Par Zeynel Cekici,
« Une fleur ne fait pas le printemps, mais à chaque printemps naît une nouvelle fleur. » Necmeddin Erbakan
Un grand homme politique, charismatique, déterminé et constant dans ses convictions, un fervent croyant est parti pour l’éternité ce dimanche matin.
Même si l'histoire se chargera de lui rendre l'hommage du grand homme qu'il était et que ces anciens disciples de la Clique à Erdogan n'ont su lui rendre de son vivant, Il marquera à jamais leur esprit et le paysage politique turc.
Il a été inhumé aujourd’hui à Istanbul. Alors qu’il avait expressément précisé dans son testament qu’il refusait toute cérémonie officielle , et qu'aucun hommage ne lui soit rendu de la part des dirigeants turcs, les chaînes publiques ont toutes interrompues leurs programmes pour diffuser en direct la cérémonie à laquelle participaient plus d’un million de personnes venues lui rendre un dernier hommage.
Erbakan ce noble combattant infatigable
Les médias turcs l’ont toujours dénigré, diffamé, diabolisé ou simplement ignoré, les médias occidentaux l’accusaient d’être un dangereux islamiste, alors qu'il était visionnaire, une étoile brillante (son prénom veut dire étoile de la religion) guidant les esprits libres, un puits de savoir et de connaissance. Le paradigme de gouvernance qu’il proposait méritait pourtant d’être connu. C'était un homme qui avait une clairvoyance de la géopolitique mondiale et un réel projet d’union du monde musulman qu’il tenta à plusieurs reprises de concrétiser. Mais le sionisme international et ses laquais turcs ont toujours su l’en empêcher sans jamais réussir à le décourager. Après lui, plus aucun homme politique turc n’aura le courage de dénoncer le sionisme officiellement, ni ses banquiers internationaux responsables du chaos mondial.
Necmeddin Erbakan, en plus d’être un guide spirituel pour des millions de musulmans turcs, était aussi le dernier leader politique souverainiste proposant un projet économique alternatif d’inspiration islamique: un modèle sans spéculation ni usure, les deux mamelles du système économique et monétaire actuel. Il était le seul premier ministre de la république turque à combattre le sionisme et le libéralisme aussi ouvertement. Il n’eut cesse de mettre en garde contre les risques délétères de cette idéologie et son projet de gouvernement mondial par l’instauration de l’économie de marché globale. Bien avant les mouvements alter mondialiste, il dénonçait déjà les effets pervers de la globalisation économique et culturelle et ses objectifs criminels. Depuis le début des années 1970, il n'a cessé de mettre en garde contre les crises que nous subissons actuellement et leurs conséquences désastreuses à venir sur l’ensemble de l’humanité. Il était cet esprit fin et cultivé capable de voir à long terme, un homme doté d’une intelligence hors du commun, il avait un savoir encyclopédique et une connaissance très éclectique. Un fervent croyant ayant une vision globale des problèmes du monde et de la Oumma. Cet homme n’a jamais renoncé à la lutte intellectuelle malgré tous les déboires judiciaires, les emprisonnements, les tortures, les trahisons dont la dernière et la plus grande fut celle de Erdogan en 1998, qui a succombé à la tentation néo libérale. Erdogan, en tombant dans le piège des sionistes, a fait le jeu de la division en contrepartie d’une promesse de pouvoir qu’il a obtenu en 2002.
Je suis personnellement affecté par cette disparition, parce qu’il était aussi mon chef spirituel comme celui de tous les militants et cadres du mouvement « Milli Görus ». Nous lui avions tous fait allégeance, donc soumis aux contraintes de ce serment, qui était un engagement moral et spirituel. Les musulmans qui ont des notions de droit islamique connaissent le statut du musulman qui trahi son allégeance envers celui qui remplace temporairement le Calife. En attendant que le Califat soit rétabli et l’unité de la Oumma retrouvée, les doctes sunnites affirment unanimement que chaque musulman a l’obligation de faire allégeance à un maître spirituel ayant les attributs et les qualités requises et que la trahison de l’allégeance entrainerait l’hérésie. Dans un message public, Erbakan a malgré tout accordé son pardon et demandait aussi à Dieu de les pardonner. Malgré cette grande mansuétude, Erdogan et toute sa clique porteront jusqu’à la fin de leur vie, le poids de la lourde responsabilité d'avoir livrer définitivement la Turquie aux financiers internationaux.
Bien que Erdogan depuis son plus jeune âge ait été éduqué selon les principes du « Milli Görus » et en tant que le disciple de Erbakan, il n’éprouvera aucun remord à le trahir. Erdogan est un homme inconsistant qui a renié ses convictions pour de viles promesses, bien qu’il soit un très bon orateur il n’est que peu cultivé. Finalement il renoncera à tous les principes anti mondialistes et anti sionistes qui sont les fondements même du « Milli Görus ». Une fois élu à la maire d’Istanbul sous l'étiquette du parti de Erbakan et avoir atteint une notoriété au niveau national, il dira lors de sa trahison, qu’il ôtait « sa chemise » du « Milli Görus » et qu’il renonçait à tous ses principes fondateurs, adoptant sans vergogne l’idéologie néo libérale. La contre partie de cette trahison était la promesse américaine de faire entrer la Turquie (membre de l’Otan) dans l’Union Européenne. Nul besoin de préciser pourquoi les USA tiennent tant à ce que la Turquie intègre l’Union.
Erdogan, islamiste ou mondialiste néo libéral ?
Plus tard, Erdogan avouera avec beaucoup d’amertume que c’est sur l’instance de Abdullah Gül (contrairement à Erdogan, Gül à rejoint le mouvement juste avant la scission du parti) qu’il avait rencontré les représentants des lobbys sionistes venus depuis les USA spécialement pour lui. Les mêmes médias sionistes turcs qui depuis plus de 30 ans dénigraient et menaient une propagande acharnée contre « Milli Görus », se sont soudainement mis à encenser Erdogan. Ils ont réussi à retourner l’opinion des militants et des sympathisants contre Erbakan. A cause de cette scission, les sionistes auront réussi à écarter définitivement Erbakan de la vie politique. Sans la trahison de Erdogan, Necmeddin Erbakan aurait gagné les élections selon toutes les probabilités, mais il s’est retrouvé amputé de sa majorité populaire. Erdogan sera récompensé de la félonie, même si à cause d'une condamnation passée, il ne sera que premier ministre à défaut de pouvoir être président de la république, fonction qui sera finalement occupée par Abdullah Gül .
Un article intéressant du Réseau Voltaire pourrait expliquer le rôle que Abdullah Gül à jouer dans la trahison de Erdogan: « Selon Karen Hugues, sous-secrétaire d’État chargée de la Diplomatie publique et des Affaires publiques, a déclaré : ‘’ Plus de 130 participants [à nos programmes depuis 1945] sont devenus les leaders de leurs pays, y compris… le président Nicolas Sarkozy et le président Abdullah Gül ‘’ … c’est la première fois qu’un officiel états-unien reconnaît que MM. Sarkozy et Gül ont été formés par le département d’État, ce que les intéressés ont toujours cherché à masquer. » (1)
Erdogan et la majorité des sympathisants, militants et cadres du parti ont renoncé aux principes fondateurs de « Milli Görüs » en trahissant leur allégeance à Erbakan. Ils ont adopté les dogmes de la mondialisation, et tentent de diluer ce poison libéral dans l’Islam, pour en faire une religion « light » et « moderniste ». Le néolibéralisme, qui n’est autre qu’un des nombreux visages du capitalisme, n’est pas un modèle économique au service des citoyens comme doit en être sa vocation, mais un système infernal responsable de leur endettement et de leur ruine à terme. La pratique de la soumission par l’endettement est un phénomène historique, une stratégie de guerre silencieuse imparable. Les dangers de la nouvelle doctrine « démocrate-musulmane », idéologie sortie tout droit des laboratoires mondialistes et adoptée par Erdogan, est inspirée du modèle des partis démocrate-chrétiens européens. La Turquie à commencer sa « transition démocratique » et l’adoption du libéralisme économique au milieu des années quatre vingt avec le président Turgut Özal , membre lui aussi du milieu conservateur musulman. Lui aussi avait regretté a posteriori son choix, puisque’ avant de mourir, probablement assassiné, il avouera à ses proches l’ampleur du piège dans lequel il était tombé. En 2002 et l'arrivée de Erdogan au pouvoir avait comme objectif d’intégrer définitivement la Turquie à l’économie de marché. Certes, les citoyens turcs ont une relative liberté depuis 10 ans, mais à quel prix mais surtout pour combien de temps encore ? Les Turcs ont vu leur niveau de vie augmenter de manière significative, certes. Mais en contre partie de quoi ?
Le gouvernement Erdogan en bon disciple néo libéral encouragea la croissance par la consommation et pour y parvenir, il incita les banques à ouvrir les crédits à la consommation, les obligeant à distribuer des cartes de crédits même aux insolvables. Alors que cette consommation à crédit est une chose honteuse dans la culture turque, la majorité des citoyens est tombée dans le piège du surendettement consumériste. Des centaines de milliers de maisons sont saisies parce que les gens ne peuvent plus rembourser leurs débits bancaires. Depuis cette libéralisation forcenée et instaurée par Erdogan, chaque turc possède aujourd’hui plusieurs cartes de crédit qu’il utilisera sans en connaître les conséquences futures.
Même si le néo libéralisme est au début un manne financière pour les caisses de l’Etat et une impression de prospérité pour le peuple, ce modèle économique fini vite par montrer ses travers. Une fois les limites atteintes, l’avenir de Erdogan est plus qu’incertain et la révolution islamique plus proche que prévue.
(1) http://www.voltairenet.org/article152550.html
Dernière intervention télévisuelle de Necmeddin Erbakan sur le sionisme et la finance internationale (29/12/2010)
En attendant une traduction en français des vidéos ci-dessous, de la dernière interview de Erbakan réalisée par la chaine publique TRT, j’invite nos lecteurs turcs à l’écouter ou à la réécouter. Il y tient le même discours depuis plus de quarante ans: anti impérialiste, anti sioniste, mais surtout il y dénonce l’imposture de la finance internationale et le projet mondialiste. C’est grâce à lui, il y a plus de vingt cinq ans que j’ai été initié au « conspira - sionisme », que j'ai compris les dangers et du communisme collectiviste et du capitalisme individualiste, et leur incompatibilité fondamentale avec l’Islam. C’est ainsi que j’avais découvert le fonctionnement pyramidal du système économique mondial, les coulisses perverses de la finance internationale, les pièges de la monnaie fiduciaire, l’arnaque de l'argent créé ex nihilo, le vice structurel de la macro-économie, que toutes les banques centrales étaient privées y compris la FED, etc.
http://www.alterinfo.net/Hommage-a-Necmeddin-Erbakan_a55729.html
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