شبكة الإستخبارات الإسلامية

La voie de libération de Jérusalem


Scènes de Jérusalem du temps des croisades

Par Qassem Abdou Qassem,
Traduction : Omar Mazri,
http://liberation-opprimes.net
 
Scène I:

Le concile de Clairmont (ou Clermont) — aujourd’hui Clermont-Ferrand — s’est tenu en Auvergne en 1095. Le pape Urbain II l’avait convoqué pour traiter des problèmes de discipline ecclésiastique, à la suite du concile de Plaisance qui s’était tenu six mois plus tôt, mais l’un des faits notables de ce concile est l’appel qu’Urbain II à la noblesse de la chrétienté, lui demandant de lutter contre les Turcs qui selon lui menacent l’empire byzantin et de délivrer les Lieux Saints occupés par les Musulmans. Le pape Urbain II d’origine française, a été enthousiaste de lancer une « déclaration de guerre » contre les musulmans (1 ).

Après avoir évoqué les malheurs et souffrances des chrétiens d’Orient, le pape adjure les chrétiens d’Occident de cesser leurs guerres fratricides et de s’unir pour combattre les musulmans païens et délivrer leurs frères en Orient qui est une cause plus juste. En même temps les Chrétiens pourront expier leurs péchés une fois arrivés à Jérusalem. Cet appel de Clermont qui est considéré comme une véritable opération médiatique mensongère contre les musulmans est considéré comme la cause directe de la première croisade.
L’engagement et la réponse enthousiaste de la part du public chauffé à blanc par des manipulateurs de spectateurs dans une pièce de théâtre dont chacun avait son rôle à jouer pour mobiliser les foules ignorantes. Ainsi il y eut des cantiques, des appels à la guerre et des chœurs répétant les mots « Dieu veut … il veut le Seigneur » (2). … Ainsi a commencé les croisades …


Journée du massacre


Scène II:

Dans un jour de chaleur torride de ce mois de Juillet 1099 la ville de Jérusalem est tombé entre les mains des Croisés après un siège de cinq semaines. La prise de Jérusalem par les Croisés donna lieu à un terrible massacre de la ville sainte qui fut livrée et ses habitants à trois jours de pillage, de vol, de viol, de meurtre. Les corps des morts, des brulés et des mutilés restèrent exposés dans les rues et places publiques plusieurs jours.
Dans cette atmosphère de tristesse et de désolation, la ville est restée enfermée dans une immense fumée et un épais champs de poussière et d’odeurs de corps carbonisés ou en décomposition. La rencontre de Jérusalem avec les Croisés fut le symbole de l’horreur. Dans l’horreur les Croisés étaient en extase dans l’église de la Résurrection qui recueillaient les prières et les mots de remerciements adressés au Seigneur. Les les échos de « Merci Seigneur » qui sortaient de la vielle Église (3) pour s’engouffrer dans dans la ville donnaient un aspect sinistre et apocalyptique de la présence chrétienne européenne sur les terres arabo-musulmanes.
Scène III:

Un jour de ce mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538 AH), Salah eddine libère Jérusalem qui est restée otage des Francs Croisés un peu plus de quatre-vingts ans.
La reprise de Jérusalem témoigne de l’humanisme des musulmans à l’opposé des scènes brutales lors de l’ invasion barbare des Francs. Enfin l’oraison du vendredi était restaurée à Jérusalem libérée après une longue période interdite (4).

Ainsi a commencé la fin de la présence des Croisés sur les terres arabes …

Ces trois scènes ont marqué l’histoire de Jérusalem à l’époque des croisades; Cependant, la scène finale, celle de la libération par Saladin est celle à laquelle je me consacre dans cette étude. Nous retenons que l’épopée de la libération, qui était dirigé par Saladin a commencé après des moments sanglants qui ont vu Jérusaleme tomber sous la domination de la la horde barbare des Croisés au début du 11 ème siècle. Jérusalem est un symbole perverti en « symbole de croisade », « le royaume de Jérusalem ». « Saladin » a été et reste un symbole, le symbole de la résistance contre la domination étrangère, le symbole du Djihad islamique contre l’agression.Salah Eddine a consacré sa vie à la libération de Jérusalem, comme nous le verrons dans cette étude.
Les causes de la victoire et la défaite


Il serait faux de considérer la victoire des Croisés contre les musulman lors de la première croisade comme l’expression d’une réelle supériorité du rapport de forces militaires des Croisés. Sur le plan strictement militaire ils étaient numériquement, logistiquement, techniquement et scientifiquement inférieurs aux musulmans mais les combats ont été à leur avantage. Les Croisades ont été rendus possibles par la faiblesse politique du monde musulman et le déchirement intestinal entre les principautés qui favorisaient la fragmentation politique et territoriale déja avancée de l’empire musulman. Cette fragmentation politique avait des conséquences sociales et culturelles dont l’héritage de l’amertume et de la méfiance des populations arabes envers les dirigeants dans la région arabe. Ces dirigeants aveuglés par l’égoïsme et le manque de considération politique, anesthésiés par l’inertie et l’absence de vigueur, privés de la vision stratégique des intérêts de la nation musulmane ne pouvaient exercer le pouvoir ni entraîner leurs peuples à combattre.

Dans la région arabe et du temps des Croisades les principales forces politiques et institutionnelles dans la région (le califat sunnite abbasside de Bagdad et le califat chiite fatimide du Caire) se contestaient le pouvoir et l’existence tout en participant à la manifestation de la faiblesse politique et sociale et de la vulnérabilité militaire dans le monde arabe. Dans cette bipolarité belliqueuse coexistaient dans la région de l’Orient musulman une mosaïque de principautés naines qui participaient à l’émiettement de l’ensemble et à la dispersion des énergies. Tout était facteur de division : les doctrines confessionnelles, les appartenances ethniques ou tribales, les intérêts matériels…

Du point de vue sociologique et historique c’est la fragmentation politique des musulmans qui est la cause de la victoire des Croisés pourtant moins nombreux, de plus faible niveau de civilisation et de la tactique militaire que les Musulmans et les Arabes.

Du point de vue religieux et spirituel cette victoire des Croisés n’était ni le résultat de l’intervention du Seigneur ni des saints chrétiens ni l’esprit de foi des Croisés, comme le prétendent les historiens des Croisades, qui eux mêmes sont les idéologues de l’Église catholique et les admirateurs des Croisades. La victoire sans force réelle militaire ou spirituelle des Croisés a coïncidé avec l’atomisation politique conjuguée à la faiblesse morale et spirituelle des musulmans véritable cause de la défaite et de la perte des arabes et des musulmans devant leur agresseur.
Le succès inattendu des Croisés et leur création du « Royaume latin de Jérusalem » et trois Émirats sur les terres arabes en Palestine et en Syrie a provoqué un traumatisme psychologique énorme sur les populations arabes qui se sentaient trahies et humiliées. Les populations arabes avaient d’abord considéré les Croisés, au début des Croisades, comme de vulgaires mercenaires au service de l’Empire byzantin qui finiraient par partir un jour. Mais la prise de Jérusalem et les opérations colonialistes qui ont eu lieu à partir de 1099 et au-delà leur ont faite comprendre que les Croisés sont venus à leur pays pour y demeurer toujours comme conquérants. Face à eux une nouvelle réalité politique, économique militaire et religieuse, s’est douloureusement imposée à eux comme fait accompli (5).

Il était dans la logique historique que la réaction des musulmans contre le colonialisme des Croisés se fasse voir assez tôt, dès sa prise de conscience. Ainsi au Nord les Turcs Seldjoukides, le Nord ont commencé de de mener des attaques violentes sur les Croisés. La résistance turque a permis de capturer le gouverneur d’Antioche, le prince de Boimond , le comte Baudouin et Jocelyne tout en infligeant plusieurs lourdes défaites aux armées croisées.

Dans le sud, les Égyptiens ont lancé des attaques à partir de leur base à Ashkelon, en Palestine, et ont infligé de lourdes défaites dans les années 1101, 1102, 1105, mais ils n’ont pas poursuivi l’effort de résistance après ces dates en raison de problèmes internes, (6), en l’an 548 AH / 1153 les Croisés parviennent à s’emparer de la forteresse d’Ashkelon, dernier bastion de la résistance égyptienne en forteresses en Palestine contre les Croisades.
La faiblesse de l’Etat fatimide

Les Croisades coïncident avec la décadence de l’état fatimide qui avait atteint un état de vulnérabilité, qui avait déja attiré les principautés musulmanes voisines à convoiter son héritage. Il était déjà perçu comme « l’homme malade » endormi sur sur les rives du Nil, dont ne restait de sa gloire d’antan que des souvenirs et une ombre que plus personne ne craint ni ne respecte.
Ainsi a commencé la compétition entre Mahmoud Nour al-Din (qui a succédé à son père, Imad Eddin Zinqui qui avait réussi à libérer Alraha en 1144) et Amaury Ier de Jérusalem premier roi croisé de Jérusalem (1163 – 1174) (7), nommé par les sources historiques arabes « le gagnant » puisqu’il a pu instaurer son protectorat sur le Caire et l’Égypte privant Nour al-Din d’une assistance des arabes du Sud. En effet les états latins d’Orient confrontés à une Syrie musulmane puissante et unifiée vont sous la direction d’Amaury trouver soutien auprès de l’Égypte fatimide, tombé dans les derniers degrés de la décadence et en proie à des luttes de pouvoir. Dirgham fut l’homme clé d’Amaury.

La lutte de contrôle de l’Égypte dans l’échiquier des Croisades s’est cristallisé sur le poste et la personnalité du premier ministre (al wazir) qui détient les véritables leviers de commande réelle du Caire(8). Il y eut en parallèle aux affrontements armées une lutte pour le contrôle du pouvoir en Égypte entre les Croisés et la Syrie. Le premier ministre Shawir installé par Nur al-Din Mahmoud et Dirgham l’homme clé d’Amaury se livrèrent à une véritable lutte à mort qui connut de spectaculaires et incessants renversements jusqu’à la morts des deux hommes. Après six épisodes de rapports de force changeant d’un camp à l’autre Shirkuh finit par s’imposer et imposer en Égypte l’allégeance à la Syrie. Amaury attaque et remporte plusieurs succès sur Shirkuk, mais Nur ad-Din envahit à son tour les états latins en guise de diversion pour protéger son lieutenant, prend les places fortes d’Arim et de Paneas et capture Bohémond III d’Antioche à Harrim le 11 août 1164. Seule l’intervention des byzantins empêche les musulmans de prendre Antioche. Shirkuh fut nommé par la population arabe le « Lion », le grand émir des armées mais il mourut quelques semaines après ses succès militaires et politiques le jour de l’an 22 Joumada II 564 AH / 1169.

A partir de ce moment là le sultan fatimide al Aâded resta fidèle au pacte avec la Syrie et déterminé dans la lutte contre les Croisés. Il nomma à la place de Shirkuh décédé un jeune nommé Salah al-Din, comme premier ministre sans tenir compte de l’opposition des princes, des dignitaires et des courtisans du régime. Salah al-Din était l’étoile brillante dans le ciel arabe et de la politique arabe.
Stratégie de libération

Cette étude n’a pas pour but de présenter la biographie de Saladin, mais de montrer sa politique et sa stratégie militaire dans la volonté de libérer Jérusalem des Croisés (Al franj : les Francs). Saladin a commencé la consolidation de son pouvoir politique et de ses prérogatives de premier ministre en Égypte, les yeux ouverts sur le front de lutte anti Croisés, au Caire, d’une part, et sur l’évolution de Nur al-Din Mahmoud, à Damas, dont il reconnaissait la souveraineté et la légitimité politique sur le monde arabe dans l’attente de l’apport que chacun pourrait faire envers l’autre pour la grande cause arabe : libérer Jérusalem.

A l’intérieur Saladin était confronté à un problème épinieux : l’armée. L’armée avait deux problèmes majeures qui rendaient l’Egypte instable et vulnérable. D’une part elle pratique depuis trop longtemps la culture du complot et des contre complots dans les luttes intestines du palais. D’autre part elle n’était pas loyale envers le Sultan fatimide, elle pouvait le trahir, le détrôner ou se ranger du côté de ses ennemis par culture du complot ou par absence de conscience nationale.

L’occasion pour la destruction de l’armée fatimide que cherchait à Salah al-Din s’est présenté d’elle même. Dans le palais du sultan fatimide un eunuque a fait circuler une pétition inspirée par les Croisés dans laquelle il se réclame comme « l’essence et la légitimité du pouvoir sur le palais ». L’enquête menée par Salah Eddine a prouvé la collaboration avec l’ennemi et l’implication de certains chefs militaires dans un complot visant à le renverser. Salah Eddine a fait exécuter les comploteurs pour le motif de conspiration avec les Croisés à envahir l’Égypte et à éliminer Salah Eddine . Dans la foulée les proches de Salah Eddine ont maitrisé le corps de l’infanterie constitué par les soldats soudanais dans l’armée fatimide armée. Ce fut un terrible massacre qui a duré deux journées entièrement dans le nettoyage de l’armée (11).

Cet incident donna à Salah Eddine une légitimité populaire et un plus grand pouvoir politique et militaire au détriment non seulement des dignitaires mais au détriment du sultan lui même. Salah Eddine eut la maîtrise totale sur les affaires intérieures lorsqu’il fut nommé « Baha’eddin Qracoc Asadi superviseur des affaires de la gouvernance du royaume « au lieu de l’ancien titre » chargé de confiance du Khalife ». Il s’attela à reconstruire les fondations de la nouvelle armée qui remplaça de droit et de fait l’armée fatimide traditionnelle. Sa relation à Nour Eddine en Syrie est demeurée au point mort entre le doute et la certitude.

L’attention de Salah Eddine était au fait des risques posés par la présence des Croisés dans la région arabe, dans le processus d’alliance militaire conjoint mené par les croisés du roi « Amuri premier » avec les dirigeants de l’empereur byzantin « Comninos Manuel » (1143 – 1180). Son attention fut aiguisée en l’an 565 AH / 1169 lors du lancement de l’attaque de la marine de la coalition franco byzantine contre Damiette, qui était le principal port égyptien sur la mer Méditerranée.

Au mois de Safar de l’année 565 AH / 1169 , la coalition franco byzantine assiégea, Damiette avec une flotte militaire de deux cents navires. Le siège fut levé après cinquante jours sans donner des résultats positifs pour les Croisés. La résistance de la ville non seulement fut héroïque et violente mais elle a révélé l’hostilité sous-jacente entre les Byzantins et les Francs. En levant le siège les Francs ont sabordé leurs navires de matériels et ont laissé la flotte byzantine subir de lourdes pertes en hommes et en navires avant qu’ils ne se retirent pour revenir à leur (12).
La débâcle de la coalition franco byzantine a augmenté le prestige et le pouvoir de Salah Eddine. Cette bataille défensive victorieuse marquait un bon début pour une série d’actes politiques et militaires prises par Salah Eddine pour former une stratégie globale et assidue pour la libération de Jérusalem …

L’année suivante, 566 AH / 1170 Salah Eddine lance sa première et véritable offensive contre les Croisés. Il libère et récupère Gaza. Il attaque et provoque des dégâts dans les rangs ennemis à Ashkelon. Au début du printemps de la même année il attaqua les Croisé dans la mer Rouge au Port de l’actuelle Aqaba. Il faut savoir qu’il transporta sa flotte en pièces détachées et à dos de chameaux pour les remonter avant la marée haute et ainsi interdire à la flotte des Croisés l’accès à la mer rouge (13).

Ainsi, Salah Eddine pris le contrôle du commerce maritime des produits précieux en provenance de l’océan Indien et s’assura la sécurité militaire dans la mer Rouge.
La stratégie de Salah Eddine pour libérer Jérusalem commençait à prendre forme dans ses aspects politiques, militaires et économiques. Toutes ses actions étaient concertées, progressives et à visée globale.
L’influence politique de Salah Eddine


Au Caire, Salah Eddine a commencé par renforcer son influence politique puis il a usé de son pouvoir politique pour prendre les mesures nécessaires pour prendre le contrôole de l’armée, de l’épurer et de la moderniser. Toutes ces mesures politiques et militaires l’ont amené à détruire le système économique féodal des castes du régime fatimide en Égypte. Sur le plan géo stratégique il a remplacé dans les postes névralgiques de l’état les seigneurs de guerre et les féodaux de l’Egypte fatimide par par les princes qui sont venus avec lui de Syrie.
Toutefois, Salah Eddine ne s’est pas empressé de mettre fin ou d’annoncer la fin du régime fatimide. Il a attendu patiemment le temps le plus propice. ce moment est arrivé, le premier vendredi du mois de Muharram de l’année 567 AH / 1171, le jour de l’agonie du dernier Khalife fatimide. Il a ordonné que l’oraison et le sermon du vendredi ne mentionnent plus le nom du Calife fâtimide, qui était alors malade et cloué au lit, mais le nom du Calife `abbâside. Cela signifiait en fait la chute de la dynastie fâtimide et l’avènement d’une nouvelle ère. La prise du pouvoir était symbolique. Le Calife fatimide décéda onze jours plus tard (14).

Ainsi, l’arène nationale est entièrement libre devant Salah Eddine. La relation tendue et le conflit latent avec Nour Eddine Mahmoud émergent à la surface. Mais sa priorité était la politique des complots et des troubles fomentés par le roi des Croisés, Amaury qu’il lui fallait traiter avec prudence car le monde musulman n’était pas encore suffisamment fort et unifié pour mener une guerre de front contre les Croisés. Amaury avec l’age et la maladie restait attiré par le mirage de l’Égypte, mais cette fois, il préférait ne pas suivre la voie de la guerre, mais celle de la division des arabes, de la gestion des crises entre musulmans. Maître en intrigues il a comploté avec le « Sultanat du Yémen» et les vestiges des forces fidèles aux Fatimides en Egypte pour affaiblir Salah Eddine au Caire. Toutes les intrigues des Croisés n’ont pas réussi a entamé la stratégie patiente et victorieuse de Salah Eddine.

Salah Eddine victorieux contre les comploteurs du Yémen qui furent crucifiés avec leur chef devint une hantise pour Amoury qui resta pétrifié devant les défaites de ses alliés, de ses comploteurs et de la flotte qu’il a financé et équipé pour soutenir le complot du Yémen et la diversion à Alexandrie contre Saladin (15). La popularité et le pouvoir de Salah Eddine ne faisait que s’accroître.
La mort de Nur al-Din Mahmoud, le 11 Chaoual, l’année 569 AH / 15 Mai 1174 fut la réponse du destin comme solution au problème de la relation critique entre les deux hommes. Le destin se manifesta encore dans le décès du roi des Croisés Amoury. SSalah Eddine venait d’être débarrassé en même temps d’un adversaire politique redoutable et d’un ennemi militaire plus inquiétant.
Salah Eddine se trouvait par le choix du destin face à l’héritier « Amoury » un garçon de dix ans d’âge et atteint de la lèpre, Baudouin, et de l’autre côté, face à l’héritier de Nour Eddine Mahmoud un autre enfant, Ismail, incapable de gouverner. Il ne pouvait y avoir une opportunité plus favorables pour conduire Salah Eddine sur la voie de la réalisation de son objectif: Jérusalem.
La dégradation des différends politiques au sein de l’entité des Croisades ne pouvait être ni atténuée ni éliminée par le recours à une alliance au sein du monde musulman, forte et capable de donner un souffle nouveau aux Croisés contre Salah Eddine. Les facteurs de division sont encore présents mais à ce moment précis des croisades il n’y avait pas un contemporain arabe ou musulman des croisades capables par sa force militaire ou par sa représentativité politique et populaire à être un allié crédible contre Salah Eddine. L’Europe divisée et épuisée ne pouvait plus continuer d’envoyer l’aide nécessaire aux Croisés francs.

Dans ces conditions il ne restait à Salah Eddine que prouver qu’il est l’homme de cette étape, et de tirer profit du vent favorable pour mener un Jihad de grande envergure contre les Croisés à la fois comme objectif de libération de Jérusalem et comme voie de reconstruction de l’unité et de la puissance de l’état musulman disloqué et affaibli.
Alors que les princes qui se sont emparés des pays musulmans sont encore plongés dans dans les litiges autour d’intérêts mesquins et de préoccupations minables tout en luttant entre eux sur qui pourrait gagner la faveur d’être le tuteur du petit Prince Ismail Saleh bin Nur al-Din Mahmoud (16), Salah Eddine n’est pas rentré dans leur jeu. Il a agit avec une remarquable intelligence; En l’an 570 AH / 1174, est venu à Hama (qui a été jointe à son État depuis une courte période) pour accueillir des émissaires du calife abbasside accompagné d’une délégation honorifique portant drapeaux noirs (l’emblème de la dynastie abbasside), lui présentant la lettre signée par le Calife, le nommant Sultan de l’Égypte, sultan de la Syrie ainsi que des autres sultanats (17).
De la libération et de la reconstruction

Son habileté politique et son intelligence de manœuvre l’ont placé de fait et de droit comme légitime souverain alors que les comploteurs se sont trouvés faisant figure de violeurs de la loi. La libération de Jérusalem passait par l’unité politique et l’unité de commandement militaire et pour cela Salah Eddine a axé sa stratégie à réaliser la première partie de son projet : l’unification du monde arabe en récupérant sous son commandement politique et militaire Damas, Homs et Hama. Ce projet réalisé il s’est empressé de se rendre à Alep qui demande l’aide de « Raymond III, » le gouverneur de Tripoli. Il a barré la route aux troupe des Croisés leur faisant marche retour après les avoir ventilé aux quatre coins de la terre par le Jihad (18). Et l’année suivante 571 AH / 1176, Salah al-Din est retourné pour imposer un embargo sur Alep, sans résultat.

Dans le camp des Croisés rien ne semble arrêter la détérioration continue des conditions morales et des divergences politiques. Il n’a y avait aucun espoir que les problèmes internes des Croisés puisse trouver solution par la tutelle de Raymond III comte de Tripoli sur le trône occupé par un roi malade. La tutelle du roi malade ou l’intronisation d’un nouveau roi ne trouvaient ni consensus ni compromis au sein des Croisés. A ces problèmes de règne s’ajoutait le problème des colons croisés en terres arabes qui ne trouvaient plus écho ou préoccupation prioritaire en Europe confrontée à d’autres problèmes internes.

L’aide aux Coalisées ne pouvait pas venir des byzantins car L’empereur byzantin, Manuel Comninos se trouve lui-même en position de faiblesse devant l’empire « Turcs Seldjoukide. Il est dans l’incapacité de négocier ou de manœuvrer face au sultan seldjoukid Arslan II, qui lui infligea une catastrophique défaite à la bataille de Myriocephalon en 1176, après avoir brisé les lignes défensives de l’armée byzantine, cette armée construite par la famille impériale » Comninos » sur plusieurs générations (19).

Salah Eddine a construit un service de renseignement efficace et compétent. Il connaissait le niveau de crise morale, politique et militaire des Coalisés. Sur les renseignements de ses agents il a lancé une attaque sur les Croisés dans la région du Sahel dans les territoires palestiniens au moins de Jamadi premier l’an 573 AH / 1177, et fut la seule fois que Salah Eddine pécha par excès de confiance en soi et par un relâchement de l’armée dont les troupes ont été autorisés à être moins en deçà des des règles établies par Salah Eddine. Le résultat ne se fit pas attendre : son armée connut la pire et la plus lourde défaite de son histoire. Mais globalement cette défaite n’est pas déterminante pour changer le rapport des forces militaires et l’équilibre des pouvoirs politiques dans la région qui devenaient de plus en plus en sa faveur(20).

Salah Eddine , a passé les années suivantes au sein de l’armée qui menaient des escarmouches mineures dans les batailles contre les Croisés et contre les princes Alzenkyines concurrents dans l’orient arabe, à la fois en Syrie et en Irak. Il a ouvert deux fronts de luttes en même temps mais sa stratégie n’a pas changé : il avait deux axes de combat : l’un sur la consolidation du front arabe et l’autre sur la préparation à la guerre décisive contre les Franques. Ces deux axes sont indissociables, ils concourent ensemble à la libération de Jérusalem.
En l’an 578 AH / 1182, Salah Eddine à la tête de son armée est sortie d’Égypte allant vers la Syrie, l’Égypte ne pouvant plus être menacée par les Croisés. Les années suivantes ont été cruciales dans la préparation de la lutte contre les Croisés. Salah Eddine a consacré son temps a organiser la résistance contre l’occupant, à mener des batailles contre ses postes et à lutter sur le font intérieur à unifier le rang des musulmans sous une seule bannière loin des convoitises des princes et des opportunistes.

Dans le camp des Croisés, les conditions vont de mal en pire, la peste fait rage, les divergences politiques s’accentuent, l’incapacité de la chrétienté à trouver une solution à l’enlisement au moyen orient et la disparition de l’allié stratégique des croisés le roi byzantin Manuel Comninos mort en Septembre 1180. L’empire byzantin a perdu de sa force et de son influence au moyen-orient (21).
la guerre psychologique

Salah Eddine a su tirer profit des circonstances pour se faire conduire vers son objectif stratégique. Contre les Croisés il a utilisé cet étonnant mélange de diplomatie, de propagande, de guerre psychologique et de confrontation militaires en transformant en sa faveur le rapport de forces. C’est la même stratégie qu’il va utiliser contre Ses rivaux arabes les princes Alzenkyines.
Il conclue avec les Croisés une trêve en l’an 1180. Mais la faiblesse du roi Baldouin IV à cause de sa maladie et à cause de la convoitise et du bellicisme du prince de Kerak Reynald de Chatillon qui ne comprenait pas l’avantage réciproque de la trêve allaient pousser les événements à leur paroxysme ultime (22). L’année 578 AH / 1182, fut l’année de l’affrontement décisif dans l’histoire de l’Islam face aux Croisades.

A ce moment précis de l’histoire, l’État de Salah Eddine comprend presque l’ensemble de la Syrie, de l’ Égypte et de l’ Irak, à l’exception des provinces d’Alep et de Mossoul. Pour Salah Eddine inclure ces deux sultanats dans l’État unifié était une priorité avant de livrer la bataille décisive pour ne pas prêter flanc à des coalitions comme par le passé. Cependant, ses tentatives pour saisir par la force Alep n’ont pas abouti (23).

Dans le même temps, Reynald de chatillon a lancé une attaque contre la ville portuaire Ayila l’automne de cette même année, ensuite il a brûlé plusieurs navires des opérateurs musulmans dans la mer Rouge, et a envoyé de nombreuses troupes croisées qui commençaient à s’approcher de la ville sainte Medina. La flotte militaire égyptienne mit fin à l’expédition des Croisés et libéra les soldats musulmans et leurs familles mis en esclavage par les troupes croisées qui avait débarqué sur la terre du Hijaz. Le Prince Hassam Eddine loulou (la perle de l’islam) qui commandait la flotte égyptienne, exécuta deux croisés sur le port libéré et le reste des prisonniers fut exécuté à leur retour au Caire (24).

Cette rupture de la trêve par Chatillon et la colère des masses musulmanes devant la tentative d’expédition contre les lieux saints et la victoire remportée par la flotte égyptienne donna à Salah Eddine al Ayoubi davantage de conviction pour unifier les rangs des musulmans et restaurer l’unité territoriale et politique de la nation musulmane. Le double danger des Croisés et de la division des musulmans s’est encore accentuée même s’il n’a jamais quitté l’esprit de Saladin alors qu’il n’était qu’un simple soldat dans l’infanterie de Shirkuh en Egypte (25 ).
De l’avis du professeur David Jackson, le sultan Salah Eddine faisait preuve d’une grande intelligence sur le plan de l’analyse et de la pratique politique, de l’ingéniosité dans la gestion des affaires de l’État, et dans l’art raffiné de la préparation du terrain politique et des mesures diplomatiques avant de prendre toute action militaire (26).
En tout état de cause, l’année 579 AH / 1184 les eforts de Salah Eddine furent sanctionnés par l’allégeance de la province d’Alep dans le cadre de la Convention sur la paix. Le renforcement politique du Sultan Salah Eddine est tel que l’historien Stephen Ransiman déclare qu’au cours des deux siècles précédents, l’histoire de la région n’a jamais vu un état arabe aussi fort et unifié comme celui de Saladin (27).

Cette année, il déploya des troupes de Damas vers la forteresse imprenable de Karak fief de Chatillon le haineux. Il assiège le fort sans pouvoir s’en emparer(28). On pense que Salah Eddine avait voulu par cette sortie provoquer juste quelques escarmouches pour montrer sa puissance militaire à des fins politiques et de propagande dans le contexte de la guerre psychologique qu’il avait décidé depuis longtemps dans sa campagne de déstabilisation des Croisés dans l’attente de l’opportunité de mener la bataille décisive pour libérer Jérusalem.
Dans la stratégie de Salah Eddine il n’est pas envisageable de mener une guerre totale contre les Croisés tant que l’émirat de Mossoul continuait de constituer une menace pour lui. Il avait la conviction que l’unité des forces politiques et militaires dans la région arabe est nécessaire, elle est la condition essentielle pour garantir la victoire en cas de guerre totale contre les Croisés. Il savait aussi par son longue expérience de combat et de gestion des affaires de la région que les forces des croisés allaient vers l’affaiblissement et qu’il fallait les harceler sans répit pour accélérer leur affaiblissement et donner à ses troupes plus d’expériences militaires avant l’heure H. Son intelligence était de rester lucide et de construire la victoire d’une manière décisive et pour cala il fallait ne pas perdre l’objectif final, la libération de Jérusalem , et les objectifs intermédiaires, accroître la vulnérabilité des croisés d’une part et parvenir à l’unité arabe politique, militaire d’autre part, avant la confrontation finale.
le siège de Kerak

Salah Eddine connaissant le caractère belliqueux et irrespectueux des traités et conventions de Chatillon et l’importance de la forteresse de Kerak dans le dispositif militaire, économique et commercial concentra ses efforts au harcèlement de Kerak. Il assurait ainsi la sécurité des convois routiers entre l’Égypte et la Syrie et fissurait la défense de son ennemi par l’usure.
En l’an 579 AH / 1183, le Sultan Salah Eddine recevant des renforts d’Égypte est passé du siège à l’assaut de Kerak la soumettant sous un déluge de tirs de catapultes et de flèches. Les armées musulmanes ont fait battre en retraite à l’intérieur de la forteresse le prince de Chatillon et son armée sortis à la rencontre des troupes de Salah Eddine. Chatillon n’a sauvé sa vie que dans la fuite abandonnant une partie de ses troupes à leur sort.

L’assaut final a été retardé à cause de la célébration du mariage de deux princes. La mère de la princesse a demandé à Salah Eddine de ne pas gâcher leurs fêtes et lui a envoyé des mets et des gâteaux. Il agréa la demande la mère et tint promesse de ne pas bombarder la tour où se déroulait la cérémonie montrant une fois de plus son esprit chevaleresque et son humanité. Il a donc maintenu le siège qu’il a été contraint de lever pour aller à la rencontre des renforts des croisés venant de Palestine. Il mit en déroute les armées croisées à Naplouse et Jénine, libérant déjà une partie des territoires palestiniens (29) … Il est ensuite retourné à Damas. Si nous avons décidé de parler de cet aspect militaire en dépit de l’absence de victoires significatives, c’est dans le but de clarifier l’intérêt de Salah Eddine des questions tactiques et stratégiques qui pourraient affecter la réalisation de ses objectifs suprêmes. Dans ces objectifs la forteresse de Karak est une grave menace qu’il faut contenir et en même temps il faut sécuriser le transport des convois commerciaux et des forces militaires entre l’Egypte et la Syrie.

La conjugaison du politique, du militaire et de l’économique dans une vision stratégique claire et une prise d’initiative toujours en avance sur l’ennemi apporte ses fruits et donne à Salah Eddine davantage de force politique : Baldouin IV » le roi croisé de Jérusalem, en 1185, contraint les Croisés à la signature d’un traité de paix avec Saladin pour un mandat de quatre ans. Ce temps était suffisant pour Salah Eddine de parachever l’oeuve d’unification des Arabes. Il avait donc le temps et la liberté d’action militaire et de manœuvre politique contre l’émirat de Mossoul. Le gouverneur de Mossoul a répondu, sous la pression sans relâche de Salah Eddine, de signer tenir un traité reconnaissant l’extension du pouvoir du Sultan Salah Eddine sur la province de Mossoul.

L’interprétation de ce traité sur le plan militaire s’est soldé par l’accroissement de la force militaire de Salah Eddine de six mille cavaliers de l’émirat de Mossoul. Pour l’époque c’était une force militaire conséquente (30). Au niveau stratégique le rapport des forces a résolument changé en faveur des musulmans qui venaient enfin de réaliser la cohésion sociale et l’unité politique et militaire. Salah Eddine venait de réaliser une partie de son rêve et concrétiser un objectif principal: la réalisation de l’unité politique et militaire.
Ensuite est venu l’an 581 AH / 1185 le point culminant du génie stratégique de Salah Eddine qui a utilisé avec art et efficacité la combinaison de la force militaire, de la manoeuvre politique, de la guerre psychologique, et de la bonne planification de tous ses plans et de ses mouvements contre l’ennemi.

Il n’est pas inutile de souligner quelques faits marquants. Il a été le Sultan qui a reconstruit la flotte égyptienne faisant d’elle une marine militaire crainte dans la mer Rouge et la Méditerranée. Il a mené une action diplomatique isolant les Croisés et les empêchant de construire des alliances tant avec les arabes qu’avec les européens. Ainsi il a persuadé les villes italiennes de tirer profit économique en faisant un transfert direct de leur centres commerciaux sur le sol égyptien en leur garantissant la paix et la sécurité. Il a ouvert une passerelle diplomatique avec l’empire byzantin qui a permis la signature d’un accord avec l’empereur byzantin « Ondronicos » le libérant des intentions de l’Europe de l’Ouest dont la culture des Croisades jetaient le doute, la méfiance et la suspicion sur toute relation avec le monde arabe et musulman (31).
Les signes de la guerre

L’année 582 AH / 1186 annonce les signes de la guerre et les signes de la défaite des croisés: les Croisés se sont divisés divisés en deux groupes après la mort de leur roi Baudouin IV « , et son successeur», Baudouin V » un enfant sous tutelle, qui décédera l’été de la même année.

Intelligente et capable de manœuvre, Izabela la fille du roi Amauri I est arrivée à surmonter les rivalités au sein des Croisés pour imposer son époux Guy de Lusignan roi du royaume des Croisés de Jérusalem. Le premier camp des croisés s’articulait autour de la reine, Isabelle, de son mari, qui était un modèle dans le genre de combiner la beauté des traits physique et la laideur du comportement moral et des faucons pour qui la guerre et la violence sont les seules méthodes à avoir envers avec les musulmans. Le second camp des croisés représentait été un certain nombre de princes dont Raymond III Comte de Tripoli, qui étaient d’avis qu’il vaut mieux chercher l’apaisement avec les musulmans, tant que les conditions ne permettent pas de combats décisifs en leur faveur(32).

Voila en gros le panorama politique dans la région arabe à l’approche de la libération de Jérusalem et s’inscrivant dans une lutte longue et acharnée entre les deux parties du conflit. C’est dans cette configuration politique et militaire que Renaud de Chatillon entre de nouveau en scène pour remettre en cause le traité de paix entre Salah Eddine et les Croisés dans des conditions défavorables aux coalisés dont une partie des troupes souffraient de maladies, de faim et de nostalgie. Agissant de concert avec les faucons Renaud de Chatillon a quitté la forteresse de Kerak pour attaiquer, en violation des accord signés, des convois commerciaux musulmans, assassinant les uns et faisant captifs les autres. Il a donné l’occasion à Salah Eddine d’ouvrir de nouveau les hostilités militaires contre les Croisés.

De l’avis de l’historien allemand Hans Meyer « Salahaddin » ne pouvait pas se taire sur les menaces de Chatillon sur la sécurité de la route commerciale entre l’Égypte et l’Orient et du traffic maritime de la mer Rouge et de l’Océan Indien (33). A mon avis, cette attaque était attendue par Salah Eddine et elle lui a donné prétexte de se délier de son pacte et de lancer une guerre décisive contre les Croisés maintenant qu’il a unifié le monde arabe et achevé la préparation des plans stratégiques de la guerre.

Les Croisés furent embarrassés par les nouvelles alarmantes qui leur annoncent les préparatifs militaires des musulmans en vue de les attaquer. Ils étaient dans un désaroi tel qu’ils ont failli aller au dela du clivage politique à la guerre civilele (34). Finalement le sentiment général du dnger imminent mit fin aux divergences et souda les Coalisés en un bloc uni pour faire face aux musulmans avec vigueur et détermination. Près de la ville de Nazareth en Palestine les Franques parviennent à lever la plus grande armée de l’histoire des Croisades. Ils ont mobilisé sur pied de guerre environ dix-huit mille soldats d’infanterie et de cavalerie dont mille deux cent équipés d’armement lourds et quatre mille chevaliers, et cette avec son nombre et son équipement est pour l’époque quelque chose de colossale.

La force de l’armée franque ne pouvait cacher l’état psychologique de ses soldats ramassés à travers toutes les colonies sous leur domination : la panique et le manque de préparation.
Les forces du Sultan, Nasser Salah Eddine al Ayoubi étaient constituées de trois corps d’armée, un corps syrien dont il était lui-même le commandant en chef, le corps des forces égyptiennes et le corps des forces irakiennes. Les corps d’armées égyptiennes et irakiennes étaient réparties en brigades chacune sous le commandement des princes venus d’Égypte et d’Irak et sous le commandement des propres frères et des propres fils de Salah Eddine.

Nous devons avouer qu’il n’existe aucune statistique pour évaluer le nombre et l’équipement des forces musulmanes. A mon avis le nombre devrait presque le même que celui des Croisés. La différence résidait dans la motivation au combat, la stratégie de combat et dans les armes et les équipements.

Au mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538 AH), Salah Eddine libère Jérusalem.
 
la voie de libération de Jérusalem (suite 2/2)

Jérusalem est un symbole

La marche épique de Salah Eddine vers la libération de Jérusalem, a commencé par des événements sanglants à l’issue desquels Jérusalem est tombé injustement aux mains de la horde des croisades au cours de la dernière année du dixième siècle de notre ère.

Jérusalem est un symbole pour les Croisades : le royaume de Jérusalem ou le royaume latin d’Orient.

Salah Eddine est un symbole de la résistance contre les croisades et du Djihad islamique contre l’agression. Il a consacré sa vie à la libération de Jérusalem, comme nous le verrons dans la Partie II de la présente étude qui va tenter d’approfondir le récit sur d’édification de la stratégie de bataille contre les croisés jusqu’à la récupération de Jérusalem et des territoires arabes occupés.

Le début des manœuvres militaires des deux côtés, se déroula comme un jeu d’échecs où chacune des parties essaye de deviner la stratégie de l’adversaire tout en déployant la sienne par l’occupation tactique du terrain et par l’utilisation des ressources disponibles de la meilleure façon possible, avec audace et intelligence.

Dans le camp des Croisés les choses semblent un peu plus compliqués car il était difficile de trouver un compromis entre la prudence du comte de Tripoli, Raymond III, et la fougue belliqueuse des Templiers .

Dans le camp des musulmans, le génie militaire de Salah Eddine va se manifester comme prolongement des manœuvres militaires et des méthodes de guerre utilisés dans la bataille de Hattin et les batailles connexes qui ont suivi cette bataille et qui toutes ont été menées dans une seule visée : récupérer Jérusalem et la libération de la mosquée Al-Aqsa.

Dans la période antérieure à la bataille de Hattin, Salah Eddine a consacré environ treize mois dans la lutte contre les croisés par des combats intermittents, alors qu’il a passé trente-trois mois, depuis l’automne de l’an 570 AH / 1174, dans des combats sporadiques contre les arabes, afin de construire un front uni arabe. Ce n’est qu’en 581 AH / 1186, qu’il parvint à un traité avec l’émir de Mossoul qui parachève la souveraineté totale de Salah Eddine sur le monde arabe et lui donne les forces militaires manquantes pour envisager sérieusement une bataille décisive contre les Croisés (36).

On peut d’ores et déjà sortir avec la conclusion que le Sultan était pleinement conscient que la construction d’un Front uni est très importante dans son dispositif de combat contre les Croisés. Dès qu’il a réalisé l’unité de front arabe il s’est aussitôt déployé sur la seconde phase de sa stratégie à long terme murement réfléchie, patiemment et intelligemment mise en place pour la libération de Jérusalem.

David Jackson a écrit : … Je crois que l’analyse des motivations religieuses et de sa dévotion mérite d’être évaluée avec soin pour voir qu’en dépit de tout, son attachement à son idéal religieux a été irréversible, en dépit de l’existence des différents points de vue des autres. Je reste persuadé que la motivation première qui a guidé toute la vie et toute l’ouvre de Salah Eddine était le Jihad jusqu’à la libération totale de Jérusalem qui passe aux yeux de Salah Eddine nécessairement par la destruction de la puissance militaire du Royaume des croisades. Le Jihad était pour lui la condition nécessaire pour atteindre l’objectif de libérer Jérusalem.

On a essayé de montrer la lutte de Salah Eddine contre les princes rivaux comme une lutte d’intérêts et de pouvoir pour son clan et sa famille mais cela ne tient pas à l’analyse de ses biographies. J’ai l’intime conviction que sa vie a été consacrée à l’objectif qu’il avait choisi, la libération de Jérusalem, et toutes ses luttes internes se focalisaient sur la réalisation de cet objectif (37).

Face à Salah Eddine on peut dire que la stratégie des Croisés a constaté essentiellement à éviter l’affrontement avec les musulmans autant que possible en se focalisant sur une planification de guerre purement défensive (38). Depuis la création du royaume des Croisés, les Franques ont toujours consacré leurs efforts à la fragmentation des arabes et à l’évitement d’une confrontation qui pouvait donner une rapide victoire aux armées musulmanes.

Raymond III était persuadé que si l’armée des Croisés livrait bataille dans la chaleur de l’été elle n’aurait pas la haute main dans la lutte, et a tenté de persuader le roi croisé, Guy de Lusignan, de ne pas prendre l’initiative de livrer bataille et de sa cantonner à la défensive. Mais le chef des chevaliers Renaud de Châtillon accuse Raymond de lâcheté et convainc les Croisés de lancer assaut contre les musulmans et battre l’armée de Saladin.

Comme le Roi des Croisés n’avait pas l’envergure d’un chef il a finit par se ranger à l’avis de Renaud de Châtillon. Dans leur sortie à la rencontre des musulmans les Croisés ont campé dans la région de Sophoria verdoyante avec arbres et cours d’eau et Raymond insistât pour y rester sans aller plus loin dans la rencontre des musulmans préconisant une fois de plus qu’il n’était pas sage de chercher à livrer combat contre les musulmans.


À propos de Galilée

Salah Eddine n’a pas hésité à recourir à une diversion militaire pour forcer les Croisés à sortir de leur campement de Sophoria qui leur assurait la sécurité et les ressources. Au début du printemps de l’année 583 AH / 1187, il a lancé une forte attaque sur la forteresse de la Galilée où résidait la femme du comte Raymond III. Soumettant le château a des assauts qui allaient le faire tomber, Salah Eddine parvient à pousser la femme du comte, retranchée dans le château assiégé, à solliciter l’aide du roi des Croisés pour mettre fin au siège de Salah Eddine (39). La manœuvre militaire de Salah Eddine réussit : contre l’avis de RAYMOND III qui était conscient des risques de l’affrontement meurtrier avec l’armée des musulmans d’une part, et qui pensait qu’il valait mieux laisser tomber le château et payer la rançon pour libérer sa femme d’autre part, le chef de l’Ordre des Chevaliers, s’introduisit auprès du roi des Croisés et le convaincu d’aller à la rencontre de Salah Eddine pour l’empêcher de s’emparer de la Galilée.

Vendredi, 24 rabiâ 583 Hijri / 3 Juillet 1187, en pleine chaleur, l’armée des croisades quitta les jardins couverts de Sophoria pour prendre le chemin des collines nues à destination de Tibériade (40). Comme à l’habitué les forces de renseignement et de reconnaissance de l’armée de Saladin démontrèrent leur intelligence et leur compétence dans le suivi et les prévisions des manœuvres des armées des croisés. Salah Eddine était mis au courant du déplacement des armées ennemies et de l’état de leurs forces.

Et Salah Eddine redéploya son armée en lui faisant faire marche du camp de « Kfar Sabbat » au village de Hattin, qui était été riche en pâturages et en eau abondante. A hattin son armée fit jonction avec les troupes musulmanes qui revenaient de Galilée mettant fin à leur siège. La situation logistique a changé : c’est maintenant les troupes musulmanes qui sont à l’aise et au repos tandis que les troupes croisées sont en marche exposées à la chaleur et au soleil de plomb.

Dans cette situation de combat les troupes musulmanes harcelaient les flancs et les arrières des armées par des coups de main et des embuscades en s’appuyant sur la cavalerie légère. On assiste à de nouvelles techniques de combat auxquelles les armées des croisées n’étaient pas préparées : harcèlement et attaques surprises éclair.

Il était difficile voire impossible pour les armées croisées de modifier leur dispositif de combat et de déplacement pour s’adapter aux nouvelles techniques de guerre éclair utilisée par les musulmans. Maintenant leur dispositif traditionnel de blocs compacts et de rangs serrés les croisés ont péniblement souffert du harcèlement type guérilla. Devant les pertes subies et la désorganisation de leurs dispositifs, les Croisés ont été contraint d’arrêter leur déplacement et d’organiser un camp de stationnement pour tenter de repousser les attaques poursuivies tout au long d’une longue et pénible journée qui a vu des attaques violentes perpétrées par des musulmans sur les flancs et le dos de leur armée et entamant la résistance morale et physique des troupes(41).

Les Croisés ont installé leur campement sur une colline surplombant le lac de Galilée. Mais ils ne sont pas en mesure d’atteindre l’eau car des détachements musulmans leur font obstruction en s’interposant entre eux et les berges du lac.

Et pour le malheur des croisées, la soif du jour se conjugua à la fumée émise par les feux que les soldats de Salah Eddine, infiltrés dans les avants postes, allumaient dans les broussailles sèches autour du campement. Les croisés étaient en plus démoralisés par les prières et les Allah Akbar prononcés par les musulmans. Le matin, à l’aube dès l’appel à la prière des musulmans, les croisés avec un moral fortement perturbé, firent le constat qu’ils étaient encerclés de tous les côtés. Il ne leur restait que la tentative d’ouvrir une brèche par l’infanterie à destination des points d’eau mais ce fut pour eux la plus grande débâcle de l’histoire des croisades. Après d’âpres combats une partie des troupes croisées fut dispersée et une autre partie fut tuée ou capturée.

Le samedi, rabiâ 25 583 Hijri / Juillet 4, 1187, l’Armée islamique réalisa la plus grande victoire contre l’existence du royaume des croisades. Toute l’armée conduite par les Chevaliers fut décimée. Ne survécut à cette défaite que Raymond III, le comte de Tripoli, qui avaient fui pendant la bataille, avec un certain nombre d’amis. Salah Eddine a réussi à décimer une partie de l’élite des Croisés (42). Jérusalem devenait de plus en plus un objectif proche et réalisable dans la stratégie patiente et savante de Salah Eddine.

A la suite de ce combat qui fut une destruction catastrophique des forces principales des Croisés qui ont perdu des hommes et du matériel ne restaient comme résistance principale sur la route vers Jérusalem que de petites garnisons retranchées dans les forteresses, les châteaux et les villes occupées qui tombèrent les unes après les autres au main des musulmans peu de temps après la bataille de Hattin.


Plus qu’une défaite, une série de défaites

Certes, il est vrai qu’avant la bataille de Hattin les Croisés ont connu des catastrophes militaires, il est vrai aussi qu’un certain nombre de leurs dirigeants ont été tués ou faits prisonnier par les combattants musulmans, mais la bataille de Hattin est plus qu’une défaite ou une catastrophe militaire c’est l’effondrement du système idéologique, militaire, politique et psychologique des croisades.

Le plus important dans cette bataille décisive est que Salah Eddine est réconforté dans sa vision de libération de Jérusalem qui dictait de rendre les croisés vulnérables détruisant le mythe de leur invincibilité militaire et de la puissance de leur royaume. Il a été en mesure, à la tête de son armée, de détruire la plus grande armée des Croisés, et il est maintenant convaincu plus que jamais que la défaite totale des Croisés est faisable et que c’est leur défaite militaire qui mettra fin au royaume latin en Orient et réalisera la libération définitive des territoires arabes de la domination étrangère.

Il est vrai que la bataille de Hattin n’a pas mis de fait fin aux Croisades et s’il y a eu une durée plus grande à l’existence des Croisades et plus tard à la présence coloniale cela est imputable à la faiblesse politique des successeurs de Salah Eddine qui ont laissé ressurgir les anciennes rivalités politiques et s’installer de nouveau l’esprit tribal avec ses convoitises et sa vision étroite et à court terme.

Il faut souligner aussi que les Croisés ont perdu par la suite de leur vitalité et n’ont tien réalisé de grand ou de spectaculaire se contentant de gérer leur royaume que Salah Eddine a laminé et fortement réduit.

Le plus grand fait, du côté musulman, de la bataille de Hattin, est la participation, pour la première fois depuis des siècles, au combat ensemble, sur un même front et contre un seul et même ennemi, l’ensemble des forces officielles arabes venant de Syrie, d’Irak, d’Egypte et même des bénévoles venant du Maghreb. Elle donne à l’histoire le repère véritable et la stratégie authentique de libération des terres occupées : un front uni dans l’action politique et militaire. Ce front n’était pas le résultat d’une improvisation ou d’un accident de l’histoire mais l’effort inlassable, permanent et continu d’Imad Eddin Zinced, de Noor Eddin Mahmud et puis de Salah Eddine Ayouby. La victoire de Hattin contre le colonialisme des Croisades est le point culminant et logique des efforts de la construction du Front uni de résistance politique et militaire.

De ces considérations découle l’importance historique de la bataille de Hattin. Elle reste une épine au gout amer et cruel dans toute l’histoire des Croisades et de l’Europe catholique …

Lorsque le temps d’apaisa et la poussière de la bataille se dispersa, le roi des croisés Guy de Lusignan accompagné de Renaud de Chatillon et de hauts dirigeants furent amenés captifs dans la tente où les attendaient Salah Eddine. Le chroniqueur musulman Îmad al-Esfahani raconte comment le Sultan Salah gronda Renaud de Chatillon et lui reprocha ses actions belliqueuses et son odieux manque de respect pour les pactes et les conventions. Jusqu’à la fin Renaud de Chatillon se montra arrogant, menteur et perfide allant jusqu’à affirmer que la faute incombait aux rois des Croisés. Salah Eddine a tué le prince transgresseur comme accomplissement d’un vœu qu’il avait fait à lui-même lorsqu’il a pris conscience des horreurs commises contre les musulmans à cause des agissements et des intrigues de Renaud de Chatillon.

A la vue de la décapitation du prince Renaud de Chatillon le Roi des Croisés fut pris d’une crise d’épilepsie qui ne s’arrêta que lorsque Salah Eddine le réconforta et lui donna le serment qu’il était sous sa protection. Il donna l’ordre de décapiter tous les Templiers considérés comme responsables des massacres commises contre les populations musulmanes, à l’exception de leur commandant en chef à qui il accorda la vie (43).

Après la victoire de la bataille de Hattin les forces de Saladin avancent en douceur sans précipitation faisant tomber les uns après les autres cinquante-deux villes, châteaux et forteresses des Croisés.

Les places fortes des croisés tombaient facilement car d’une part elles étaient dans un rapport de force défavorable et d’autre part ses occupants avaient la garantie de la vie sauve et de la sécurité s’ils se rendaient sans opposer résistance. Salah Eddine avaient la réputation de ne jamais manquer à ses promesses ni à ses engagements.

Les armées de Saladin sont parvenus jusqu’à Acre (Akka en Palestine), qui était le plus important port des Croisés sur la Méditerranée. C’est un port militaire bien protégé avec des forteresse presque invulnérables et qui s’est préparé à l’arrivée des armés musulmanes qui l’ont attaqué le premier jeudi du mois de Joumada I AH 583 / 1187. La population croisée d’Acre, en quête de sécurité, a demandé de négocier avec Salah Eddine qui leur a donné le choix de rester ou de partir loin de la zone de combat. Ayant fait le choix de partir il s’engagea à leur laisser la vie sauve et à leur laisser leurs richesses qu’ils pouvaient transporter avec eux comme serment de Salah Eddine inviolable et sacré.

Comme ils s’imaginaient qu’après la prise de la ville ils allaient tous être tués ainsi que leurs femmes et leurs enfants il décidèrent pour la plupart d’abandonner la ville à son sort…( 45). L’attaque contre la ville permis la libération des prisonniers musulmans à Acre (Akka) dont le nombre dépassait quatre mille(46). Acre remis les clés de la ville à Salah Eddine au cours du mois de Joumada I 583 AH / 10 Juillet 1187. A partir d’Acre Salah Eddine récupéra en quelques mois Jaffa, Nazareth, Sforep, kissaria, Naplouse, et Tibnine, Sidon, Beyrouth, Byblos, Ashkelon, Gaza, Toron, Aldarom (à proximité du territoire égyptien). Le but était d’empêcher le débarquement de renforts venus d’Europe. Il pouvait maintenant se mettre en marche sur Jérusalem à la fin de Joumada II 583 AH / Septembre 1187 (47).


Récupération d’Ashkelon

Ashkelon est la plus importante des forteresses que Salah Eddine a fixé comme objectif à reconquérir avant de se diriger sur Jérusalem. Ashkelon a été un grand enjeu militaire et stratégique tant pour les croisés que pour les musulmans : c’est une base à la fois navale et terrestre dont la maîtrise permettait de lancer des expéditions redoutables tant navales que terrestres le sol peuvent être avancées pour ceux qui possédaient eux pour lancer des attaques efficaces contre l’ennemi au sol ou sur mer. Cette base est resté 35 ans sous la domination des croisés avant d’être libérée par Salah Eddine qui a ordonné la destruction de ses murailles et de ses forteresses pour qu’elle ne puisse plus servir de base ennemi dans le cas où elle serait reprise par l’ennemi dans le futur.

Le Sultan met son armée, victorieuse, en marche sur Jérusalem pour la faire tomber par l’épée (48). Sans doute il eut l’idée et le désir de venger le sang des musulmans massacrés par les croisés lors de la Première Croisade en Juillet 1099.

A ce moment là, dans la marche sur Jérusalem, Al-Nasser Salah Eddine Yusuf Ayouby, avait sous son commandement toutes les armées arabes qui avaient combattu sur tous les fronts et toutes les villes et forteresses le long de la côte syrienne et palestinienne où se trouvait la forte présence des coalisés. Il imposa l’embargo totale contre la ville sainte, le dimanche, le 15 Rajab, 583 AH / Septembre 1187 ….

Le dernier et court chapitre de l’histoire de la libération de Jérusalem, doit toujours être vu comme l’aboutissement d’un long processus historique et le résultat d’une complexe maturation politique et militaire et non un simple fait d’armes épique. Le siège de la sainte ville a duré seulement vingt jours, mais le conflit a été l’histoire de longs et pénibles chapitres qui s’est étalée sur quatre-vingt-huit ans de luttes sur plusieurs générations depuis que la ville tomba aux mains des Franques Croisés la dernière année du dixième siècle jusqu’à sa libération par les musulmans le 27 du mois de Rajab de l’année 583 AH / II d’Octobre 1187.

La scène finale a été, comme une ironie du sort, plein de contrastes, plein de panoramas impressionnants. Elle demeure comme contradiction générale avec la scène brutale et cruelle qui a eu lieu quatre-vingt-huit ans auparavant. Elle demeure un rapport de confrontation entre le fanatisme agresseur et la culture d’une civilisation qui défend son existence et ses valeurs, entre l’arrogance impitoyable du colonisateur et l’éthique de la résistance et entre la barbarie du dominateur et la fierté et la noblesse du triomphe de la libération.

Enfin l’assaut final contre la sainte ville fut donné et les catapultes des armées musulmanes ciblèrent les murailles et les tours fortes par un pilonnage intensif de lourdes pierres et de boulets de feu. Bien protégés derrière les murailles les croisés opposèrent une résistance farouche et obstinée sous le commandement du Prince croisé Balian de Laplaine. La résistance de la ville conjugué à la chaleur du jour contraint le Sultan Salah Eddine à déplacer son camp et à changer de site de bataille. Il se dirigea alors le 25 Rajab vers la partie nord de la ville.

Les croisés pensaient que l’Armée islamique a dû lever le siège de la ville, mais ils ont déchanté de leur optimisme lorsqu’ils vu apparaitre les forces de l’Islam sur le Mont des Oliviers, qui surplombe Jérusalem du côté de la Vallée de l’Enfer (49).


Etranges rituels

À l’intérieur de la ville, la reine Isabella Sybila prend la défense de la ville avec le concours du patriarche catholique Héraclius et du Prince Balian. Les femmes de l’aristocratie des Croisés, sous la direction d’Isabella, eurent recours à une étrange procession, un rituel inédit, dans l’espoir que le sort soit plus clément en faveurs des Croisés qui ne se faisaient plus d’illusion sur l’issue de la bataille. Les dames de l’aristocratie se sont mises à tondre les cheveux de leurs filles, puis à les déshabiller les laissant nues prendre un bain en public et en plein air sur une colline de Jérusalem (50).

Mais la ville assiégée n’est pas dans le besoin de ces rituels frivoles, mais dans des combattants, des armes et une volonté de combattre qui font défaut… Et le prince Balian proposa de remettre les clés de la ville en échange d’un pacte de paix qui garantit leur vie et leur sécurité. Mais le sultan Salah Eddine, refusa l’offre car il voulait une victoire totale par les armes pour achever définitivement la présence étrangère sur les territoires arabes et clore un chapitre de l’histoire du monde arabe : la ville devrait être libérée de la même façon qu’elle a été prise.

Sur ce sujet le chroniqueur musulman Imad al-Din al-Asfahani raconte : » Le Prince des croisés a dit que si le Sultan n’acceptait pas l’offre d’échanger la ville contre leur sécurité, il allait donner l’ordre aux croisés de détruire la ville, y compris la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, et abattre toutes les femmes et les enfants vivant dans la ville « … Votre intérêt n’est pas dans notre défaite mais dans un traité de paix, vous perdrez tout si vous obtenez totale victoire. La déception vous est venue par la porte de l’espérance, le moins pire pour vous se trouve dans le traité de paix même s’il contrarie votre victoire … ». La décision finale fut prise par un conseil de guerre qui accepta la capitulation des croisés et l’arrêts des combats par les troupes musulmanes (51).

Ils devaient être heureux ce jour là les défenseurs Croisés dirigés par le Prince Balian de Laplaine. Ils étaient heureux parce qu’ils sont à la merci d’un vainqueur qui jouit de hautes qualités morales et des attributs de miséricorde et de compassion. Personne n’ignorait la vertu de la parole et des actes de Nasser Salah Eddine. Sa miséricorde et sa sagesse ainsi que celle de son conseil de guerre ont évité une effusion de sang inutile et ont confirmé une fois de plus l’humilité des musulmans dans la victoire et le primat de la raison sur le désir de vengeance. L’histoire des Croisades ne retient ni contre Salah Eddine ni contre les musulmans les atrocités qui étaient courantes dans le monde à cette époque … »(52).

En effet le Sultan était connu de ses contemporains, par son comportement humain, loyal, fidèle à ses promesses. Quand le prince Balian a proposé ses conditions de reddition Salah Eddine n’a pas hésité longtemps avant d’aller à la solution la plus charitable et la plus économie en vie humaine. Il a vaincu la rage portée dans le cœur quand les yeux voient la sainte ville à la portée de ses armes et que le souvenir est hanté par le massacre des s musulmans lors de la prise de la ville par les croisés et par les longues et cruelles souffrances des peuples arabes plongés sous le joug du colonialisme des croisés qui a duré quatre-vingt-huit ans .

Les musulmans ont accepté que soit versée une rançon pour chaque homme de dix dinars, chaque femme de cinq dinars, et chaque enfant de deux dinars (53).


Entrée victorieuse à Jérusalem

Les Musulmans entrent à Jérusalem le vingt-septième jour du mois de Rajab en 583 AH / II de Octobre 1187. Ne sont restés dans la ville que les autochtones, les arabes musulmans et les arabes chrétiens de l’Eglise orientale. Tous les croisés ont quitté sains et saufs la ville, ceux qui pouvaient payer leur rançon et ceux que Salah Eddine a accordé dérogation de ne pas payer leur rançon pour une raison ou une autre.

Le patriarche Héraclès est parti sain, sauf et libre d’emmener avec lui les reliques religieuses, l’argent et tous les objets en or et en argent ainsi que les coffres remplis d’objets précieux qui étaient dans l’église de la Résurrection, sous les yeux et la protection des soldats musulmans, sans être exposé à un vol ou une vexation de la part de la population arabe. Un pacte est sacré, inviolable, quelques soient les blessures et les humiliations subies par le passé.

Le dernier à partir fut le princpe Balian qui avait déployé toute son énergie pour maintenir la ville sous domination des croisés et qui avait fait tout son possible pour négocier la livraison de la ville contre la vie sauve de ses défendeurs croisés chevaliers, soldats et civils. Il est parti libre accompagné de son épouse et des princes et chevaliers qui étaient avec lui à Jérusalem. Ils sont partis empruntant une route sécurisée pour eux et leurs biens conformément aux garanties données par le Sultan Nasser Salah Eddine Youssouf al Ayoubi.

Pour l’époque, la reconquête de Jérusalem, reste, sur le plan humanitaire, une image singulière. La libération de Jérusalem a provoqué un rayonnement de bonheur , de liesse populaire et de ferveur religieuse dans l’ensemble du monde musulman. La nouvelle de la libération de Jérusalem attira des foules innombrables du monde musulman pour la visite de la ville sainte et la mosquée Al Aqsa (54).

L’oraison et le sermon du vendredi ont été restaurés à la mosquée Al-Aqsa, après une longue pause de presque un siècle, le quatrième vendredi du mois de Sha’ban en 583 AH. La chaire du sermon de (al minabar) qui a été réalisée depuis longtemps, depuis Nur al-Din Mahmoud, a pris sa place lors de cette célébration historique de l’oraison du premier vendredi de la libération.

L’historien Ibn Athir raconte : Salah Eddine ordonna la construction de la tribune (minabar) pour l’offrir à la mosquée Al-Aqsa le jour de la libération de Jérusalem à laquelle il se préparait et y croyait. Lorsqu’on lui dit que Nur al-Din Mahmoud avait déjà donné des instructions à des artisans d’Alep de fabriquer le Minbar en mettant toute leur ingéniosité artistique pour qu’il soit la plus belle tribune jamais réalisée dans le monde islamique. Les menuisiers syriens ont mis des années pour réaliser ce chef d’œuvre d’ébénisterie. Salah Eddine ordonna que cette chaire soit ramenée à Jérusalem pour l’inauguration de la prière du vendredi dans Jérusalem qui allait être libérée. C’est donc cette chaire qui pris sa place dans la mosquée al Aqsa.

L’imam qui a présidé à la prière était le juge Mohieddin Ibn Zaky. Il portait la tunique noire emblème de la dynastie des Abbassides et prononça des éloquents sermons et des discours plein de ferveur religieuse à cette occasion historique (56).


L’oraison et le sermon du vendredi dans Jérusalem libérée

Il s’agissait ce jour là, dans la prière, dans le sermon, dans la chaire et dans la foule des orants, des images symboliques du processus du jihad qui a duré plusieurs générations, afin de libérer Jérusalem des Croisés (57).

Salah Eddine s’est donné suffisamment de temps pour évacuer la ville de tous les Croisés, pour remettre la ville en état de fonctionner normalement sur le plan administratif, social et économique. Il a autorisé l’entrée de la ville aux populations juives. Les juifs ont été expulsées des abords de la ville par les Croisés et n’étaient pas autorisés à pénétrer dans la ville sainte durant les longues années d’occupation croisée sous le prétexte qu’ils étaient responsables des souffrances de Jésus-Christ. Pour l’histoire il faut souligner que les juifs en Palestine étaient peu nombreux par rapport aux autres villes d’Orient et que la majorité de la minorité juive en Palestine, vivaient traditionnellement en dehors de la ville de Jérusalem comme en témoignent le Benjamin Alttili et d’autres nombreuses sources historiques. Salah Eddine leur a accordé le privilège de résider dans la ville comme tous les autochtones de la région arabe.

Le Sultan ordonna la restauration du Mihrab de Omar devenu vétuste et son revêtement en marbre. Il ordonna le retrait des icônes et des images placées par les Templiers et les Chevaliers dans les maisons qu’ils avaient spoliés et dans les bâtiments et cours de la mosquée Al-Aqsa.

Le Dôme du Rocher est lavé avec de grandes quantités d’eau de rose, puis son air purifié par les meilleurs encens. Il supervisa le recrutement du personnel responsable du service de la mosquée Al-Aqsa. L’église de la Résurrection a été fermée pendant plusieurs jours, puis elle a rouvert ses portes aux fidèles chrétiens. Autorisation fut donnée aux princes des croisés de la visiter et d’y venir faire leurs prières et leur pèlerinage.

Ce bref aperçu sur le rôle historique de Saladin et sur sa stratégie pour la libération de Jérusalem, révèle une biographie d’un homme qui mérite une noble appréciation et une grande vénération à la lumière de sa réussite dans la libération de Jérusalem. Toute sa biographie témoigne qu’il a dirigé son attention tout au long de sa vie pour atteindre cet objectif, et qu’il a estimé, sans faillir un jour ou douter un instant, que le jihad est la seule façon, au niveau politique et militaire, pour parvenir à la libération des territoires occupés.

Il faut retenir que Salah Eddine a construit le projet de libération de Jérusalem sur la base préalable de la reconstruction de l’unité morale, politique et religieuse du monde musulman sous la bannière du djihad contre les Croisés. Sa biographie révèle qu’il a consacré la plus grande partie de sa vie dans ses efforts pour former l’unité politique et mettre fin aux luttes entre les factions dans la région arabe. Les combats contre les Croisés n’ont occupé qu’un tiers du temps consacré à l’action militaire contre les princes Al zenkyines et autres brigands et voyous arabes.

Il faut garder conscience vigilante que la fragmentation confessionnelle et doctrinaire, l’égoïsme des intérêts mesquins, le sectarisme ethnique et la division politique des dirigeants et le silence des populations musulmanes de l’époque, était la raison de la réussite de l’arrivée et de l’implantation des Croisades au cœur du monde arabe. Il ne faut pas perdre de vue que la présence continue et trop longue des croisés sur le sol arabe n’est pas la résultat de leur supériorité mais la conséquence dépend objective de la dégradation continue ,morale et politique, de la personnalité arabe qui est devenu, de ce fait, otage des convoitises et faille vulnérable face aux appétits colonialistes. Le monde arabe otage de la gouvernance insensée des dirigeants arabes et de leurs divergences politiques scandaleuses se transforme inévitablement en proie facile pour les prédateurs colonisateurs comme les croisés.

Salah Eddine ne doit pas être vue dans une vision messianique. Il est à la fois le produit et le continuateur d’un long processus libératoire qui a commencé par imad Eddine zinqi et Noor Mahmoud qui avaient en tête le projet révolutionnaire de libération de Jérusalemen, de la Palestine et du monde arabe. Les prédécesseurs de Salah Eddine engagé sur la voie de la libération l leur manquait les deux conditions de réussite : l’unité des rangs politiques et l’unité de commandement militaires qui permettaient de réaliser cet objectif de grande envergure. Aucune ambition légitime et noble ne peut se concrétiser dans des conditions de déliquescence morale et politique et sans planification qui met en place la stratégie, les moyens et les programmes d’actions.

Salah Eddine avait l’avantage d’avoir la vision lucide et la conscience religieuse et politique de cette situation anormale, politiquement et moralement. Il avait aussi la compétence d’agir avec savoir, intelligence et prudence trouver l’opportunité et la pertinence pour surmonter les obstacles, les affronter ou les contourner sans perdre de vue l’effort stratégique des efforts tactiques, les visées lointaines des visées à court et moyen terme. Il a montré que la planification intelligente conjugué à a la volonté permettent de se renforcer progressivement contre l’occupant et de rendre faisable la libération dont la concrétisation est rendue de plus en plus proche et de plus en plus évidente tant pour lui que pour ses proches et les populations musulmanes.

Salah Eddine en écrivant au Calife abbasside al Moustandi billah : » Si les affaires de la guerre trouvaient solution dans la pluralité des participations on n’aurait pas manqué sans doute la gloire qui nous fait défaut au vu de l’importance du nombre de prétendants autonomes chacun réclamant pour lui l’autorité. On n’aurait pas été amené à subir des préjudices s’il était naturel que le monde supporte la coexistence de plusieurs autorités contradictoires. Mais la vérité que nous ne pouvons ni occulter ni fuir sans préjudices et dommages et que les affaires de la guerre exigent une longue préparation et une excellente planification qui ne peuvent se passer de l’unité de commandement militaire et de l’unité de décision politique. Si la question du commandement est réglée et la planification politique tranchée il ne reste alors que la mise en place des organes consultatifs sur les questions de mobilisation des moyens pour mener les combats victorieux … »( 58).

Ces quelques mots résument la doctrine de Salah Eddine sur l’Etat moderne et sur la guerre de libération. Ils sont le meilleur témoignage sur la stratégie victorieuse de Nasser Salah Eddine Youssef al Ayoubi dans la reconquête de Jérusalem.



Auteur : l’écrivain et historien égyptien Qassem Abdou Qassem

Traduction Omar Mazri

Notes du traducteur :

Celui qui veut faire un travail comparatif qu’il lise par exemple les Croisades sur Wikipédia. Vous aurez plus de détails mais une vision de l’histoire du côté occidental. Ici c’est une lecture non apologétique mais du côté arabe et musulman. Le francophone peut trouver dans cette traduction, malgré ses fautes, une autre source d’information et une autre lecture de la libération de Jérusalem. L’auteur égyptien, Qassem Abdou Qassem, historien et écrivain, est allé à l’essentiel : montrer les causes de la défaite et de la victoire qui sont exactement les mêmes au Xème ou au XXIsiècle.

J’aimerais ajouter trois élément d’appréciation qui font partie de la culture islamique et que l’auteur n’a pas soulevé dans son excellent article.

Le premier est l’espérance que doit garder le croyant, même dans les situations les plus tragiques, car l’espérance fait partie intégrante de la foi. Le rapport de force politique et militaire est important dans l’issue d’une bataille mais il n’est pas déterminant. La foi et la vertu du combattant et de son environnement social sont l’autre élément décisif dans la victoire ou la défaite. C’est la loi de Dieu qui s’est appliquée et qui s’appliquera car Il est créateur de l’homme, de ses actes et des conséquences de ses actes et elle s’applique selon la loi de la causalité et du mérite et selon d’autres lois qui échappent à notre entendement :

{Ô vous qui croyez ! Si certains d’entre vous renient leur foi, Dieu fera surgir d’autres hommes qu’Il aimera et qui L’aimeront. Humbles avec les croyants, durs envers les négateurs, ils combattront au service de Dieu, sans la crainte d’aucun reproche.} Al-Maidah 54.

Le second élément est l’aspect épique ou charismatique qu’on attribue au commandant victorieux ou au dirigeant qui s’est particulièrement illustre dans une situation politique ou géopolitique oubliant le rôle de tous ses anonymes dont on ignore le sacrifice, les souffrances et le rôle déterminant dans la préparation et l’exécution du destin et de l’histoire. Nous devons nous libérer du culte du chef et de l’attente messianique car le destin c’est vous, moi, nous tous si nous agissons avec sincérité, intelligence et de concert sans chercher la fausse gloire. Mohamed (saws) a fait éloge des exilés. On lui a demandé qui étaient les éxilés (al Ghouraba) il a expliqué que ce sont des gens dont le comportement est si humble et si effacé qu’ils paraissent des étrangers insignifiants parmi les leurs mais dont l’action n’est connue efficace et méritoire n’est connue que de Dieu. Leur récompense auprès de Dieu n’aura d’égale que leur anonymat dans ce monde: » les exilés sont ces gens quand ils sont parmi vous vous ne faites pas cas de leur présence et quand ils sont loin de vous vous ne remarquez pas leur absence mais dont les oeuvres auprès de Dieu sont considérables »

Le troisième est aux amateurs de berbérité, d’arabité ou de kurdité, de chiisme et de sunnisme : il faut juste rappeler que la civilisation musulmane même dans sa décadence a toujours posé le problème de l’arabité en terme de culture et non en terme d’ethnie. Salah Eddine était Kurde par sa naissance mais sa culture était arabe et il a combattu tous ceux qui favorisaient la fragmentation de la nation musulmane au nom de la confession, de la doctrine ou de l’ethnie. Les chrétiens du monde arabe se considèrent comme arabe faisant partie de la vaste culture musulmane. Les chrétiens et les juifs de l’orient musulman se considèrenent comme partie intégrale et indissociable de la culture musulmane. Tout sectarisme pratiqué par un musulman est condamnable.

(36) ديفيد جاكسون، « معركة حطين » ، ص86 – ص87.

(37) نفسه، ص92- ص93.

(38) سميل، الحروب الصليبية ، ص152- ص153.

(39 ) نفسه، ص176- ص177.

(40) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص60 – ص73؛ العماد الأصفهاني، الفتح القسي، ص17- ص45؛ مجهول، البستان الجامع لجمع تواريخ الزمان (نشره كلود كاهن) انظر:

Claude Cahen ، » Une Chronique Syrienne de VI- XII Siecle: Le » Bustan Al Jami » ، en Bulletin d، Etudes Orientales ، toms. VI-VIII، (Annees 1937-1938 ) ، pp. 146-ff.

(41) سميل، الحروب الصليبية، ص179- ص180.

(42) عن معركة حطين، انظر: ابن الأثير، الكامل، ج9 ، ص177- ص179 وقد ذكر ابن الأثير ما نصه « .. وكان من يرى الأسرى لكثرتهم لا يظن أن هناك قتلى، فإذا رأى القتلى حسب أنه لم هناك أسرى… »، انظر أيضا: ابن شداد، النوادر السلطانية، ص60- ص73؛ الأصفهاني ، الفتح القسي ، ص17- ص45؛ ابن واصل ، مفرج الكروب ، ج2، ص187- ص192المقريزيي، السلوك، ج1، ص93؛ ميخائيل زابوروف، الصليبيون في الشرق (دار التقدم، موسكو 1986م ) ، ص191- ص192.

Mayer،op. cit. ، pp. 131-132 ; Runciman ، op. cit. vol. II ، pp. 450 -460.

(43) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص80- ص81.

(44) المقريزي، السلوك، ج1، ص93.

Mayer، op، cit.، pp. 131- 132.

(45) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص89 – ص91.

(46) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة في ملوك مصر والقاهرة (طبعة مصورة عن طبعة دار الكتب المصرية – الهيئة العامة قصور الثقافة 2008م) ،ج6 ، ص35.

(47) الأصفهاني، الفتح القسي، ص92- ص115؛ ابن الأثير، الكامل، ج9 ، ص176 – ص178، ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج 6، ص35 – ص67؛ ابن واصل، مفرج الكروبي، ج2 ، ص209 – ص 211؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص95؛ ابن شداد، النوادر السلطانية، ص80 –ص81؛ أبو شامة، ج2 ، ص95.

Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp.461- 462.

(48) ابن واصل، مفرج الكروب، ج2 ، ص209- ص211.

(49) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة ، ج6، ص36؛..Mayer،op.cit.p.132.

(50 ) Ibid ، pp.131-132.

(51) الأصفهاني، الفتح القسي، ص127.

(52) مونتجومري وات، « الحملات الصليبية: تصورات مختلفة » في كتاب ، 800 عام – حطين والعمل العربي الموحد (دار الشروق 1989م)، ص80.

(53) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص 129؛ الأصفهاني، الفتح القسي، ص127- ص137؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص97؛ ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة ، ج6، ص36- ص37؛

Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp. 264-266.

(54) المقريزي، السلوك، ج1، ص97.

(55) ابن الأثير، الكامل، ج 9، ص182 وما بعدها.

(56) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص235 – ص237؛ الأصفهاني، الفتح القسي، ص138- ص140؛ البستان الجامع، ص146 – ص147؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص96- ص99؛ ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج6، ص37؛ انظر أيضا:

Mayer ، op. cit. p132; Runciman ، op. cit. vol. II ،pp.446- 447.

(57) قاسم عبده قاسم، في تاريخ الأيوبيين والمماليك (دار عين للدراسات والبحوث 2007م) ، ص62 – 63.

(58) أبو شامة، الروضتين، ص48؛ ابن واصل، واصل، مفرج الكروب ، ج1، ص15 
 
 

Post a Comment

0 Comments