Ces SMS de Leïla Ben Ali qui semaient le désordre en Tunisie
par Zohra Abid ,
Le Tribunal de première instance de
Tunis examinera bientôt une affaire ayant lien avec des Sms envoyés par
Leïla Trabelsi à des hommes d’affaires et des responsables politiques
pour semer la pagaille dans le pays.
Ces mystérieux Sms, on en avait déjà entendu parler,
mais rares sont ceux qui les ont pris au sérieux. On se souvient,
pourtant, des désordres provoqués dans certaines régions du pays et qui
éclataient de manière intermittente, sans qu’on puisse en expliquer les
causes, ni en démasquer les auteurs.
La thèse du complot fomenté par l’ex-couple présidentiel
avec la complicité de certains de ses obligés restés en Tunisie avait
longtemps alimenté les discussions dans le pays, sans que des preuves
tangibles ne viennent les étayer. Les services de sécurité avaient
annoncé l’arrestation d’individus distribuant des sommes d’argent à des
délinquants et les incitant à semer l’anarchie dans plusieurs villes du
pays (incendies, dégradations, destructions, agressions…), mais ils
n’ont pas révélé les résultats des enquêtes menées ni l’identité des
personnes arrêtées ni leurs desseins ni leurs commanditaires.
Qui provoquait les désordres ?
Aujourd’hui, les choses se précisent et les Tunisiens
vont peut-être découvrir bientôt ceux qui les ont empêchés, des mois
durant, de dormir tranquilles. Me Mohamed Chérif Jebali – qui s’est
présenté jeudi en tant que témoin dans le procès du policier Samir
Feriani – a, en effet, évoqué, à la surprise des présents (et de la Cour
du Tribunal militaire) quelques éléments secrets d’une l’affaire qui
sera bientôt examinée par le tribunal de première instance de Tunis.
Selon Me Samir Ben Amor, qui a eu accès aux détails de
cette affaire, c’est Me Jebali qui, en tant que citoyen, a porté
plainte. De quoi s’agit-il ?
« Des Sms ont été envoyés à des hommes d’affaires, des
responsables politiques (qui sont aujourd’hui à la tête de partis) et
d’autres personnes pour qu’ils provoquent le désordre et empêchent la
transition démocratique », a avancé Me Ben Amor.
Les personnalités impliquées dans cette affaire,
c’est-à-dire les destinataires des Sms, soudoyaient d’autres individus,
leur procuraient des armes et les incitaient à mettre en œuvre ce plan
diabolique visant à provoquer l’anarchie dans le pays pour justifier une
reprise en main de la situation par les hommes de l’ex-président restés
en Tunisie.
Selon la même source, le plan prévoyait l’enlèvement de
personnalités ou des personnes proches des responsables du gouvernement
actuel pour faire du chantage. Parmi les recommandations envoyées par
Sms, Me Ben Amor parle d’attentats à l’explosif, notamment à la
synagogue de la Ghriba à Djerba, à la caserne de Laâouina, au nord de
Tunis, et dans d’autres lieux publics. Ce plan a, au final, échoué.
Des Sms reçus par erreur
Car le « complot » a été démasqué quelques semaines
avant l’arrestation de Samir Feriani. Et ceux qui y étaient associés ont
préféré abandonner la partie.
Comment lesdits Sms ont-ils été découverts ? « Ils ont
été reçus, par erreur, par l’un de nos confrères. L’expéditeur a dû se
tromper d’un chiffre en composant le numéro et son message a atterri par
hasard chez l’avocat », explique Me Ben Amor. Qui ne veut pas en dire
plus, l’instruction étant en cours. Tant que l’enquête n’est pas
terminée, le nom de l’avocat destinataire – par inadvertance – des
fameux Sms ne sera pas divulgué. On peut néanmoins se féliciter que les
choses n’aient pas évolué dans le sens espéré par les comploteurs à la
solde de Leila Ben Ali.
Affaire à suivre !
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