Eurex, une épée de Damoclès sur la France
Un regain de tension sur les marchés financiers ou une nouvelle crise
de la zone euro, pourraient-ils peser sur la campagne présidentielle
française? Lundi 16 avril, soit six jours avant le premier tour de
l’élection présidentielle, la spéculation contre la dette française
devrait être rendue possible par Eurex, le leader des marchés de
produits dérivés.
Eurex, créé en 1997 par la fusion du marché à terme allemand, la
Deutsche Termin-Börse, et le marché à terme de Zurich, le Swiss Options
and Financial Futures Exchange, est une filiale du groupe allemand,
Deustche Börse (Francfort).
Cet organisme inquiète la France depuis son annonce de lancement d’un
contrat sur l’OAT (Obligations Assimilables du Trésor) français,
contrat à terme sur les emprunts d’Etat Français, qui est en réalité, un
outil pour spéculer sur les emprunts français, et donc attaquer la
dette française un peu comme les traders ont pu le faire avec l’Italie
(BTP). Le nouveau contrat, appelé “Euro OAT”, aura une valeur de 100 000
euros, et pourra être traité de 8h à 19h, ce lundi 16 avril.
Cette opération fut rendue possible par l’Autorité des Marchés
Financiers en France, qui, le 13 février dernier, avait levé
l’interdiction des ventes à découvert sur les titres émis par dix
grandes banques et sociétés d’assurance cotées à Paris. L’annonce
d’Eurex arriva quelques semaines plus tard, ouvrant les vannes de la
spéculation sur la dette française.
Les économistes s’inquiètent des conséquences d’une telle spéculation
qui pourrait entraîner une nouvelle tourmente boursière en France. Dans
sa chronique sur BFM radio, l’économiste Marc Fiorentino, a fait part
de sa consternation. “Quelle coïncidence! Treize ans après la
disparition du MATIF, le marché à terme des instruments financiers, une
semaine avant le premier tour des élections françaises, tous les
spéculateurs du monde entier se dotent d’une arme fatale, bon marché,
pour s’attaquer à la France…et vendre à découvert de la dette
française….Dormez tranquilles, il ne se passera rien!”, ironise-t-il.
.
Les observateurs restent
dubitatifs et s’interrogent sur ce hasard du calendrier: Pourquoi le
monde de la Finance s’invite-t-il ainsi dans la campagne présidentielle?
Pourquoi les autorités françaises ont-elle autorisé ces ventes à
découvert à deux mois de l’élection présidentielle? Pourquoi avoir
choisi cette date du 16 avril, six jours avant le scrutin du premier
tour? Est-ce un message envoyé aux candidats de gauche qui n’ont de
cesse de critiquer les marchés financiers et dire vouloir en découdre?
Ou, comme certains analystes politiques l’expriment, serait-ce un coup
de pouce à Nicolas Sarkozy, qui aurait ainsi l’occasion de redorer sa
stature internationale et de se présenter aux Français comme étant le
seul candidat capable de gérer des situations de crise? Un scénario qui
engendre un certain malaise.
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