Interview de Mohammed Hassan par Emmanuel Katz (Michel Collon Investigaction)
« Les attentats terroristes contre les civils sont causés par des groupes ou des individus manipulés ou directement contrôlés par les services secrets américains et anglais… »
(…)
Mohamed Hassan : J’estime, d’après des informations concordantes, que la résistance irakienne compte environ 40.000 combattants. Elle réunit 10 organisations, placées sous un commandement unifié, chapeauté par l’ex-vice-président Baathiste Ized Douri. Cela indique que le Baath est le composant le plus important de la résistance, ce qui est logique, puisque le parti Baath formait la structure étatique - armée, police, administration- de l’Irak d’avant l’occupation. Ceci va tout à fait à l’encontre des affirmations des Américains en 2003, qui affirmaient qu’il n’existait plus que des «poches de résistance » du Baath seul. Les occupants ont voulu créer une « nouvelle armée irakienne », qu’ils pourraient diriger et contrôler. C’est un échec. Il y a des désertions massives. Des armes « disparaissent » ; les soldats refusent de combattre. La résistance unifiée s’attaque, avec succès, à l’armée américaine, aux forces de police ou de l’armée irakienne qui collaborent avec l’occupant, aux politiciens inféodés aux Américains. Les attentats terroristes contre les civils sont causés par des groupes ou des individus manipulés ou directement contrôlés par les services secrets américains et anglais. Confrontés à cette résistance massive et bien organisée (prévue et préparée, d’ailleurs, par Saddam Hussein avant l’invasion) les Américains sont de plus en plus désemparés. Il y a plus de 100.000 mercenaires US en irak. Le mouvement pour le retrait de l’Irak grandit aux Etats-Unis, alimenté par le désespoir des soldats d’occupation, qui protestent, se suicident…ou perdent la raison en nombre toujours croissant.
Emmanuel Katz: « Qui sème la misère… »
Mohamed Hassan : Au début de l’occupation, les Américains prétendaient que la résistance était le fait, principalement, des « Sunnites ». Maintenant, les « Sunnites » sont devenus… les « terroristes-islamistes» d’Al Qaïda. Mais la vérité est, qu’en Irak, il y a aujourd’hui une résistance à la fois militaire, politique et sociale, composée d’Irakiens de tendances religieuses sunnite et chiite. Face à cette résistance multiforme, les Américains ont, de plus en plus, recours à une stratégie de guerre de basse intensité : des escadrons de la mort, les mercenaires dont j’ai déjà parlé, un effort intense de propagande, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, pour essayer de faire croire, contre toute évidence, qu’ils sont là pour rétablir la loi et l’ordre - alors que l’occupation du pays, la promulgation d’une constitution et les élections sous occupation, pour ne mentionner que cela, sont autant de façons de bafouer le droit international.
Et cela, c’est l’aspect politique, juridique des choses. Car, suite à l’occupation, 70% des Irakiens ont un revenu insuffisant pour vivre décemment, il n’y a pas d’approvisionnement fiable en eau ni en électricité, les écoles sont détruites ou fermées, il y a 4 millions de personnes déplacées, 2 millions d’exilés, vers la Syrie ou la Jordanie, où, faute de revenus, les Irakiens doivent vivre d’expédients ou de charité, quand ils ne sont pas forcés de se prostituer (y compris la prostitution enfantine). Pour dissimuler cela, la machine propagandiste tourne à fond aux Etats-Unis et en Europe, montrant presque exclusivement les «attentats terroristes » et les prétendues « divisions ethniques » ; ceci pour faire croire que si les Etats-Unis se retirent, cela provoquera une guerre civile sanglante entre « chiites » et « sunnites »... Cette propagande conforte les courants politiques pro-atlantistes et islamophobes en Europe (Sarkozy, par exemple). (…)
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-02-27%2013:31:16&log=invites
• Mohammed Hassan est co-auteur de "L’Irak face à l’occupation", EPO, 2004
« Les attentats terroristes contre les civils sont causés par des groupes ou des individus manipulés ou directement contrôlés par les services secrets américains et anglais… »
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Mohamed Hassan : J’estime, d’après des informations concordantes, que la résistance irakienne compte environ 40.000 combattants. Elle réunit 10 organisations, placées sous un commandement unifié, chapeauté par l’ex-vice-président Baathiste Ized Douri. Cela indique que le Baath est le composant le plus important de la résistance, ce qui est logique, puisque le parti Baath formait la structure étatique - armée, police, administration- de l’Irak d’avant l’occupation. Ceci va tout à fait à l’encontre des affirmations des Américains en 2003, qui affirmaient qu’il n’existait plus que des «poches de résistance » du Baath seul. Les occupants ont voulu créer une « nouvelle armée irakienne », qu’ils pourraient diriger et contrôler. C’est un échec. Il y a des désertions massives. Des armes « disparaissent » ; les soldats refusent de combattre. La résistance unifiée s’attaque, avec succès, à l’armée américaine, aux forces de police ou de l’armée irakienne qui collaborent avec l’occupant, aux politiciens inféodés aux Américains. Les attentats terroristes contre les civils sont causés par des groupes ou des individus manipulés ou directement contrôlés par les services secrets américains et anglais. Confrontés à cette résistance massive et bien organisée (prévue et préparée, d’ailleurs, par Saddam Hussein avant l’invasion) les Américains sont de plus en plus désemparés. Il y a plus de 100.000 mercenaires US en irak. Le mouvement pour le retrait de l’Irak grandit aux Etats-Unis, alimenté par le désespoir des soldats d’occupation, qui protestent, se suicident…ou perdent la raison en nombre toujours croissant.
Emmanuel Katz: « Qui sème la misère… »
Mohamed Hassan : Au début de l’occupation, les Américains prétendaient que la résistance était le fait, principalement, des « Sunnites ». Maintenant, les « Sunnites » sont devenus… les « terroristes-islamistes» d’Al Qaïda. Mais la vérité est, qu’en Irak, il y a aujourd’hui une résistance à la fois militaire, politique et sociale, composée d’Irakiens de tendances religieuses sunnite et chiite. Face à cette résistance multiforme, les Américains ont, de plus en plus, recours à une stratégie de guerre de basse intensité : des escadrons de la mort, les mercenaires dont j’ai déjà parlé, un effort intense de propagande, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, pour essayer de faire croire, contre toute évidence, qu’ils sont là pour rétablir la loi et l’ordre - alors que l’occupation du pays, la promulgation d’une constitution et les élections sous occupation, pour ne mentionner que cela, sont autant de façons de bafouer le droit international.
Et cela, c’est l’aspect politique, juridique des choses. Car, suite à l’occupation, 70% des Irakiens ont un revenu insuffisant pour vivre décemment, il n’y a pas d’approvisionnement fiable en eau ni en électricité, les écoles sont détruites ou fermées, il y a 4 millions de personnes déplacées, 2 millions d’exilés, vers la Syrie ou la Jordanie, où, faute de revenus, les Irakiens doivent vivre d’expédients ou de charité, quand ils ne sont pas forcés de se prostituer (y compris la prostitution enfantine). Pour dissimuler cela, la machine propagandiste tourne à fond aux Etats-Unis et en Europe, montrant presque exclusivement les «attentats terroristes » et les prétendues « divisions ethniques » ; ceci pour faire croire que si les Etats-Unis se retirent, cela provoquera une guerre civile sanglante entre « chiites » et « sunnites »... Cette propagande conforte les courants politiques pro-atlantistes et islamophobes en Europe (Sarkozy, par exemple). (…)
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-02-27%2013:31:16&log=invites
• Mohammed Hassan est co-auteur de "L’Irak face à l’occupation", EPO, 2004
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