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Iraq : 655 000 morts: PEUT-ON ARRÊTER LE GÉNOCIDE ?

Iraq : 655 000 morts: PEUT-ON ARRÊTER LE GÉNOCIDE ?

Le nombre de morts ne cesse d’augmenter, tant du côté irakien que chez les soldats américains. Le Premier ministre irakien al-Maliki pourrait être écarté du pouvoir, alors que la pression sur l’Iran ne se relâche pas.
Lorsque le président Bush s’est trouvé confronté aux résultats d’une étude faisant état de 655 000 Irakiens tués depuis le début de la guerre, en 2003, il le nia comme à son habitude, affirmant qu’il n’y avait eu « que » 30 000 morts. Le chef des forces américaines en Irak, le général George Casey, abonda dans son sens : « Je n’ai pas vu de chiffre plus élevé que 50 000, et je n’accorde par conséquent aucune crédibilité à cela. »

L’étude, publiée dans le prestigieux journal médical Lancet, a été menée par des médecins qui ont enquêté auprès de 1849 ménages, représentant un total de 12 801 habitants, dans 47 régions d’Irak choisies au hasard. Les estimations finales ont été obtenues par extrapolation pour l’ensemble de la population (soit 26 millions d’habitants). D’après l’étude, quelque 610 000 décès étaient dus à la violence, les autres sont attribués à la maladie. Il est frappant de constater que le taux de morts violentes a doublé entre mai 2004 et mai 2005, puis à nouveau entre juin 2005 et juin 2006. Dans la première période, ce taux était de 6,6 décès pour 1000 habitants, dans la seconde de 12 pour 1000.

Si George Bush et ses proches ont mis en cause la méthodologie utilisée dans l’étude de la Johns Hopkins University, celle-ci a été approuvée par les professionnels du monde médical. Paul Bolton, un chercheur à la Boston University School of Public Health qui a mené plusieurs enquêtes à travers le monde, l’explique ainsi : « Le Président dépend principalement de chiffres provenant d’une surveillance passive, tandis que les institutions comme les hôpitaux basent leurs données sur les cadavres qui leur sont amenés », a-t-il expliqué au Boston Globe. « Lorsque le Président dit que ces études sont différentes, elles le sont effectivement. Mais c’est la méthode passive qui est défectueuse. »

De toute façon, le problème n’est pas le nombre exact de victimes, mais le fait que chacune de ces statistiques représente un être humain souverain, irremplaçable, qui finalement n’aurait pas dû mourir. Ceci montre bien le caractère génocidaire de cette guerre. D’ailleurs, comme l’a écrit l’ancien adjoint au secrétaire au Trésor de Reagan, Paul Craig Roberts, le 12 octobre sur le site Antiwar.com, on peut faire un parallèle avec le régime nazi. Il est clair que la situation en Irak est absolument hors contrôle et que l’avenir du régime Bush-Cheney est en jeu. De nouveaux sondages indiquent un retournement majeur des électeurs face au Parti républicain, à cause non seulement des frasques sexuelles du député Mark Foley, mais aussi du désastre irakien. La Maison Blanche semble avoir choisi de s’orienter vers une nouvelle guerre, en s’attaquant à l’Iran, peut-être même avec des armes nucléaires. Qu’ils y parviennent ou non reste à voir. Mais leur intention est claire et montre la nécessité de neutraliser au plus vite ce gouvernement.
Guerre sectaire

Il n’y a aucun signe de relâchement de la violence. Au contraire, les guerres fratricides entre chiites et sunnites, arabes et kurdes, et ainsi de suite, s’intensifient, de même que le nombre de victimes parmi les troupes américaines et britanniques. Du 1er au 20 octobre, 74 soldats américains ont été tués et le 19, le général Caldwell du QG américain en Irak a dû reconnaître l’échec de l’« action de nettoyage » contre les rebelles dans la région de Bagdad.

Quant au secrétaire général-adjoint de l’ONU, Jan Egeland, il a lancé le 12 octobre un cri d’alarme depuis Genève : « Notre appel s’adresse à tous ceux qui peuvent endiguer la violence. Les dirigeants religieux, ethniques et culturels doivent reconnaître que la situation est devenue hors de contrôle. » Selon lui, la « violence sectaire et les opérations militaires ont provoqué le déplacement de 315 000 personnes au cours des huit derniers mois » ; chaque jour, 1000 personnes sont délogées de chez elles et 100 sont tuées.

Les rapports en provenance d’Irak décrivent un conflit social en pleine escalade. Chaque quartier de Bagdad, par exemple, est identifié comme étant sunnite ou chiite ; on dit que tel district a été « occupé par des sunnites » (ou des chiites, le cas échéant), et que tel autre s’en est libéré. Les Irakiens ont recours à de fausses cartes d’identité, se faisant passer pour chiite ou sunnite selon les barrages et les quartiers qu’ils doivent traverser. Ils évitent en général d’entrer dans un territoire considéré comme « occupé » par l’autre côté et utilisent des plans spécialement conçus à cette fin. Les luttes ethniques/sectaires se traduisent aussi par des exécutions en groupe qui sont devenues quasi quotidiennes. En même temps le système d’éducation, charpente de toute société civilisée, est en pleine désintégration.

Ces luttes ethniques/sectaires sont le résultat légitime de la politique de « débaasification » imposée par Paul Bremer lorsqu’il était le chef de l’Autorité provisoire de la coalition. Il a banni la plupart des militaires, policiers et autres fonctionnaires irakiens de tout emploi. Les anciens membres du Parti Baas, souvent sunnites, se sont retrouvés sans emploi et, de plus, à la merci de forces chiites rivales. La police irakienne manque de personnel qualifié pour assurer la sécurité, et les forces de sécurité sont infiltrées par les résistants ; au cours des dernières semaines, 4000 policiers ont été licenciés à cause de suspicion quant à leur loyauté.

Des marionnettes

La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a effectué une visite impromptue (pour des raisons de sécurité) en Irak la première semaine d’octobre, pour signifier au Premier ministre Nouri al-Maliki qu’il disposait de deux mois pour mettre fin à la violence. Pour la forme, elle a appelé les différents partis à mettre fin aux combats. Al-Maliki avait déclaré un état d’urgence, quelques jours plus tôt, mais la situation continue à se détériorer. Dans une interview avec USA Today, le Premier ministre irakien a réagi aux pressions exercées depuis Washington, déclarant que « nous payons encore le prix des erreurs commises par les forces multinationales lors de la mise en place des ministères de l’Intérieur et de la Défense », c’est-à-dire la débaasification. Il semble d’ailleurs craindre déjà pour son poste, tant il est vrai qu’un changement de régime à Bagdad devient de plus en plus probable.

Le journaliste Robert Dreyfuss, écrivant sur TomPaine.com les 5 et 6 octobre, a évoqué la possibilité que Washington puisse discrètement signaler aux forces américaines sur place et à l’ambassadeur Zalmay Khalilzad d’écarter al-Maliki du pouvoir, comme le Président Kennedy l’avait fait en 1963 à l’égard du président sud-vietnamien Ngo Dinh Diem.

En même temps, les Américains se montrent éventuellement prêts à discuter avec les sunnites. Selon Abdel Rahman Abu Khula, de l’Armée islamiste d’Irak, des entretiens ont déjà été engagés.

Quoi qu’il en soit, les plans de contingence américains, s’ils existent, sont gardés au fond des tiroirs. Le chef d’état-major de l’Armée, le général Peter Schoomaker, a affirmé que les effectifs resteraient au niveau actuel jusqu’en 2010. Le général George Casey a pour sa part admis que la situation « était dure », ajoutant toutefois qu’il ne prévoyait pas d’augmenter le nombre de soldats. Bush et Cheney continuent à répéter que les Etats-Unis « maintiendront le cap ».

Dans cette situation fort complexe, il faut cependant prendre en compte deux développements importants. Premièrement, l’adoption par le Parlement irakien, le 12 octobre, d’une loi favorable à la création de régions fédérales. Même si la plupart des groupes sunnites, ainsi que quelques partis chiites, ont boycotté la session parlementaire, ceux qui s’y sont rendus étaient en nombre suffisant pour faire adopter la mesure. Une telle démarche vers la mise en place de régions autonomes en Irak, avec les kurdes au nord, les sunnites au centre et les shiites au sud, est un pas vers la partition.

Le deuxième facteur est la dynamique d’une attaque militaire contre l’Iran. Si elle devait avoir lieu, des guerres encore plus asymétriques se répandraient dans toute la région, avec la possibilité d’interventions militaires iraniennes en Afghanistan et en Irak contre les forces d’occupation.

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