Par Omar Mazri,
www.liberation-opprimes.net
Dans cette seconde partie je vais analyser les dits et les non dits de Tariq Ramadan à travers les aspects suivants de son discours. Sa personne privée ne me concerne pas : je n'ai ni amitié ni animosité envers lui pour en faire une cible ad hominem. Sa personnalité publique médiatique est par contre un cas d'école à des fins pédagogiques dans la compréhension de la lutte idéologique que doivent maitriser les jeunes générations :- La théorie de la non violence
- Les Dix Commandements
- Géostratégie et civilisation
- Le symbole du poing levé
- Les luttes sociales qui ont engrangé les Révolutions
- La fin du messianisme politique, intellectuel et religieux
La théorie de la non violence
Sur le plan idéologique il ne s’agit pas d’une doctrine isolée
visant les révolutions Arabes mais d’une stratégie qui vise à
saper idéologiquement, politiquement et socialement toute idée de
résistance armée. La résistance visée n’est pas contre les
dictatures arabes mais contre l’occupation sioniste des
territoires palestiniens et la présence militaire et sécuritaire
des États-Unis dans le monde musulman. De « La non-violence
palestinienne peut apporter plus que les armes » des pacifistes
isaréliens à « Je ne suis pas partisan de la violence » de Mahmoud
Abbas nous sommes dans la culture de la confusion pour enlever toute
légitimité à la résistance et sous de pseudo exigences pacifistes
donner un habillage idéologique pour que le colonisé, ici, fuient ses
responsabilités et que le colonisateur, ailleurs , se donne l'alibi
humanitaire et la propagande médiatique pour justifier ses ingérences
politiques, économiques et même militaires quand celà travaille ses
intérêts.
Au-delà des milliards de dollars dépensés en vain pour
améliorer l’image de marque des États-Unis et fabriquer des
faiseurs d’opinion qui manipulent les Arabes et les Musulmans, il y
les « 10 commandements » que Tariq Ramadan ne voit pas. Comment
pourrait-il les voir alors qu’il a consenti à jouer l’alibi pour
monter l’audience des chaînes françaises qui sont tenues à la fois
à faire gagner de l’argent à leur commanditaire et à respecter un
« chouia » de déontologie en apportant un soupçon d’altérité et
de diversité au monopole de BHL et ses compères sur les médias
français. Les Français sont toujours dans la confusion : Au nom de
la diversité, ils nous servent le même discours lénifiant pimenté
par quelques envolées lyriques et quelques couleurs de peau sans
produire une information diversifiée qui touchent le public divers
et différencié. Il faut un talent d’apprenti illusionniste.
C’est une lecture sous un seul angle, celui du dominant, que de
donner plus d’importance qu’il n’en faut à la mobilisation non
violente qui est historiquement une stratégie britannique
s'appuyant sur l'étude du colonisé et de ses moeurs pour entamer
son processus de décolonisation et faire sortir ses troupes sans
confrontation car une armée en retraite est vulnérable, fragile et
ses pertes sont énormes. L’empire britannique a su se retirer à
temps en laissant en place ses vassaux. Cette expérience bien
entendu les américains en sont les légataires en leur qualité
d’héritiers des anciens empires mais ils portent en eux la
violence fondatrice de leur existence et de leur domination dans
le monde. Par ailleurs voir la libération de l’Inde ou la « fin »
de la ségrégation raciale aux États-Unis l’œuvre des seuls Gandhi
et Luther King c’est ne pas voir le cadre idéologique de la
mystification de la non violence que l’impérialisme a tenté de
vendre aux intellectuels des opprimés pour conserver ses colonies.
Derrière Gandhi le partisan de la non
violence il y le passé de caste qui a fait d'une parti de son passé non
seulement un serviteur zélé de l'empire brittanique mais un agent
recruteur pour les armées coloniales. C'est à la fois la trahison des
Anglais, la demande du peuple indien, la volonté de couper les Musulmans
des indouistes et les faits historiques des repressions sanglantes qui
ont fait de Gandhi un opposant non violent. En effet il y a des
sacrifices, des insurrections sauvagement réprimés et un combat
inlassable de moines qui ont utilisé l’immolation et le don de
leur vie contre l’occupant. La sémiologie, l'herméneutique et
l'histoire de l'art étudient avec minitue les images des moines
hindoue s'immolant devant les chars brittaniques pour faire
obstacle à leur avancée ou à leur tentative de réprimer le peuple.
Tous les spécialistes de l'image diront que les images qui
destructurent un mental sont celles qui exposent le regard à une
scène de mutilation ou d'automutiliation qui heurtent non
seulement la sensibilité mais la compétence humaine de symboliser
par une image qui s'imprime dans l'imaginaire comme déchirure,
dislocation à laquelle l'esprit humain n'est pas prêt à subir ni à
tolérer. Derrière Martin Luther King il y a eu des violences,
des sacrifices, des révoltes, des insurrections. C'est plus
l'assassinat de Luther King que son pacifisme qui a donné aux
noirs l'accès aux libertés. Il faut lire ou entendre Angela Davis
raconter la dialecxtique de l'oppression libération pour
comprendre que l'âme humaine est indéstructible contre la violence
esclavagiste, colonialiste et sioniste. Elle est prête à tous les
sacrifices et non aux compromissions et aux contes de fées car son
séjour ici est inscrit dans l'éphémère et celui-ci est inscrit
dans l'Honorificat originel qui s'arrache par tous les moyens une
fois qu'on a compris les mécanismes de la servitude et de
l'asservissement.
L’impérialiste et le système de
caste ont fait des "concessions démocratiques" sans changer les
fondements du système aux Etats-Unis ou en Inde. Les Etats-Unis
vivent avec une deux sociétés à deux vitesses : celle des "rich
man" qui vivent et décident, celle des "poor man and rich time" à
qui il faut trouver une forme d'esclavagisme post moderne pour les
occuper à oublier l'idée de révolte, de soulèvement, de misère, de
libération... Les noirs américains au sommet de leur «gloire »
bénéficient de la discrimination positive qui produit des Colin
Powell, des Condoleezza Rice et des Obama pour la grandeur de
l’Amérique impérialiste et la domination sioniste. L’inde est
intégrée paradoxalement à la fois comme agent de partage
impérialiste de la richesse mondiale et comme sujet
d’exploitation par ce même impérialisme. Le système de caste est
toujours là avec ses relais avec l'impérialisme.
L'Islam même dans l'esprit des
Arabes le pratiquant avec peu de ferveur ou ne croyant pas en sa
dimension civilisationnelle est perçu et vécu comme système sans
caste. Pour appliquer la révolution non violente l'Amérique a
besoin de s'appuyer sur les castes, sur la discrimination
positives ou ses prémisses de faveurs et de dérogation sinon sur
la praxis évangélistes. Dans le monde arabe la révolution met à
terre ce qui peut servir de relais aux Etats-Unis : le regime et
ses rentiers intellectuels, économiques et religieux. Il lui reste
les maitres du marché noir, de l'économie souterraine ou de
l'économie infantile. Ce sont des alliés sans conscience de classe
qui avec leur système de débrouillardise parviennent à nager dans
les autres troubles et cherchent à vivrent dans l'obscurité. Ils
sont les troubles fêtes de la révolution populaire et de la
révolution non violente américaine même si l'Amérique les présente
comme les futurs entrepreneurs de l'avenir en référence à son
passé de "pionniers" qui ont spolié les biens légitimes des
autochtones. Dans ce réservoir de "tbezniss" la réalité politique
et sociale témoigne qu'ils sont la réaction de survie dans un
système d'exclusion et de rente. S'ils voient dans la révolution
une opportunité de vivre dans la transparence, la légitimité de
commercer et le droit d'entreprendre ils choisiront le peuple dont
ils partagent l'espace de vie, le marché parallèle et la haine
contre l'exclusion et le racket exercé contre eux par un appareil
sécuritaire corrompu.
L’Occident joue naturellement son
rôle en tentant de récupérer les soulèvements arabes en leur
donnant un aspect exotique et indigène par sa mentalité de
colonisateur tout en les impliquant dans le processus européen qui
a accompagné la chute du Mur de Berlin en les nommant ou se les
appropriant. Nommer la révolution entretenue par le peuple
tunisien par des décades de révolution qui remontent à la période
coloniale en passant par Bourguiba et Ben Ali de révolution des
jasmins est une insulte aux martyrs. La révolution des jasmins est
une manière de présenter la révolution populaire comme solution
romantique qui tire son essence des arrangements d’appareils et du
regard occidental qui voit le peuple tunisien comme un indigène
qui se comporte en masse exotique sans consistance, en valet
parfumeur des ses maîtres, en stupide qui peut être leurré par les
éradicateurs laïcistes qui acceptent les arrangements d’appareils
pour partager la rente. Le mensonge est gros puisque aucune image
n'a montré le peuple tunisien portant des jasmins entre ses doigts
mais le désir de triompher contre la dictature. En Égypte et en
Tunisie il n’y a eu ni jasmin, ni rose, ni cèdre, ni tulipes, ni
orchidée ni rameau d’olivier et encore moins une opération
américaine.
Les Dix Commandements
Le
talent d'orateur et l'espace médiatique qui résonne subjugué par ce
qu'il aime entendre dire ne peut occulter les « 10 Commandements »
qui restent quand on fait semblant de tout oublier y compris les
discours d’Obama au Caire et ses porte-voix fascinés par sa
démocratie, sa liberté et sa prospérité et surtout l'histoire du
monde arabe qui a amené Obama à dire Salam 'Alaykoum et à réciter un
verset coranique. Au delà de la rhétorique d'Obama ou de celle de
Tariq Radan Il est impossible de voir le devenir de l’Égypte ou de
la Tunisie et son rapport à la cause palestinienne et au reste du
monde Musulman si l'intellectuel ne se définit pas dans son rapport
idéologique et politique présent ou à venir aux 10 fondamentaux des
États-Unis :
1 - Un pays fondé sur la violence, la spoliation et l’éradication érigées en principes de justice implacable et de civilisation détentrice des valeurs du bien contre le mal. Ce pays par sa nature intrinsèque ne peut construire un mouvement de non violence ni ne pas utiliser son armada surtout que le recours à son armada satisfait les lobbies militaro-industriels qui font de grands profits et qui permettent de relancer l’économie par l’économie de guerre. Il peut s’inspirer de Gandhi et de Luther King sur le plan formel mais sa nature est violente, agressive et invasive.
2 - L’allégeance aux États-Unis est une relation de maître à esclave. Cette vassalité est triple : C’est une faveur accordée par le maître, elle s’exprime par la gratitude du vassal envers son maître, le maître témoigne toujours de l’insatisfaction et de l’insatiabilité envers l’esclave poussant ce dernier à davantage de servitude. On ne change pas un vassal qui a servi loyalement par un inconnu qui peut décevoir ou trahir. Dans le cas Égyptien nous avons Omar Suleyman qui était l’homme de la succession de Moubarak mais malgré la « faute des Frères Musulmans » de lui donner voix et crédit en allant dialoguer avec lui, il a finit par être délogé par la rue égyptienne.
3 - La sécurité intérieure des États-Unis et sa profondeur stratégique sont confondues (militaire, sécuritaire, idéologique, politique, informationnelle, scientifique, technologique et économique) dans une culture d’empire insulaire : L’Amérique a pour frontière le reste du monde, elle se considère comme le dépositaire sacré des valeurs de l’Occident et se considère comme l'île de la liberté et du bien contre le mal, la Justice implacable du Messie rédempteur. La prendre comme modèle de démocratie et donner crédit à sa guerre de désinformation c’est être un naïf ou un privilégié. Elle ne peut donner la voix à la rue arabe alors que les sondages de ses services la désignent comme l’ennemi N°1 des peuples arabes et musulmans. Elle ne peut donner confiance à une population qui porte l’Islam dans son cœur et la haine de l’Amérique. Elle le sait si bien qu’elle a dépensé des milliards de dollars pour modifier le cœur des Arabes mais en vain.
4 - La sécurité d’Israël est sacrée dans la doctrine américaine comme le veau d’or. Toute allégeance à l’Amérique passe par l’allégeance à Israël. En Égypte et en Tunisie nous ne voyons ni le peuple ni ses représentants consentir à jouer ce rôle perdant à terme car l’invincibilité d’Israël est un mythe que le Hezbollah et le HAMAS ont réduit en cendres. Tariq Ramadan avance comme preuve de son argumentation de non violence et de manipulation l’absence de slogan anti-occidentaux. Cela prouve qu’il n’a pas interrogé un manifestant et cela prouve qu’il n’a rien compris à la stratégie des manifestants qui montaient graduellement la force de leurs revendications, la force de leur nombre et la radicalité de leurs positions annonçant le scénario de recours à la désobéissance civile puis à la violence armée comme dernier recours. Cela témoigne de leur intelligence, de leur cohésion et de leur maturité et il faut être de mauvaise foi pour y voir l’action américaine. Même si des jeunes ont été formés et préparés par les États-Unis, ils n’ont pas pesé et ils ne pouvaient pas peser sur la volonté populaire et la capacité à l’auto organisation et à la fédération qui rendaient tout scénario étranger dangereux et impossible à réaliser.
5 - Le syndrome bolchévique et iranien. Tout « ami » de l’Amérique doit être un ennemi de l’Iran islamique et des mouvements révolutionnaires marxistes. Le FIS en Algérie a connu le prix de son islamisme. Ennahda et le parti de Moncef Marzouki tentent de biaiser, de contourner et d’éviter l’affrontement. Ils font des concessions eu égard à la taille de leur pays et eu égard aux leçons que l’expérience algérienne leur a donné en allant sur des clivages tranchants. Les Tunisiens ont fait preuve de sagesse même si j’ai personnellement exprimé des réserves.
6 - L’économie mondiale et les finances internationales sont régies par trois mécanismes tabous : Le dollar comme monnaie fétiche ; la domination du complexe militaro-industriel sur les administrations et sur les appareils du savoir, de la technologie et de la communication ; la relance de l’économie par le déficit budgétaire et les industries de défense nationale… Tariq Ramadan évoque l’économie mais l’évoque sous l’angle qui satisfait la France qui consiste à placer les Chinois comme problème du monde et non l’impérialisme américain. Donner juste une lecture économique en se focalisant sur le Pétrole pour la Libye par exemple c’est totalement ignorer les mécanismes de l’échange inégal et la loi du marché capitaliste. Par la technologie, la consommation, les cartes satellitaires d’exploration des gisements, la bourse qui fixe les prix, les entreprises en amont et en aval du pétrole, les pays arabes producteurs ne détiennent qu’une petite rente sur leurs ressources nationales. Tout le processus leur échappe. Les États-Unis utilisent l’économie comme commandement idéologique pour amener les peuples à la servitude : En Égypte par exemple tout l’appareil productif et marchand est sous capital américain depuis les accords du Camp David et l’Infitah (l’ouverture à l’économie mondiale). Les États-Unis ne peuvent provoquer un soulèvement qui met en panne leur machine de corruption ou qui risque de la faire changer de main par des nationalisations ou des partenariats avec les chinois, les iraniens, les russes et les brésiliens.
Les États-Unis pris de vitesse par le soulèvement égyptien ont
délaissé la carte politique pour mettre en avant le FMI et la
Banque mondiale pour maintenir l’Égypte dans le nouvel ordre
mondial. La diabolisation, la guerre, l’assassinat et la
déstabilisation en Libye est l’acte le plus logique dans la mise
en œuvre d’une opération contre révolutionnaire en Égypte.
L’Égypte avec ses 80 millions d’habitants, sa position
géostratégique aurait pu trouver en Kadhafi libéré de Moubarak un
allié objectif dans sa politique africaine et sa doctrine
anti-impérialiste : Fournir l’or, le pétrole, l’eau, les relations
avec l’Afrique et l’Amérique du Sud, une profondeur stratégique
ouverte sur le Soudan et l’Afrique subsaharienne, une continuité
territoriale avec la Tunisie. En un mot, il y avait des gisements
de métiers, de compétences, de débouchés et de financement hors du
système financier mondial du FMI, de la Banque mondiale et du
dollar qui aurait donné à l’Égypte son véritable poids dans le
monde arabe et musulman.
L’arrière garde des Frères Musulmans et les intellectuels
organiques évoquent l’économique sans le détailler. Pire encore,
ils citent la géostratégie mais ils sont dans l’incapacité d’en
faire une lecture correcte ou incorrecte, ils zappent tout
simplement pour ne pas se trouver en contradictions avec leurs
analyses et pour ne pas se trouver en train de dénoncer le néo
colonialisme en action claire signifiante et non en mots vagues
insignifiants. Avec une déstabilisation à leurs frontières,
l’Égypte et la Tunisie ont des libertés de manœuvres réduites et
sont sous la menace, l’intimidation et la subversion si les futurs
gouvernants légitimes venaient à franchir les lignes rouges.
Kadhafi n’est pas éternel, il est condamné à suivre le changement
ou à disparaître. La mémoire libyenne traumatisée ainsi que le sol
libyen occupé ne vont pas être pendant longtemps des alliés aux
Tunisiens et aux Égyptiens dupés par les Turcs, alliés stratégique
de l’OTAN et d’Israël. La faute revient au culte de la
personnalité que des confréries religieuses cultivent rendant la
décision ultime entre les mains du Zaïm et sa décision est parole
d’évangile. Ce qui est grave dans les moments cruciaux de
l’histoire car les ratages sont catastrophiques
7 - L’Amérique ne traite pas avec des pays mais avec des régions ou des zones (ensemble de pays) pour lesquels elle désigne un centre vassal et des périphéries inféodées à ce centre. Le Moyen-Orient a l’Arabie saoudite. En Afrique du Nord, il avait l’Égypte. Le scénario égyptien était improbable et il oblige l’administration américaine à faire des acrobaties et à faire des concessions et des amendements à ses commandements. L’intellectuel Musulman doit dénoncer cette régionalisation et œuvrer à l’émergence d’un espace des peuples qui exclut la présence colonialiste et ses bases militaires. Sur la voie du Khalifat islamique, du Commonwealth musulman, de la confédération des états musulmans, l’Afrique du Nord doit aller à l’essentiel : La libre circulation des personnes, de l’argent, des idées et des marchandises dans un marché commun ouvert à l’Afrique. L’Afrique du Nord et l’Afrique doivent pour cela engager des réformes authentiques et aller vers une réconciliation en Libye pour ne pas se trouver sans contigüité spatiale et avec un foyer de déstabilisation qui va déstabiliser toute la région sur des bases ethniques, territoriales, idéologiques et laisser le colonialisme prendre en main la partie utile, nous laissons le soin de nous déchirer sur les déchets…
8 - L’effet domino et le redécoupage du monde musulman ne sont pas du passé emporté par l’administration Bush mais des invariants de la politique américaine qui au-delà de la compétition électorale entre Républicains et Démocrates est idéologiquement la même dans tous les appareils, toutes les administrations, toutes les stratégies et toutes les pensées. La culture d’empire ne peut survivre que par la désintégration des autres en colonies sous le contrôles de personnages type Scipion l’Africain…
9 - Israël fait partie intégrale de la sécurité nationale américaine. Les États-Unis ne se contentent pas d’apporter l’aide militaire, sécuritaire, financière et diplomatique de l’entité sioniste. Mais ils définissent le rapport des pays de la région à Israël, non seulement dans un rapport de reconnaissance d’Israël et de garanties politiques et diplomatiques d’une paix inconditionnelle avec Israël à faire en quelque sorte que l’écart technologique, militaire, économique, scientifique et économique s’accentue davantage en faveur d’Israël dans un cycle pervers : Israël progresse et les pays musulmans régressent…
Mettre en avant les noms de Mohamed ElBaradeï, c’est occulter les
processus qui sont en jeux et faire de la diversion sur les
véritables enjeux. Il n’est pas sur que même en étant vassal
Mohamed ElBaradeï ne puisse œuvrer vers une avancée technologique
et scientifique en Égypte et modifier sensiblement le cap de
connaissances et de savoir faire entre l’Égypte et Israël.
Souvent un arbre cache un autre et dans notre cas il s’agit de
‘Amr Moussa, l’ancien secrétaire général de la ligue arabe qui se
trouve par hasard dans l’œil du cyclone : Ni vu ni entendu ni
évoqué le temps de faire oublier ses compromissions. Avec une
Égypte forte et une Syrie forte offrant aux résistances libanaises
et palestiniennes non seulement Israel perd sa position de force
centripète mais l’Arabie saoudite perd aussi son arrogance et sa
nuisance. Historiquement, l’Islam s’est imposé dans le monde sur
ses quatre piliers qui sont la Syrie, l’Égypte, l’Irak et le
Maghreb. Une fois de plus la vielle garde des Frères Musulmans a
joué un rôle entropique contre l’Égypte appelée par sa révolution à
un destin historique.
10 - Israël est une entité implantée au cœur du monde arabe mais idéologiquement elle est le bastion avancé de la culture gréco-romaine impériale et de la culture judéo-chrétienne islamophobe. Israël représente le monde occidental dans ses valeurs démocratiques, matérialistes et ses mythes historiques et religieux. Les Juifs sionistes et les Chrétiens sionistes se rencontrent sur le plan mythologique sur la Palestine : Terre du retour, terre promise, annonce messianique avec comme enjeu la légitimation de l’éradication des Musulmans et des infidèles. Il faut étudier Vatican 2 et les textes qui le fondent ou qui le commentent. Si l’islam et le capitalisme sont antagonismes, ils peuvent trouver une zone de paix ou commercer et coopérer dans des relations pacifiées et d’égales à égales, par contre l’Islam et le sionisme sont antinomiques. Jamais Israël ne ferait confiance aux frères Musulmans qui ont pris les armes pour la combattre trois fois, en 48, avec Nasser et sous le HAMAS. Jamais l’Amérique ne prendrait des décisions hasardeuses mettant en péril Israël sauf si elle est contrainte par la logique pragmatique d’accepter le fait accompli et de composer avec le temps de trouver comment le contenir et l’éliminer. Il semble donc que les élucubrations de notre intellectuel ne reposent sur rien sauf peut être à faire douter les Arabes et les pousser à ne pas apporter leur soutien aux Tunisiens et aux Égyptiens qui sont toujours au milieu du gué c'est-à-dire dans la position la plus inconfortable et la plus risquée.
Pour comprendre les réactions pessimistes et sceptiques lors des premiers soulèvements, les mesures contre révolutionnaires colossalesmais vaines menées par les États-Unis et maintenant le travail de récupération idéologique par les intellectuels musulmans formatés, il faut mettre devant soi une carte de géographie et imaginer les gisements de métiers et de croissance et surtout les perspectives civilisationnelles que la Révolution arabe pourrait fournir aux peuples dans cet ensemble: Soudan, Égypte, Libye, Tchad, Tunisie, Algérie, Mali, Maroc, Mauritanie et Sénégal. Il faut imaginer cet ensemble remis dans son cadre civilisationnel et le voir tourner son regard vers l’Afrique et s’y impliquer comme force de proposition, de solidarité, d’assistance technique et de soutien contre le néo colonialisme et contre l’évangélisation menée par le Vatican. Quand on a imaginé cette carte dans sa démographie, ses ressources, sa situation géostratégique, son devenir, ses opposants au mondialisme, alors on peut imaginer les épreuves et les contre révolutions qui attendent chacun de ces pays et chacune de ces révolutions. On ne peut imaginer la détermination spirituelle et l’évaluation du rapport des forces sans voir cette carte recadrée dans le projet civilisationnel que l’Occident craint et redoute : La renaissance du Khalifat islamique sous une forme adaptée au temps modernes et à laquelle tout musulman non seulement doit souhaiter de tout ses voeux mais y contribuer par la pensée, le comportement et le soutien à la résussite de toute révolution qui part du peuple et non de l'agenda de l'humanitaire sioniste ou néo impérialiste
Pour voir à l’œuvre ces 10 axiomes dans les Révolutions arabes, il faut voir la relation entre les myrmidons du CNT libyen et Hilary Clinton. Il ne s’agit pas au nom d’Allah Akbar d’instaurer la justice, la Choura, la souveraineté du peuple et la dynamique de progrès mais d’afficher sa vassalité aux États-Unis : « Le Conseil national de transition exprime aujourd'hui sa gratitude et son respect au peuple des États-Unis d'Amérique pour avoir reconnu le CNT comme le représentant légitime du peuple libyen ».
L’Égypte déstructurée, paupérisée et vassalisée ne peut s’échapper de ces 10 axiomes que si et seulement si ses élites reviennent à l’Islam, à l’écoute et au service de leur peuple. En particulier les élites arabes « progressistes » recyclées dans l’économie et la reproduction intellectuelle du capitalisme doivent se libérer de leur haine viscérale de l’Islam et revenir vers leur peuple pour le servir et défendre ses intérêts et ses valeurs au lieu de spéculer sur la fin de l’Islam politique, l’émergence d’un état séculier à la française. Il serait intellectuellement faux et idéologiquement dangereux d’affirmer que la révolution arabe est une révolution démocratique dans le sens occidental. Le terme Intifada ou Sahwa est plus approprié. Les élites islamistes doivent quand à elles se hisser au niveau des responsabilités historiques en allant à un dénominateur commun avec toutes les forces politiques et sociales et donner un contenu moderne, logique et pragmatique aux idées de liberté, de démocratie, de justice sociale, de gouvernance sensée. L’intelligence serait de mettre de côté les clivages religieux et culturels et de se focaliser sur un cadre d’orientation idéologique qui satisfait l’ensemble et permet de faire émerger un ensemble de nations solidaires capable de tenir tête aux 10 axiomes destructeurs et construire la base économique, technologique, militaire pour se libérer et libérer les autres nations y compris la Palestine.
Les Tunisiens et les Égyptiens semblent aller vers cette voie
d’une manière non spectaculaire mais il y vont et c’est notre
devoir de les encourager à y aller avec sérénité et détermination
et c’est notre devoir d’apporter les contradictions à ceux qui
veulent voir le train de la révolution s’arrêter, dérailler ou
faire marche arrière. Notre devoir moral et religieux nous
commande de dénoncer ceux qui veulent confisquer les efforts des
peuples arabes et les donner comme cadeau gratuit pour confirmer
la réussite de la théorie de la mobilisation non violente que les
événements violents en Libye, en Syrie, au Bahreïn et au Yemen
démentent sans citer l'Irak, l'Afghanistan, la Somalie et le
découpage du Soudan par la voie de la violence armée.
La révolution nationale tunisienne a impliqué toutes les classes, toutes les régions, tous les courants politiques et idéologiques elle est démocratiquement représentée dans cette vocation plurielle à l’Assemblée constituante. Le combat de Moncef Merzouki et les cadres d’Ennahda et tous les autres tunisiens ne vont pas partir en fumée s’ils se mettent sur un niveau civilisationnel transcendant le politique et surtout l’esprit partisan. Le clivage n’est pas entre les Arabes mais avec leurs ennemis. Le clivage est sur ce territoire que nous avons délimité comme Dar al Harb au sens post moderne celui de la détéritorialisation et de l'uniformisation des mentalités, des cultures et des marchés par l'influencede la domination politique, économique, culturelle, technologique et militaire de l'empire sur ses colonies et de l'emprise de ses dix commandements sur le reste du monde.
L'absence de la géostratégie et de la civilisation
Dans l’art de discourir de Tariq Ramadan nous ne sommes ni à une
contradiction près ni à une ellipse près. Si l’aspect économique
est confus, l’aspect géostratégique obscur, on remarque l’absence
flagrante de la dimension civilisationnelle dans son analyse sur
les soulèvements arabes. Tariq Ramadan se permet de jouer sur les
plateaux de télévision française le Mufti qui se prononce sur la
lapidation, la polygamie, l’homosexualité et l’avortement mais
dans une conférence publique organisée sur la révolution arable il
évite de parler de l’essentiel : La crise de civilisation en
Occident et le projet de civilisation que peut porter une
révolution arabe réussie qui s’étendrait dans le monde arabe et
musulman. Avec son bagage intellectuel et son érudition, il aurait
été plus inspiré d’aborder l’aspect civilisation dans sa réflexion
de philosophe que l’aspect économique et géostratégique qui lui
échappent totalement.
En jouant sur les syllogismes vrais de la mathématique algébrique « l’ami de mon ami et nenni ninni » il introduit un biais fallacieux pour se soustraire du rapport antagoniste entre islam et impérialisme et de la dimension philosophique et civilisationnelle d’une Nahda, d’un Islah ou d’une Sahwa qui met le clivage non plus sur islamistes non islamistes ou islamo-nationalistes et éradicateurs mais sur la souveraineté nationale et l’ingérence étrangère, sur la civilisation fondée sur le monothéisme et celle fondée sur la culture matérialiste d’empire. En posant la question sous l’aspect philosophique et civilisationnelle, il se serait libéré de la lecture que la lutte idéologique menée par l’Occident nous impose comme seule lecture et il aurait vu l’histoire des peuples de la Région sous le regard d’Ibn Khaldoun, de Malek Bennabi ou du français Fernand Braudel pour écrire au-delà du soulèvement réussi ou non, poursuivi en révolution achevée ou confisqué ce qui manque aux élites musulmanes pour s’impliquer dans la lutte idéologique et politique avec un regard qui voit le passé et le devenir de la oumma musulmane : La « grammaire des civilisations ». La grammaire des civilisations explique le bon usage du sol et du temps, l’harmonie de la géographie et de l’histoire, l’efficacité du temps de travail et l’appropriation de sa culture pour façonner une aire civilisationnelle dans la continuité de son histoire, de son espace et de ses mentalités collectives.
Il aurait vu plus loin que les inepties de Hillary Clinton ou les sarcasmes de BHL car la fonction d’un intellectuel est d’être un marqueur dans l’histoire des hommes, un témoin de leur cheminement mais aussi un guide qui agit comme une boussole, une vigie et une carte de navigation pour indiquer le cap, montrer les écueils et faire entrevoir toutes les possibilités, toutes les virtualités que l'acteur pris dans l'action risque de ne pas voir ou d'oublier. Braudel nous donne à méditer ce que la civilisation musulmane a légué à l'Occident par ses géographes, ses sociologues, ses philosophes :
« Les événements d'hier
expliquent et n'expliquent pas, à eux seuls, l'univers actuel.
En fait, à des degrés divers, l'actualité prolonge d'autres
expériences beaucoup plus éloignées dans le temps. Elle se
nourrit de siècles révolus, même de toute “l'évolution
historique vécue par l'humanité jusqu'à nos jours”. Que le
présent implique pareille dimension du temps vécu ne doit pas
nous paraître absurde bien que, tous, nous ayons tendance,
spontanément, à considérer le monde qui nous entoure dans la
seule durée fort brève de notre propre existence et à voir son
histoire comme un film rapide où tout se succède ou se bouscule ;
guerres, batailles, entretiens au sommet, crises politiques,
journées révolutionnaires, révolutions, désordres économiques,
idées, modes intellectuelles, artistiques… [...]. Ainsi, un
passé proche et un passé plus ou moins lointain se mêlent dans
la multiplicité du temps présent : alors qu'une histoire proche
court vers nous à pas précipité, une histoire lointaine nous
accompagne à pas lents […] Les civilisations sont des espaces
[...], des sociétés [...], des économies [...], « des mentalités
collectives » - « les civilisations sont des continuités » -
l'ensemble de ces éléments et de leurs interactions forment une «
grammaire ».
C’est au philosophe d’expliquer au politique, au Moujahid, au
technicien et aux apprentis intellectuels la grammaire d’une
révolution réussie, la grammaire de la civilisation arabo
musulmane à reconstruire dans sa propre aire profanée par le
colonialisme et ses deux mâchoires qui sont le despotisme de ses
vassaux et la corruption morale et économique de son système
colonial.
Au lieu de parler de Cheikh Google,
il aurait été plus judicieux d’éveiller les consciences sur les
devoirs qui les attendent. Au lieu de laisser quelques
altermondialistes tenter d’expliquer le drame libyen à travers le
prisme matérialiste de leur civilisation il aurait été plus
judicieux d'expliquer les raisons politiques, économiques,
militaires, géostratégiques et civilisationnelles de l'invasion de
la Libye et tout particulièrement en cette période. Les
occidentaux qui ont tenté d'expliquer à travers leurs grilles
d'analyses ont du courage, de la probité morale mais ils ne
connaissent pas l’âme musulmane ni ses souffrances pour comprendre
en termes de confrontation des civilisations une opération de
l’OTAN nommé symboliquement « Aube de l’Odyssée » dont
l’intellectuel musulman doit montrer le caractère mythologique,
fallacieux et dévastateur : "Ulysse continuant inlassablement
son périple à travers le monde pour ne s'arrêter qu'après qu'après
s'être vengé impitoyablement de ses ennemis et de ses adversaires.
L'Odyssée continue la Justice implacable de G.W. Bush. Le drame
c'est de ne pas voir qu'elle n'est pas à son crépuscule
puisqu'elle affiche avec arrogance et impunité qu'elle ne fait que
commencer, elle est l'aube nouvelle des nouveaux maitres et de
leur doctrinaire zbigniew kazimierz brzezinski qui actualise le
choc des civilisations et lui donne les moyens que ne pouvait lui
donner Samuel Huntington. Nous sommes dans l'antonomase, la figure
de sytle, l'acte de symbolisation qui préfigure le mythe des
guerriers invincibles, héroïques et civilisateurs contre ces
Artabes, ces dynausores d'un autre âge ou ces produits d'une
involution qui ont donné inhumanité dont il faut débarasser la
planète. Cest exactement l'annonciation de Vatican 2 qui décrète
l'éradication de l'Islam et l'évangélisation de tous les peuples
pour le triomphe du Messie Rédempteur.
C'est
là où doit intervenir l'intellectuel pour dénoncer Terminator,
Exterminator et leurs alliés mais aussi pour accompagner et
renforcer l'aube des peuples arabes en révolution contre l'ordre
éradicateur ainsi qu'éveiller les consciences fascinés par le
petit écran qui sublime la puissance aveugle et vengeresse et la
rend belle, juste et necessaire. Les Dix Commandements sous la
supervision d'une intelligence brillante mais hors du jeu
médiatique fait que brzezinski dirige l'Administration Obama vers
l'impossibilité d'une coéxistence quelconque avec un rival
potentiel, un ennemi ou un hors système. Ce système prône la
domination impériale du monde qui réalise le " tittytainment ",
l'inégalité positive, consacrant la suprématie définitive et
irréversible des très riches en enfermant 80 % de la population
dans l’abêtissement généralisé. Le circences panem des Cesars avec
Hollywwod comme scénariste et les territoires arabes et musulmans
comme champ de bataille, de paris, de jeux diaboliques.
Contre la fin de l'humanité et la fin de l'Histoire et le triomphe de Satan le philosophe musulman doit se montrer plus sérieux, plus responsable et plus engagé. Au lieu de cela nous avons eu droit à un exposé sur le symbole du poing comme forme de discipline et de non violence dans la doctrine américaine de « mobilisation non violente ».
Le symbole du poing levé explique l'inadmissible
Un philosophe qui aborde les symboles ou l’acte de symbolisation doit d’abord se documenter sur le plan sémiotique et garder à l’esprit ce que l’un des plus grands sémiologues de ce monde, Umberto Eco, dit : « l’image qui fabrique de la fascination ou de l’hypnose au lieu de provoquer la réfléxion est une atteinte à la démocratie ». Tariq Ramadan fasciné par ses lectures occidentales sur le soulèvement arabe et fascinant son public ne pose aucune question sur la signification du poing fermé et levé. Est-ce un signe transformé en symbole, une convention et non plus un imaginaire collectif, de révolution fomentée par la CIA en direction du monde arabe ? Un intellectuel présenté comme philosophe et institué comme représentant de l’Islam éclairé et moderne ne peut et ne doit ignorer le langage des symboles. Il ne s’agit pas d’écrire un faux livre sur les symboles de l’Islam comme Malek Chebel qui a pris les contes païens, les superstitions et les stéréotypes et a dit au public français voici l’équivalent musulman du « Dictionnaire des symboles : Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres » de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant. Il s’agit de manier le symbole et non de manipuler le mot symbole. A titre d'illustration, aussi bien dans le débat sur le voile que dans le dictionnaire des symboles de l'Islam , on a la "main de Fatima", proposée comme seul signe toléré de la part du gouvernement français, et comme symbole de Malek Chebel qui y voit un fétiche contre le mauvais oeil ou un portebonheur. Ce fut l'emblême de la dynastie de la dynastie musulmane berbère des Muwahiddines qui s'est imposé en Andalousie pour unifier les Musulmans déchirés. Avec le temps le symbole mute, se déplace et avec les agents culturels de contamination il finit par ne plus représenter un mouvement fort dans l'histoire de l’Islam pour devenir un objet paien.
Pour manier le symbole et les mots qui ont force symbolique il
faut qu'entre l'intellectuel et son audience il y ait travail
cognitif et culturel de symbolisation et non image ou objet de
fascination. Le sens courant donne au symbole une volonté de
concrétiser une réalité abstraite (vertu, pouvoir, attribut,
croyance...) sous un signe plus simple métaphorique, visuel,
sonore, formelle, rituelle ou autre. Souvent on confond l’analogie
emblématique avec le symbole. La croix latine serait le symbole du
christianisme, le sceptre et la couronne seraient les symboles de
la royauté ou du pouvoir. Pour qu’il y ait symbole il faut qu’il y
ait procès de symbolisation c'est-à-dire un processus idéique ou
historique qui donne valeur rituelle ou cosmogonique ou
imaginative dans la réunification de la mêmeté qui a été obligée
de se disloquer dans le temps ou dans l'espace pour se séparer en
vue d’une reconnaissance ultérieure dans un autre temps et un
autre espace qui procure les cicronstances favorables pour
fusionner de nouveau et faire l'unité originelle. L'Islam avec son
Tawhid est le procès de symbolisation le plus permanent, le plus
authentique et le plus fédérateur par ce retour à Dieu, ce retour à
la fratrie de foi.
La force du symbole est de réunir en cherchant les dénominateurs
communs qui donnent corps social à l’envie de vivre ensemble
malgré les différences, les difficultés, les oppositions et les
contradictions. Le symbole est un procès de symbolisation dans le
sens où il unifie et apaise mais en aucun cas un compromis qui ne
repose que sur du verbe et de la rhétorique. Le symbole est
identifié à la pacification après une longue séparation sur la
base d’une reconnaissance mutuelle et par des procédés admis par
convention de l’usage commun ou des règles décidés ensemble. Ces
procédés une fois de plus ne sont pas de bons procédés médiatiques
mais un combat politique et social pour que la minorité musulmane
trouve place et reconnaissance dans l'ensemble des interactions
politiques, sociales et économiques. Ce n'est toujours pas le cas.
Parler de symbole dans une période de troubles, de guerres, de
ruptures, de diabolisation est pour le moins étrange et
regrettable sur les dommages colatéraux sur les esprits encore
inexpérimentés de ces pépinières musulmans vivant en Europe, au
Canada et aux Etats-Unis. Pour les hommes de foi et l'intellectuel
musulman la guerre et la division sont un symbole d’entropie, de
désordre, de diabolisation. Nous ne pouvons dans la phase où nous
sommes agressés parler incouciamment de symbole car il est
impossible de voir dans le combat des masses arabes contre leurs
dictateurs ou l'agression impérialiste contre un pays arabe un
schéma logique de la réconciliation de l’oppresseur avec
l’opprimé ni du colonisateur avec le colonisé ni de l’impérialiste
avec les masses paupérisées. La symbolisation comme acte de
réconciliation n'est possible qu'entre deux hommes libérés de la
malédiction de la colonisation, de l’aliénation du capital et de
la damnation de l’oppression. Les peuples occidentaux sont privés
de la compétence humaine de symboliser et de ce fait ils sont
victimes de leur systèmes. Les peuples arabes sont en lutte contre
ces systèmes qui les privent de la possibilité de symboliser à
partir de leurs référents religieux, historiques et culturels.
Quand l’un a reconquis sa part d’humanité en refusant d’opprimer,
de coloniser ou d’exploiter l’autre et quand cet autre a reconquis
sa part d’humanité en refusant de se laisser coloniser, opprimer
et exploiter alors la réconciliation peut se faire par un nouveau
pacte social entre deux hommes qui commutent en toute égalité l’un
pour l’autre et l’un avec l’autre la mission du civilisé
libérateur et celle du libéré civilisateur. Pour l'instant nous
sommes dans une logique de diabolisation, de confusion, de
troubles qui rend le procédé de la théorie de la non violence,
même s'il est tenté, inopérant. Tout le drame de nos intellectuels
dans leur tentative d'expliquer l'histoire entran de se réaliser
est de la voir sous un angle symbolique avec l'Occident alors
qu'elle se déroule sous un angle de contradictions, de luttes de
libération. Ce n'est pas une lutte contre le peuple français mais
une lutte contre le système impérial et totalisant qui impose ses
valeurs, son code symbolique, son histoire, ses idées et son
discours pour imposer sa prédation vorace sur les ressources
mondiales.
Le jour où j’ai vu le face-à-face de Tariq Ramadan avec Sarkozy,
Ministre de l’Intérieur et candidat aux élections présidentielles,
à l’époque déja je me suis dit que la logique ou la symbolique
exige qu’un philosophe rencontre un autre philosophe, ou un
ministre de la culture, ou un ministre de l’Éducation nationale
pour débattre des problèmes de pédagogie comparée, de choix de
société, de la vocation de l’homme et de l’enseignement qu’il
reçoit, de l’insertion du Musulman dans une diversité qui
reconnaît la différence, l’ipséité et l’altérité. De quoi peut
parler un philosophe ou un intellectuel avec le patron de la
police et des renseignements ? Dans ce débat entre l’intellectuel
supposé porteur potentiel d’une idée subversive et le
fonctionnaire de police porteur de l’imposition de l’État et Grand
Commis de l’expression de la puissance publique et du maintien de
l’ordre qui a intérêt à débattre, le plus à débattre et de quel
sujet : Les sans papiers, l’intégration, la discrimination
positive ? Et je me suis posé les mêmes questions que Tariq
Ramadan a posé à ses auditeurs bien sages «pourquoi et pour qui ? » Le débat et ses suites ont répondu sans équivoque.
Revenons au coup de poing plus symbolique et plus proche de nos préoccupations avec les Révolutions arabes. Est-ce que le poing levé est un symbole ? La sémiologie explique, sans entrer dans la mythologie grecque et l’étymologie , que le symbole est un signe dont la vocation est de réunir deux parties séparées par le temps et par la distance. D’une part avec le déplacement d’une partie vers l’autre et d’autre part avec un recollement des deux parties pour donner un sens perdu et qui n’est ni dans l’une ni dans l’autre partie tout en y étant par une présence qui seule n’a pas de signification autre qu’être une latence de retrouvailles. C’est compliqué à expliquer la sémiologie et les symboles en un petit paragraphe. En bref symboliser c’est donner du sens, retrouver une identité, s’inscrire dans une appartenance. Le maniement du symbole exige une compétence de lire des sens différenciés et d’interpréter un sens nouveau par des déplacements de sens. Cela exige un patrimoine commun, une culture commune, des valeurs religieuses similaires, une histoire commune. Nous revenons au problème de la civilisation et de la culture qui la sous-tend. Si les Américains ou les Français nous comprennent si bien jusqu’à nous vendre en quelques jours des symboles qui exigent des années voir des siècles de façonnage dans l’imaginaire, dans les coutumes pourquoi sommes-nous alors en perpétuel conflit de civilisation et d’intérêt et face à cette violence de prédateur ?
L’Occident a du mal à insérer, à assimiler, à phagocyter les Musulmans vivant sur son territoire car le processus initial à la symbolisation en l’occurrence la différenciation ou l’acceptation de la cohabitation d’un différentiel de valeurs et de références n’est ni compris ni admis dans un système d’exclusion, de marginalisation ou de cooptation par l’indifférenciation. De l’autre côté, celui des Arabes, s’ils étaient capables de comprendre les symboles de l’Occident et de les adopter comme signifiant et non comme chose ils auraient été intégrés depuis longtemps dans le nouvel ordre mondial et il n’est pas nécessaire de faire des efforts qui consomment de l’argent, du temps et qui provoquent des risques ou de l’entropie alors qu’ils ont assimilés les valeurs et les coutumes de la démocratie, de la liberté, du mode de vie à l’occidental. La confusion symbolique provoque l’effet contraire, on fait apparaître le diabulum (le diable qui désunit) à la place du sumbulum (la socialisation qui unit). Faute de symbole commun autre que celui de la colonisation, de la civilisation par la force ou de la discrimination, la France médiatique a besoin d’un médiateur pour coller son imaginaire au notre et nous faire voir le monde à travers les yeux du médiateur qui lui-même voit les yeux du monde façonné par l’autre et nous le parle dans sa langue à lui supposé être celui d’un musulman intelligent et éloquent.
Ceci dit, revenons une fois encore à ce poing levé qui a fasciné Tariq Ramadan comme s’il n’avait jamais assisté à une manifestation en faveur de la Palestine, à un rassemblement des altermondialistes au G20 ou au G8, à un piquet de grève ou à un soulèvement populaire. Le poing levé n’est pas un symbole mais sans doute un archétype, un inconscient collectif au sens de Jung ou un patrimoine commun de l’humanité au sens de Levy Strauss. Ce n’est pas un geste pacifique mais un geste violent qui exprime une déclaration de guerre, une menace, une intimidation dans une lutte bien réelle contre un adversaire bien réel. C’est sans doute une sorte d’artefact humain rappelant l’homme portant sa pierre, son épée, sa lance, son fusil et se jetant à l’assaut d’une cible une fois qu’il a dépassé le stade de se battre à mains nues et à coup de poing. C’est sans doute le poing levé au ciel de Caïn après le meurtre d’Abel. Nous pouvons fantasmer longtemps sur ce poing levé, tendu, fléchi.
Celui qui s’intéresse à la sémiologie ou à la psychologie
sociale, les deux sciences qui sont utilisés comme armes de combat
par la CIA et la diplomatie américaine, devrait se distraire, s’il
ne veut pas consulter la littérature complexe, en lisant le livre
de Desmond Morris « la clé des gestes » paru en 1992 où il
explique que la pratique du poing levé est courante dans toutes
les civilisations et partout elle est interprétée comme une menace
quelque soit la forme que prend le poing. Il précise que le coup
de poing par sa gestuelle signifie la prise du pouvoir. Il faut
lire le document de Gille Vignon « Le « poing levé », du rite
soldatique au rite de masse. Jalons pour l’histoire d’un rite
politique » pour voir la manipulation symbolique de l’archétype du
poing levé en Europe et ses récupérations par le communisme, le
fascisme, le syndicalisme, l’anti fascisme, mai 68. Une recherche
sur poing levé dans la rubrique image de Cheikh Google et nous
sommes dans toutes les postures possibles du poing levé y compris
celle de Kadhafi accompagné par Sarkozy à la cour de l’Élysée.
Les égyptiens et les Tunisiens vivants comme des hommes en colère avec leur mémoire remplis d’archétypes humains, ou vivants comme des consommateurs d’images montrant Mandela le poing levé, les Blacks Panthers, le poing levé, n’ont pas besoin d’un apprentissage aussi basique de la mobilisation non violente par la FED et la fondation Einstein pour lever un poing en signe de non violence et de rassemblement. A moins qu’il y ait eu l’idée de leur apprendre comment l’intelligence sioniste et religieuse du mouvement Kach fondé par le rabbin américain Meir Kahane a fait de ce geste un emblème de parti raciste pour revendiquer le Grand Israël et l’expulsion des Arabes de la partie occupée de la Palestine. Est-ce que les Égyptiens sont stupides à ce point pour faire le déplacement en ex Europe de l’Est et les plus méritants aux USA pour apprendre comment le parti Kach a fusionné le poing fermé et l’étoile attribué à David?
Il y a quelque chose dans le raisonnement qui m’échappe. Où je
suis trop compliqué ou je suis trop stupide ou le poing levé n’est
qu’un coup médiatique dans la stratégie de communication qui
manipule l’esprit qui par sa nature a tendance à construire du
symbole en tissant des liens de sens, à tricoter qui donne
intrigue ( in + tricare = dans le tricotage). Ces précisions
lexicales me permettent de répondre aux fans en quête d'idole que
je ne suis pas "en train de me faire Tariq Ramadan"
car cela ne m'apporte sur le plan personnel strictement rien. Je
ne suis pas entrain de porter atteinte à sa vie privée ni à son
image de marque mais je suis en train de détricoter son discours
maille par maille pour voir les maillons à l’endroit et à l’envers
qui donnent du sens ou du non sens à l’intuition, au mot, au
symbole de ses interventions où par hasard nous entendons
"oummati" et l'ensemble de ces élites parler de non violence,
d'islam boudhisant sans halam ni haram ni obligations politiques
ou idéologiques, de paix et voir toutes les stars de la
communauté musulmane écrire et discourir comme un seul homme sur
la non violence comme si lyncher un homme, détruire un pays et se
préparer à d'autres agressions est un acte pacifique. C'est mon
devoir de Musulman de répondre ne serait-ce qu'à un seul arabe
choqué par ce discours ou à quelques autres Arabes qui ne
parviennent pas à comprendre l'opportunité et l'intelligence de ce
langage de paix qui rappelle la devise de l'empire romain " Domptez les superbes et épargner ceux qui se soumettent"
Puisque nous abordons les symboles nous ne pouvons faire l'impasse sur une élite d'un pays qui a fait de la pudeur de la femme musulmane un symbole ostensible (que l'on ne cherche pas à cacher; que l'on montre, que l'on manifeste ouvertement; que l'on fait connaître) et ostentatoire (qu'on fait voir ou valoir avec parade et provocation) qu’il faut occulter, oblitérer et ternir par un arsenal de lois, des rappels à l’ordre républicain et un dispositif de repression et de sitgmatisation. En faisant du poing levé un symbole pour justifier la validité de la théorie de la non violence appliqué en Egypte et en Tunisie nous pouvons peut être rappeler à Tariq Ramadan ce que les Occidentaux ont vu comme symbole religieux en Égypte et en Tunisie : La naissance de partis musulmans, le remplissage des mosquées, les rues devenant des lieux de rassemblement de prière. Alexandrie avec ses places publiques et ses rues étaient une grande mosquée. La femme tunisienne a renoué avec son voile. Ce n’est pas encore le chemin de l’indépendance, de la reconquête de l’identité ou de la civilisation mais ce peu de conquête identitaire a posé problème dès que les forces sécuritaires ne sont pas parvenus à mater le soulèvement, l’insuurection, la révolution en marche...
Dans cette bataille symbolique de conquête des mots, des
emblèmes et des praxis l'Occident découvre que porter le voile est
pour la femme musulmane un signe de son émancipation et de sa
liberté aliors qu'il est un sacrilège dans la société permissive.
Contre le féminisme sexiste la révolution arabe rement à l'odre du
jour le principe de sens dont elle a été coupé : le sens au
féminin, le sens au masculin et le sens de l'Homme ramené à son
Honorificat et à son Khalifat originels. Cette véritable bataille
symbolique n'est pas considéré comme importante par l'intellectuel
le plus médiatisé de la planète. En faisant le déplacement vers
ses sources et en recollant les morceaux de son identité déchirée
par l'acculturation colonialiste l'Arabe dans son principe féminin
ou masculin pratique l'acte de symbolisation dans son sens
etymologique. Il reste à entreprendre la symbolisation la plus
importante et la plus décisive : adjoindre à la soumission d'Allah
la mission pour Allah pour faire du Musulman une unité harmonique,
un Tawhid intégral, un être actantiel et non un bigot formaliste
ou un intellectuel complaisant.
Les américains fondateurs de la sémiotique comme science ont compris les symboles qui se tissaient et sont revenus à leur stratégie de la guerre froide dès le G8 de Deauville en insistant dans leur discours sur le « Printemps arabe » à la chute du Mur de Berlin. La véritable symbolique est dans la double connotation Islam et guerre froide, mur de la honte occidentale de Berlin et mur de la honte arabe contre Gaza, tombée du mur de Berlin et effondrement de l’État sioniste dans l'imaginaire occidental qui pratique en permancne la symbolisationn par le jeu des images mentales et des liaisons de sens en se déplaçant dans le passé pour voir l'avenir. Et là les réflexes de la guerre froide reviennent avec le retour de ses artisans à la Maison Blanche : Contenir, endiguer, corrompre, évangéliser, former les dissidents pour saper tout progrès réel en terme de « démocratisation » de la vie politique et économique. Cette fois ci il faut l’appliquer au peuple arabe perçu déjà comme ayant basculé dans le péril vert. Il n'y a pas de coexistence avec le péril vert il faut l'éradiquer en le diabolisant, en en faisant le propre instrument de sa déchirure et de son anéantissement. Pour réaliser ce rôle il ne faut plus refaire le coup de l'Afghanistan ni celui de l'Irak. Il faut détruire et ramasser les gains au profit des plus riches et des plus intelligents. Ainsi il faut impliquer non seulement la France dans l'OTAN mais également les Arabes et passer les USA de la situation traditionnelle de « hard power » (puissante militaire conquérante) à celle de « soft power » (influence régulatrice et organistatrice du monde) laissant aux autres le soin de jouer les gendarmes. L'Amérique fournit la logistique, le renseignement, la diplomatie et les états majors. Ce sont les mêmes dix commandements qui vont s'appliquer en plus hard dans les faits mais en plus soft dans les images et le style.
Si Obama est réélu ou si la doctrine de zbigniew kazimierz
brzezinskise se vulgarise et s'officialise pour s'inscrire dans un
nouveau Reagan ou Carter alors l'intellectuel doit réajuster les
dix commandements car Israel n'est plus necessaire dans cette
doctrine : elle perd sa centralité dans le débat mondial. Elle ne
restera qu'un leurre pour les Arabes. Encore une fois
l'intellectuel qui parle du terme stratégie mais ne fait pas de
stratégie ni n'en parle et il devrait prendre une carte de
géostratégie et voir comment les bases militaires américaines
encerclent l'Iran, la Russie et la Chine. La guerre contre la
Libye coupe des ressources à la Chine et prépare ue autre base
pour lui couper les ravitalliements ou la présence en Afrique.
Quand on vu une carte de ce genre on reste étonné de voir Tariq
Ramadan avoir la même focalisation sur les dangers de la Chine que
François Hollande. Dans une perspective idéologique il n'y a pas
de coincidence sauf si on lit les mêmes livres ou bien on partage
les mêmes préoccupations, ou bien on répète les ordres qui sont
données aux élites Musulmanes colonisées dans le monde par le
biais de leurs chefs de confréries qui décident unilatéralemet
sans observaoire, sans veille stratégique et sans fonctionnement
"démocratique".
Que faire contre Satan et ses moyens de diabolisation et de
communication? Désigner Cheikh Google comme faiseur de miracles ou
être l'artisan de son propre destin en déjouant les stratégies de
Satan pour s'en prémunir et impulser aux révolutions arabes une
autre symbolique que celle de se libérer de leurs vassaux internes
et qu'ils sont en train de mener un combat au nom de l'humanité?
L'intellectuel doit appeler l'humanité à soutenir les révolutions
arabes qui se battent pour elle. Il doit vulgariser l'anagogie
islamique, cette conscience de l'Universel et cet élan spirituel
vers la transcendance pour accéder à l'excellence et triompher de
Satan. L'anagogie resterait un travail de moines et de couvents si
l'intellectuel n'explique pas que l'Islam est empathie universelle
et sa place est dans le monde des vivants bien réels, dans leurs
cités et sur le terrain des batailles idéologiques, économioques,
politiques et militaires contre Satan qui livre une bataille
implacable. Pour celà il faut se libérer du discours du
consentement et de la complaisance et de la diversion sur
l'homosexualité, l'avortement et aux fléaux sociaux et moraux que
Satan et ses armées impérialistes militaires, médiatiques et
idéologiques implantent dans les consciences de l'humanité.
L'intellectuel musulman n'est ni un agent de diversion ni un
pansement sédatif ni une confusion entre les causes et les
effets... C'est un agent de conscientisation et d'éveil des
peuples musulmans à faire face aux nouvelles menaces et à assumer
de nouvelles responsabilités.
Tariq Ramadan s'exclue de cette responsabilité et il prèfère appuyer ses syllogismes en citant - comme preuve de sa mauvaise foi - la non violence et la discipline des peuples arabes pour confirmer la théorie victorieuse de la "mobilisation non violente" qui est un leurre médiatique, psychologique et idéologique.
Les Tunisiens et les Égyptiens ont trop souffert et sont
politisés! Pourquoi s'acharner à leur nier leur capacité
d’organisation alors qu’ils ont des partis, des syndicats et une
conscience politique en cours d'éveil qui répondent à ce que j’ai
appelé le moment mystique de l’histoire. Pourquoi nier les
torturés, les martyrs et les disparus de ces soulèvements. Nous
sommes tellement habitués à voir notre sang couler gratuitement
que nous avons du mal a voir nos peuples se comporter avec
intelligence. Est-ce qu’en Tunisie et en Égypte la révolution a
été non violente ? Combien de morts et de blessés ?
Les luttes sociales qui ont engrangé les Révolutions
Le mondialisme, à travers ses réseaux sociaux et ses médias, a occulté la question sociale et idéologique des révoltes dans le monde arabe pour ne retenir qu’une jeunesse « instruite et occidentalisée » apte à devenir les futurs entrepreneurs capitalistes et les futures stars du Nasdaq. Ils sont parvenus à mettre un voile sur la mémoire déjà volatile des contemporains arabes et non arabes et déboiter ce « printemps » des luttes sociales et politiques. Personne ne veut parler de l’intrusion, depuis les années 1990, des programmes d’ajustement structurel préconisés par le FMI qui ont conduit à privatiser la plus grande partie de l’industrie du monde arabe. L’Égypte productrice de coton et disposant d’une grande industrie textile a mis au chômage technique 50% de sa main d’œuvre textile. Sans filet social de protection égyptienne, 250 000 travailleurs du textile ont été jetés à la précarité sociale et au désœuvrement.
Les usurpateurs de révolution font semblant d’ignorer qu’en Égypte les incessantes grèves du textile de Mahalla el-Kubra ont été un des maillons forts qui a construit la passerelle vers la révolution égyptienne. Les séries d’émeutes du pain commencées depuis 1977 après les premières mesures de libéralisation économique de Sadat sont l’autre maillon fort dans la construction symbolique de l’idée de révolution d’un homme privé de citoyenneté, de dignité, de temps pour réfléchir ou étudier, occuper à chercher un crouton de pain, une dérogation, un toit.
L’allégeance du capital privé égyptien et de la diplomatie à Israël sont l’autre maillon qui a construit l’idée de révolution.
Les mesures sécuritaires contre l’opposition sont l’autre maillon.
On peut tisser une toile de plusieurs dizaine de pages plus longues que celles du moteur de recherche de Google pour montrer l’automne et l’hiver arabe qui ont produit un « parfum de printemps » dont nous tentons d’expliquer les raisons de colère et d’attendre les raisins de récolte.
La société a vu, avant les intellectuels, les signes annonciateurs d’un mécontentement trop profond pour être contenu éternellement et a saisi le premier incident pour en faire l’étincelle du changement. L’intellectuel n’a pas vu tout ça et il en veut aux peuples arabes. Il n’a pas vu l’échec des politiques qui conjuguent le sécuritaire et le FMI donnant une classe sociale minoritaire de privilégiés que l’Occident aime montrer comme le symbole de sa réussite dans le monde arabe et une population paupérisé que la Chine, que notre intellectuel décrie, a favorisé le soulèvement. En inondant le marché mondial de ses produits avec une croissance et une productivité hors comparaison dans un monde capitaliste en crise financière, économique et social, le marché de l’emploi et l’offre de production dans les pays réajustés par le FMI comme la Tunisie et l’Égypte se sont effondrés accélérant le processus révolutionnaire. Les Occidentaux focalisés sur leurs crises n’ont pas le temps de se focaliser sur la crise des autres ni d’anticiper. On doit leur dire merci et continuer à vous occuper de vos problèmes le temps qu’on prenne des forces. Le drame des élites musulmanes vivant en Europe ou dans le monde arabe se sont habituées comme dit Malek Bennabi à lire selon la grille occidentale : « le vice majeur de la racine de la crise du XXème siècle : L’européisation de tous les problèmes du monde, leur considération exclusivement sous un angle européen… »
Les Révolutions arabes et la fin du messianisme politique et religieux
Le grand reproche que je fais à
Tariq Ramadan est qu’il se soit empressé de jeter l’éponge et de
confier le bébé aux américains comme s’il n’était ni le sien ni t
le notre. Nous sommes Musulmans, toutes les joies, les peines, les
victoires et les défaites d’autres musulmans nous touchent. J’ai
mal quand je vois un intellectuel de talent construire son combat
sur l’éphémère médiatique qui ne peut garder patience jusqu’à la
fin ? Est-ce qu’il a accès au Ghayb d’Allah pour authentifier la
version américaine qui tente de récupérer la révolution Égyptienne
? Est – ce qu’il est ciblé par la lutte idéologique pour qu’il
soit le porteur des idées mortifères et faire ombrage à la fois
aux acquis arabes et aux ratages criminels de l’OTAN ?
Il sait pourtant que la révolution
française s'est étalée de janvier 1789 à la fin 1799, dix années
de luttes idéologiques, politiques, militaires et sociales. La
révolution iranienne a duré trois ans de 1976 à 1979 mais en
réalité elle a commencé dans les années cinquante avec Mossadegh
qui a livré une bataille contre l’impérialisme. La révolution
soviétique a été initiée en 1905 et ne s'est imposée qu’en 1917.
La révolution bolivienne a duré des décennies après sa première
victoire en 1952 qui ne lui donna pas le pouvoir. Le peuple
algérien a mis sept ans pour venir à bout d’une colonisation de 132
ans. Le Prophète (saws) a mené 23 ans de luttes pour renverser
la Jahiliya et protéger l'Islam des visées byzantines et perses. Le
Khalife Abou Bakr a eu à gérer la contre révolution dès son
investiture (harb ar rida et l'arrivée de faux prophètes). L'Égypte
a ce réservoir historique dans sa mémoire collective, dans sa
revendication existentielle de peuple musulman habitué à la
civilisation et aux révolutions qui lui permettent non seulement
d'aller plus vite et plus loin mais d'entrainer dans son mouvement
en avant d'autres peuples et en particulier les Palestiniens. Nous
devons garder notre confiance en Dieu et continuer d’encourager
nos frères Égyptiens.
La lutte idéologique menée par
l’impérialisme et ses valets fait tout pour mépriser ces
révolutions, les faire oublier ou redonner de l’importance aux
États-Unis, ce grand prédateur de la dignité humaine le présentant
comme défenseur de la démocratie, de la liberté et des peuples.
Il est du devoir de chaque musulman et de chaque homme épris de
justice et de liberté de continuer à soutenir les révolutions
populaires et de se tenir informé du cours de l’histoire et des
enjeux car nous assistons à un séisme géostratégique en Égypte
dont les effets vont être supérieurs à celui de la Révolution
française, de la Révolution bolchévique ou de la Révolution
iranienne. L’histoire a sa propre mystique qui échappe à la logique
des oppresseurs et de leurs alliés
La révolution n'est pas un souhait
mais une concentration d'énergie qui au lieu de se dissiper
devient utile c'est à dire du travail qui fait déplacer les lignes
de démarcations entre la vérité et le mensonge, entre l’injustice
et la justice jusqu'au point de rupture et changement total,
global, étendu et durable. La rupture n'est pas un souhait ou une
magie mais la confrontation d'une volonté qui résiste et produit
ses moyens et son énergie de résistance contre un régime qui
utilise la répression jusqu'au point où il doit céder car il sera
confronté à la limite de non retour de la résistance qui ne combat
pas seulement pour des idées mais pour sa survie et d'inefficacité
de la répression qui ne peut aller au delà de ses propres
capacités techniques et d’une volonté en deçà car elle est limitée
par sa bureaucratie, sa corruption, son injustice et la Promesse
divine de ne jamais donner triomphe à un injuste .
Comme toujours, on voit sortir dans
les médias des hommes se réclamant de l’Islam « éclairé,
pacifique, modéré ou moderne » nous fournir un discours «
documenté » qui a l’art, par sa documentation et ses références, de
participer consciemment ou inconsciemment à la lutte idéologique
menée contre les mouvements de libération populaire en pratiquant
la désinformation et la désinvolture méprisante.
Tariq Ramadan est un pur produit
européen et comme les Occidentaux, il a la conviction des
diplomates occidentaux comme celle de Hubert Védrine qui déclare à
chaque occasion que les pays du Sud méditerranéen ne sont pas mûrs
pour la démocratie : « Il avait fallu plusieurs siècles pour que nous [les Occidentaux] accédions à la démocratie ».
C’est dur même pour un Musulman qui appartient au sérail
politique et médiatique de voir le monde arabe sous un regard
autre que celui du tuteur sur l’incapable. Ce qui est navrant
c’est qu’on retrouve non seulement le paternalisme mais ce
pseudo-réalisme sans états d’âme qui constitue le fond commun
idéologique des élites de l’Occident, qu’elles soient de gauche, de
droite ou de l’Islam. La révolution des peuples de Tunisie et
d’Égypte est une leçon qui fait mal à l’Occident mais aussi aux
élites musulmanes car elle les met face à leurs responsabilités
qu’ils n’ont pas su assumer : être à l’avant-garde des peuples au
lieu d’être dans un enfermement médiatique avec le colonisateur.
Cette confrontation à la dure réalité fait mal et prouve depuis le
début des soulèvements arabes que le peuple arabe est à l’affût
d’un signe de faiblesse ou d’une opportunité pour se soulever sans
être encadré par un intellectuel, un savant ou un leadership
charismatique.
Les Tunisiens et les Égyptiens ont cassé le mythe de l’attente messianique, de l’homme providence et du Zaïm. Encore une fois se trouvant hors jeu, l’intellectuel va essayer de se repositionner en dénigrant et en parlant de manipulation oubliant qu’en Égypte la maturation de la révolution a pris des années. Il fallait se remettre des défaites de Nasser, des accords de Camp David, du démantèlement de la société et de l’État par Moubarak et l’enferment des Égyptiens dans un nationalisme de pacotille sous le slogan dévastateur « Misr wa bess ». Il fallait passer par des émeutes réprimés dans le sang, il fallait passer par des grèves ici et là durant plus de 15 ans pour imprimer dans la conscience égyptienne la nécessité incontournable d’un soulèvement de masse qui effectivement parvient à se soulever et imposer son rythme et son agenda de changement.
Les Tunisiens et les Égyptiens ont cassé le mythe de l’attente messianique, de l’homme providence et du Zaïm. Encore une fois se trouvant hors jeu, l’intellectuel va essayer de se repositionner en dénigrant et en parlant de manipulation oubliant qu’en Égypte la maturation de la révolution a pris des années. Il fallait se remettre des défaites de Nasser, des accords de Camp David, du démantèlement de la société et de l’État par Moubarak et l’enferment des Égyptiens dans un nationalisme de pacotille sous le slogan dévastateur « Misr wa bess ». Il fallait passer par des émeutes réprimés dans le sang, il fallait passer par des grèves ici et là durant plus de 15 ans pour imprimer dans la conscience égyptienne la nécessité incontournable d’un soulèvement de masse qui effectivement parvient à se soulever et imposer son rythme et son agenda de changement.
La dernière partie sera consacrée à démontrer son erreur d'analyse
sur l'armée égyptienne et à montrer quelle est la vocation de
l'intellectuel musulman : suivre la voix des Prophètes ou subir le
matraquage médiatique pour inspirer de l'empathie ensuite être récupérée
par les mêmes médias pour devenir un instrument de la lutte
idéologique.
http://liberation-opprimes.net/index.php?option=com_content&view=article&id=973:les-dix-commandements-les-revolution-arabes-et-tariq-ramadan-23
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