Changement choisi sinon imposé
Par Omar Mazri,
http://liberation-opprimes.net/
Par Omar Mazri,
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Depuis
quelques jours la situation en Algérie et la situation au sein des
partis politiques et au sein de l’opposition - qui tous ne représentent
pas le peuple - sont en effervescence et en état de guerre les uns
contre les autres avec les mots d’ordre suicidaire des années 80 et 90 :
l’éradication et le refus de la Charia pour les uns, la démocratie est
kofr pour les autres. Tous semblent répondre aux convocations de
l'ambassade américaine à Alger. Tout semble indiquer que la France et
les États-Unis sont derrière cette effervescence pour au moins huit
raisons ou péchés capitaux :
1 – revenir à la théorie des dominos
pour la reconfiguration du Moyen-Orient cette fois au niveau de
l’Afrique du Nord qui recèle les réelles potentialités d’avenir en
faveur mais aussi contre le nouvel ordre mondial selon la perspective du
regard.
2 – Récupérer ce qu’ils appellent le
printemps arabe et changer leurs pions vieillis, usés, stupides qui
n’arrivent plus à gérer et à dégager des élites qui pensent en terme de
région car les États-Unis ne sont pas intéressés à gérer pays par pays
mais région par région. L’Afrique du Nord est une région qui pourrait
être rattaché à l’Afrique subsaharienne après avoir été fragmentée car
l’empire sait que le nationalisme arabe et l’internationalisme islamique
sont des opposants à sa vision césarienne du monde. A l’abri par la
distance ils peuvent déstabiliser et investir sur le plus vassal, le
plus cupide et le plus impitoyable… Il ne faut jamais perdre de vue que
l’impérialisme a plusieurs fers dans le feu en même temps et plusieurs
pédales : il peut accélérer, ralentir ou freiner ici ailleurs nous
secouant de telle manière que nous n’ayons aucun repère et aucune
capacité de résistance ou d’anticipation
3 – Profiter du coup en Libye. Les
analyses simplistes y voient une affaire de pétrole ou de base militaire
mais l’arsenal technologique industriel et militaire est tel que le
pétrole leur appartient déjà et qu’ils sont militairement présent
partout. La Libye c’est créer une entropie pour contrer la révolution
Égyptienne, par la diversion, la subversion et la bloquer. Sans
l’argent, le territoire et l’influence de la Libye de Kadhafi la
révolution égyptienne avec les bureaucraties toujours en place et une
économie sous contrôle américain reviendrait au giron du FMI et de la
Banque mondiale. L’entropie en Libye est en déstabilisation de toute la
région car pour les malheurs des arabes ils n’ont pas de cadre
d’orientation idéologique fédératrice alors que la France et les
États-Unis exacerbent les clivages idéologiques pour rééditer en
Algérie le scénario libyen et stopper toute imagination de changement
4 – L’Otan sait que l’armée algérienne
est divisée d’une manière profonde. Elle est divisée sur son alignement
aux Janviéristes éradicateurs qui lui a couté en capital confiance et
respect de la part du peuple. Elle est divisée sur la tutelle du DRS.
Elle est divisée entre les courants qui la composent : pro américains,
pro français, pro marocain, nationalistes issus de l’ANP et recrutés
depuis les années 60 à partir des écoles algériennes, elle est divisé
sur le lâchage du Général et président Liamine Zéroual et d’autres
généraux de prestige issus des écoles de guerre d’URSS, de Chine, d’Irak
et d’Égypte. Ces généraux auraient pu apporter la paix et la concorde
au début des années 90 et éviter le pays cette horrible hémorragie. Sur
ce sujet il faut avouer que les nationalistes, les islamistes et les
pseudos démocrates n’ont pas été à la hauteur pour soutenir le moindre
mal et mettre fin précocement à la guerre civile fomentée par les
services et les médias français et leurs valets algériens. Sur ces
divisions accumulées vient s’ajouter la position sur la Libye. Les
officiers algériens, professionnels et nationalistes, ne pouvaient et ne
peuvent toujours pas tolérer la présence et l’agression d’un pays frère
dans ce qu’on appelle la profondeur stratégique de son territoire alors
qu’une autre poignée d’officiers rompus aux intrigues, aux compromis
d’appareils et à l’alignement sur l’axe Paris Washington il s’agit
d’une opération chirurgicale pour se débarrasser d’un tyran, d’un fou,
d’un gêneur. Le temps et la résistance des loyalistes de Kadhafi a
donné raison aux nationalistes. Ces derniers peuvent contribuer à
l’échec lamentable de l’OTAN. Je ne suis pas au sein de l’armée pour le
savoir, il suffit de lire la presse algérienne et de connaitre sa ligne
idéologique pour deviner ce qui n’est pas dit.
5 – Israël n’a pas abandonné ses deux
projets : s’étendre géographiquement et faire de la rive latine de la
méditerranée la rive dominante sur la rive musulmane et arabe pour lui
garantir sa suprématie militaire, culturelle, idéologique et économique
dans une confrontation avec l’Iran. Dans ce cadre l’armée égyptienne est
sous la tutelle américaine et même si la révolution égyptienne réussie
le maréchal et ses généraux depuis Camp David n’ont plus de doctrine de
guerre ni de possibilité de confrontation avec Israël. Dans le monde
arabe ne reste que deux armées celle de la Syrie avec son bras le
Hezbollah et son soutien logistique iranien, et celle de l’Algérie.
Toute attaque contre l’Iran ou la Syrie mettra les forces américaines,
les installations de pétrole et Tel Aviv sous un déluge avec la règle
œil pour œil et dent pour dent mais surtout avec la population arabe en
situation insurrectionnelle capable de s’engager pour frapper les
intérêts occidentaux sans parler de l’Afghanistan et du Pakistan.
Erdogan serait renversé par les islamistes et les nationalistes turcs.
Pour l’instant il ne reste que frapper l’armée algérienne. La frappe
peut être symbolique.
Cette frappe symbolique nous l’avons lue
symboliquement quand les Janviéristes poussés par la France et les
Etats-Unis ont annulé la première expérience démocratique. Certes leurs
valets ont perdu dans cette défaite l’impérialisme est opportuniste et
intelligent a profité de l’occasion pour frapper le FIS car il y voyait
la réincarnation du FLN historique et salir l’ANP en lui collant du sang
sur sa mémoire et en l’éloignant du peuple dont sont issus ses
officiers subalternes, ses sous officiers et ses djounouds. Ils sont
parvenus en impliquant l’armée dans des opérations de répression et de
défense d’un système moribond et haï par le peuple à frapper, à travers
l’ANP, l’ALN qui a vaincu avec l’appui du peuple algérien la France
coloniale et le pacte de l’Otan qui soutenait sa barbarie contre le
peuple algérien. La France a gagné elle partage avec l’armée algérienne
et les élites algériennes les mêmes exactions contre le peuple algérien.
Cela a été possible car la France sait que le FIS n’avait pas la
maturité pour construire des alliances stratégiques avec le FLN, le
gouvernement Hamrouche et une partie de l’armée.
Le FIS avec la rhétorique de ses chefs
incompétents et l’émotionnel de ses troupes indisciplinés ne pouvait pas
voir la ligne d’horizon et d’ailleurs il continue de ne pas la voir ni
de faire son examen de conscience et rendre compte à ceux qui ont voté
pour lui ni aux victimes de ses errements. Rester sur cette position
victimaire de confiscation du vote et de la répression sur ses cadres
est suicidaire car le monde change et il faut savoir écrire de nouvelles
pages de l’histoire. Tous les partis politiques algériens portent cette
tare du culte du chef et de la pensée unique même si elle les conduit à
l'impasse, à la trahison ou au suicide. Etre vicitme n'exonère pas de
ses devoirs
Dans ces moments fébriles nous voyons
Anwar Haddam annoncer son retour des Etats-Unis et dire des imbécilités
gravissimes du genre ou le changement ou le soutien à la lutte armée
alors que le Jihad en Algérie contre l’armée algérienne, à tort ou a
raison, n’a pas été promulgué par la seule autorité religieuse crédible
en Algérie : Mohamed Sahnoun. Les savants musulmans comme Al Albani, Al
Bouti et Al Qaradhawi n’ont pas émis de Fatwas. Le peuple algérien n’a
pas suivi et a payé un prix cher juste pour avoir donné ses voix au FIS.
Par ailleurs la réalité est là et il faut composer avec :
l’improvisation des maquis a fait perdre au FIS sa victoire politique
définitivement car son mutisme a laissé l’armée algérienne mener une
guerre anti insurrectionnelle et criminaliser les Djihadistes et
remporter militairement, politiquement et socialement la victoire. Si
Haddam n’est pas capable de voir la défaite cuisante il faudrait qu’il
reste aux États-Unis et n’ajoute pas de la confusion à la confusion.
J’interroge ici Ali Belhadj qui soutient
le CNT libyen et Haddam qui soutient la lutte armée sur une question
d’ordre tactique : La politique c’est comme un combat militaire avec
cependant des moyens pacifiques : on ne prend une position qu’avec un
ordre de combat, un renseignement, un poste d’observation, un choix des
armes conformes au terrain et au rapport des forces et bien entendu une
ligne de repli. Tout ça était absent. Si cela n’était pas absent on
aurait pas eu cette tragédie et on n’aurait pas eu Haddam partir aux
États-Unis car il ne viendrait jamais à l’esprit d’un combattant
entrainé à faire du camp de son ennemi le camp de son retrait. Quand
cela arrive par stupidité ou par erreur les lois de la guerre, de la
politique exigent que celui qui vient, libéré ou en fuite, du camp de
l’ennemi, qu’il soit mis au silence un certain temps le temps de
l’éprouver, d’éprouver sa solidité psychologique, sa loyauté.
L’impérialisme sait tout ça sauf les Algériens qui accumulent faute sur
faute, improvisation sur improvisation et ils croient qu’Allah va donner
la victoire ou la gouvernance à ceux qui vont faire pire que les autres
au nom de l’Islam.
Par rapport à Israël il est important de
voir que les sionistes judéo-chrétiens et arabes misent sur le retour
du Messie dans un rôle de Rédempteur. Leur croyances fondés sur le
messianisme politique qui vit sur le culte du sang versé ou du
cataclysme vengeur veulent des guerres de conquêtes pour exterminer les
païens et les infidèles que nous sommes (les Musulmans) et imposer la
suprématie d’une religion qui n’a pas d’adeptes car elle refuse les
conversions et ainsi faire dominer le monde par quelques millions
d’individus fanatiques et sataniques. Si Israël et ses spécialistes de
la communication ont besoin de se donner des alibis religieux fallacieux
pour magnifier la puissance nucléaire militaire américaine et la
caporaliser au service du Grand Israël il est surprenant voir suspicieux
de voir des Musulmans détenteurs d’un Livre qui décrit les mécanismes
de libération de l’oppression et de l’édification civilisationnelle se
lancer dans des explications eschatologiques et métaphysiques de
l’histoire allant dans la sens de la culture talmudique et rabbinique
sioniste.
En Algérie le champ social est dominé
par les confréries maraboutiques qui traditionnellement ont été au
service de la colonisation et du despotisme politique. Il est dominé
par les salafistes infantiles apologétiques de la monarchie saoudienne
et colporteurs de la désinformation et de la propagande défaitiste. Le
champ politique est vide. Il n’est peuplé que de monstres qui cherchent
la revanche faisant le jeu des sionistes et de l’empire. Les uns
affichent de plus en plus fort que la démocratie est Kofr alors que les
autres affichent plus fort encore qu’ils sont prêts à prendre les armes
contre l’instauration de la chari’a islamique. Dans cette cacophonie qui
fait penser à la fable de la peste de la fontaine où chacun cherche un
bouc émissaire pour lui faire porter l’épidémie en faisant de lui un
étranger dans son propre pays nous voyons la télévision algérienne
exprimer la plus haute trahison. Elle donne la parole à Yves Bonnet
ancien patron de la DST pour répondre à Canal + sur l’affaire des moines
de Tibhérine et sur la Libye.
Nous savons que le clan Asloui,
Benhabilès et compagnie sont engagés dans la lutte anti islamique avec
les services français mais que ça se dise dans des communiqués
témoignent de l’indigence politique et morale ou au contraire du cynisme
qui pousse à l’exacerbation sociale et politique en Algérie pour aller à
la confrontation par émeutes ou par voies armées ? Nous savons aussi
qu’entre la CIA et la DST il y a une lutte sur la prise de pouvoir en
Algérie. Il ne s’agit pas seulement du pouvoir sur Al Mouradia ou les
Tagharins mais sur les esprits de tous les Algériens, sur leurs biens,
sur leur économie, sur leur religion. L’ambassade américaine à Alger
dépense des fortunes en réceptions et organise des voyages d’affaires
dans le monde occidental au profit de jeunes et petits cadres qui
croient bénéficier de privilèges ou se voient des « lumières »
d’intelligence rayonnant au milieu des Hittistes et des victimes de la
Hogra. L’Occident en faillite morale, politique et économique a besoin
de nouvelles guerres, de nouvelles conquêtes, de nouveaux partages
coloniaux.
Quand l’ancien patron de la DST répond à
Canal+ on comprend que deux factions des renseignements et du pouvoir
français se battent et expriment leur divergence sur la crise libyenne
et sur le passé algérien mais quand cela se passe à Alger et sur la
chaine de télévision algérienne ce la veut dire que le complot est plus
grave : nous sommes otages de la politique étrangère et sécuritaire
française, nous sommes un terrain d’opération des divergences
internationales de la France avec ses alliés de l’Otan, nous sommes les
Pinocchio manipulés par les services français. Mais là aussi il faut
rendre hommage à la France de Sarkozy d’avoir et à l’Amérique d’Obama de
montrer leur niveau de bassesse. Nous sommes loin de ce qu’on lisait
dans notre jeunesse sur l’intelligence des services et de la diplomatie.
Nous sommes face à des chiffonniers, des tueurs, des tortionnaires, des
cupides, des agresseurs.
Mais pour l’Algérie et les Algériens
c’est la preuve par l’image et le son en direct à l’ENTV et en différé à
canal + que c’est la DST française qui gouverne l’Algérie. Que cela se
fasse avec autant de tapage et de visibilité n’est pas anodin. Il faut
revenir à l’effervescence du monde depuis que l’Égypte a entamé sa
révolution qui peut mener des Islamistes au pouvoir allié à la gauche
nassérienne laissant les Frères Musulmans en seconde position mais
laissant surtout Israël hors de l’épicentre du monde arabe une fois
repris par l’Égypte.
Quand on islamise les voyous du CNT dans
la télévision algérienne c’est bel et bien pour gérer en Algérie les
conséquences géopolitiques à venir et préparer le chaos avant
l’émergence d’un front islamo nationaliste révolutionnaire
altermondialiste en Afrique du Nord.
6 – Quand on sait que l’Algérie est
passée de la légitimité historique à la légitimité révolutionnaire de 67
puis de la légitimité des seconds couteaux ou des jeunes loups de
l’armée qui ont vaincu par les armes une légitimité démocratique on
s’attend donc à ce que ces nouveaux promus ne cèdent ni leur pouvoir ni
leur privilèges et encore moins ce sentiment de mépris envers le civil
qui peut sembler sectaire mais acceptable au regard de l’histoire
moderne de l’Algérie construite autour de l’ALN puis de l’ANP et au
regard des irresponsabilités des civils qui demandent non seulement à
l’armée d’arbitrer mais de reprendre ce qu’ils sont incapables de gagner
ou de conserver. Quand on sait que le patron de la DRS est vieux et
malade et que dans son entourage l’intelligence de son niveau est
inexistente. Quand on sait que Bouteflika a modifié une constitution qui
donne des pouvoirs exhorbitants qu’il ne peut exercer à cause de son
âge.
7 – Quand on voit comment le FFS avec
ses relais dans les autres partis y compris dans la mouvance islamiste a
fait admettre l’idée d’une Constituante on doit se poser des questions
sur l’opportunité et la pertinence de cette revendication. Ce n’est pas
une imitation de la Tunisie ni de l’Egypte. Pour que le lecteur
comprenne la place de cette question dans une architecture complexe qui
remonte aux années 80 il faut se rappeler que tous les « démocrates »
algériens réclament avec le FFS une constituante comme si l’Algérie
était sans constitution ou sans prolongement idéologique avec
Washington, Paris et Tel-Aviv. Nous allons entrer de nouveau dans la
remise en cause de l’identité et de l’appartenance algérienne. Pour un
pays meurtri et trahi comme l’Algérie toute atteinte ou toute confusion
sur sa personnalité ne fait qu’empirer la situation idéologique,
politique, sociale et culturelle. La constitution algérienne est
« moderne » même si elle ne répond pas aux aspirations des lignes dures
des islamistes ou des laïcs. C’est pour l’instant un compromis tolérable
même si le Président Bouteflika y a introduit des arrangements
inacceptables donnant au futur président un pouvoir autocratique. Pour
les démocrates algériens il faut une constituante. Pourquoi ? La réponse
est d’ordre idéologique et d’ordre subversif voulu ou non voulu :
La réponse idéologique. En 1976 le
Président Boumediene a lancé ce qui devait être la troisième révolution,
la révolution culturelle, après la révolution agraire et la révolution
industrielle. La charte nationale a connu un engouement des Algériens
dans le FLN, l’UGTA, l’UNPA, l’ANP, les écrivians et artistes algériens
et tous les intellectuels de l’époque et notamment Mouloud Kacem, le
Kabyle, polyglotte, défenseur de l’Arabe et de l’Islam, un pur Amazigh à
l’image d’Ibn Badis et des chefs des grandes confréries (les Chorafa)
comme celle dont descend le père d’Aït Ahmed le Président du FFS. La
charte nationale a révélé, il faut consulter les archives, l’expression
de la personnalité algérienne à travers son islamité, son arabité, sa
guerre de libération contre le colonialisme et sa revendication de se
démarquer de l’ex puissance coloniale. La Révolution culturelle, posée
formellement sous forme de charte nationale était une des revendications
du penseur Malek Bennabi qui demandait lui et son cercle de réflexion
une unité idéologique, une direction d'orientation politique,
l’affirmation d’une culture nationale exprimant la personnalité
algérienne. Le Courant islamiste algérianiste qui n'a rien à voir avec
les Frères Musulmans et les Salafis a appuyé ce débat malgré qu'il soit
idéologiquement en désaccord avec le Président Boumediene. Le destin ou
un plan bien orchestré a fait disparaitre le président algérien et
occulté ce chantier. Ce chantier est d'actualité maintenant plus que
jamais car c'est de ce chantier que se dessinera les configurations
idéologiques, culturelles, politiques et économiques de l'Algérie de
demain à condition de se libérer du ponctuel, du sensationnel et de la
diversion.
La lutte contre le peuple algérien sera
une lutte idéologique féroce pour déconstruire son désir et ne pas le
laisser construire sa personnalité détruite par 132 ans de colonialisme.
Si la colonisabilité a amené la colonisation. Celle-ci nous a légué la
colonialité cet esprit d’indigène qu’on retrouve dans les bureaucraties
et dans les intellectuels arabophones ou francophones qui voit l’avenir
que dans la confusion et la servitude à l’Occident
La réponse subversive sous forme
politique et autre : Au-delà de l’attachement à la culture des mots de
la révolution française il s’agit en réalité de demander une assemblée
constituante pour contrer l’esprit algérien qui s’est exprimé dans la
charte nationale. Il faut une assemblée constituante pour réaliser un
des deux projets :
Projet 1 – Éliminer toutes références à
l’Islam et à la lutte de libération nationale. Les spécialistes de la
diversion ont fait déjà capoter la charte de Tripoli qui donnait une
configuration révolutionnaire et islamique avec une dose de socialisme
(davantage en référence à l’Égypte de Nasser et son soutien à la
révolution algérienne qu’à l’URSS). La voie est ouverte pour reprendre
le projet colonial : séculariser l’Algérie. Ce n’est pas sans raison que
le modèle turc et le modèle tunisien étaient la référence prisée dans
les microcosmes algérois. Parmi ces laïcs on retrouve des arabisants et
des nationalistes qui ont fait la révolution algérienne mais on oublie
de mentionner qu’ils sont les purs produits de la lutte idéologique
menée par le colonialisme à travers les associations et les lycées
franco musulmans qui visaient l’assimilation et la « libération de la
femme algérienne » du voile. Ce travail était supervisé par les
catholiques et les communistes français qui trouvaient dans des élites
égarées ou admiratives de l’émancipation à l’occidentale matière à
faire. Ce projet est toujours d’actualité. Je ne suis pas Dieu pour
sonder les cœurs et me prononcer sur l’intentionnalité naïve, morbide
ou traitresse de ce projet chez les démocrates algériens qui vivent
l’islamisation de l’Algérie comme un drame personnel.
Pour leur malheur ils ne voient pas que
cette islamisation est infantile, sans devenir. Pour leur intelligence
ils ont peur du retour de l’Islam politique qui va poser les problèmes
en termes civilisationnels et qui va dévoiler leur manigance avec le néo
colonialisme et leur vassalité à ce néo colonialisme qui se sont
nourries mutuellement de l’illusion de la mort de l’Islam politique. Le
nouveau drapeau libyen, le vert avec l’inscription Allah Akbar, et la
force du mouvement islamique en Égypte fortement politisée dévoile le
retour en force de l’Islam politique. La confiscation de révolution de
jasmin, de BHL, de printemps arabe ne cachent pas les transformations
des sociétés arabes et le désarroi des démocrates qui rejettent déjà la
sanction des urnes et qui préfèrent le chaos à toute solution
islamique….
Projet 2 – La Constituante a fait
miroiter des alouettes à certains islamistes et nationalistes algérien y
voyant une panacée alors que d’après tous les experts la constitution
algérienne est bonne sur le plan de son écriture. Le problème est dans
sa non exécution. Pourquoi alors choisir une solution compliquée : une
constituante au lieu d’activer et de réviser l’actuelle Constitution.
L’assemblée constituante élue « démocratiquement » va fatalement se
trouver confrontée à des expressions pluralistes sur l’identité
algérienne en l’occurrence : l’islamité, l’arabité, la souveraineté
nationale par rapport à l’Occident et le fédéralisme. Toutes les
combinaisons de clivage sont possibles dans cette assemblée où chacun se
dit légitime et représentant du peuple pour imposer un dilemme ou
l’impossible renoncement entre Islam et sécularisation, l’Arabe comme
langue nationale ou le Français ou le Berbère, le régionalisme ou
l’État central, l’appartenance au monde arabo musulman et africain ou
appartenance à la rive latine (sous entendant l’aire civilisationnelle
judéo chrétienne et la reconnaissance d’Israël). Dans un pays en crise,
en exacerbation sociale et politique, en clivage idéologique, en
déchirement par les influences étrangères nous sommes dans un scénario
type d’éclatement du pays.
La logique citoyenne, intellectuelle et
morale exige pourtant que les conflits ou les clivages relevant du
culturel sont complexes et n’obéissent souvent pas à des logiques
objectives. Ils doivent être relégués à un débat non politique et dans
un cadre apaisé c'est-à-dire une fois la sérénité retrouvée, la
confiance obtenue, la reconnaissance de l’autre confirmée, l’absence
d’armes et de milices garantie… Ce climat n’est possible que dans le
cadre d’une autorité de l’État avec des institutions représentatives
et reconnues par la majorité du peuple dont la souveraineté sur les
gouvernants et les élus est respectée à travers l’exercice de son choix
libre et le respect de ce choix.
La souveraineté du peuple ne se pose pas
en termes d’opposition avec la souveraineté d’Allah. L’ignorance
d’Allah fait qu’on parle de Lui et de Sa Charia comme si c’était le
copain du coin ou le rival dans les élections du bled. L’ignorance de la
Charia fait qu’on la présente comme un corpus de lois décrites et
appliquées d’une manière caricaturale et amputée de son cadre social et
culturel. La Chari’a est étymologiquement la voie, la méthodologie.
Notre référence n’est pas l’Arabie saoudite mais le Coran. Si vous ne
voulez pas de ce Coran arrêtez de louvoyer dites le et afficher votre
athéisme ou votre agnosticisme ou votre religion et entrez en
compétition loyale dans des élections démocratiques puis soumettez-vous
au verdict des urnes. J’espère que l’armée algérienne a tiré toutes les
leçons de l’inconséquence de ses chefs sans foi ni morale ni dignité qui
ont fait le sale travail pour d’autres qui vont la conduire à affronter
l'Otan ou à s'y soumettre :
« Le perdant est celui qui a
vendu sa vie future pour sa vie mondaine, mais le pire des perdus est
celui qui a vendu sa vie future pour la vie mondaine des autres ».
Si nous voulons une assemblée
constituante pour fonder une nouvelle république qui s'inscrit dans un
projet civilisationnel et dans une autre configuration démocratique
instaurons d'abord la paix et la concorde et la légitimité du pouvoir.
Une fois réglés les problèmes culturels dans le cadre culturel et non
idéologique alors une assemblée constituante peut voir le jour et
reposer les questions de fond de la Choura islamique : exclure l'argent
de la vie politique, réduire le pouvoir médiatique à son rôle
d'éducateur et d'informateur, faire élire le conseil des formes armées
et de sécurité par le peuple pour éviter que les forces de sécurité et
les forces armées soient un instrument de répression ou de confiscation
du pouvoir. Élire les grands magistrats par le peuple pour que la
justice soit rendue au Nom d'Allah mais pour le peuple. Bannissons les
postes de ministre de l'information, de la jeunesse, de la culture de
l'exécutif pour protéger le peuple de l’emprise idéologique du pouvoir.
Supprimons le ministre du culte pour que la religion ne soit pas
instrumentalisée par le pouvoir. Rendons l'Islam au peuple. Les comités
populaires élisent leur imam et l'état redonne à la Mosquée les
fondations pieuses et les biens Waqf inaliénables pour que l'activité de
dévotion ne soit pas financée par l'Etat et que l'imam comme le savant
musulman vivent autonome du pouvoir. Mettons en place une démocratie
directe dans une décentralisation qui fait de la commune le cœur du
dispositif démocratique. Créons au ministère de l'économie et des
finances une direction générale de la Zakat et de la justice sociale.
Supprimons le Riba et les produits financiers. Rendons les terres des
terres 'arch communautaires, inaliénables incessibles et indivisibles.
Rendons les musulmans propriétaires usagers et associés à la gestion des
plans d'eau, de l'énergie, des ressources stratégiques et des zones de
parcours pour l'élevage. Nationalisons les banques et protégeons notre
monnaie nationale. L'Islam a des réponses a apporter sur ces sujets.
La constituante pourrait et devrait,
plus tard, définir les principes fondamentaux qui définissent les
droits du pauvre sur l'état et sur le possédant ainsi que le devoir
constitutionnel du riche et du gouvernant sur le faible, l'opprimé et le
pauvre. Encore une fois nous ne sommes pas encore là. L'urgence est à
garantir les libertés individuelles et publiques, le droit à
l'expression multiple, l'interdiction de toucher aux valeurs sacrées du
peuple, de sa religion et de sa souveraineté. L'Islam prospère dans la
liberté car ses arguments sont moraux, idéiques et persuasifs. La
liberté, la justice et la miséricorde sont la citadelle de l'Islam
imprenable et prospère. Les haineux, les revanchards et les fabricants
d'opacité et de confusion sont poussés par le désir de ne pas créer de
conditions au débat sur l'Islam par l'Islam mais de créer les conflits
et la provocation pour que les plus émotifs, les moins instruits et les
manipulés entrent dans la danse créant un sentiment d'insécurité
favorable au maintien des choses en l'état.
8 - Une info est passé sur anb et
elhiwar tv et parle de policiers en nombres dans Alger pour faire face
aux possibles affrontements dus à une scission dans le FLN.Il y aurait
des mouvements violents entre partisans du FLN à Draria. L'événement
montre le niveau de déliquescence du système et il dévoile les partis
pris de certains analystes et de certains observateurs proches des
milieux de l'opposition officieuse et pose la question : à quelle
logique politicienne ou autre, ces prises de postion s'affichent et
donnent légitimité ou justification à un corrompu au détriment d'un
autre?
L'affaire de Draria est grave. Elle
appelle plusieurs remarques. Cette chaine proche des Frères Musulmans
transmet la vérité sous un angle partisan. L’angle partisan des Frères
Musulmans est de s’inscrire dans les révolutions arabes d’une manière
mécaniste sans analyse objective et subjective. Ils ont l’appui de
Qaradhawi qui peut à travers al Jazeera rééditer la tragédie de la
Libye. Ils sont pour une solution islamique qui peut s’arranger avec la
mondialisation, le FMI, la Banque mondiale, les aristocraties, les
États-Unis et le France ou l’impérialisme pourvu qu’on préserve les
clichés de l’Islam. Ils sont loin des principes d’Hassan al Banna le
fondateur du mouvement ou de Sayyed Qutb le théoricien du mouvement.
Leur entrisme politique en Égypte et en Algérie montrent les dégâts sur
la société. Le modèle par excellence est Erdogan, gouverner sous
l’étiquette islamique tout en étant allié stratégique d’Israël et de
l’Otan. La politique des Frères Musulmans qui consiste à dire « embrasse
le chien par la gueule si cela doit te faciliter la tâche » ou de
« négocier avec le diable comme Allah a dialogué avec Satan » a montré
ses limites en Algérie et ses dérives en Syrie et en Libye. Perdu dans
les affaires et le partage de la rente les Frères Musulmans d’Algérie
doivent entretenir la lutte au sein du FLN pensant affaiblir un
adversaire et ramasser la mise sans subir l’épreuve populaire.
Ces 8 points conjugués ensembles et les
souvenirs du silence qui a entouré la mort du Président Boumediene avec
toutes les conséquences de rééquilibrage du pouvoir au profit d’un clan
nous laisse face à un scénario alarmant qui peut se décliner sous une
des deux formes tout de suite ou dans un avenir proche :
1 - Bouteflika sentant la fin proche et
le repentir (Wikileaks l’a présenté selon les sources américaines comme
membre d’une confrérie religieuse maraboutique) a peut être présenté un
projet de réforme et comme en 88 l’aile pourrie du FLN réagit en mettant
le conflit politique à la rue pour prendre en otage le Président et le
peuple. Octobre 88 n'était pas un évenement déclencheur d'une révolte
contre le système mais une orchestration par les caciques du FLN qui
préssentaient la rencontre entre des réformes inévitables et la marche
progressive d'une volonté de changement qui a commencé dans les acieries
de Annaba en 85 puis à Constantine en 87 puis à Rouiba dans le secteur
industriel en 88. Les jeunes d'octobres ont été les victimes bouc
emissaires pour stopper une révolution en maturation et une réforme en
préparation. En 89 90Le FIS a aussi été manipulé en allant se battre
contre les réformes au lieu d’en discuter le contenu et de dire la
vérité à Hamrouche : nous sommes pour certaines et contre certaines de
tes réformes. Pour celles dont nous sommes d’accord tu ne peux les mener
seul sans parti politique qui te soutient et encore moins avec le
soutien d’un FLN dont les réformateurs sont minoritaires. Allons
ensemble à une réforme institutionnelle et à un processus démocratique
et puis ensemble avec le peuple travaillons pour un minimum démocratique
pour nous libérer du FMI, du désinvestissement, de la bureaucratie, de
la rente, de la vassalisation à la France… Chadli n'était pas
l'obstacle aux réformes ni au FIS, il manquait d'envergure et de
pouvoir. L'obstacle était le cabinet de Larbi Belkheir. Abassasi Madani
et Ali Belhadj auraient du voir la situation avec lucidité tant
nationale qu'internationale (la première guerre du Golf). Qu'ils se
trompent une fois c'est pardonnable mais qu'ils ne puissent se ratraper
avec le général Liamine Zéroual devient le syndrôme morbide de
l'égarement.
Hamrouche et le FLN réformateur auraient
du voir les contradictions du système et ne pas mener une réforme qui
en étant dévoyé par Ghozali et ses successeurs a, au nom de la réforme,
introduit des distorsions graves dans l'économie et les médias. Les
appareils du FIS et du FLN ont été des facteurs de blocage d'une
démocratie naissante mais les faux culs dans le rang des réformateurs
ainsi que l'absence d'un soutien politique et populaire ne pouvaient que
mener à une crise dont nous payons les conséquences comme un homme qui
s'arrête à gué dans une rivière en crue. Cette rivière s'appelait le
nouvel ordre mondial qui charissait avec lui le RCD et l'économie
informelle alliés inconditionnels du capitalisme prédateurs
Bouteflika réformateur repenti serait donc un scénario romantique mais probable et incertain...
2 – Bouteflika Serait déjà mort ou
agonisant ou dans un long coma comme Sharon. Il y a déjà plusieurs mois
qu’on évoque son assassinat sous couvert médical pour mettre fin à son
projet de réforme, à la concorde nationale que les éradicateurs
refusent ou l’empressement de l’empire et de ses vassaux de se
débarrasser de lui. Ce n’est pas leur ennemi mais un allié devenu
encombrant par son âge et par l’unanimité populaire derrière lui qui a
trouvé quelques réponses à son désir de trouver un toit, un logement,
une consommation. Bouteflika a redistribué quelques miettes de la rente à
un peuple paupérisé. Mort, agonisant ou malade incapable de gouverner
le feu vert pour sa succession est intéressant pour faire voler en éclat
ce qui reste de l’Algérie quand on sait qu’au nom de l’autorité de
l’État (haybat ad dawla) on a détruit ce qui restait de l’État et le
peuple qui pouvait donner sens et légitimité à cet état comme émanation
de la souveraineté populaire. Tous les partis politiques sont décapités,
noyautés. Les gens compétents sont mis au silence ou contraints à
l’exil.
Nous sommes donc dans une situation
favorable à l’implosion du système au profit de l’impérialisme.
L’impérialisme a la vocation de détruire et de reconstruire selon son
agenda et ses intérêts. Il sait que Les islamistes sont décapités sans
chef et prêt à en découdre avec le régime poussés par l'esprit de
revanche et la disponibilité des armes en circulation en Libye. Il sait
que les Laïcs ont échoué lamentablement leur politique d'éradication et
il sait qu’ils qui savent qu'avec les révoltes arabes ils seront
inévitablement repris par l'histoire que ce soit par des élections
libres et démocratiques ou par une révolution populaire et par
conséquent ils doivent passer à l'action en faisant exploser toutes les
mines qu'ils ont semé ces dernières années jusqu’à rendre impossible
l’arrivée au pouvoir des islamistes. L’impérialisme a en main l’agenda
et la stratégie : ou bien pousser les uns et les autres à une lutte
fratricide ou à un arrangement d’appareils pour hériter ensemble du legs
de Bouteflika et faire de l’Algérie le centre de ses opération, le
poste de commandement pour diriger l’Afrique du Nord et l’Afrique
subsaharienne et liquider Kadhafi sinon le maintenir dans un niveau de
combativité tel qu’il ne gagne pas mais qu’il ne permet pas à la Libye
de revenir à la normale tant le sort de l’Égypte et de l’Iran ne sont
pas définitivement réglés.
Pour l’instant il semble que la lutte
soit déjà engagée entre deux crapules du système, Belkhadem, l'ancienne
garde du FLN l’islamo nationaliste incompétent, et Ouyahiya, le chef des
éradicateurs, la nouvelle garde laïc issue de l’école nationale
d’Administration fondée par Larbi Belkheir pour former les commis
apolitiques de l’État algérien. Cette lutte peut être régulé par la
France, l’Arabie saoudite et les Etats-Unis ou dépasser le seuil
tolérable car chacun se croit investi de la mission messianique de
remplacer Bouteflika et chacun a son réseau clientéliste national et ses
souteneurs étrangers. Faute de trancher entre les deux le système peut
choisir une autre calamité islamo nationaliste avec ses réseaux dans
l’armée, les affaires, le FLN et l’ancienne équipe de Hamrouche : Ali
Benflis. C'est ce qui semble pour l'instant se déssiner. Pour celui qui
connait l'Algérie ce choix est provisoire et d'autres luttes sont en
perspectives. Comme dans l'empire romain les élites et les généraux
doivent se réunir en conclave et arbitrer entre les prétendants au
trône.
Ces trois dauphins sont le produit de la
continuité d’un système qui a fait de son existence une errance
erratique au nom du peuple, loin du peuple, contre le peuple et se
protégeant de ce peuple derrière l’armée issue du peuple. Ces trois
dauphins ont bradé les richesses de l’Algérie au capital international
et aucun des trois n’a tenté de résister ou de dénoncer cette braderie
de l’économie nationale ni préserver les hydrocarbures ni préserver la
productivité du travail algérien contre la concurrence déloyal des
économies organisées, performantes et prédatrices. Le Chômage, la fuite
des cerveaux, l’importation de tout à partir des mêmes monopoles
internationaux et par les mêmes monopoles nationaux, le
désinvestissement, la fraude fiscale et douanière, le crédit sélectif et
clientéliste, le transfert colossal des fortunes, l’affaiblissement de
la monnaie nationale, l’alignement sur le Riba et les banques
internationales d’un côté et le délabrement de l’appareil éducatif et
scientifique national avec plagiat des pôles urbains et technologiques
français vides de contenus, de cohérence et de compétences nationales
d’autre part sont le résultat de ce triumvirat archaïque et anti
national. Ce même trio d’incompétents avec ceux qui les ont succédés et
accompagné ont permis le montage de joint venture où le capital
industriel national a été sous évalué, non recapitalisé.
Les incompétents du FIS mettent en avant
un économiste oubliant que celui-ci sous injonction des États-Unis et
d’une partie de l’armée a mis fin à l’investissement productif en le
remplaçant par les investissements de valorisation du potentiel existant
qui devenaient un pipi de chat dans une industrie nationale
restructurée à l’emporte pièce alors qu’il fallait lui redonner une
nouvelle impulsion managériale et une nouvelle doctrine économique. On
ne peut faire valoir ses titres universitaires et toucher à l’économique
quand on ignore que le politique est le plus déterminant en dernière
instance. Tous ces incompétents sont dans le pouvoir et dans
l’opposition alors que le peuple est hors pouvoir et hors opposition
souffrant des uns et des autres.
Nous sommes dans une phase décisive
d'un moment de l'histoire et tout semble se rassembler avec le mouvement
désordonné pour la prise du pouvoir ou pour l’éclatement de l’Algérie.
Dans ce flou Bouteflika n’a apporté
aucune mesure digne d’intérêt saut à donner du pouvoir et du matériel à
la police pour faire sortir l’armée du bourbier sécuritaire et pour
contrer le DRS mais l'armée se dit je suis légitime sur le plan
historique, révolutionnaire et anti terroriste ? Qui va prendre
l’initiative ? Qui va affronter l’autre ? Est-ce l’empire à un Tantaoui
égyptien ou un Djérid Ammar tunisien ?
Pour sortir du flou et trouver une issue
nous devons reposer la question non seulement en termes de légitimité
politique mais en termes de légitimité médiatique et économique.
Sur le plan médiatique l’Algérien est
désinformé par des médias au service des intérêts occultes et des
prédateurs. L’Algérien est mis dans une situation de l’âne de Buridan
dans l’impossibilité de choisir ou de renoncer. Ceux qui se présentent
comme information d’opposition ne lui donnent pas les clés de comprendre
pour anticiper mais le soumettent à une autre forme de désinformation
le poussant à quitter le champ politique et à ne pas voir le champ
économique. A cet effet tout est mis sur le compte du DRS ou de
Bouteflika alors qu’il s’agit d’un système dominé par la culture du
partage maffieux de la rente des hydrocarbures, de l’économie
informelle, de la prédation que permet un système bureaucratique et un
système managérial qui a exclut l’idée de faire des études d’ingénierie
par des Algériens et de confier petits et grands travaux au capital
international par le clé en main ou le produit en main avec des
commissions et des rétro commissions. Les dauphins de Bouteflika, comme
lui-même, sont l’émanation du non état qui permet la prédation
économique, l’injustice sociale, l’absence d’arbitrage par le peuple
sur l’utilisation des ressources nationales, l’absence d’esprit
d’initiatives créatrices de valeurs, d’emplois et de richesses
nationales par le fait du monopole des dérogations et de la servitude
aux réseaux du Bakchich en Algérie et hors d’Algérie.
L’équation économique est davantage
pire : nous devenons le terrain où le capitalisme non seulement continue
l’échange inégal par le commerce ou par la prédation coloniale mais le
dépotoir de leur technologie obsolète et de leurs nuisances sur
l’environnement (déchets nucléaires, produits périmés, idées
mortifères…). Il est impossible de mettre sur place une économie moderne
quand l’État n’a pas de politique et quand les agents économiques
forment une famille au double sens de maffieux et d’alliances
matrimoniales. Ce n’est pas la loi de Lavoisier mais la loi de Brown :
tout est en mouvement entropique, chaotique, au détriment du peuple et
de l’économie nationale.
Une chose est sure l'Algérie est rentrée
dans une phase d'instabilité d'un nouveau genre. Elle n'est pas
maitresse de son agenda. Il appartient aux Algériens conscients des
enjeux de partager avec moi deux règles :
La première : notre miséricorde pour le
peuple et que nous recommande l’Islam, elle doit être supérieur à la
haine des haïssables pour ne pas nous déshumaniser et être entrainés
dans leur haine. Nous devons refuser la voie de la violence aveugle,
sans projet, sans cap. La révolution est nécessaire, juste et inévitable
mais elle ne peut et ne doit être confiée à des aventuriers, des
incompétents et des faillitaires. La miséricorde et l’empathie que nous
commande l’Islam nous ordonne de nous poser la question déterminante :
Allons-nous au nom de notre désir de libération encourager les criminels
impérialistes et les revanchards islamistes ou les éradicateurs laïcs à
réaliser leurs leurs dessins de guerre civile comme en Lybie et en
Syrie? Avons-nous la lucidité et la compétence de fédérer les probités
morales et politiques, intellectuelles et populaires, civiles et
militaires pour rassembler les Algériens et les conduire pacifiquement
mais sans concessions, sans arrangements d’appareils et sans présence
de l’OTAN, de la CIA et de la DST pour enfin parachever l’indépendance
qui a été confisqué et retrouver la souveraineté dans la paix, la
liberté, la prospérité? N’est-ce pas que notre Prophète nous a interdit
de combattre derrière un étendard confus et que celui qui meut derrière
cet étendard meurt comme un mécréant. N’est ce pas lui qui nous a
demandé d’être lucide et d’empêcher les insensés de nous conduire à la
noyade collective :
D’après Annou’mân Ibn Bachir (RA), le
Prophète a dit : « L’image de celui qui ne reconnaît pas les interdits
de Dieu et cherche à les abolir et l’image de celui qui les transgresse
est celle d’un groupe de gens qui ont tiré au sort pour donner à chacun
d’eux sa place dans un bateau. A certains revint le pont et à d’autres
la cale. Ceux qui logeaient dans la cale étaient obligés de passer par
le pont pour puiser l’eau (de la rivière). Ils dirent : « Si nous
faisions un trou dans la partie qui nous revient, nous cesserons de
déranger ceux qui sont au dessus de nous ». S’ils les laissaient
réaliser ce désir, c’est leur perte à tous ; et s’ils les en empêchent,
c’est leur salut à eux et à tous ». (Rapporté par Al Boukhari)
La seconde : Nous devons d’inviter
l’armée algérienne à relire avec responsabilité et nationalisme la
plateforme de Rome de 1995 et d’inviter rapidement les plus sages et les
plus influents à y adhérer et à faire bloc contre la marche vers
l’inconnu. Sinon il y a le projet de Plateforme proposé par Abdelhamid
Mehri qui doit être débattu, enrichi et mis sur pied pour en faire un
programme de transition autour duquel se rangerait les femmes et les
hommes épris de liberté, d’algérianité et des idéaux de novembre 54.
J’invite les militants et les sympathisants d’une idée noble,
généreuse, compétente et réaliste du FLN historique, du FIS, du FFS et
de l’ANP à s’engager hors de l’esprit infantile et partisan de leurs
appareils sectaires et à défendre l’indépendance de l’Algérie et à la
redresser politiquement, économiquement et socialement.
Encore une fois il faut avoir le courage
de dire la vérité : Ne perdons pas de temps. Monsieur Abdelhamid Mehri a
fait une bonne proposition au Président Bouteflika. En mon humble avis
il est trop âgé et trop intelligent pour aspirer à autre chose qu’à
une réconciliation qui réunit les lucides de ce pays avant le déluge.
Le silence occultant sa proposition par l'opposition algérienne et ses
chantres reste suspect quand on connait la valeur de l'homme, ses
positions invariantes et surtout l'initiative d'ouvrir le champ
politique et social. L'opposition algérienne islamistes et laïcs
semblent être d'accord pour éviter le seul événement réellement
politique depuis presque 20 ans.
Pour nous il ne s’agirait pas d’un
moment d’émotion et d’applaudissement mais d’une nouvelle théorie de
l’État, d’un nouvel énoncé de principes constitutionnels, d’une nouvelle
doctrine de gouvernance, de la restauration de la politique comme
disait Malek Bennabi un acte scientifique. Il ne peut être scientifique
au sens sociologique si la société est absente ou si l’état-pouvoir dans
tout ce qu’il entreprend est à la fois le maitre d’ouvrage, le maitre
d’œuvre et le maitre d’usage ne laissant place à aucune inventivité, à
aucune expression plurielle, à aucune responsabilité qui s’assume dans
son domaine de métier et de compétence. Il ne peut y avoir plateforme
de sortie de crise si le peuple n’est pas impliqué dans ce débat au
niveau des quartiers, des villes, des communes, des wilayas, de la
nation, des corporations sans fusil sur la tempe et sans argent sale mis
dans les mains. Le peuple est le seul garant de l’état de droit à
ériger, de la protection de cet état, de ce peuple et de leur territoire
des visées impérialistes.
C’est en cassant en Algérie le système
laïc, usuraire et monopoliste et en promouvant à sa place un système
civilisationnel inédit mais s’inscrivant dans la logique de continuité
territoriale, historique et psycho mentales de la civilisation islamique
que nous pouvons nous préserver de l’impérialisme et du sionisme.
Contrairement aux apparences l’Algérie
dispose de ressources et d’hommes compétents alors que l’impérialisme
dispose d’un capitalisme en voie d’effondrement. Dans les mois à venir
tout le capital industriel, foncier et financier réel ou fictif passera
entre les mains du capitalisme chinois ou israélien. L’Algérie est
capable de résister et de porter la voix des opprimés d’Afrique du Nord
et d’Afrique. Sinon tous nous serons des pré retraités qui vivoterons
d’une rente du comptoir commercial américano franco israélo saoudien en
Algérie. Nos limbes deviendrons des kleenex jetables le temps de
pleurnicher sur la grandeur et la dignité de nos aïeux avant 1830 puis
comme une mémoire volatile d’un poisson rouge dans un bocal nous vivrons
avec l’impression du déjà vu.
Ancien cadre supérieur, ancien dirigeant
d’entreprise et ancien pédagogue je sais par expérience qu’il ne faut
jamais construire sur une blessure qui n’est pas cicatrisée et qu’il
faut redresser l’échec en réussite en réalisant de véritables réussites,
même si elles semblent petites ces réussites si elles sont celles des
principaux acteurs du changement, ceux qui peinent et qui attendent un
meilleur avenir, alors elles facilitent les grandes réussites, les
grands apprentissages et la cicatrisation des plus grandes douleurs, des
plus grandes déceptions et des plus grandes pertes. Même si les
apparences entretenues par les intellect-écuelles et les médias invitent
au pessimisme et à l’abandon il y a de l’espoir et d‘immenses
chantiers à entamer pour reconquérir notre dignité, notre islamité et
notre algérianité. On nous impose l’Apocalypse et les Croisades soyons à
la foi le plant de palmier que le Prophète a recommandé de planter même
si la fin du monde survient et soyons tous Salah Eddine pour nous
libérer de ce Wahn.
« Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne vous prenne par la gorge » W. Churchill
Allah soit témoin j’ai transmis en mon âme et conscience.
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