’affaiblir. C’est beaucoup mieux ainsi, car selon Seymour Hersh, cet homme « est un poison » pour le journalisme.
On découvrira en effet plus tard de véritables malversations dans ses textes. Ainsi, il citera un jour dans un de ses articles un obscur apport du FBI, qui lui servait à étayer tout son propos. Jusqu’au jour où un journaliste plus curieux que d’autres épluchera un des anciens articles d’Emerson pour découvrir qu’il ressemblait mot pour mot au prétendu rapport… Or ce texte avait bien été cité comme étant du FBI par Associated Press, où Emerson était consultant. Il ne sera plus. En 1995, il « assiste » un autre journal, le Tampa Tribune, dans la découverte d’un soi-disant réseau islamiste en Floride. Pour preuve, il montrera un calendrier rédigé en arabe saisi chez un particulier : or c’était une demande universitaire d’un enseignant, ayant demandé à ses élèves de rapporter du matériel rédigé en arabe, pour l’étudier. Bref, notre journaliste ne s’embarrasse pas trop de vérité et enfourche bien trop vite son seul dada islamophobe en toute occasion. Et épouse au passage des thèses douteuses. Il avait affirmé ainsi en 1998 qu’un enseignant de Floride, Sami Al-Arian, « influençait ses élèves en voulant les convertir », ce que l’Université de Tampa niera et contestera fermement. En mars 1995, dans le Jewish Monthly, il avait également affirmé que « l’Islam glorifie et planifie le génocide, car cela fait partie de sa doctrine religieuse ».
(**) contenu de la lettre des amis de promotion d'Antoine de Léocour :
Monsieur le ministre de la Défense et des Anciens Combattants,
Nous condamnons unanimement l'acte de barbarie qui nous prive aujourd'hui d'un ami cher. Cependant, votre empressement à justifier l'intervention militaire qui a conduit à la mort d'Antoine de Léocour et Vincent Delory nous a beaucoup surpris.
Réduire l'analyse de ce drame à un discours sécuritaire ne fait qu'alimenter grossièrement la presse à sensations. Cela occulte totalement les enjeux globaux de la situation économique et politique que traverse la zone sahélienne. Les épiphénomènes que nous vivons actuellement participent des conséquences de politiques étrangères occidentales vis-à-vis de ces régions.
« Ne rien faire, c'est prendre un double risque. »
Vos déclarations nous amènent à nous interroger sur la mission de l'armée française : consiste-t-elle à abréger les souffrances de ses ressortissants (emmenés par les ravisseurs […] et on sait ensuite comment ils sont traités) lorsque vous, M. le ministre de la Défense et M. le président de la République, chef des armées n'êtes pas en mesure d'envisager une autre solution, plus digne ?
Ou a-t-elle pour objectifs de démontrer – quel qu'en soit le prix – que la France est prête à entrer dans l'escalade de la violence au nom de son combat pour la démocratie et contre le terrorisme (ne rien faire, c'est donner un signal que la France finalement ne se bat plus contre le terrorisme) ?
Sachez qu'à nos yeux la raison d'Etat ne doit jamais l'emporter sur le respect de la vie des citoyens.
Nous sommes particulièrement indignés par le ton de vos propos et de ceux de la majorité de la classe politique française dans un consensus national sans fausse note.
Nous croyons comprendre que la France, patrie des droits de l'homme, sacrifie ses ressortissants sur l'autel d'orientations stratégiques occultes. Vous avez effectivement pris le parti de vous mettre à l'abri de tous moyens de pression en excluant l'option des négociations.
Nous nous inquiétons également du traitement différencié réservé aux citoyens et victimes en fonction de ce que leurs employeurs représentent pour les intérêts de la France.
En conclusion, si vous « assumez » si bien cette mission, sachez dire aux Français qu'elle est un échec et prenez véritablement vos responsabilités en démissionnant. Si un tel courage vous manque, alors ayez au moins la décence de laisser reposer en paix les âmes d'Antoine et de Vincent en stoppant toute récupération politique de cet assassinat sordide.
http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article04/EkAVkZAFFVgLdFQrdE.shtml
0 Comments