AAA : Trichet et Pébereau, leaders d’un gouvernement technique à la française ?
17 décembre 2011 (Nouvelle Solidarité) – Le rédacteur en chef du Nouvel Economiste, Philippe Plassart, n’est pas le premier
à rêver d’être gouverné par une clique d’experts au service de
l’oligarchie financière, mais là, l’hebdomadaire de référence des
décideurs et haut dirigeants français sort le grand jeu ! La France va
perdre son triple AAA, l’euro va exploser et le Trésor public sera en
faillite : cette situation d’exception va permettre de se débarrasser
des politiques afin de garantir définitivement aux grandes banques
internationales et autres hedge funds de la City, du Luxembourg et des
îles Caïmans, que la dette sera payée, coupe que coupe.
Jean-Claude Trichet, Premier ministre ! Michel Pébereau, ministre des finances ! (…) Ce bouquet – insolite – de personnalités formant le prochain “gouvernement de salut public” de la France paraît de prime bien incongru. Il ne fait pourtant que transposer le type d’exécutif que l’Italie s’est offert (…)
Exit les politiques, bonjour les technocrates : l’heure serait-elle venue de mettre à la place des professionnels de la politique, dépassés par les évènements et usés par leurs comportements, ces nouvelles têtes ayant la double qualité de l’expérience et de la compétence ? La France n’est pas l’Italie. Pas encore. Mais tant que l’hypothèque d’une crise budgétaire continuera à planer, un tel scénario ne peut être écarté. Une catastrophe ? Pas forcément. Il est plutôt réconfortant de voir que la France dispose d’un vivier de personnalités, issues de la haute administration ou de l’université suffisamment aguerries pour relever , le cas échéant , le défi de l’urgence. (…) Recourir temporairement à des experts crédités de leur expérience à la place de politiques manifestement dépassés : ce scénario pourrait même être tentant. (...)
Un gouvernement d’experts ? “Cela peut s’envisager dans des circonstances exceptionnelles pour résoudre une crise grave et circonscrite”, recadre d’emblée un haut fonctionnaire. Et d’y ajouter illico deux conditions supplémentaires : “Il faut qu’un tel gouvernement reçoive, dans les formes constitutionnelles normales, l’agrément du Parlement et qu’il soit expressément prévu pour une durée limitée.”
En Italie, le gouvernement Monti règnera jusqu’aux élections de 2013,
avec l’approbation des principaux partis. Il a suffi, explique le
journal, que les Italiens aient l’impression d’être au bord du gouffre
et de finir comme les Grecs pour qu’ils se résignent à abandonner le
pouvoir à des technocrates. Et comme les partis ne veulent pas assumer
le fardeau d’une austérité brutale et destructrice, gauche et droite
sont bien contents de céder la place à des experts non-élus.
Si la France n’est pas l’Italie, le grand problème c’est que le
discrédit du politique associé à la résignation quotidienne face à la
crise, ouvre véritablement la porte à un gouvernement de capitulation,
qu’il soit technique ou pas. L’impuissance vient de ne pas vouloir
affronter les enjeux existentiels de notre époque :
Nous sommes en guerre. Une guerre déclenchée par un conglomérat d’intérêts financiers opérant depuis la City de Londres et Wall Street, qui détruit tout, la vie des peuples comme la substance des économies. L’Union européenne s’en est rendue complice en autorisant la Banque centrale européenne à procurer des fonds aux banques à deux ou trois ans et pratiquement sans limites, à un taux d’intérêt de 1 %, pour qu’elles puissent faire des bénéfices en reprêtant aux Etats à des taux bien supérieurs.
Cette escroquerie économique conduit tout droit à un conflit militaire. Car l’austérité que la finance devenue folle impose à tous, sauf à elle-même, ne permet en aucun cas de rembourser les dettes ni de faire vivre plus d’êtres humains. La finance folle conduit ainsi à une guerre folle : déjà, sous prétexte d’interdire aux autres ce qu’elles-mêmes possèdent, des forces américaines, anglaises et françaises se déploient contre l’Iran (…)
Si l’on ne change pas d’ordre économique, la guerre se produira fatalement, bien plus tôt qu’on ne le pense, car les nuées qui la portent sont déjà au-dessus de nos têtes. Voyant leur propre base détruite par l’ouragan dévastateur qu’elles ont provoqué, les forces de la mondialisation financière visent, par delà l’Iran, une zone transpacifique (Russie, Chine, Corée, Inde…) dont elles ne peuvent tolérer le développement.
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