Bajolet promu coordinateur des renseignements à l’Elysée
El Watan, 27 mai 2008
L’actuel ambassadeur de France à Alger depuis fin 2006, Bernard Bajolet, serait partant. Il quittera Alger pour rejoindre l’Elysée en juillet, où il est promu coordonnateur des services de renseignements français.
C’est ce qu’a indiqué, hier, une source proche du dossier, citée par l’AFP, qui ajoute que ce nouveau poste est prévu dans le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale dont la publication est prévue courant juin. La même source ne donne cependant aucune indication sur l’identité du successeur de M. Bajolet à l’ambassade de France à Alger. De son côté, une source de l’ambassade de France à Alger contactée hier n’a ni confirmé ni infirmé cette information. M. Bajolet devrait entamer en juillet sa nouvelle fonction hautement stratégique, créée dans le cadre d’une réforme destinée notamment à améliorer la lutte antiterroriste. La structure qui sera dirigée par M. Bajolet assumera les tâches dévolues actuellement au Comité interministériel du renseignement (CIR), dépendant du Premier ministre. Spécialiste du monde arabe où il a fait l’essentiel de sa carrière, il a eu à gérer, lorsqu’il était en fonction en Irak, l’épineux dossier de l’enlèvement de la journaliste française de Libération, Florence Aubenas, lors de la prise d’otages qui avait connu un dénouement heureux. M. Bajolet avait occupé auparavant le poste d’ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine entre 1999 et 2003. Mais c’est en Algérie que sa prise de fonction n’était pas de tout repos, car il a eu à affronter comme « un cheveu dans la soupe » la fameuse polémique née entre les deux pays à la suite de la loi du 23 février et le projet du traité d’amitié, toujours en suspens. Si son prédécesseur, en poste en Algérie, Hubert Colin de la Verdière, avait, lui, en février 2005, à Sétif, qualifié les massacres du 8 mai 1945 de « tragédie inexcusable » pour le colonialisme français, Bernard Bajolet n’hésitera pas à faire encore mieux. Le diplomate français a franchi un pas supplémentaire dans ce que des historiens contemporains ont appelé « la guerre des mémoires » en évoquant récemment dans un discours prononcé à Guelma les « épouvantables massacres » commis en Algérie par l’armée française. Il a souligné la responsabilité de la France dans ses crimes coloniaux, qualifiant de « massacres » les atrocités commises contre le peuple algérien durant les sombres journées de mai 1945. M. Bajolet avait assuré à ce propos que son pays « n’entend plus les occulter » et que « le temps de la dénégation est terminé ». A noter que c’est pour la première fois qu’un haut représentant de la France employait ces termes pour décrire l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de la colonisation française. Des « amabilités » diplomatiques loin de la repentance demandée par l’Algérie, mais auxquelles les autorités n’ont pas été insensibles. Evoquant, en juillet 2007, les divergences entre Paris et Alger concernant la colonisation française en Algérie, Bernard Bajolet avait souligné que « le travail de mémoire doit continuer, il a commencé, mais il prendra encore du temps et c’est la raison pour laquelle il ne doit pas constituer un préalable à l’approfondissement de nos relations ». Il avait estimé en avril 2007 que la mémoire doit être partagée. « Le plus grand chemin à faire est celui des Français, mais cela ne veut pas dire que les Algériens n’ont aucun chemin à faire. On a tout de même progressé. On n’est pas au bout du chemin. Il faut regarder l’histoire en face pour être en paix avec son passé et construire le futur. C’est par toute chose concrète que ce travail de mémoire doit se faire. Il faut qu’il n’y ait aucun sujet tabou entre l’Algérie et la France », avait-il souligné. Il reste que ces prises de position lui valent beaucoup de sympathie de ce côté-ci même si de l’autre côté il y a quelques foudres assassines. Comme celles que lui avait réservées le Front national suite à ses déclarations en lui rappelant que « la première mission d’un ambassadeur de France est de défendre les intérêts français à l’étranger et non d’insulter le passé ».
R. Bel
El Watan, 27 mai 2008
L’actuel ambassadeur de France à Alger depuis fin 2006, Bernard Bajolet, serait partant. Il quittera Alger pour rejoindre l’Elysée en juillet, où il est promu coordonnateur des services de renseignements français.
C’est ce qu’a indiqué, hier, une source proche du dossier, citée par l’AFP, qui ajoute que ce nouveau poste est prévu dans le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale dont la publication est prévue courant juin. La même source ne donne cependant aucune indication sur l’identité du successeur de M. Bajolet à l’ambassade de France à Alger. De son côté, une source de l’ambassade de France à Alger contactée hier n’a ni confirmé ni infirmé cette information. M. Bajolet devrait entamer en juillet sa nouvelle fonction hautement stratégique, créée dans le cadre d’une réforme destinée notamment à améliorer la lutte antiterroriste. La structure qui sera dirigée par M. Bajolet assumera les tâches dévolues actuellement au Comité interministériel du renseignement (CIR), dépendant du Premier ministre. Spécialiste du monde arabe où il a fait l’essentiel de sa carrière, il a eu à gérer, lorsqu’il était en fonction en Irak, l’épineux dossier de l’enlèvement de la journaliste française de Libération, Florence Aubenas, lors de la prise d’otages qui avait connu un dénouement heureux. M. Bajolet avait occupé auparavant le poste d’ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine entre 1999 et 2003. Mais c’est en Algérie que sa prise de fonction n’était pas de tout repos, car il a eu à affronter comme « un cheveu dans la soupe » la fameuse polémique née entre les deux pays à la suite de la loi du 23 février et le projet du traité d’amitié, toujours en suspens. Si son prédécesseur, en poste en Algérie, Hubert Colin de la Verdière, avait, lui, en février 2005, à Sétif, qualifié les massacres du 8 mai 1945 de « tragédie inexcusable » pour le colonialisme français, Bernard Bajolet n’hésitera pas à faire encore mieux. Le diplomate français a franchi un pas supplémentaire dans ce que des historiens contemporains ont appelé « la guerre des mémoires » en évoquant récemment dans un discours prononcé à Guelma les « épouvantables massacres » commis en Algérie par l’armée française. Il a souligné la responsabilité de la France dans ses crimes coloniaux, qualifiant de « massacres » les atrocités commises contre le peuple algérien durant les sombres journées de mai 1945. M. Bajolet avait assuré à ce propos que son pays « n’entend plus les occulter » et que « le temps de la dénégation est terminé ». A noter que c’est pour la première fois qu’un haut représentant de la France employait ces termes pour décrire l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de la colonisation française. Des « amabilités » diplomatiques loin de la repentance demandée par l’Algérie, mais auxquelles les autorités n’ont pas été insensibles. Evoquant, en juillet 2007, les divergences entre Paris et Alger concernant la colonisation française en Algérie, Bernard Bajolet avait souligné que « le travail de mémoire doit continuer, il a commencé, mais il prendra encore du temps et c’est la raison pour laquelle il ne doit pas constituer un préalable à l’approfondissement de nos relations ». Il avait estimé en avril 2007 que la mémoire doit être partagée. « Le plus grand chemin à faire est celui des Français, mais cela ne veut pas dire que les Algériens n’ont aucun chemin à faire. On a tout de même progressé. On n’est pas au bout du chemin. Il faut regarder l’histoire en face pour être en paix avec son passé et construire le futur. C’est par toute chose concrète que ce travail de mémoire doit se faire. Il faut qu’il n’y ait aucun sujet tabou entre l’Algérie et la France », avait-il souligné. Il reste que ces prises de position lui valent beaucoup de sympathie de ce côté-ci même si de l’autre côté il y a quelques foudres assassines. Comme celles que lui avait réservées le Front national suite à ses déclarations en lui rappelant que « la première mission d’un ambassadeur de France est de défendre les intérêts français à l’étranger et non d’insulter le passé ».
R. Bel
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