Conférence à Nanterre par Ghazi Hidouci le 08/01/2012 : Politique Arabe dans les conditions nouvelles
Politiquement,
- la capacité politique populaire autonome,
- la justice indépendante,
- une économie politique durable et prospère et
-le respect sans entrave coloniale classique de notre culture,
C’est une affaire qui nous est propre en tant qu’êtres libres, elle est interne et non négociable dans les transitions.
La clé de modification de régime se trouve dans la l’élimination de la rente illégitime, de corruption dans le principe, sous ses différents aspects
- de politique économique non rentière,
- de lois communes d’accès aux droits et
- de contrôle de la spéculation sous ses formes financières et économique.
Ghazi Hidouci - Conférence Nanterre 09012011
http://www.liberation-opprimes.net/index.php?option=com_content&view=article&id=1024:politique-arabe-dans-les-conditions-nouvelles
Introduction
La principale raison porte sur ma volonté d’exprimer la spécificité
de l’engagement citoyen pour la paix et la justice en Algérie à un
moment aussi décisif . Les mots que je veux afficher expriment ma
culture fidèle à ma trajectoire politique historique nourrie par
la colonisation et par le vécu dans l’Algérie indépendante de la
lutte populaire d’émancipation. Toujours se pose d’un point de vue
universel la « question » de la portée universelle d’une identité
territoriale en ce qu’elle peut côtoyer solidairement celle de
tous les humains de la planète.
Cette question fut permanente dans la revendication
anticoloniale du FLN et dans toutes ses revendications. Avec les
autres, nous avons partagé concrètement une volonté commune à la
justice, au respect de tous, au silence des armes. Avec eux nous
avons maintenu la même vision dans nos positions vis-à-vis des
guerres coloniales et dans la plus spectaculaire, celle du peuple
palestinien. Nous n’acceptons pas qu’un peuple soit opprimé, nié,
chassé, pour la seule raison qu’il pense différemment où qu’il
soit faible. Cet engagement est demeuré solide et juste dans
l’histoire, et dans les moments les plus difficiles, lorsque tout
espoir objectif devenait vain du fait de la prégnance de la
résistance musulmane contre l’oppression, le tribalisme, jusqu’au
summum de la négation du droit à l’existence, justifié par le «
progrès colonial et capitaliste et non par l’échec de la réforme
de la pensée et de l’action en société musulmane.
Il nous est culturellement insupportable d’assister à ce passage de
l’histoire où les pires idées ont pollué tant de consciences parmi
celles et ceux qui auraient dû être aux avant-postes de la
solidarité parce qu’ils en avaient trop souffert. Maintenant que
de nouveau ces idées sont en action dans notre région, la
libération de cet enfermement doit venir de nous, de notre culture
de musulmans qui ne fait pas défaut et dont nous ne pouvons
douter un instant.
Et nous devons pour cela interroger le soutien, le modèle, des
valeurs des résistants musulmans, des progressistes musulmans et
autres qui ont fait notre honneur, hier et aujourd’hui. C’est à
partir de ces interrogations sur les valeurs, la pensée et
l’action politique que je veux contribuer à la fois à la paix et à
la renaissance d’une culture de libération et de solidarité. Ce
sont ces valeurs qui constitueront la base de mon intervention
devant vous.
I Remarques liminaires :
1 Nous sommes dans la zone des tempêtes. Les accords qui nous ruinent
se font dans notre dos. Les gouvernements qui nous dirigent sont
devenus des protagonistes actifs de la guerre contre tous, et des
plus fidèles vassaux de ce terrible empire apte aujourd’hui non
seulement à asservir l’humanité mais à la détruire en totalité.
2 L’absence des « politiques » nous trouble : dans ce qui se passe,
les gens n’arrivent pas à comprendre le silence face à l’indignité
et au refus de l’accès des gens à un minimum de justice. C’est
quoi qu’être militant musulman dans cette acceptation en pensée et
en actes de régression ? Nous nous adressons à eux sur ce point.
3 En tant qu’algériens cultivés dans la révolution de 1954 nous ne
comprenons pas le parallèle entre le musulman engagé dans la
Révolution et le même cultivé dans la soumission à ce point.
4 Ne pas parler dans cette perspective des damnés qui sont la grande
majorité relève de la même interrogation. Cette « disparition »
depuis 62 n’est pas une absence; la nécessité aujourd’hui refait
loi, dans les mêmes conditions d’indignité et avec les mêmes
procédures de comportement.
Conclusion :
Au-delà du comportement hypocrite des autorités dans le monde arabe,
nous affirmons que la propagande piétiste n’a pas de discours
politique approprié. Elle se dispose en Egypte, en Algérie et
ailleurs dans le processus traditionnel du jeu stérile entre
partis prêts à ne rien changer sauf encore faire payer la note aux
gens. Nous sortons seuls à demander de résister. Nous n’avons
nullement besoin de parti pour cela. Le FLN a disparu, comme
aujourd’hui la vague d’espoir piétiste, faussement rattachée dans
le discours à l’Islah du début du XXème siècle.
° Que faire ? L’appel ou la
déclaration personnelle, sans attendre d’organisation externe est
devenu une nécessité qui se proclame solitairement ; un besoin
volontaire, aussi naturel que celui qui consiste à prononcer son
origine ; c’est sans importance que ceci soit nécessairement
rationnel ou calculé…Dès que nous vivons une telle injustice,
partout, il y a une nécessité de répondre comme on peut. Le monde
est ainsi fait. Il faut bien commencer à son propre niveau comme
au moment des révolutions qui ont paru tellement utopiques aux
rationalistes,
Et c’est ainsi qu’on est scindé : il y a deux branches à la vérité,
la guerre injuste et la résistance, les rentiers maintenant
déguisés en pieux dans la mondialisation et les exploités, c’est
le fond de notre objectivité.
° Nous sommes solitaires parce que les mouvements politiques ont disparu
; l’engagement politique se fait immédiatement là où nous nous
trouvons pour débattre, nous protéger et discerner ce qui peut
nous arriver. L’assemblée, en nombre de comités que nécessaire,
est une idée simple et immédiate. L’établissement et
l’organisation viennent après. Dans l’assemblée on vit comme les gens,
au raz de leurs problèmes. Ce n’est pas la démocratie des
élections organisées par les autres, ce n’est pas la parole. On
parle de nos préoccupations. Chacun figure sa position et en
débat, tout le monde apprend et avance. La pensée sociale,
l’action politique de proposition et mouvement deviennent une arme
populaire contre nos défauts d’abord, utilisée ensuite avec
méthode et afin de sortir de l’obscurité.
II Eviter les contradictions :
Politiquement,
la première :
la première est une attitude à laquelle il faut tenir en ligne de
fond dans ces temps de démagogie et d’exaspération, est qu’on doit
éviter de faire de la politique avec de l’indignation ou
seulement de l’indignation. Le prix payé par le piège tendu aux
mouvements populaires en Algérie par les directions islamistes ne
doit pas être oublié. La politique est justement ce qui institue
des lois qui empêchent de céder aux pulsions, par la liberté de
chacun de s’ouvrir aux autres et de construire par la négociation
et les luttes communes de celles et ceux qui veulent vivre
ensemble.
La seconde
La seconde est le corollaire de ce choix politique, il impose de
juger d’une situation non sur les intentions vraies ou supposées
mais sur les faits et sur les conséquences réelles d’actions. Et
par exemple au-delà des provocations intolérables à la justice et à
la liberté, s’interroger toujours sur le rapport de forces
réelles et sur la nature des dangers, d’où ils proviennent et
qu’est ce que l’on peut attendre d’une action ou d’une réaction.
Nous ne nous laisserons pas détourner de la volonté de paix et du
refus de la violence comme nous ne pas détournés aujourd’hui pour
sortir de l’oppression de la lutte contre le Capital, la finance de
spéculation et leur arme, l’impérialisme.
S’ouvrir à la paix n’empêche pas de demeurer ferme sur les principes :
- le système de pouvoir arabe est profondément corrompu, Ce qu’il
fait en réprimant est le signe de la régression que la corruption a
engendré. C’est pourquoi nous n’acceptons pas que des révolutions
et des leaders révolutionnaires aient la moindre complaisance
pour ce système.
- Nous ne confondons pas dans notre pensée et notre action ce
combat et le combat pour la paix, pour la politique juste du
développement économique et culturel pour les pauvres. Les deux
sont fortement liées et l’alliance politique se construit sur l’un
et l’autre et non sur l’un sans l’autre.
- Nous n’oublions pas simultanément qui est l’agresseur capable
d’arbitrer par la force contre la volonté de libération et de
justice, qui nous guide par tous les moyens vers l’échec de la
Révolution. Tous les peuples du monde préféreront toujours leurs
tyrans à ceux que leur impose une puissance étrangère et ceci est
d’autant plus vrai quand, comme le peuple irakien, palestinien,
syrien, et iranien, il peut voir dans son quotidien les effets de
cette intervention, la destruction d’une société entière,
l’affaiblissement d’une nation. Nous devons en tant qu’Etats être
dignes de représenter de grands peuples et de vrais nations souveraines
et savoir bien que notre meilleure chance de survie face à un
peuple rebelle et politisé est justement cette menace étrangère.
Il appartient aux Etats face à cette menace d’aller vers l’accord
avec leurs peuples quel qu’en soit le prix et non lui résister par
la violence et l’aveuglement.
- Aider le peuple c’est alors arrêter la pression et ne pas
envisager d’intervention, ne pas imposer de sanctions. On ne peut
agir avec un tel cynisme colonial que si l’on est convaincu que
les USA et l’OTAN, avec l’aide de l’Arabie saoudite, en
entretenant une insécurité permanente, vont insuffler le racisme
et la haine comme moteur de la bataille, quitte à déconsidérer le
combat des peuples pacifiques. Il faut sur ces questions
difficiles retrouver la politique dans ce qu’elle a de moins
fantasmatique, ne pas juger seulement des intentions prêtés aux uns et
aux autres mais des faits et de leurs conséquences potentielles.
C’est dans ces conditions dans
l’ensemble du monde emporté par la révolution arabe que ce fixe la
chance d’un contrat pour la paix :
- oubliez votre volonté de diriger selon la politique globale
monétaire et économique libérale le destin économique des peuples et
des pauvres de ces peuples, comprenez leur besoin de répondre aux
droits légitimes d’emploi, de nourriture et de servies publics,
- Comprenez leur droit pacifique de soutenir le combat
anti-impérialiste des Palestiniens, d’obliger le gouvernement israélien à
respecter la légalité internationale, et le droit des
palestiniens à un état viable.
- Encouragez les à éviter l’agression et à trouver les moyens de
se libérer de leurs dirigeants qui nourrissent la crise dans le
monde entier, les font vivre dans une insécurité permanente et
veulent continuer à faire régner l’ordre de terreur dans ce
mélange de droit du plus fort et de conviction qu’ils sont un
modèle de civilisation pour tous les autres.
III Politique possible dans les conditions nouvelles.
Bien souvent le débat me demande de compléter l’analyse de la
situation par un projet d’avenir, du moins dans ces grandes
lignes. C’est bien trop long et j’invite si nécessaire à consulter
les nombreux papiers faits régulièrement et adressés directement
au débat social et économique en Algérie. Il est toutefois
nécessaire de le faire sur des points d’actualité fondamentaux que
je souhaiterai rappeler. Certaines constituent fatalement des
répétitions, notamment relativement aux dangers de guerre
internationale.
I La guerre est une réalité dont les débats ne parlent pas.
L’Iran, convaincue d’être visée par la guerre, se «prépare au pire»
pour faire face à un renforcement des sanctions financières et
pétrolières, à la pression politique et médiatique occidentales et
les surmonter. « Nous ne sommes pas réellement inquiets, car nous
avons préparé des réponses adaptées au pire des scénarios et
établi un plan d’action pour y faire face», a déclaré le chef de
la diplomatie iranienne. Le Congrès américain vient d’autoriser un
embargo contre la Banque centrale d’Iran et les exportations
pétrolières d’où Téhéran tire 80% de ses ressources en devises, et
l’Union européenne (UE) envisage des mesures similaires.
Les peuples arabes sont soumis aux sanctions de domination et à des «
guerres fragmentées » en étape préliminaire qui vise l’Iran pour
mettre fin au danger de mise en cause nucléaire dans tout le Moyen
Orient. Les régimes arabes n’envisagent aucune politique publique
affichée de défense parce que dans ce cas elle passerait au
minimum par le soutien de leurs peuples. Personne avec les stocks
d’or n’est prêt à faire face à des sanctions contre les systèmes
bancaires internationaux qui ont pignon sur rue et qui sont
alignés sur Wall Street et Bâle, alors que le Japon, allié fidèle
des USA s’allie à la Chine pour se protéger du dollar. L’espionnage
international travaille sans contrainte dans tous les pays arabes au
nom d’une lutte commune contre un terrorisme que nous savons
alimenté par les régimes eux-mêmes.
Que devons-nous faire avec nos
moyens de pensée pacifique ? Penser à nous mobiliser dans les
assemblées citoyennes de survie à notre portée.
Au plan international, justifier l’acceptation et le renforcement de
politiques d'agression et de pillage néocolonial ne peut
convenir; dans notre politique internationale, il faut apprendre à
comprendre les impérialismes et les dictatures en général, et
résister à la corruption du pouvoir économique et l’alignement à
ses propagandes de valeurs.
Au-dedans, nous devons construire un cadre d’action politique social
et économique populaire. Nous devons affirmer de sa nécessité et
continuer à le revendiquer même lorsque les pouvoirs tyranniques
(comme en Syrie, en Algérie ou en Arabie sont soumis aux pressions
de l’OTAN. Pour réussir, il faut aussi comme en 1954 mobiliser
les gens sur la base de la guerre faite au peuple au quotidien et
contre la peur.
En Algérie, pour cela, il faut que le travail politique de débat et
d’échange s’organise dans le peuple et non dans les appareils de
clans et en dehors. Ceci est bien difficile lorsque nous sommes
isolés. Nous appelons pour cela en interpellation urgente nos
imams, les militants de tout bord, femmes et hommes fidèles à
leurs principes.
Il faut lutter pour mettre un terme à
plusieurs objectifs contraignants qui stimulent ceux qui nous
gouvernent depuis trop longtemps :
1 dénoncer que ce pouvoir monte les gens les uns contre les autres
pour mieux les contrôler par des moyens clientélistes et
communautaristes;
2 refuser qu’il désigne des "populations dangereuses", voire des
"ennemis intérieurs" pour justifier le renforcement de la fonction
policière et répressive de l'Etat et en même temps,
3 ne pas accepter qu’il réduise les citoyens à la résignation grâce au chantage au profit spéculatif et à l'insécurité;
4 expliquer qu’il masque le renoncement des politiques publiques à la
priorité aux services de masse et qu’il s’organise arbitrairement
à redistribuer par l'Etat de l’argent des contribuables aux
prédateurs monopolistes et faire de choix des politiques
économiques et sociales qui soient abandonnés aux entreprises
multinationales et aux organismes financiers internationaux. Voici
d’autres principes politiques à privilégier.
II Liberté de circulation ans le monde arabe :
Toute loi actuelle criminalise la solidarité des arabes et des
musulmans pour l'égalité des droits ; il s’agit de lois scélérates
qu'il est du devoir des gens de ne pas appliquer. A leurs places
il nous faut une loi garantissant le droit du sol et les droits
des étrangers et d’abord des arabes et musulmans qui vont souffrir
de l’extension de l’agression. Il faut dépénaliser leur séjour
irrégulier.
° Il faut lutter pour un coup d'arrêt à l'escroquerie selon laquelle
les pays arabes deviennent forteresse et organisent le déni des
droits des migrants qui dessert les intérêts des travailleurs-ses
et des citoyen-nes arabes.
° Il faut refuser les accords sur les délocalisations et la mise en concurrence des travailleurs au niveau mondial. En plus du fait de maintenir des millions de personnes dans des conditions de vie indignes, cela sert au contraire à fragiliser les droits des salarié-e-s arabes en favorisant le travail au noir dans des conditions inférieures aux normes en vigueur (dans le bâtiment, l'agriculture, le textile, le nettoyage industriel, les aides aux personnes etc.) et à préserver les très grandes différences de rémunération entre pays.
° Il faut refuser les accords sur les délocalisations et la mise en concurrence des travailleurs au niveau mondial. En plus du fait de maintenir des millions de personnes dans des conditions de vie indignes, cela sert au contraire à fragiliser les droits des salarié-e-s arabes en favorisant le travail au noir dans des conditions inférieures aux normes en vigueur (dans le bâtiment, l'agriculture, le textile, le nettoyage industriel, les aides aux personnes etc.) et à préserver les très grandes différences de rémunération entre pays.
III Pénurie des logements sociaux et des services publics :
° La question du droit de toutes et tous à un logement digne et à une
santé saine est une des premières priorités que doit se fixer
toute politique qui se prétend soucieuse de justice sociale dans
un monde arabe aux ressources certaines. La fin du mal-logement et
de la privation de logement est un objectif réalisable à échéance
relativement courte. Le seul obstacle est la complicité des
politiques publiques avec les intérêts de la spéculation
immobilière et foncière et avec des banques prédatrices. Il faut
mettre en place une politique digne des trésors publics.
°Il faut un grand plan de rénovation urbaine qui soit profitable en
priorité aux populations qui en ont le plus besoin. Il doit avoir
pour but central la réhabilitation des conditions de vie des
habitants des quartiers populaires et des mal-logés. Il faut
appliquer un système de péréquation fiscale entre les
collectivités territoriales qui soit plus favorable aux
territoires où vivent des couches populaires modestes.
IV)Les musulmans :
° Il est impératif de trancher la
vision et la pensée pratique relatives à la position de principe
de partis se réclamant en tant qu’organisations de l’Islam :
- l’Etat n’est pas discriminatoire dans sa gestion sociale. Il faut
défendre la liberté de la pensée religieuse par rapport à l'Etat,
- l’Etat doit d’imposer constitutionnellement le respect des droits
et libertés des individus quelle que soit leur origine ou leur
orientation philosophique ou religieuse, de garantir la liberté de
croire ou de ne pas croire ainsi que la possibilité de pratiquer
ses convictions dans des conditions dignes, d'égalité entre les
cultes et de respect des droits de chacun-e.
- Parmi les droits les plus fondamentaux nous mettons aussi les
droits à la libre expression, à la liberté de la presse, à la
liberté de critiquer y compris les croyances et religions.
- Il faut plus largement être pour une législation qui se donne les
moyens de défendre effectivement le libre choix des femmes. C'est
pour cela que nous tenons à ce qu'un sérieux effort de pensée et
de mobilisation soit déployé pour distinguer ceux-ci de
l'incitation à la haine, de la stigmatisation et de la mise à
l'index de parties de la population. Elles ne sont pas dignes de
la position de musulmans.
V) La guerre contre les peuples du Moyen Orient (aventures militaires dramatiques sur le Monde Arabe et l'Iran).
1) Pour ce qui est des menaces des Etats-Unis d'Amérique
de replonger la région moyen-orientale et le monde dans une
nouvelle guerre, je suis contre tout projet d'intervention
militaire contre le printemps arabe, la guerre n'est pas le moyen
juste ni efficace de résoudre les problèmes. Tout d'abord, il est
nécessaire de dire que les troupes d'occupation doivent se retirer
immédiatement. Tout doit être mis en œuvre au niveau des régimes mis en
cause pour restituer aux peuples arabes les richesses pillées et
pour reconstruire des sociétés qui ont été plongées dans l'horreur
et la destruction par des politiques criminelles dedans et
dehors. Nous devons user de notre position vis-à-vis des peuples
d’occident épris de paix, en coopération avec tous ceux qui ont
intérêt à la paix, pour faire obstacle à la folie guerrière et
hégémonique en projet.
° Il est temps que soit engagée par ceux qui possèdent l’arme
nucléaire un processus visant à dénucléariser complètement les
rapports internationaux et les programmes de défense et à
l'adoption d'un pacte mondial de bannissement de l'armement
nucléaire, chimique et bactériologique. C'est la seule manière
crédible et durable de faire obstacle à une prolifération
incontrôlable des armes de destruction massives.
2) Israël et le droit international.
Il est insupportable que le peuple palestinien continue à être
systématiquement excepté des droits reconnus aux peuples à
l'autodétermination, à la liberté et à la vie. Il est insupportable
également que l'Etat d'Israël continue à être dispensé
systématiquement de l'obligation de respect du droit. Il y a en
outre une urgence absolue à reprendre les aides directes
indispensables à la survie des palestiniens, et à imposer la levée
immédiate du siège imposé aux populations de Gaza et de
Cisjordanie ainsi que l'arrêt des incursions armées et des
bombardements réguliers qu'ils subissent. Il faut se mobiliser pour
faire cesser la complicité criminelle.
3) La gestion politique courante citoyenne de la pensée de révolution arabe :
° Dans ce qu’on appelle la Révolution Arabe, les dirigeants auraient
aimé la victoire des mouvements traditionnels, nationalistes
encore à la traine grâce à la tyrannie, même s’ils sont rongés
par la corruption et le défaitisme. Ils sont soutenus par
l’Occident, parce qu’ils s’affichent modernes non musulmans ou
alliés fidèles, alliés même critiques, de ces derniers. Nous
devons leur rappeler constamment que la victoire durable et
pacifique est celle que pensent les peuples et non celle des équilibres
précaires entre gouvernements.
° Les occidentaux discernent aujourd’hui que les mouvements
piétistes, ici et ailleurs, ont gagné grâce à l’extrémisme et à la
corruption de leurs adversaires nationaux et à l’exclusion
occidentale : ils n’ont, « ce faisant », aucun mérite. D’ailleurs,
la propagande dit qu’ils ont déjà eu tord de gagner car cela ne
sert qu’à faciliter la vie à l’OTAN et au gouvernement israélien
qui ne vont plus se gêner pour ignorer la venue d’une possibilité
de paix et de progrès des droits.
°La majorité que l’on appelle à voter est considérée satisfaite dès
qu’elle a choisi ce qu’on lui désigne; On refuse de penser qu’elle a
voté ainsi pour protester contre les pratiques de l’Etat national
et non parce qu’elle fait confiance aux programmes non connus de
nouveaux élus. Les élus ont été légitimés par défaut ; D’ailleurs,
les Américains et les Européens reconnaissent déjà qu’ils ont
donné le droit de vote et l’organisation des élections pour des
gens apolitiques et fantasques, qui, en tant que musulmans «
fondamentalistes », vont en plus en profiter pour empoisonner la
vie de leurs femmes « modernes » et marginaliser leurs opposants «
présentables ». Rappelons tout de même que l’occasion créée et
les élections organisées l’ont été pour des raisons et des motifs non
choisis par les arabes et encore moins par les « fondamentalistes ».
Ces derniers ont simplement profité de l’occasion pour dire non
aux Etats-Unis et à Israël. Et c’est ça qui est en réalité
insupportable pour tous ceux qui auraient voulu éviter cette
éventualité qui les place devant des choix clairs, sinon
courageux, dans leurs situations propres.
° Le peuple a bien voté contre les pratiques classistes devenues
celles d’appareils démissionnaires de production de privilèges et
de corruption, ayant de plus rompu avec les traditions de lutte
indépendantiste. C’est tout ce qui peut être avancé aujourd’hui.
La force du vote est également constituée d’une réaction aux
politiques israéliennes et américaines, mais elle doit pour être
crédible puiser surtout dans ses bases sociales et son
organisation, son appui sur les structures de la société civile
populaire, et dans le choix de la résistance que le mouvement a
adopté pour toute réforme. L’appel à la morale islamique par les
partis en action parle également de façon équivoque aux
prolétaires exploités, qu’aucun militantisme sécularisé n’a su
encore mettre réellement en confiance.
Le vote sans surprise montre la force culturelle du contrat social
qui unit les arabes en dépit de leurs souffrances. Lui faire la
guerre augmente son influence et parmi les masses musulmanes par
le fait qu’Israël et les Etats-Unis transforment ainsi la
situation en défi des volontés. Aujourd’hui l’intervention
américano-israélienne contre les pays du moyen orient et les
menaces portées contre la société palestinienne du fait de son
vote produit un effet de soutien massif des clases populaires dans
le monde musulman. Ces dernières expriment un témoignage d’honneur
car les peuples vivent dans un contexte arabe et musulman où les
pouvoirs tremblent sous les menaces américano-israéliennes. Ceci
fait partie dorénavant d’un potentiel de force à la disposition du
renouveau s’il sait le mobiliser.
4) Pour le moment les Etats-Unis Israël et l’Union européenne menacent des pires catastrophes.
La plus immédiatement affichée elle celle du ventre : l’assèchement
de l’argent de la mendicité affaiblira d’abord l’économie
parasitaire qu’il a nourri jusqu’ici et qui a perdu les élections ;
5) Le problème du nouvel élu
c’est surtout le fait que la fausse autorité exécutive est pieds et
points liée à la volonté capitaliste sous ces deux visages,
économique et stratégique; c’est dans cet accord que se situe la
source de la corruption et de la compromission. Pour éviter cela,
le nouvel élu n’a que deux choix : le premier est de démanteler
l’« Autorité » dont il est élu, ce qui conduira à l’intervention
directe des appareils sécuritaires américano-israélo-européens
peut-être soutenus par les caciques du pouvoir allié pour mettre
un terme à la voie démocratique ; le second choix est que les
perdants, et peut-être les régimes dans leur ensemble, acceptent
la proposition d’un front qui assume le contrôle de la stratégie des
négociations, et un pouvoir exécutif formé par des techniciens
compétents et honorables pour gérer les affaires de la société,
avec le contrat social de libération et sans prérogatives
externes.
VI) Que faire pour cela? Libérer la puissance d’agir des gens :
1) L’important mouvement social actuel pose la question nouvelle : comment résister aujourd’hui face au néolibéralisme triomphant ?
Comment ne pas se laisser submerger par un triste sentiment
d’impuissance ? En l’absence de modèle alternatif livré clé en
main, et sans promesse d’un avenir meilleur, la réponse, se trouve
peut-être dans les expérimentations concrètes qui fleurissent
partout dans le monde. Bref, apprendre à agir efficacement « ici et
maintenant », tout en faisant preuve de patience. Il faut avoir le
courage d’assumer une époque complexe. La création de quelque
chose de nouveau prendra le temps qu’il faudra. Il n’y a pas de
raccourcis. Ceux que nous nous proposent les partis sont des voies
sans issue. Aujourd’hui il existe une myriade d’expériences
d’éducation populaire, de contre-pouvoirs, d’associations de
quartier… Où que l’on regarde dans le monde entier, les gens
cherchent pratiquement comment faire autrement. »
2) Pendant un siècle et demi, le moteur des luttes était dans l’espoir du futur,
dans une promesse. On vit aujourd’hui dans une société où le
futur représente une menace. Ce n’est donc certainement pas dans
le futur que l’on va trouver la force de se battre. Toute évocation
du futur a tendance à nous inhiber, à nous paniquer. Et c’est
justement au nom de ce futur que le pouvoir nous domine et nous
rend triste. Comment bouger si nous n’avons pas la motivation
d’une promesse ? Le moteur des luttes a changé de place, il est
ici et maintenant, dans le présent. (...) Le néolibéralisme n’est
pas centralisé, il existe sous des formes différentes dans chaque
lieu. La question n’est pas comment le vaincre, mais comment
résister au néolibéralisme dans chacune de ces situations. Le
résistant doit développer sa pratique, en pensée et en action, en
puissance d’agir des gens contre le désir de consommation, dans la peur.
3) Le gouvernement et le pouvoir en place ne se radicalisent pas. Ce
que font les gouvernements ou d’autres, c’est simplement appliquer
le projet néolibéral : casser de l’humain, casser la solidarité,
ils veulent une flexibilité totale, sans règle. Le néolibéralisme
applique simplement son plan de cassure de tout acquis, de toute
barrière qui limite la seule recherche des bénéfices. »
4) « Nous sommes, héritiers de 1954 et de la révolution populaire, en
cette date du 11 janvier 2011, les héritiers d’une pensée qui
estime qu’un être humain conscient, qui pense, est un être humain
qui sera du côté de la liberté. Et ça est avéré non vrai. Un être
humain conscient qui pense peut être un tyran, voire pire ! C’est
cela le sens de l’anniversaire. La conscience ne garantit
absolument rien. Être conscient de ce qui se passe ne change pas
les choses. Cet optimisme simpliste s’est cassé la figure avec ses
utopies. Un homme éduqué n’est pas vacciné contre la barbarie. Si
nous voulons que les gens puissent vivre autrement, il faut construire
des pratiques d’éducation alternatives. Dans l’école, dans les
quartiers, il faut que les enfants expérimentent que la solidarité
est plus joyeuse que l’égoïsme. Si on l’explique à quelqu’un, il
va comprendre, mais en pratique il restera de l’autre côté. Le
grand défi, c’est de pouvoir éduquer à travers des pratiques
transmissibles et non pas à partir de concepts compréhensibles.
Autrement, il y a une série de conflits et qui refoule le conflit se
condamne à l’affrontement violent. Sur des problèmes culturels,
religieux ou sociaux. Ce n’est pas pareil de dire : ces conflits
existent, comment fait-on société ensemble, que de chercher leur
résolution. S’il y a conflictualité, nous pouvons avoir des
territoires et des projets en commun. C’est l’une des voies de
reconstruction des résistances. »
5) A un moment critique de questionnement sur les rapports de l’Etat
et de la religion, une réalité culturelle vivante a moins besoin
de partis classistes que de groupes communautaires, de production
sans entraves de la pensée humaine, de lieux de rencontre publics
de plein droit, d’associations, de syndicats, tout ce qui permet
aux gens de renforcer le tissu social et de permettre le contrôle
et l’influence sur le débat public. C’est ceci qu’il faut appeler
et mettre en place. Le risque d’insécurité de déstabilisation et
de régression, leit motiv réactionnaire, se situe plutôt dans tous
les faux régulateurs policiers des dangers supposés issus du
peuple dont les excès produisent les inégalités, les individus
isolés et désengagés, démoralisés et socialement impuissants.
Nous cherchons en conclusion, la construction d’une souveraineté qui permette :
- la capacité politique populaire autonome,
- la justice indépendante,
- une économie politique durable et prospère et
-le respect sans entrave coloniale classique de notre culture,
C’est une affaire qui nous est propre en tant qu’êtres libres, elle est interne et non négociable dans les transitions.
La clé de modification de régime se trouve dans la l’élimination de la rente illégitime, de corruption dans le principe, sous ses différents aspects
- de politique économique non rentière,
- de lois communes d’accès aux droits et
- de contrôle de la spéculation sous ses formes financières et économique.
Ghazi Hidouci - Conférence Nanterre 09012011
http://www.liberation-opprimes.net/index.php?option=com_content&view=article&id=1024:politique-arabe-dans-les-conditions-nouvelles
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